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QUE VALENT LES "ARGUMENTS" DES FANATIQUES DE L’ADHÉSION INCONDITIONNELLE A L’OMC

jeudi 29 mai 2014


QUEL INTÉRÊT A L’ALGÉRIE À ADHÉRER À L’OMC ?

par Nabil De S’BIHA
Le Quotidien d’Oran
25 mai 2014
opinion - rubrique Débat

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5198629

extraits…

Le libre-échange et ses avantages comparatifs que défend notre « intelligentsia » dans l’optique d’un développement de l’économie nationale est une tromperie majeure.
Disons-le au passage, généralement cette « élite intellectuelle » défend la libéralisation du marché algérien parce qu’elle a, plus ou moins, des intérêts qui coexistent avec ceux des privés. Il s’agit en grande partie de l’ensemble de « l’élite au pouvoir », (cf. C.W. Mills, l’Elite au pouvoir) comme les « généraux-importateurs » ou les hommes d’affaires qui traitent avec les militaires et les hommes politiques.

Mais pour répondre à ces intellectuels faussaires, nous allons faire appel à James K. Galbraith : « La voie royale pour sortir du sous-développement est la diversification efficace, pas la spécialisation, et une diversification efficace exige un usage stratégique de la politique commerciale […]. De fait, aucun pays du monde qui ont vraiment réussi dans le commerce, dont le Japon, la Corée du Sud, Taiwan et à présent à la Chine Continentale, n’est parvenu à son statut actuel en adoptant des règles commerciales néolibérales. »  [1]

Parmi les autres points cruciaux dans cette déréglementation et cette libéralisation à tout va, que demande l’OMC, l’Algérie retient sa position sur la politique des prix. En effet, l’Algérie considère que certains biens et services sont d’une nature stratégique et peuvent en conséquence être administrés par l’État.
Un certain nombre de produits alimentaires sont fixés par l’administration centrale, de même pour les prix des produits énergétiques (hydrocarbures et électricité), des médicaments et des transports.

Au fait, certaines personnes, dites libérales, vont demander les raisons derrière une administration des prix, tout en avançant la loi de l’offre et de la demande, censée réguler les marchés « concurrentiels ». Question étrange d’ailleurs ! Notons seulement que cela épargne au citoyen Algérien le joug des grandes firmes bancaires internationales, qui spéculent sans cesse et sans vergogne sur les produits alimentaires de base [2].
Affamant ainsi des millions de gens à travers la planète.
C’est aussi l’unique moyen pour que l’Algérien moyen ne soit pas à la merci de l’humeur de ces banquiers voyous à la bourse de Chicago. La famine est la pire des choses que peut arriver à l’Algérie à notre époque car, comme disait Marx dans le Manuscrit de 1844, « l’homme qui est dans le souci et le besoin, n’a pas de sens pour le plus beau spectacle ».

Bien sûr que le système de subvention actuel est mal géré et profite à toutes les couches sociales au lieu de le centrer sur la plus défavorisée. Mais mettre en œuvre un programme qui profite juste aux nécessiteux implique beaucoup d’effort et une gestion plus efficace. Nous allons se limiter à cela.

L’autre argument que nous pouvons lancer ici consiste à dire que du moment où les pays développés subventionnent à grande échelle leurs produits, alors pourquoi l’Algérie ne doit pas fera de même ?
A titre d’exemple : l’Union Européenne consacre la grande partie de ses subventions à la Politique Agricole Commune (PAC), soit presque 436 milliards d’euros pour la période 2014-2020. De même pour les USA qui subventionnent leur industrie du coton tout en mettant des barrières à l’entrée pour contrer le coton des pays sous-développés, qui est à bon prix vu les faibles coûts de la main-d’œuvre dans ces pays.

En fait, le 07/12/2013, un accord, qualifié d’historique, a été signé par les membres de l’OMC stipulant de mettre fin aux subventions à l’exportation [3]
En tout cas, l’avenir nous dira, comme à chaque fois, que la bonne foi est toujours absente lorsqu’il s’agit de parler argent.

Cela dit, la double tarification (le prix national est différent du prix à l’exportation) des hydrocarbures est défendue par l’Algérie comme une conséquence d’un simple avantage comparatif. Cela est profitable aussi aux investisseurs étrangers qui produisent en Algérie. Ce bas prix des énergies est un argument assez important, parmi tant d’autres pour pratiquer la règle 51/49, que veulent abroger les défenseurs du « marché libre ».

La politique de double tarification en Algérie dérange énormément ses partenaires non producteurs des hydrocarbures, notamment l’UE. Celle-ci considère cette politique comme une subvention pour le secteur des énergies et impose à cet effet des droits de douane spécifiques pour les exportations de ce secteur, comme les fertilisants. D’ailleurs, la protection de l’industrie nationale est bien prise en compte de la part de l’UE.

