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CRISE DU CAPITALISME : NE PAS CONFONDRE LES EFFETS ET LES CAUSES

mercredi 20 mars 2013


LA FOLIE DU CAPITALISME - Rouge Midi - le 20 mars 2013 - Michel Peyret - article de Ernst Lohoff et Norbert Trenkle - Traduction Paul Braun ;


POLITIQUES PUBLIQUES, MONNAIE ET DETTE SOUVERAINE : DES DÉFICITS BUDGÉTAIRES AUX CRISES AUTO-RÉALISATRICES - par Ahcène AMAROUCHE - École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSSEA), Alger - “Recherches internationales,” n° 94, janvier-mars 2013 ;


LA FOLIE DU CAPITALISME

Rouge Midi
le 20 mars 2013


La critique simpliste du capital spéculatif et de l’endettement croissant qu’on retrouve partout est idéologiquement absurde et dangereuse, et renverse, en outre, le contexte économique réel.

Ce n’est pas parce que les manifestations de crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui prennent leurs origines dans la sphère financière que c’est là qu’il faut chercher les causes fondamentales et structurelles de ces crises.

La confusion entre déclencheur et cause ne date pas d’aujourd’hui. En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées.

Un certain Karl Marx se moquait à l’époque...

Sur l’immense décharge du capital fictif

Les limites de l’ajournement de la crise par le capital financier et le délire des programmes d’austérité.

Par Ernst Lohoff et Norbert Trenkle
Traduction Paul Braun
Krisis

extraits :

1.Capitalisme sain ou confusion entre déclencheur et cause ?

Au cours des trente dernières années, le capitalisme a changé dramatiquement de visage : jamais dans son histoire le secteur financier n’a pris autant d’importance par rapport à l’ensemble de l’économie qu’à l’époque actuelle.

Dans les années 1970, les produits financiers dérivés étaient encore quasiment inconnus. Aujourd’hui, d’après les estimations fournies par la Banque des Règlements Internationaux, la somme totale de ce seul outil financier arriverait à six cent mille milliards de dollars, c’est-à-dire environ 15 fois la somme de tous les produits intérieurs bruts.

En 2011, le volume quotidien des transactions financières était de 4,7 milliers de milliards de dollars. Moins d’1% de cette somme provenait des transactions de marchandises. L’achat et la vente d’actions, de titres et autres promesses de paiements sont devenus centraux dans l’accumulation du capital et “l’économie réelle” est devenue un accessoire de “l’industrie financière”.

Ce développement est critiqué de tous les côtés depuis que l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis a fait plonger l’économie mondiale à une vitesse vertigineuse comme on ne l’avait plus vu depuis les années 1930.

La cause de ce malaise serait le gonflement de la superstructure financière. Après le krach de 2008, la colère s’était retournée essentiellement contre les banques et contre d’autres acteurs financiers privés qui, dans leur cupidité, seraient devenus aveugles et insensés. Depuis, le regard s’est focalisé sur l’endettement étatique, et ce sont les gouvernements emprunteurs, prétendument irresponsables et dépensiers, qui sont pointés du doigt.

Mais là comme ici, l’idée de base est la même : tout le monde rêve d’un capitalisme “sain”, basé sur “le travail honnête”, un capitalisme dans lequel “l’économie réelle” dicterait la marche, et où l’économie financière jouerait ce rôle secondaire, de service, s’alignant sur ce qu’essaient aujourd’hui de nous faire croire les manuels scolaires de l’économie nationale.

Le capitalisme est un système profondément absurde, et c’est dans la crise que ses contradictions criantes et sa folie se manifestent le plus ouvertement. Mais la pensée dominante ne veut rien savoir, elle admet tout au plus des “erreurs” ou des “abus spéculatifs” dans certains domaines du système. De cette manière, elle prétend non seulement qu’il n’y a pas d’alternative à l’économie de marché, mais elle personnifie en plus les maux de la société en les projetant sur “les banquiers et les spéculateurs”, ou, de manière encore plus générale, sur “la côte ouest américaine”.

La critique simpliste du capital spéculatif et de l’endettement croissant qu’on retrouve partout est idéologiquement absurde et dangereuse, et renverse, en outre, le contexte économique réel. Ce n’est pas parce que les manifestations de crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui prennent leurs origines dans la sphère financière que c’est là qu’il faut chercher les causes fondamentales et structurelles de ces crises.

La confusion entre déclencheur et cause ne date pas d’aujourd’hui. En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées.

Un certain Karl Marx se moquait à l’époque : “Si, au bout d’une certaine période de commerce, la spéculation apparaît comme annonciatrice d’un effondrement, il ne faudrait pas oublier que cette spéculation est née auparavant dans cette même période de commerce et qu’elle représente donc un résultat, une apparence et non pas une cause ou une essence. Les représentants de l’économie politique qui tentent d’expliquer les soubresauts de l’industrie et du commerce en les attribuant à la spéculation ressemblent à l’école défunte des philosophes de la nature qui considéraient la fièvre comme la cause fondamentale de toutes les maladies.” [1]

2. Un nouveau stade du développement capitaliste

La production capitaliste ne connaît qu’un seul but : la transformation d’argent en plus d’argent. Si le capital n’a plus la valorisation en perspective, il cesse d’être capital. C’est pour cela que le système capitaliste est condamné à l’expansion. Il doit perpétuellement investir de nouveaux domaines pour réaliser la valorisation, absorber toujours plus de travail vivant, et empiler toujours plus de marchandises.

