Accueil > NATION-ALGERIE > OCTOBRE 1988-TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS

OCTOBRE 1988-TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS

samedi 5 octobre 2013


OCTOBRE 1988-TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS -par Saoudi Abdelaziz - algerieinfos - le 5 octobre 2013 ;


OCTOBRE ET LE NÉANT - Le Quotidien d’Oran - éditorial de K Selim - 5 octobre 2013 ;


SUR SOCIAGERIE LIRE AUSSI...


“IL Y A 25 ANS, LE 5 OCTOBRE 1988 - Déjà la guerre des clans” - par Arezki Metref - “Le Soir d’Algérie” - le 5 octobre 2013 - le 5 octobre 2013 ;


OCTOBRE 1988-TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTS

Samedi 5 octobre 2013

par Saoudi Abdelaziz.

(Paru le 5 octobre 2012 sous le titre
"les services ont orchestré octobre 88")

DR-Au départ, « une respiration non autorisée de la société »

Octobre 1988 fut-il suscité et manipulé de manière occulte par des services de sécurité, s’inscrivant dans le cadre d’une opération de la présidence de la République ? K. Selim, considérant les manifestations d’octobre comme « une respiration non autorisée de la société », écrit ce matin dans l’éditorial du Quotidien d’Oran : « Certes, ceux qui faisaient de la politique dans la clandestinité n’étaient pas préparés à cette incursion sans autorisation de la jeunesse - et donc de la société - sur la scène politique. Les organisations légales totalement caporalisées ne pouvaient pas, comme a pu l’être l’UGTT en Tunisie plus de vingt ans plus tard, servir d’encadrement à cette irruption non autorisée et tumultueuse. Les groupes politiques clandestins étaient trop faibles pour le faire. Dans le cas des communistes du PAGS, les services de sécurité ont mené une vague d’arrestations « préventives » qui l’ont mis hors du coup. »

Dans un témoignage intitulé « A propos du rôle des « services » on lit : "En octobre, entre le 4 et le 6, en dehors de certains quartiers, les forces de police étaient absentes ou ont laissé faire les saccages et pillages. En octobre 1988, mais également en juin 1991, durant le mouvement insurrectionnel du FIS, sont apparues ces voitures dont les occupants tiraient indistinctement sur les manifestants et les forces de l’ordre. Et dans ces deux cas, dans la foule, ont été repérés de véritables professionnels. Des hommes jeunes, armés, blousons de cuir et trainings, sachant organiser les assauts et les remplis, éteindre dans des seaux d’eau les bombes lacrymogènes, tendre des embuscades… (…) Il est encore signalé, au niveau de l’hôpital de Douéra, deux pavillons complètement isolés par des hommes en uniforme de l’ANP mais qui, selon mon informateur, appartenaient aux « hammaloulou », ces groupes d’intervention mobiles qui ont relayé les Cns. Dans ces pavillons, il n’y avait ni malades ni blessés, mais des hommes jeunes au repos. Et la personne qui m’apportait ce témoignage a fait part de son impression d’avoir vu là, si ce n’est des étrangers, du moins des émigrés. Certes, ces éléments ne reposent que sur des témoignages, fiables peut-être, mais en tout cas invérifiés, invérifiables".

Dans un témoignage paru dans “ Chiricahua-overblog” sur octobre à Oran : on lit : « Le 3 octobre, je reçus un coup de fil d’un camarade d’Alger qui m’informait que des syndicalistes étaient interpellés par la police à l’instant même. Cette infraction à nos règles de vigilance draconiennes de la part d’un camarade expérimenté, je la traduisis par : Aux abris ! C’est que le contexte était préoccupant, surtout depuis le discours invraisemblable du Président de la république, le mois précédent. M’hamed et moi étions en réunion avec Abdelhamid Benzine chez un membre du parti. Nous avons écouté ce discours et nous nous attendions à ce que des faits graves aient lieu : un Président qui appelle carrément le peuple à se soulever, cela ne pouvait rien augurer de bon. Le lendemain, un camarade qui était revenu d’Alger la veille au soir, par le train de nuit, demanda qu’on se voie en urgence lui et moi. Il me rapporta le spectacle suivant : dans le train, des groupes de jeunes -blue-jean, blousons et baskets- se déplaçaient dans les voitures en hurlant qu’ils « descendaient » à Oran pour apprendre aux « houariates » à se battre comme des hommes. Le camarade apprit auprès d’un passager algérois d’un certain âge qu’il s’agissait « des casseurs de Khediri, Allah yestour ! Que Dieu nous protège ! ». Des agents provocateurs de la DGSN étaient donc arrivés en nombre à Oran, le 4 au soir ».

