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WASSILA LA MAGHREBINE ET LOUBNA LA SOUDANAISE

LUTTES DES FEMMES DU MONDE MUSULMAN

Autour du concret pour agir et rassembler

vendredi 29 janvier 2010

Il est prometteur qu’une Algérienne et une Soudanaise, fortes de leurs expériences de terrain respectives pour la mobilisation des femmes en terres d’Islam, constatent ensemble l’importance des objectifs concrets communs et rassembleurs. Seule façon, de l’intérieur même des traditions, modes de pensée et sensibilités culturelles des sociétés,de surmonter les barières idéologiques et de statut social qui freinent les prises de conscience à grande échelle.On est loin des tirades à la façon des Taslima Nasreen, aussi enflammées et immatures que vouées à la stérilité dans les sociétés concernées



Le dernier livre de Wassila TAMZALI

UNE FEMME EN COLÉRE

LETTRE D’ALGER AUX EUROPÉENS DÉSABUSÉS

vient de paraître aux éditions Gallimard.

Wassyla TAMZALI, algérienne, avocate, est représentante des droits des femmes auprès de l’UNESCO.

Une partie de l’émission de France 2, "vous aurez le dernier mot", du 23 novembre 2009, où elle se trouvait invitée en même temps que Loubna., journaliste soudanaise, a été reprise et mise en ligne par youtube :

http://www.youtube.com/watch?v=ppMjxsIO5CY

Ci-dessous, une transcription de l’émission, par M.R

Dans son intervention, Wassila TAMZALI a exprimé sa solidarité au combat efficace mené par les femmes au Soudan, qui, pour elle, représente un "courant qui existe dans le monde arabe d’aujourd’hui, de femmes qui ont décidé de se rebeller contre l’ordre, sans quitter le « giron » de la religion et le "giron" de leur culture"...

À ce propos elle souligne, "par exemple, la rencontre en Malaisie, en avril 2009, de 400 Femmes, (parmi lesquelles était présente l’imam de New-York), qui se disent musulmanes, et qui disent : nous sommes musulmanes et féministes et nous voulons l’égalité.

... Il faut faire la différence avec les féministes islamiques (ndlr : voulait-elle dire "islamistes" ?) qui elles se battent dans le cadre de la légitimité coranique ;
c’est tout à fait différent.

...Et, de l’autre côté, les féministes laïques, qui, elles, ont une tradition du féminisme universel."


Wassyla TAMZALI rattache, elle, "son expérience personnelle à celle du féminisme maghrébin, qui selon elle est une expérience d’un féminisme laïc, qui s’est tout de suite positionné par rapport aux principes universels et de la laïcité."
"... De mon histoire de femme algérienne,
l’image emblématique de mon histoire de femme algérienne c’est Simone de Beauvoir et Djamila Boupacha : c’est-à-dire Simone de Beauvoir qui prend la défense de Djamila Boupacha, résistante algérienne, torturée par l’armée française,
et ça c’est mon histoire de femme algérienne : cette rencontre entre la lutte des femmes algériennes pour leur indépendance,
qui a rencontré le soutien de l’intelligentzia progressiste française et évidemment féministe..."


Dans son livre, Wassyla TAMZALI est aujourd’hui sévère pour l’intelligentzia française et européenne qu’elle trouve "désabusée, lâche, timorée…."

... elle se sent "abandonnée" particulièrement par certains courants français,
..."ce que j’appelle le vieux front anticolonialiste (celui qui a rejoint aujourd’hui par exemple le mouvement ATTAC ou d’autres mouvements alternatifs),
et qui confondent la défense du Tiers-Monde à travers des personnes, des groupes et des mouvements qui revendiquent la culture comme un droit de l’homme,
et donc qui revendiquent la culture vis-à-vis des femmes...
et on a bien compris ce que c’était aujourd’hui que la culture dite musulmane, parce que, bien évidemment, comme le dit Loubna, il n’y a rien dans l’islam, qui permet d’autoriser d’utiliser de telles pratiques.

