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NOTRE CAMARADE COMBATTANT ET MILITANT MOHAMED TEGUIA

IL FIT HONNEUR AU MOUVEMENT NATIONAL ET COMMUNISTE

mercredi 30 janvier 2013


Une fois de plus, les travaux de Boumediène LECHLECHE replacent dans la perspective historique une figure emblématique du mouvement national et social algérien, telle que celle du regretté Mohammed TEGUIA, combattant intègre, passionné et intelligent de la cause patriotique et de l’idéal communiste, disparu prématurément il y a vingt cinq ans.

Socialgerie et ceux qui ont partagé ses engagements et ses épreuves renouvellent à cette occasion leurs hommages à sa valeureuse famille engagée et à ses proches qui l’ont soutenu dans ses souffrances physiques et morales.

Et appelle à joindre de nouveaux témoignages sur les luttes démocratiques et sociales auxquelles a participé notre camarade, en particulier celles concernant la très dure année 1968, celle de l’affrontement exacerbé entre la violence répressive du régime et la résistance des forces appelant auxsolutions politiques, pacifiques et conctructives de la crise ouverte après l’idépendancde et le 19 juin 1965.


Chers amis(es) et camarades ,
à l’occasion de la 25 ème année du décès du regretté Mohamed Téguia , et dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale, permettez-moi de lui rendre hommage à travers cette modeste contribution documentaire.
Amicalement.
B.Lechlech


L’HISTORIEN ET LE LOUP - récit du commandant Lakhdar Bouregâa (sur Teguia et le loup lors de sa première blessure) - transmis par B. Lechleche.


HOMMAGE DE B. LECHLECHE À MOHAMED TEGUIA - le 30 janvier 2013


LISTE DES DÉTENUS DE 1968 - Parti de l’Avant-Garde Socialiste (ORP) - N° 33 - ALGER le 22 juillet 1968 - document original transmis par B.Lechleche.


... conte ou réalité...

L’HISTORIEN ET LE LOUP*

récit du commandant Lakhdar Bouregâa
(sur Teguia et le loup lors de sa première blessure)

Mohamed Téguia a été grièvement blessé à deux reprises pendant la guerre de libération. La seconde fois c’était le 8 août 1961.Il était alors secrétaire de la Wilaya IV. Il fut blessé et fait prisonnier lors de l’accrochage qui a coûté la vie au chef de Wilaya, Si Mohamed Bounaâma , au cœur de Blida.

Quatre mois plus tôt, en avril, il avait déjà été blessé dans un accrochage à Oued Laakhra, littéralement l’Oued de la fin du monde, au sud-est de Chréa, sur le versant sud des monts de Blida. C’était une région boisée, avec un terrain fortement accidenté.

Se traînant tant bien que mal avec sa blessure à la jambe, Mohamed Téguia s’est mis à l’abri, dissimulé par des buissons. Après avoir essayé d’arrêter l’hémorragie par un bandage de fortune, il s’est adossé à un arbre. Comme le terrain était en pente, il avait peur de glisser. Il mit ses pieds sur une grosse pierre , essayant de trouver, la position la moins inconfortable. Et il a entamé sa longue attente. Seule la nuit le sauverait.

Dans le feu de l’action, ses compagnons s’étaient dispersés. Il s’est retrouvé tout seul. Les unités françaises qui menaient un ratissage dans ce secteur étaient nombreuses. Il était hors de question de tenter un combat frontal. Les consignes étaient claires. L’ALN avait perdu trop d’hommes dans les batailles inégales pour se laisser entraîner dans des accrochages meurtriers. L’ordre de dispersion avait donc été donné, et un lieu de rendez-vous fixé. Mais Téguia, blessé , ne pouvait bouger. Il attendait donc la nuit, pour que les unités françaises rentrent. Il pourrait alors se traîner pour chercher de l’aide.

Mais la nuit venue, les unités françaises ont bivouaqué sur place. Un groupe de soldats français se trouvait à une vingtaine de mètres du buisson qui l’abritait. Il entendait distinctement leurs voix. Ils campaient tranquillement, discutant autour d’un grand feu.

Téguia était épuisé. Sa blessure le faisait souffrir. Elle l’affaiblissait considérablement. Sa jambe était raide. Le sang s’était coagulé, donnant à sa jambe une couleur et une allure inquiétante. Il faisait froid, et il n’avait rien mangé.