« Le dernier acte d’un scénario mal ficelé », c’est ainsi que, Lakhal Ayat, le chef de la sécurité militaire, écarté du pouvoir décrira dix ans plus tard « l’ouverture démocratique » menée par Chadli, dès le lendemain des journées d’octobre : « Là, je suis tenté de répondre comme le philosophe italien Lampedusa quand il dit « Il faut tout changer pour que rien ne change ». Symbole de la période flamboyante, dispendieuse du chadlisme -lorsque le baril rapportait gros- Lakehal Ayat donne un témoignage- qui le dédouane bien sûr-, où, entre les lignes, se lisent les mécanismes de direction et d’influence occultes déjà bien rodés et qui perdurent aujourd’hui. Jusqu’à quand ?

La torture à grande échelle

Chaba Mohamed Lamine, maître-assistant à l’école polytechnique d’El Harrach, a été arrêté durant la nuit du 4 octobre et ne fut relâché que le 12 octobre au soir pour s’être solidarisé avec son collègue Kateb Kamel [cadre du Pags], arrêté par la police. « Le premier qui m’a interrogé s’est présenté de la DGSPS (…) ils m’ont mis tout nu et m’ont attaché les mains derrière le dos avec des menottes, sur un sommier métallique, ils me branchaient des pincettes aux oreilles, après à chaque fois au sein gauche et au sexe, versaient de l’eau sur mon corps, me mettaient de l’eau sur mon corps, me mettaient un chiffon des fois imbibé d’eau, des fois d’urine dans la bouche et le poussaient avec un bâton, tout en actionnant l’électricité », il y avait quelqu’un derrière mis qui donnait des coups de bâton au sommier. C’était une résonance atroce, laquelle résonance bourdonnera encore dans ma tête quelques jours après ma sortie… »

Sur cette répression "préventive", notamment contre les militants du PAGS, lire le texte intégral en PDF du CAHIER NOIR D’OCTOBRE

Un document interne d’information du PAGS

Le texte ci-après que nous publions de nouveau aujourd’hui est un document intitulé « Complément d’informations ». Il avait circulé parmi les cadres du Parti d’Avant-garde Socialiste (PAGS), au lendemain des émeutes d’octobre 1988. Nous l’avions publié en avril dernier, nous le postons de nouveau à l’occasion de l’anniversaire du 5 octobre 1988. Précisons qu’il ne s’agit que de compléments d’informations, donc forcément fragmentaires ; d’autres bulletins avaient auparavant été mis en circulation que nous n’avons pas pu récupérer.

En général, partout où les manifestations firent de gros dégâts, on a remarqué la présence d’éléments « louches » étrangers aux lieux. Ces éléments étaient équipés pour casser, détruire et brûler, incitant les jeunes à la violence et au pillage, les orientant vers des édifices publics. Certains étaient véhiculés (surtout des « golfs »). Ils traversaient les quartiers et les villages en poussant les jeunes chômeurs à « bouger », « casser » et « manifester ».

Presque dans tous les témoignages, on a relevé l’absence quasi-générale des forces de l’ordre (police et gendarmerie) au début des évènements (Alger, Blida, Boufarik, …). Plus grave encore : à plusieurs endroits, la population leur a fait appel pour empêcher la « casse ». En vain. On dirait que des directives leur ont été données pour ne pas intervenir et de se tenir loin des lieux de rassemblement et de manifestations.

A noter la grande sympathie et même la complicité des adultes pour les jeunes en action. Souvent, tout en déplorant les destructions ils se montraient solidaires des manifestants qui scandaient des mots d’ordre contre l’injustice, les inégalités sociales, la corruption, le trafic, le chômage, la cherté de la vie…

Selon l’ancien ministre de l’Intérieur, il y aurait 159 morts. Mais certains chiffres, émanant, semble-t-il, de milieux hospitaliers, font état de 14300 blessés dont 5000 par balles et de 850 morts dont 670 par balles.

pour lire la suite, cliquer sur le lien (...)

haut de page


OCTOBRE ET LE NÉANT
par K. Selim

Le Quotidien d’Oran
éditorial
5 octobre 2013

Octobre 1988 a vingt-cinq ans. Dans six mois seulement, il y aura des élections présidentielles - selon le calendrier officiel - et cela se discute, exclusivement, au sein du système. Même les animateurs périphériques de la fiction politique ne sont pas consultés et sont livrés à eux-mêmes. Cela se « concocte » loin des regards même si dans la presse on donne des « infos » censées éclairer les enjeux, suggérer un « conflit » et désigner des protagonistes.

