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CONTRE PASSIVITÉS ET DÉFAITISMES ORGANISÉS

LES VŒUX DE RÉSISTANCE DE STÉPHANE HESSEL, ET L’OPINION D’UN LECTEUR DE SOCIALGERIE

dimanche 2 janvier 2011

"Socialgerie.net" s’associe volontiers aux voeux et à l’appel d’un citoyen du monde respecté pour la force et la sincérité de son engagement en faveur des droits des peuples.

Que les capacités à s’indigner, auxquelles il appelle face aux immenses risques accumulés et générés par l’injustice du monde, se prolongent donc dans les orientations, les rassemblements, les mobilisations sociales et politiques vigoureuses et responsables.

Que les indignations convergent et se muent en un courant puissant qui balaiera les obstacles en évitant les explosions sans lendemain, les dévoiements et nouvelles résignations sur lesquelles comptent les forces d’exploitation, d’oppression et de division.

Honneur à tous ceux qui, comme Stéphane Hessel, en montrent l’urgence, à contre-courant des grandes pressions médiatiques.


À 93 ans, Stéphane Hessel est le plus jeune d’entre nous par la vitalité de son engagement et sa force d’espérance.
Né à Berlin en 1917, immigré en France en 1925, naturalisé en 1937, prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941. Résistant, agent de liaison au BCRA, il est arrêté en France en 1944, puis déporté, notamment au camp de Dora, où il échappera de justesse à la pendaison.
Diplomate à partir de 1945, ambassadeur de France, il fera de la question des droits de l’homme son combat sans partage ni relâche, comme l’illustre son ferme engagement pour la cause palestinienne.
En cette fin d’année 2010, Stéphane Hessel est unanimement célébré comme une sorte d’incarnation de l’exact contraire de cette basse époque que symbolise le sarkozysme. Reprise de son appel lancé lors de la cérémonie annuellement organisée par Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui au plateau des Glières, haut lieu de la résistance et de son martyr, l’exceptionnel succès de librairie
d’Indignez-vous ! est à lui seul un chaleureux signe d’espoir en cette froidure hivernale.


Mes chers compatriotes,

La première décennie de notre siècle s’achève aujourd’hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l’Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.

Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. À la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne ! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l’eau, l’air la terre et la lumière ? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.

Les motifs d’indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous ! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s’adresse –, c’est quelque chose qui me touche profondément.
De quoi faut-il donc que ces jeunes s’indignent aujourd’hui ? Je dirais d’abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers.
Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l’avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s’entendre pour maîtriser l’économie au bénéfice des peuples, même s’ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l’histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d’un commun accord l’autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.

Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s’ouvre demain peut et doit obtenir.
Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m’écoutent. Qu’ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L’Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu’il est possible d’obtenir.

N’attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.

Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister !


Sources : Mediapart

Ami et soutien de la première heure de Mediapart, Stéphane Hessel a volontiers accepté de présenter ses vœux d’un citoyen résistant à tous « les citoyens et citoyennes qui savent résister ». L’enregistrement a eu lieu en son domicile parisien, jeudi matin 30 décembre. Qu’il en soit chaleureusement remercié.
Voici donc avec un peu d’avance des vœux de résistance, en quelque sorte nos contre-vœux avant ceux que prononcera, vendredi 31 décembre 2010 au soir, un président aussi discrédité qu’inaudible.
Leur texte est en-dessous de la vidéo, et tous deux sont en accès libre.
N’hésitez donc pas à les faire circuler, à les envoyer à vos proches et à vos amis, à les transformer en une grande vague d’espérance face à l’inquiétude.


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Stéphane Hessel :« C’est en s’engageant qu’on devient Homme »

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Stéphane Hessel par lui-même


Par ailleurs voir dans socialgerie l’article 317 : “CONTRE L’ARBITRAIRE ET LES MENACES RÉPRESSIVES - SOLIDARITÉ AVEC STEPHAN HESSEL et autres défenseurs des droits palestiniens bafoués - PÉTITION DE SOUTIEN”


L’OPINION D’UN LECTEUR
adressée à SOCIALGERIE LE 13 JANVIER 2011 :

Sur : « Indignez-vous ! » de Stéphane HESSEL [1]

C’est avec un grand plaisir que nous avons parcouru cet opuscule de Stéphane Hessel. Il est d’une merveilleuse jeunesse, d’une grande fraîcheur. Il milite pour l’espoir et donne à espérer.

Malgré notre sympathie et le soutien que nous apportons à Stéphane Hessel pour les idées développées dans « Indignez-vous ! » , il nous semble nécessaire de marquer notre désaccord sur deux points, qui d’ailleurs nous paraissent être en contradiction avec l’argumentation et l’esprit de l’ouvrage.

D’une part, Stéphane Hessel présente comme progrès « la destruction de l’empire soviétique ». Difficile de souscrire à cette opinion tant elle est énoncée à l’emporte-pièce. Ce que l’on pouvait plutôt espérer, ce dont on se serait plutôt réjoui aurait été une évolution vers une conception démocratique du socialisme et du communisme en Union Soviétique.. On aurait pu se réjouir si, de l’intérieur de l’Union Soviétique le rejet d’une dictature insensée s’était accompagné de « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale ». Ce qui n’est pas le cas, comme on le sait, de la Russie actuelle et des pays de l’ex Union Soviétique.

D’autre part, Stéphane Hessel semble bien confondre deux concepts : violence (révolutionnaire) et terrorisme.
Si, comme nous, l’auteur se réjouit de la mise à bas du colonialisme et de l’apartheid, il prône en même temps une non-violence, « moyen unique de faire cesser la violence ». Assertion difficile à comprendre de la part de Stéphane Hessel. Il sait très bien, par exemple, que la conquête de l’indépendance de l’Algérie n’a pu aboutir, en partie, que par la violence, le moyen inévitable pour se débarrasser de la violence séculaire du colonialisme français, complètement sourd aux plaintes d’une misère entretenue pendant 130 années d’oppression coloniale. Grande colonisation et pouvoirs politiques de l’Etat français ont été les champions d’un aveuglement face à l’histoire.
Stéphane Hessel le sait très bien quand il parle d’exaspération – des opprimés. Mais la violence des opprimés n’est pas du terrorisme.
Le terrorisme ne l’est que quand il est infligé aux innocents.
Il est toujours rejeté par les révolutionnaires.
« Le terrorisme n’est pas efficace », dit Stéphane Hessel. Nous sommes d’accord. Et il faut même aller plus loin encore que Stéphane Hessel, qui comprend très bien la situation épouvantable imposée aux Palestiniens. Il faut aller plus loin et reconnaître objectivement que le terrorisme est le « meilleur ennemi » de l’empire du capital et du néo-libéralisme. Il lui sert d’alibi et de propagande pour couvrir ses propres méfaits d’asservissement de l’humanité.
Le terrorisme est méprisable et se laisse manipuler par les grands tenants de l’économie libérale !
Et les « indignés » de toute la terre sont-ils dupes de toutes leurs manigances ?!

FILALI



[1Stéphane Hessel, 2010, Indignez-vous !, Indigène éditions. (32 pages)

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