Accueil > MARX - MOUVEMENTS COMMUNISTES > ÉTIENNE BALIBAR, OU COMMENT PENSER UN MONDE NOUVEAU

L’AVENIR DE L’EUROPE SE JOUE EN GRÈCE

ÉTIENNE BALIBAR, OU COMMENT PENSER UN MONDE NOUVEAU

lundi 1er septembre 2014

essai
PHILOSOPHE ALIOCHA WALD LASOWSKI,
LUNDI, 1 SEPTEMBRE, 2014
L’HUMANITÉ


Étienne Balibar
photo : afp

Dans une réflexion autour de la situation en Grèce et dans la réédition augmentée de sa Philosophie de Marx, Étienne Balibar invite à reprendre ce travail «  transfrontière  ».

Comment manifester sa solidarité vis-à-vis du peuple grec, encore soumis aux effets désastreux de la crise financière de 2008 ?
Dans un livre collectif, philosophes français et intellectuels grecs participent à une réflexion commune sur le «  sauvetage  » de la Grèce, au prix de la destruction de l’État social, de l’effondrement des services publics et de la dérégulation du marché du travail. Chaque intervention soumet son analyse à une situation d’urgence, sans supprimer les difficultés actuelles et sans négliger les désaccords féconds.

«  L’avenir de l’Europe se joue en Grèce  »

Au-delà des différends, une même visée : indignation et colère face au symptôma grec, effet de la domination du capitalisme mondial et de la crise européenne, où les États en faillite sont contraints à de terribles cures d’austérité.

Dans son texte « Comment résoudre l’aporie du “peuple européen” ? », Étienne Balibar le rappelle, « l’avenir de l’Europe se joue en Grèce ».
Projet d’une résistance radicale, face au discours dominant de la politique médicalisée, où la riposte ironique répond non seulement à l’urgence de dénoncer une supposée thérapie, mais aussi à celle de critiquer l’idée de « santé ».
Non pas seulement formuler une critique, mais essayer d’envisager de nouvelles positivités, à l’image de Marx qui, dans sa célèbre onzième thèse sur Feuerbach, demande de « transformer » le monde social, et pas simplement de l’« interpréter ».

Étienne Balibar rappelle, dans sa nouvelle préface inédite à la réédition augmentée de sa Philosophie de Marx publiée initialement en 1993 : « Je continue de penser en compagnie de Marx », et se propose ici de reconstituer l’espace – translinguistique et transfrontière – dans lequel s’est élaborée l’œuvre de Marx.
C’est que Balibar relit sans cesse l’auteur du « Manifeste du Parti communiste » et du « Capital » pour faire face aux diverses questions philosophiques et politiques de notre temps : l’économie de la violence, la subjectivité face à la mondialisation capitaliste, le rôle administratif et idéologique des frontières, les perspectives de la citoyenneté universelle ou la crise du sécularisme européen.
À chaque fois, précise Balibar, face à chaque situation, penser avec Marx consiste à articuler une activité critique, une réflexion philosophique avec des processus d’émancipation, de révolte ou de révolution.

Face aux bouleversements contemporains, il est possible de se donner les moyens de modifier les rapports qui unissent des situations et de faire surgir dans leur relation un décalage qui soit, aujourd’hui, un moyen d’analyse et une incitation à la réflexion.
Mettant en avant les activités philosophiques de Marx, et non une philosophie autonome, Balibar pourrait y appliquer la formule de Michel Foucault, définissant lui-même sa méthode : « Des fragments philosophiques dans des chantiers historiques ». Ce mode d’activité mobilise chez Marx autant une exigence de connaissance qu’une exigence de révolution.
Mais, conclut alors Balibar, « ce double risque est justement celui qu’il faut courir pour introduire du nouveau, aussi bien dans la philosophie que dans la vie ».

Le Symptôma grec, ouvrage collectif, avec des contributions d’Étienne Balibar, Alain Badiou, Jacques Rancière… Éditions Lignes, 192 pages, 19 euros.



La Philosophie de Marx, d’Étienne Balibar, nouvelle édition revue et augmentée. 
 Éditions la Découverte, 260 pages, 11 euros.


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/etienne-bali...

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Lien hypertexte

    (Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)