En réalité, sans nier la réalité des « clans », c’est une partie qui se joue chez les actionnaires principaux du régime. Et chez eux seuls. Les Algériens, eux, ne sont pas concernés. Ce n’est pas leur choix, il faut le préciser. Depuis octobre 1988, les Algériens cherchent le changement mais ils n’arrivent pas à se doter des instruments pour le réaliser. Parfois, le système parvient à créer l’illusion qu’il y a des enjeux et que le « changement » est dans l’air. Mais le plus souvent, les Algériens observent que tous les instruments du changement pacifique sont neutralisés et qu’on les invite à accepter des ersatz de vie politique. Chez les animateurs agréés et… dans la presse. Un quart de siècle après Octobre 1988, la société algérienne a changé, le système est toujours là. Pratiquement intact avec ses mêmes ressorts, ses gaspillages, ses corruptions et ses inefficacités amplifiées.

Bien entendu, les apparences du changement sont aussi là : des partis, en surnombre, qu’on met parfois sur la scène publique comme un lâcher de faisans, des journaux et même des télévisions ! De quoi les Algériens se plaindraient-ils ? Après tout, Octobre 1988 a cessé d’être un complot depuis que la diplomatie algérienne le présente comme étant un « printemps algérien » accompli bien avant la vague tunisienne. De quoi « croire » le rapport de l’Onu sur le bonheur où l’Algérie n’est pas mal lotie, ce qui est rare dans les classements internationaux. On a de l’argent, le pouvoir veille et les Algériens ne veulent pas d’une nouvelle plongée dans les violences. Cela donne les ingrédients d’une stabilité illusoire.

Les tenants du régime trouveront une fois de plus, d’une manière ou d’une autre et sans se soucier du niveau alarmant de ceux qui ne votent plus et ne regardent plus les JT, le moyen de réduire le scrutin à un acte de confirmation. Exactement comme cela se passait dans une Algérie officiellement sous parti unique d’avant Octobre 1988. L’Algérie en tant que société a changé énormément en 25 ans. Elle a perdu une bonne partie de l’encadrement formé durant le premier quart de siècle de l’indépendance. Elle a connu une période d’affrontements et de traumatismes qu’on a choisi d’occulter au lieu de traiter. Elle a surtout un régime qui a tourné le dos jusqu’à l’idée d’une auto-réforme. On lui impose un surplace politique pour contrer une réforme nécessaire pour être dans son temps et changer un fonctionnement économique désastreux pour ne pas renoncer au développement.

LA NEUTRALISATION DES RÉFORMES A ÉTÉ TRÈS COÛTEUSE.
L’ALGÉRIE A PERDU UNE POPULATION DE CADRES, LA SOCIÉTÉ EST SANS CAP MÊLANT RENONCEMENT, INCIVISME, BIGOTERIE ET CYNISME.

IL N’EXISTE PAS DE VIE POLITIQUE SÉRIEUSE ET COMPÉTITIVE QUI PERMET DE CADRER LES ENJEUX ET DE DÉBATTRE DES OPTIONS D’AVENIR. TOUT SE DÉCIDE EN VASE CLOS AU SEIN DU RÉGIME.

25 ANS APRES OCTOBRE 1988, L’ALGÉRIE POLITIQUE EST FIGÉE… DANGEREUSEMENT.
LE PAYS QUI A DES POTENTIELS IMPORTANTS EST ENTRAVÉ ET ENCERCLÉ PAR UN RÉGIME TENDU UNIQUEMENT VERS SA PROPRE RECONDUCTION. UN RÉGIME OU L’ON NE VOIT AUCUN PERSONNAGE « ÉCLAIRÉ » COMPRENDRE, AVEC EFFROI ET UN GRAND SENTIMENT D’URGENCE NATIONALE, QU’IL FAUT CHANGER AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD !

Sources : “Le Quotidien d’Oran”

haut de page


SUR SOCIAGERIE LIRE AUSSI...

LES ÉVÈNEMENTS D’ OCTOBRE 1988 EN DIRECT, document d’information intérieure du PAGS d’Octobre 1988 intitulé « Complément d’informations » ;

LES ÉVÈNEMENTS D’ OCTOBRE 1988 EN DIRECT

Document d’information intérieure du PAGS d’Octobre 1988, réédité une deuxième fois sur le site algerie-infos de Saoudi Abdelaziz..
Il montre en particulier la confusion politique entretenue par les autorités à l’occasion de ces évènements, au cours desquels s’est exprimé à la fois la colère de différentes couches de la population et des jeunes, ainsi que les provocations et manigances des différents services et clans du pouvoir.
Ces derniers s’en sont pris avec la plus grande violence aux secteurs et militants syndicaux et politiques progressistes du PAGS, qui ont tout fait au cœur de cette grande intifadha pour déjouer les provocations et donner un contenu pacifique, offensif et constructif aux mouvements de protestation.

