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NOTES DE LECTURES

UN INSTITUTEUR COMMUNISTE EN ALGÉRIE GASTON REVEL

samedi 10 août 2013

L’engagement et le combat (1936-1965)

Présentation et notes par Alexis Sempé
-Editions La Louve- 2013

Ce livre d’Alexis Sempé est à la fois une recherche historique et un roman tragique. Histoire d’une personnalité hors du commun : Gaston Revel. Né en France en 1915 à Laure-Minervois, il entre à l’Ecole Normale de Carcassonne en 1933. Sa vie va être un cheminement vers une prise de conscience progressiste puis révolutionnaire. Dans ces années 1930, il penche alors, comme beaucoup de français, vers un pacifisme naïf. Il subit l’ambiance de l’idéologie dominante et approuve même l’idée d’une collaboration avec le mouvement pétainiste qui prônait une paix à tout prix avec Hitler. Mais en 1936 c’est le tournant de sa vie. Il part pour l’Algérie et l’Ecole Normale de la Bouzaréah à Alger. Puis il est nommé instituteur pour son premier poste dans le bled à Aïn-Tabia dans le nord constantinois, puis à Bougie. Et là, la réalité coloniale lui ouvre les yeux. Il se débarrasse assez vite de l’idéologie des bien pensants et s’oppose à l’incommensurable myopie des classes dirigeantes françaises qui s’accrochent à leur passé colonial.

Gaston Revel a laissé tout au long de sa vie de nombreux écrits : lettres, articles, commentaires … et une inestimable documentation photographique. Véritable mémoire illustrée qu’Alexis Sempé a su exploiter dans son ouvrage.

Gaston Revel vivait très mal l’épouvantable situation coloniale faite aux algériens. Ainsi la misère de ces enfants qu’il enseignait ne pouvait que le révolter. Quels parents, quelle mère, quel père pouvaient accepter le dénuement de ses propres enfants sans avenir, n’ayant même pas de vêtements pour les envoyer à l’école. Pieds nus dans l’eau et la boue au printemps, pieds nus dans la poussière l’été, pieds nus dans la neige l’hiver.


Quels parents pourraient accepter le sort que le colonialisme français leur imposait par la force, sans rien dire ? Gaston Revel l’avait non seulement compris mais il prit part courageusement à leurs combats et adhéra au Parti Communiste Algérien et au syndicat CGT de l’époque. Son honnêteté intellectuelle l’a amené à s’intégrer aux luttes populaires des algériens. Il a eu toujours une position unitaire avec les courants nationalistes. Il dira d’ailleurs qu’il se sentait aussi bien français qu’algérien. Fait remarquable, en 1953 Gaston Revel est élu sur une liste du deuxième collège. Ses luttes pour les revendications populaires, y compris l’indépendance, l’ont désigné comme cible par les colonialistes, colons et administration coloniale. Aux lendemains de l’indépendance, à Bougie, sa participation aux revendications des travailleurs le désigna cette fois-ci aux foudres de ces nouveaux arrivistes, friands de pouvoir et de nouvelles richesses (« les marsiens » comme les appelait le peuple) : il eu droit à trois semaines d’emprisonnement avec son camarade Khoudir Abdelkrim. En juillet 1965, départ définitif d’Algérie à la suite du coup d’état de Boumédiène. Gaston Revel décédera en 2001.

Ce livre d’Alexis Sempé est une leçon d’histoire et d’humanité à méditer et à s’inspirer. On y trouve aussi une abondante bibliographie, précieuse pour les recherches historiques.

Guy FEVE

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