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"MADAME LA FRANCE, MA MÈRE ET MOI" DE SAMIA CHALA SUR LA CHAÎNE LCP : LA COLÈRE ET LE RETOUR À SOI

lundi 6 avril 2015

HuffPost Algérie
par Ghada Hamrouche
le 5 avril 2015

Présenté en septembre 2014 lors des journées cinématographiques de Béjaïa, "Madame la France, ma mère et moi", le documentaire poignant de Samia Chala a enfin trouvé son chemin vers une télévision française.

Diffusé le 7 mars dernier sur la chaîne parlementaire Public Sénat, il sera à nouveau rediffusé le 7 avril en cours. Trois autres diffusions sont prévues jusqu’au 11 mai.

Samia Chala est une algérienne, une battante, une progressiste qui refuse qu’on lui dicte sa conduite. Fuyant le terrorisme des années 90, elle débarque en France en 94. C’est le grand télescopage entre ce qu’elle est et qu’on voudrait qu’elle soit. C’est la source d’un questionnement qui finira par s’exprimer dans un documentaire remarquable de sincérité et qui ne louvoie pas.

"C’est chez toi Madame la France que je me suis découverte arabe et musulmane", reconnaît-elle face à la Marianne qui symbolise la "République des droits de l’Homme".

Samia Chala n’est pas au bout de ses déconvenues. Le malaise ressenti durant les premières années de sa présence en France s’amplifie. Le pic est atteint après les attentats du 11 Septembre 2001. Les tours du World Trade Center s’écroulent et avec elles s’écrouleront beaucoup de convictions.

"Nous sommes tous des Américains, clame la presse française en chœur, se souvient Samia Chala. "Cette émotion planétaire me laisse un arrière goût de cendre. Le choc des civilisations est en marche. Le barbu devient l’ennemi planétaire mais derrière lui, on sent bien que tous les musulmans sont dans l’œil du cyclone".

Du coup on vous juge sur votre habit, votre discours, votre façon de vous conduire en société. La France ne veut pas de voix qui ébranlent ses certitudes et déconstruisent ses stéréotypes. "En Algérie, je me battais pour que les filles, comme moi, ne soient pas obligées de porter le voile. En France, je me suis mise à défendre le droit des femmes à le porter, si elles le souhaitent. Ça vous étonne ? Pour moi c’est le même combat".

Cette position, Samia Chala, la "croqueuse de barbus", comme elle se qualifiait en Algérie, la défendra sur les plateaux de télévisions françaises.

Année après année, l’air devient irrespirable. Affaire du voile, Islam en France, l’intolérance à tout ce qui est musulman. Mais que se passe-t-il donc ? L’aversion à l’Islam est-elle récente ? Et la lumière se fait dans l’esprit de Chala : la guerre d’Algérie.

Une plaie qui n’a jamais "cicatrisée" en France. "Les aspects positifs de la colonisation" débattus à l’Assemblée française en février 2005, ne feront que renforcer la nouvelle conviction de Samia Chala.

"Madame la France n’est pas sereine" et Chala non plus. Elle "s’étouffe" et "enrage". "L’esprit des lumières" si cher à la France " n’a jamais éclairé le village Kabyle" dont est issue la mère de Chala. Les femmes "n’ont pas connu l’école, elle marchaient pieds nus et vivaient en haillons". La jeune femme découvre "sa profonde déchirure". L’introspection commence.

Depuis le décès de sa maman en 2011, c’est sa tante, "Khalti", comme elle la désigne en arabe, qui est "la mémoire vivante de la famille". Cette femme illettrée, qui n’est jamais sortie de son village, est si pleine de bon sens, qu’elle trouve les mots pour désigner les maux de Samia Chala.

Les leçons des femmes des classes populaires

"En retournant aux sources en quelque sorte -à ma source- j’ai mieux compris le regard sur le monde que portaient des femmes des classes populaires comme ma tante qui est effectivement extraordinaire de bons sens et de vérité dans le film. On a trop longtemps considéré nos parents comme incultes, analphabètes et finalement peu dignes d’être écoutés. Je pense que c’est tout le contraire et j’ai essayé, dans mon film, de donner la place à cette parole-là".

Dans son entretien au HuffPost Algérie , Samia Chala avouera que sa tante "est d’une lucidité lumineuse. Dans sa simplicité de paysanne elle nous donne une leçon magistrale. C’est elle qui m’a orienté sur cette question de la trahison de soi et des siens : quand, où et comment est-on en cohérence avec soi même ?"

En revisitant les stéréotypes qui collent à la femme arabe depuis l’histoire coloniale, "Madame la France, ma mère et moi’ interroge le regard que portent les Français sur les femmes d’origine maghrébine mais aussi celui qu’elles portent elles-mêmes sur soi.

"Savoir qui l’on est. D’où l’on vient. Autant de questions que je ne pensais pas me poser en France mais qui m’ont sauté à la figure. Ce cheminement que j’ai fait depuis vingt ans avec "Madame la France" a été douloureux mais il m’a rendue plus forte", confiera au HuffPost Algérie Samia Chala.

"Ce film, pour lequel je suis retournée sur les traces de ma mère et de ma tante, en Algérie, permettra, je l’espère, de comprendre ma colère qui est celle de beaucoup d’Arabes de France", dira Chala. Et d’Algérie aussi.

"MADAME LA FRANCE MA MÈRE ET MOI"
Producteur : Un film de Samia Chala Production Public Sénat & Amip
Date de première diffusion : 2015/03/07
Rediffusion : Mardi 07 avril à 12h30 & Jeudi 16 avril à 12h30
En rediffusion les : Vendredi 24 avril à 12h30 Lundi 11 mai à 12h30

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Voir en ligne : http://www.huffpostmaghreb.com/2015...

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