Voir également l’analyse de ces évènements publiée en 2008 par Sadek Hadjerès dans "Le Soir d’ Algérie" et mise en ligne sur Socialgerie.net, article n° 88

(...)


ON ENTERRE LE RÊVE ! - “5 OCTOBRE 1988 - 5 octobre 2011” texte de Fateh AGRANE, le 5 octobre 2011 ;

ON ENTERRE LE RÊVE !

5 OCTOBRE 1988,5 octobre 2011*

Nos jeunes se sont soulevés, des morts, des torturés, des mutilés à vie, s’en est suivie une démocratie de façade qui a plongé le pays dans un deuil perpétuel, seuls les véreux ont profité de la situation, le fleuve a été détourné une seconde fois ! il a été détourné et les rêves de la jeunesse avec !

À l’occasion de ce 5 octobre, je reprends un article que j’avais écris, un article où la jeunesse se brûle et se noie ! Quant les sanguinaires et les véreux festoient !

Fateh AGRANE

(...)


APPRENONS DE NOS LUTTES : OCTOBRE 1988 et LE CDLD À AIN BENIAN - témoignage de Abdelkader SAADALLAH, le 15 février 2011 ;

En ces moments difficiles, pleins d’espoirs, d’incertitudes et de risques, il est vital de trouver les meilleures formes d’organisation, de recherche des meilleures tactiques et stratégies, tout en apprenant des succès et des erreurs dans et au cours des luttes ; je pense qu’il est utile de puiser dans notre expérience de luttes communes pour en tirer les meilleurs enseignements.

Aussi j’ai cherché dans mes archives et dans ma mémoire pour y contribuer, à cet effet comment nous nous sommes organisés au cours du mois d’Octobre 1988 (cela remonte à 23 ans !), à la suite de la répression sanglante, brutale et violente qui a eu lieu partout en Algérie et notamment à la ville de Ain Benian (à 15 km à l’Ouest d’ Alger), qui a été particulièrement touchée par les émeutes et aussi par la répression qui a suivi.

Près d’une centaine de personnes avaient été arrêtées laissant leurs proches sans aucune nouvelle....

pour accéder à l’article 387 mis en ligne le 19 février 2011 par socialgerie, cliquer sur le lien ...


“LES JOURNÉES D’OCTOBRE 1988, VUES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI”, article de SADEK HADJERES, publié dans "LE SOIR D’ALGÉRIE" le 5 OCTOBRE 2008, mis en ligne par socialgerie article 88, le 7 octobre 2009.

« L’intifadha » d’Octobre 1988 a été un sursaut populaire, l’explosion d’un mécontentement accumulé. Elle a résulté de la conjonction de problèmes de fond non résolus et de manipulations irresponsables du pouvoir.
Ces quelques journées vécues dans l’enthousiasme des jeunes, la colère et les espoirs de toutes les générations, ont ébranlé le régime autoritaire sur le moment et durant quelques mois.
Mais la grande vague de fond n’a pu transformer la nature et les logiques hégémonistes du système
L’édifice oligarchique, bâti sur une combinaison de pratiques super-étatistes et d’appétits libéraux de plus en plus sauvages, a été replâtré et repeint aux couleurs d’un pluralisme sans démocratie.
pour lire la suite, cliquer ici


“LES ÉVÈNEMENTS D’OCTOBRE 1988 : ANALYSE ET QUESTIONNEMENTS”, article de مصطفى هميسي, article 603 mis en ligne par socialgerie le 12 octobre 2011.

أحداث أكتوبر : هل تآمر النظام على نفسه أم تآمر على الجزائر ؟

Pour lire, cliquer ici …


LA TORTURE DANS LES MOMENTS HISTORIQUES - OCTOBRE 1988, C’ÉTAIT AUSSI LA TORTURE - 28 avril 1971 : UN COMMUNIQUÉ du PAGS - socialgerie, 7 octobre 2009

Ce document du PAGS d’avril 1971 montre la continuité des méthodes utilisées par les services de l’Etat-parti unique, y compris dans les périodes de grandes décisions progressistes où, comme en février-mars 71, la lutte s’était aiguisée jusque dans les sphères du pouvoir entre partisans et adversaires des nationalisations et de la réforme agraire.
En 1965, le récit de Bachir Hadj-Ali dans "L’arbitraire" , préfacé par ses codétenus Mohammed Harbi et Hocine Zahouane, avait soulevé l’émotion et l’indignation nationales et internationales. Fin 1988 et en 1989, un comité national contre la torture avait démasqué les ignobles traitements infligés aux emprisonnés des journées d’Octobre 88. Plusieurs animateurs de ce comité, notamment membres du PAGS, ont été menacés puis dans les années 90 soit assassinés soit contraints à l’exil. Comme le rappelait l’historien Mohamed Harbi à El Watan (17 mai 2001), Si nous voulons que notre société quitte les ornières de la violence, il faut commencer par respecter l’intégrité physique des individus. La question de la torture nous concerne tous."