Les négociateurs de l’OMC reprochent aussi à l’Algérie le monopole naturel de la Sonatrach sur le marché des énergies ! Pourquoi n’osent –ils pas reprocher les monopoles des compagnies privées ? Le cas d’EDF ou de Veolia n’est pas trop loin de celui de Sonatrach ! Sauf que cette dernière est publique, pour le moment.
Nous pouvons constater facilement l’analyse à géométrie variable que pratique l’OMC dans le cadre des négociations.
Cette Organisation ne prend pas en compte l’intérêt public des populations, qui est manifestement clair dans le cas de la Sonatrach. Mais elle a toujours défendu les intérêts privés des pays développés.

Au final, vous voyez bien que le libre-échange peut conduire facilement l’Algérie à une catastrophe. Car elle serait obligée de jouer avec des règles de jeux que lui imposent les membres de l’OMC.
En effet, les pays industriels ont su protéger et sauvegarder leurs industries lorsqu’elles étaient fragiles. Les USA sont le meilleur exemple en la matière. Après des années de protectionnisme, ils viennent maintenant, notamment dans le cadre du processus de Washington, demander l’ouverture de tous les marchés internationaux à leurs multinationales. Mais il faut savoir que celles-ci peuvent obliger l’Algérie à retirer une loi qui entrave la maximisation de leurs profits.

Vous en conviendrez facilement, l’unique intérêt des entreprises étrangères qui s’installent en Algérie c’est de maximiser les dividendes des actionnaires et les bonus de la « technostructure » (cf. J.K. Galbraith).
Elles ne prennent pas en compte, en aucun cas, l’intérêt de la nation et du moins celui de la population.
Cependant « les entreprises nationales peuvent au moins s’adapter au contexte social. Il leur arrive de répugner à licencier si elles savent qu’il n’y a pas d’autre emploi possible. »  [4] Nous allons revenir davantage sur l’impact des privatisations, qu’impose l’OMC, sur l’économie Algérienne.

Le dernier point que nous voulons soulever ici, dans le cadre des zones de libre-échange et celui avec les pays du Maghreb. Ceci est très intéressant en théorie mais reste très compliqué à mettre en place.
Le premier obstacle majeur est d’un ordre institutionnel car les États membres ont de nombreuses divergences, y compris sur les questions les plus insignifiantes, notamment entre l’Algérie et le Maroc.
Mais sous un angle économique, nous trouvons encore différentes formes de protectionnisme qui empêchent la mise en place d’une zone de libre-échange et retardent une éventuelle élaboration de l’Union Maghrébine.

Récemment la Tunisie a instauré une taxe sur les boissons algériennes. Cela a provoqué une indignation des producteurs Algériens. Il faut savoir que les autorités tunisiennes ont juste appliqué le principe de la sûreté nationale, invoqué plus haut. En effet, les boissons tunisiennes coûtent plus chère que celles de leurs voisins algériens parce que, et à titre d’illustration, l’énergie et l’eau nécessaires pour faire tourner une usine de boissons restent de loin moins coûteux en Algérie, d’où les faibles coûts de revient et de vente.
Cela dit, chaque pays est souverain dans ses décisions politiques et économiques.
En conséquence, il peut, sinon doit, prendre toutes les mesures nécessaires qui peuvent protéger son économie en générale et son industrie en particulier.
Car ceci est la condition sine qua non dans le cadre « économie » des stratégies de développement. Très facile à le constater grâce aux données que nous offre l’histoire économique de ces deux derniers siècles.

pour lire l’article en entier, cliquer sur le lien (...)


Références citées dans l’article :

[1] Adam Smith, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », t. I, p. 85 (Livre I, chap. 3)

[2] Ibid., t. II, p. 42 (Livre IV, chap. 2)

[3] Voir J. Stiglitz « la grande désillusion », chap.4

[4] Voir ici : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/01/31/la-liste-noire-de-68-medicaments-a-eviter-selon-prescrire_4357598_1650684.html

[5] Voir ici : http://money.cnn.com/2005/10/31/news/newsmakers/fortune_rumsfeld/

[6] James K. Galbraith, « L’État prédateur », p. 112

[7] Voir l’exemple de la Goldman Sachs et sa spéculation sur les produits alimentaires : http://www.slate.fr/story/39483/goldman-sachs-provoque-crise-alimentaire

[8] Voir ici : http://www.france24.com/fr/20131207-bali-omc-scelle-accord-historique-commerce-mondial-echanges/

[9] J. Stiglitz, « La Grande Désillusion », chap. 3.



[1James K. Galbraith, « L’État prédateur », p. 112

[2Voir l’exemple de la Goldman Sachs et sa spéculation sur les produits alimentaires alimentaire :
http://www.slate.fr/story/39483/goldman-sachs-provoque-crise-alimentaire

[4J. Stiglitz, « La Grande Désillusion », chap. 3.

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