Ce que je voulais dire, ce qui est le plus important, aujourd’hui, ce n’est pas de réformer l’islam, (parce que l’islam n’existe qu’à travers ce qu’on en fait), mais c’est de réformer peut-être les musulmans dans leur pratique, pour que les musulmans, entre la peur de Dieu et l’amour de Dieu, choisissent l’amour de Dieu pour réaliser la justice.

Moi, je suis dans une autre aire, puisque je suis laïque et libre penseur, mais je sais très bien que nous ne pourrons jamais nous en sortir dans notre monde si les musulmans ne se réforment pas et qu’ils ne passent pas de ce qu’on appelle, hélas, les musulmans modérés, aux musulmans courageux."


Dans cette même émission, Loubna journaliste soudanaise reprend :
"En fait les droits de la femme ne doivent pas être oubliés ; nous ne devons pas attendre que la société, les gouvernements... nous donnent nos droits sans faire aucun effort... Les femmes doivent arracher ces droits
Les partis opposés aux droits de la femme n’auront alors pas d’autre choix que de reconnaitre ces droits...

À titre d’exemple elle cite le mouvement fondamentaliste au Soudan, qui, en 1986, interdisait de voter aux femmes, ou de se porter candidates.
Aujourd’hui, pour les élections de avril 2010, alors que les femmes ont arraché ce droit d’être représentées à 25 % au Parlement, eh bien, ces mêmes personnes sont revenues sur leur parole, ont inversé leur position et disent : il est absolument du devoir de la femme de voter...
Pendant 25 ans on a inderdit aux femmes de voter, aujourd’hui elles sont obligées de voter...
C’est une preuve que lorsque les femmes arrachent leur droit, la société, les gouvernements, sont obligés de respecter cela.

L’Islam est une religion comme les autres…
L’Islam respecte les droits de l’homme ; mais malheureusement les pratiques , les abus, les raisons politiques qui tentent de s’imposer par la force déforment l’image de Islam..."

Certains confondent "voile" et islam, est-ce qu’ils savent seulement qu’à La Mecque, dans le lieu le plus saint de l’islam, il est interdit aux femmes de se voiler la face ; et si la femme cache son visage, elle doit payer une amende, de l’argent, qui sera remis aux pauvres...

"La religion est une relation entre l’homme et son Dieu, ce n’est ni la police ni tout autre parti qui doit intervenir...
... "Les gouvernements sont chargés de gérer les écoles, des problèmes de santé..., mais pas de gérer les religions..."

... "l’opinion publique doit rester mobilisée non pas simplement pour les droits des femmes au Soudan (le Soudan n’est qu’un exemple), mais pour toutes les femmes qui sont opprimées et n’ont pas le droit de s’exprimer à travers le monde..."



Dans une autre interview

www.youtube.com/watch ?v=AMuLAKbP1us

Wassyla TAMZALI explique

sa "grande colère"
"contre une attitude européenne qui est relayée d’ailleurs dans mon pays (l’Algérie ndlr), à savoir qu’on veut réduire des individus à des appartenances religieuses ou à des appartenances ethniques....

... sa grande colère aussi de voir que l’histoire que nous avons vécue ensemble, les européens et nous, a été oubliée, mise de côté, ou sinon reniée par certains intellectuels européens d’aujourd’hui (et souvent de gauche ou féministes...)

Aujourd’hui nous sommes exclues et on nous nie toute légitimité pour parler de la condition des femmes algériennes...
des gens tout à fait extérieurs à mon monde m’accusent d’être extérieure au mien...
Je trouve cela tout à fait ridicule et grotesque...

Je n’ai pas rompu avec ma communauté, c’est mon histoire,..."
j ai fait seulement un pas de côté, celui que doivent faire tous les intellectuels pour apporter sur leurs sociétés ce regard critique dont elles ont besoin...

... "la conscience dite moderne ne peut se construire qu’à travers la liberté de conscience... ..."ce qui marque au fer les sociétés du sud de la méditerranée,
-le statut des femmes n’en étant qu’une conséquence-
c’est l’absence de liberté de conscience,
il faut savoir que dans tous ces pays, la liberté de conscience n’existe pas...

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