PARTI DE L’AVANT-GARDE
SOCIALISTE D’ALGÉRIE
DIRECTION NATIONALE

APPEL DE LA DIRECTION NATIONALE DU P.A.G.S.

- ASSEZ D’ARBITRAIRE ET DE TORTURES

pour lire l’article 90, cliquer ici (...)

pour lire l’article 135 : Septembre 1966 ... octobre 1988.....???? -
L’ARBITRAIRE, par BACHIR HADJ ALI - Le devoir de vigilance et de mobilisation... - mis en ligne socialgerie le 14 janvier 2010
cliquer sur le lien (...)

haut de page


IL Y A 25 ANS, LE 5 OCTOBRE 1988
Déjà la guerre des clans

par Arezki Metref
“Le Soir d’Algérie”
le 5 octobre 2013

Le 5 Octobre appartient au patrimoine des révoltes de la jeunesse algérienne contre une certaine forme d’oppression.

On devrait commémorer Octobre 1988, cette date qui ne figure évidemment pas dans le calendrier officiel des commémorations algériennes pourtant fort riche. Ce que l’on appelle non sans dérision la « commémorite », acte de commémorer plus vite que son ombre, fait partie des maladies infantiles des pays qui ont besoin d’un surplus symbolique pour fonder une légitimité pas toujours évidente.

Le 5 Octobre 1988, c’est un peu l’anti-5 Juillet 1962, date de la proclamation de l’indépendance.

Pourquoi anti ? Parce que le 5 Juillet est, entre autres, un jour de promesse. Et que le 5 Octobre 1988 est celui où la jeunesse algérienne reprochait à l’Etat national, au pouvoir politique qui se légitimait de l’indépendance, de n’avoir pas tenu ces promesses.

Bien entendu, les choses ne sont pas aussi simples. Néanmoins, pointons quelques faits et fixons quelques réflexions qui nous permettront peut-être de regretter que le 5 Octobre ne soit pas commémoré par l’Algérie officielle.

Le 5 Octobre appartient au patrimoine des révoltes de la jeunesse algérienne contre une certaine forme d’oppression.

Pour expliquer cela, il me faut retracer l’Histoire de l’Algérie avant l’indépendance. Brièvement.

La colonisation en 1830 a eu pour effet l’uniformisation de la quasi-totalité de la population dans la paupérisation, ou plus exactement de la population algérienne non européenne.

Ce processus d’oppression, d’acculturation, de négation coloniale a conduit, les contradictions s’étant accentuées à un point décisif, à ne donner aucun autre choix au colonisé que la violence révolutionnaire pour se libérer.

La lutte contre le colonialisme contenait de fait une dimension de lutte sociale puisque le pouvoir colonial avait maintenu dans l’exploitation et l’illettrisme les colonisés, laissant intact le fossé incommensurable qui les séparait des colonisateurs.

Et les chefferies ? Eh bien, comme toujours, elles se sont rangées du côté des puissants !

Le combat pour l’indépendance était conçu aussi comme un combat contre les injustices de toute sorte, contre l’exploitation, contre la pauvreté, contre l’analphabétisme, contre l’arbitraire, contre le mépris, toutes choses que le pouvoir colonial utilisait à l’encontre des colonisés.

À l’issue d’une guerre de 7 ans et d’une colonisation de 130 ans, les Algériens ont accueilli l’indépendance comme le début d’un processus devant conduire sinon à l’égalité, du moins aux luttes contre tout ce qui paraissait comme étant les maux indispensables à la survie coloniale.

En 1988, 26 ans après l’indépendance, les jeunes sortaient dans la rue pour dire leur raz-le-bol d’un Etat et d’une classe politique qui, visiblement, s’enrichissait de façon ostentatoire et scandaleuse, laissant la plus grande partie de la population dans le marasme social, économique et politique.

En plus des problèmes de chômage, de logement surtout, de la difficulté des jeunes à entrevoir l’avenir, le système politique basé sur l’unicité (parti unique, syndicat unique, associations satellites du parti unique, candidature unique du parti unique à toutes les élections, à commencer par la présidentielle.), ce système donc les excluait de toute possibilité d’expression.

Sans travail, sans logement, sans possibilité d’exprimer leurs aspirations, réduits à une sorte de non-être social, les jeunes n’avaient d’autre moyen de s’exprimer que par l’émeute.