Déjà, au cours du 19ème siècle, on constatait régulièrement des interruptions dans ce processus d’expansion. En comparaison de la quantité de capital accumulé, on se retrouvait périodiquement confronté à l’absence de possibilités d’investissements rentables dans “l’économie réelle”. À l’approche de ces crises de suraccumulation, les capitaux avaient tendance à se déplacer vers la superstructure financière où, sous la forme de “capital fictif” (Marx), ils pouvaient se reproduire pendant un certain temps à travers l’accumulation de créances monétaires. Et c’était uniquement au moment où cette reproduction de capital, sans passer par la valorisation, atteignait ses limites qu’on assistait à de véritables épisodes de crises.

C’est ce schéma de base qui se reproduit actuellement, à une échelle tout à fait nouvelle, lors des processus de crises. Sa durée est déjà éloquente. A l’époque, l’accroissement du capital fictif était un phénomène de courte durée, tout au plus un ou deux ans, qu’on retrouvait à l’aube des crises cycliques. Aujourd’hui, la multiplication du capital fictif est devenue la caractéristique principale de toute une période.

Depuis le début des années 1980, le volume total des titres échangés sur les marchés financiers croît sans arrêt et de manière exponentielle. Et même si le support de cette dynamique change régulièrement (emprunts d’Etats, actions, crédits hypothécaires, produits dérivés, etc.), ce n’est pas un hasard si c’est toujours “l’industrie financière” qui constitue le centre dont dépend l’accumulation du capital.

À la différence des stades de développement capitaliste antérieurs, le déplacement vers les structures financières, lors des dernières trente années, n’est pas juste le résultat d’une absence momentanée de possibilités de valorisation dans l’économie réelle. Depuis la fin des trente glorieuses et du fordisme, une accumulation auto-entretenue dans l’économie réelle est devenue définitivement impossible.

L’énorme gain de productivité qui a suivi la troisième révolution industrielle entraîne une éviction massive de la force de travail hors des secteurs produisant de la valeur et mine ainsi la seule base de la valorisation de la valeur : l’utilisation de force de travail vivante dans la production de marchandises.

Depuis plusieurs décennies, le mouvement global d’accumulation ne peut se poursuivre que grâce à la sphère financière qui, en produisant inlassablement de nouvelles créances monétaires, est devenue le moteur central de l’accroissement du capital. Si ce “processus de production” de l’industrie financière s’enraye, l’effondrement catastrophique de l’économie mondiale devient inéluctable.

3. Le capital fictif

…/… pour lire l’article en pdf
cliquer sur le lien

ou aller sur le site Rouge Midi
http://rougemidi.fr/spip.php?article7701

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POLITIQUES PUBLIQUES, MONNAIE ET DETTE SOUVERAINE :

DES DÉFICITS BUDGÉTAIRES AUX CRISES AUTO-RÉALISATRICES

par Ahcène AMAROUCHE (*)
“Recherches internationales,” n° 94, janvier-mars 2013


…/…
L’analyse qui précède a tenté de montrer le poids des
phénomènes monétaires dans la crise de la dette souveraine des
pays aujourd’hui lourdement endettés. Ces phénomènes ont été
dissociés des facteurs relevant des politiques publiques qui, dans
la conjoncture internationale marquée du sceau de la libéralisation
et de la globalisation financière, peuvent avoir un impact effectif
sur les déficits budgétaires.

L’analyse a montré l’importance des crises auto-réalisatrices en
situation de surendettement des États, surendettement qui, depuis 2007,
s’est alimenté du rachat par les pouvoirs publics des titres toxiques
que les banques ont créés de toutes pièces dans la phase ascendante
du cycle économique nourri par les bulles Internet et de l’immobilier.

Cependant, c’est moins le retournement du cycle, après
l’éclatement de la bulle immobilière, que la logique même du
capital porteur d’intérêt, forme fétichisée du rapport économique
fondamental sous le capitalisme en tant qu’il apparaît comme rapport
de l’argent à lui-même, qui est la source du surendettement des
États puis de la crise de la dette souveraine. Dans ces conditions,
la réforme du système financier mondial est-elle envisageable ?
Sans doute. Mais pas tant que la crise financière internationale,
dont celle de la dette souveraine est partie intégrante, n’ait produit
tous ses effets sur l’économie réelle.

par Ahcène AMAROUCHE (*)
“Recherches internationales,” n° 94, janvier-mars 2013

(*) École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSSEA), Alger

pour accéder au texte de l’étude cliquer sur le lien : (...)

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[1En allemand : Marx Engels Werke, tome 12, page 336

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