C’est de cette période que date le mot hittiste avec sa charge de fatalisme attentiste. C’est aussi à cette période qu’apparaissait une sorte de spleen qui conduisait les jeunes à partir, prendre par exemple un bateau pour l’Australie, aller n’importe où pour fuir l’Algérie.

Là encore, il s’agit d’opérer un retour en arrière pour décrire les grandes étapes qui, depuis l’indépendance, ont préparé Octobre 1988.

Dès avant la proclamation de l’indépendance, on peut observer que les élites politiques algériennes étaient davantage préoccupées par la prise de pouvoir que par le destin du pays et encore moins par celui du peuple.

L’arrivée de Ben Bella au pouvoir en 1962 a été le fait d’un coup d’Etat d’un clan dirigé par Boumediène qui allait, 3 ans plus tard, le 19 juin 1965, destituer celui qu’il avait intronisé. Cette prise de pouvoir autoritaire et même despotique, a poussé quelques figures historiques de la guerre de libération à prendre le maquis (Aït Ahmed, Chabani, ...) L’Algérie entrait dans l’indépendance de façon si chahutée que les Algériens sont sortis dans la rue crier : « 7 ans (de guerre) ça suffit ! »

Paradoxalement, le coup d’Etat de juin 1965 de Boumediène promettait une sorte de « pacification », un nivellement par le bas, l’expression franche et entière d’une domination de l’Algérie par la force armée créditée de son nationalisme en tant qu’héritière de l’ALN.

Boumediène va mettre presque tous les Algériens au même régime.
Partisan du socialisme, il entreprend une révolution agraire destinée à rendre « la terre à ceux qui la travaillent », pour reprendre le slogan de l’époque, c’est-à-dire les petits fellahs, une gestion socialiste des entreprises, l’amorce d’une industrie industrialisante, la gratuité des soins, celle de l’école rendue obligatoire.

Bref, tout ce qui caractérise le socialisme avec à la clef, la nationalisation des hydrocarbures et, sur le plan international, la coopération avec les pays socialistes de préférence, le soutien aux causes progressistes et révolutionnaires.

Mais aussi à la clef, la mise en place d’un système autoritaire, policier, où l’Etat est omnipotent et où toute expression politique relevait du FLN, parti-Etat, et de ses organisations inféodées.
Je ne connais pas les chiffres mais, en dépit des pénuries, je pense qu’à l’époque de Boumediène peu de personnes ont vécu sous le seuil de pauvreté.

C’est de cette période aussi de musellement de toute opposition, de mutisme forcé de la société, que datent les remous que suscite dans le pays toute convulsion de sérail.

Dans l’impossibilité de remise en cause du pouvoir en place, tout passait par les coups d’Etat.

C’est la compétition des clans et c’est également de cette période que date l’alternative de laisser un clan fomenter des émeutes pour les jeter dans les pattes d’un autre clan.

C’est ce qui a dû se passer en Octobre 1988, sauf que le raz-le-bol des jeunes a engendré ceci : les émeutes ont débordé très largement le cadre qui leur était imparti pour prendre les proportions de cette fêlure qui a changé le destin de l’Algérie.

Quand Boumediène meurt en 1978, c’est un système personnalisé, verrouillé à la baïonnette qui perd d’une certaine manière sa clef. Son successeur, Chadli Bendjedid, n’avait ni la fermeté des convictions socialistes de Boumediène, ni sa poigne, ni sa stature pour s’imposer comme inspiration. On sentait comme une friabilité, une sorte de dilution de l’autorité dans quelque chose de l’ordre du clan, et même du tribal.

Ce qui a eu l’avantage de permettre involontairement le surgissement du mécontentement des citoyens.
Notamment des élites politiques et intellectuelles marginalisées jusque-là, les seules à parler de démocratie, de pluralisme, de liberté individuelle et politique, de droits de l’Homme, toutes ces choses qui, depuis l’indépendance, étaient bannies du glossaire officiel du pouvoir algérien et du FLN.

L’ère Chadli sera celle des émeutes. La première sera celle du Printemps berbère d’avril 1980.

Cette grande révolte de la population revendiquait non pas le pain ou la semoule mais la poésie et la liberté. Elle inspirera le fil des révoltes des années 1980, y compris celle qui nous intéresse, celle d’Octobre 1988

Elle inspirera aussi les mouvements culturels berbères de tous les pays où vit une communauté berbère, Maroc, Libye, Niger, etc.

Le Printemps berbère de 1980 est important pour de multiples raisons. Pour la première fois, une manifestation populaire conteste frontalement le régime. C’était la première fois qu’une grande manifestation populaire revendiquait, non pas des logements et du travail, mais la démocratie et la reconnaissance de la culture et de la langue berbères. C’était la première fois aussi qu’une manifestation populaire faisait peur au régime au point de l’obliger à prendre en compte les revendications.

Tamazight et la démocratie ont cessé d’être le tabou des tabous. Ils vont désormais cheminer dans l’esprit des Algériens pour éclater en une grande explosion en Octobre 1988. D’autres émeutes d’envergure ont émaillé cette décennie. Je ne parle même pas des centaines de milliers de micro-émeutes locales qui sont devenues alors le seul moyen d’expression des Algériens : Constantine, Alger et d’autres grandes villes. En 1986 « une crise pétrolière » a considérablement affecté les rentrées en devises de l’Algérie.
La manne énergétique qui octroyait au pouvoir les richesses pour acheter la paix sociale s’en est trouvée tarie. Les premiers à payer la facture furent les couches les plus vulnérables de la société.

Parallèlement à cette crise, un conflit idéologico-politique éclate en sourdine entre deux clans du pouvoir, à propos de la politique économique et sociale à suivre.

Autour du président Chadli, on préconisait des réformes visant à libéraliser l’économie, à la privatiser, à toucher en quelque sorte au sacro-saint dogme socialiste, héritage de Boumediène, pour aller vers quelque chose d’honni, le capitalisme. Le maintien de l’option socialiste était défendu par la direction du FLN autour de Mohamed Cherif Messaâdia.

Comme toujours dans les systèmes qui affichent l’unanimisme, le débat ne se mène pas au grand jour, mais à travers la presse, par l’intermédiaire de collaborateurs de journaux liés à l’un ou l’autre clan.

Algérie-Actualité publiait les contributions des « réformateurs » du clan Chadli.

Révolution africaine, organe central du FLN, défendait lui le système socialiste.

Mais moins qu’un combat autour d’options fondamentales pour le pays, ces
luttes recoupaient des échauffourées pour le pouvoir.

Les années 1987 et 1988 ont été marquées par les conséquences sociales de la crise économique qui a frappé l’Algérie, ainsi que par l’aiguisement des luttes de clans, sur fond de montée des revendications contenues en germe dans le Printemps berbère : droits de l’Homme, démocratie, équité de la justice, justice sociale, etc.
L’été 1988 a été particulièrement bouillonnant sur le plan social, marqué par des grèves de grandes entreprises comme la SNVI (Société nationale de véhicules industriels) qui, à Rouiba dans la banlieue d’Alger, employait 30 000 travailleurs.

L’été 1988 aussi s’est caractérisé par la démission du pouvoir. Tandis que de nombreux secteurs étaient en grève et que les Algériens souffraient de pénurie chronique de produits alimentaires, ni le président de la République, ni aucun ministre ne semblait être à son poste.
Ce n’est que le 19 septembre que le président de la République a fait sa rentrée dans le contexte explosif de la société algérienne dubitative et celui d’un congrès du FLN qui promettait de se tenir à couteaux tirés entre les deux courants.
Dans son discours d’ouverture du congrès, davantage destiné aux Algériens qu’aux militants du FLN, le président adoptait le ton d’un opposant qui appelle à la révolte, à la grande stupéfaction des observateurs.
Dès lors, un mot d’ordre de grève générale pour le mercredi 5 octobre est propagé par la rumeur. On ne savait pas d’où ça venait, ni qui en était l’émetteur, ni les mots d’ordre. Bref une rumeur, rien de plus, mais c’était ça aussi l’Algérie, des trompe-l’œil où tout passe par l’arrière-scène.
Le 4 octobre au soir, la veille du jour J, des faits curieux se sont produits.
Les services de police et de renseignement de l’armée arrêtent des dizaines de militants, notamment du PAGS, à travers l’Algérie pour des troubles qui n’avaient pas encore eu lieu et dont ils ne savaient rien.
Dès les premières heures, beaucoup d’entre eux seront torturés. Signe de l’âpreté des luttes qui augurait aussi de la répression sanglante qui allait s’ensuivre. Le 4 octobre au soir aussi, répondant à une sorte d’injonction invisible, des jeunes chômeurs ont lancé les premières manifestations, notamment à Bab el Oued, l’un des quartiers les plus chauds d’Alger.
Mais jusque-là, hormis la torture subie par les militants arrêtés, ce qu’on ignorait encore, les militants étant toujours entre les griffes des tortionnaires, on pouvait comme l’avait fait sans peur et sans reproche un haut responsable, parler de « chahut de gamins ».

Le lendemain 5 octobre, un mercredi, en se levant le matin, personne ne pouvait soupçonner que ce jour-là, le destin de l’Algérie allait basculer.
Dans le meilleur d’abord, puis dans le pire.
Ce qui était notable à Alger ce jour-là, c’était l’absence de la police. Habituellement Alger est une ville assez policée. Au centre-ville, il y a plusieurs commissariats et des barrages à chaque carrefour.
On eût dit que quelqu’un avait donné l’ordre aux policiers de s’absenter pour laisser libre le champ à l’émeute et à la casse. C’est ce qui allait se passer.
Vers les 11 heures, des groupes de jeunes ont envahi les rues. Des collégiens et des lycéens d’abord, encombrés par leur cartable, n’ayant aucun mot d’ordre à clamer et ne sachant même pas à l’appel de qui ils étaient là.
J’en ai interrogé quelques-uns in situ le jour-même et personne n’a été capable de me répondre. Qui ? Quoi ? Comment ? Rien. On est là, c’est tout. C’est ce que disaient ces jeunes.

Puis petit à petit les manifestants ont été infiltrés par des adultes qui ont déclenché le processus de casse et de saccage qui allait faire de l’Algérie presque un champ de ruines et de sang.
Très vite tous les quartiers d’Alger vont s’embraser. Les jeunes des quartiers populaires font le coup de poing, soit chez eux, soit au centre-ville. Les grandes villes algériennes sont touchées par le même phénomène. _ Lorsque quelques heures plus tard, les policiers regagnent leur poste, c’était trop tard. L’Algérie était entre les mains des émeutiers.

Qui étaient les émeutiers ?

Abed Charef, un journaliste qui a écrit à chaud un livre sur Octobre 1988 dresse un portrait-robot du manifestant d’Octobre : « Il a entre 15 et 20 ans, il est lycéen ou collégien mais de préférence chômeur, c’est-à-dire récemment exclu du système scolaire. Il n’a pas de formation particulière. Il n’a pas encore accompli son service national. Il habite dans un appartement exigu d’un quartier populaire, au milieu d’une famille nombreuse. Il a peu de perspective de trouver un travail dans l’immédiat. Il est supporter d’une équipe de football. »
On peut remarquer que si les manifestants n’avaient pas de slogans politiques et ne portaient pas de banderole, les quelques phrases qu’ils criaient l’étaient sur la tonalité des stades de foot.
Le journaliste ajoute, dans le portrait du manifestant : « N’a aucune formation politique », « se situe en dehors de tout système », « n’a aucun lien avec une association », « organisation ou parti de la jeunesse » « il est livré à lui-même », subit continuellement les abus, etc.
À partir du 5 au soir, les manifestants échappaient au pouvoir et aux manifestants eux-mêmes. On comptait de nombreux blessés et de nombreuses arrestations.
Si tant est, comme on l’a dit, et comme cela est vraisemblable, que les événements ont été fomentés par le clan Chadli pour nuire au clan adverse, il était évident que le cours des événements était en train de lui échapper.
Les émeutiers ont cassé ce qui symbolise l’Etat : ministères, commissariats de police, mairies, etc.
Mais aussi ce qui symbolise la pénurie et le piston dans la distribution des produits  : le Souk el Fellah, les Supermarchés, etc.
Les premiers morts, ce sera le 6 au soir  : « Madame Nabila Bouzidi, médecin, était ce 6 au soir de garde dans un hôpital près d’El Biar (Alger) lorsqu’on lui ramène les corps des deux premiers morts d’Octobre 1988. Il s’agit de deux de ses neveux qu’elle découvre... Riad Bouzidi, 14 ans, et son frère, Nadim, 22 ans, tués par un chef de char dont l’engin est tombé en panne et qui a tiré sur les manifestants pour se dégager selon la version officielle. »
L’état de siège était déjà décrété. L’Algérie est envahie par les chars et les troupes d’élite. Les manifestations vont dégénérer dès le lendemain puisque des tireurs inconnus infiltrent la protestation et provoquent les tirs en retour des militaires, accréditant le règlement de comptes.
500 morts, des milliers de blessés, des centaines de torturés, et un traumatisme général.

Ces événements ont conduit à situer qui est qui et mettre à bas le mythe de la fraternité (frères). À une révision de la Constitution qui a mis fin au parti unique. À provoquer une effervescence démocratique dont des acquis durables comme la liberté de la presse et le multipartisme, même dans des conditions limitées. À mettre en place le décor pour la longue nuit sanglante qui allait suivre.

Et c’est en cela aussi qu’Octobre 1988 est une fêlure.

A. M.

sources : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/10/05/article.php?sid=155044&cid=2

haut de page



Voir en ligne : http://www.algerieinfos-saoudi.com/...

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Lien hypertexte

    (Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)