Il était dans un état de semi-conscience. Il n’arrivait pas réellement à dormir. C’était plutôt des évanouissements, durant lesquels il gardait une vague conscience de sa situation.

Il sentit vaguement qu’on le tirait par le pied. Une petite traction, suivie d’une autre, plus forte. Il avait auparavant senti une sorte de frottement contre sa jambe. Mais il n’avait pas vraiment conscience des faits. Il ne s’était pas réveillé. C’est la douleur, dans la jambe, qui l’a finalement réveillé. Il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre ses esprits, et pour pouvoir distinguer ce qui l’entourait.Là, au milieu des buissons, un loup, tenait tout prés de sa jambe. Ses yeux luisaient dans l’obscurité. Au bout d’un moment, le loup baissa la tête, mordit dans le bas du pantalon et commença à tirer. C’est le loup qui était à l’origine de ces frottements, une sorte de caresse, qu’il avait ressenti sur sa jambe. L’animal léchait alors le sang séché qui collait au pantalon.

Maintenant, le loup semblait avoir des doutes. Il n’était pas sûr que sa proie était morte. Il voulait s’en assurer. Ou peut-être pensait-il que sa victime était morte, et essayait - il de la traîner vers son terrier.

Mohamed Téguia ne pouvait rien faire. Les militaires français étaient toujours - là, à vingt mètres. Il ne pouvait tirer sur le loup. Il saisit une pierre, mais se rendit compte que s’il la lançait contre l’animal, elle risquait de provoquer un bruit qui pourrait attirait la curiosité des militaires. Et ce loup qui repartait à la charge, tirant encore et encore.

Curieusement, il y’avait comme une complicité entre l’homme et l’animal sur un point : ne pas faire de bruit. Ne pas alerter les militaires français. L’instinct de survie chez l’homme, l’instinct du chasseur chez l’animal , les poussaient à une lutte silencieuse . Qui dura longtemps.

Téguia réussi à couper son buisson jusqu’au matin. Les militaires français levèrent alors le camp. Ils allaient plus loin, poursuivant leur ratissage. Ils pensaient que les éléments de l’ALN étaient déjà loin, et partaient à leur poursuite. Ils ne pouvaient imaginer que l’un d’eux était là , à quelques mètres , et qu’il suffisait de faire un petit tour pour le retrouver, presque agonisant.

Mais l’épreuve n’était pas finie. Il fallait survivre, dans cet endroit isolé, sans nourriture, sérieusement blessé de surcroit. Il ne pouvait même pas bouger. Par quel miracle Téguia a survécu ? Je ne la sais pas. Prés de quarante huit heures après sa blessure, des bergers le retrouvèrent, totalement épuisé. Ils le secoururent et alertèrent l’ALN, qui le prit en charge. Il fut rétabli, et reprenait ses fonctions quelques temps plus tard.
Mais le destin s’acharnait sur lui. Le 8 août 1961 , il était de nouveau blessé et fait prisonnier à la suite d’un accrochage à Blida. Il fut sauvagement torturé, et en a gardé des séquelles jusqu’à sa mort.

Ce compagnon qui avait vécu prés de Si Mohamed Bounaâma de par sa fonction de secrétaire de Wilaya, avait une force de caractère peu commune. Militant communiste, il faisait preuve d’une très grande ouverture d’esprit. Réservé , à la limite de la timidité, il remplissait sa mission consciencieusement, avec une tranquille détermination.

Après l’indépendance, il a été arrêté et torturé. Mais il gardait la foi, et une soif de savoir exceptionnelle. Il a repris ses études à l’âge où d’autres pensaient partir en retraite. Il a soutenu un doctorat , et a enseigné l’histoire à l’université d’Alger jusqu’à sa mort. Il a notamment publié ‘’ l’Algérie en guerre ‘’, et ‘’ l’ALN à travers un échantillon, la Wilaya IV ‘’.

* Extrait du chapitre :‘’La guerre:A- des faits et des hommes‘’ de l’ouvrage titré :‘’Les hommes de Mokorno‘’, du Moudjahid et compagnon du regretté Mohamed Téguia, Lakhdar Bouragâa. Traduit de l’arabe Pages 63 à 67.

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SERVICE DE PRESSE
du Parti de l’Avant-Garde Socialiste (ORP)

N° 33 - ALGER, le 22 juillet 1968

QUELQUES PRÉCISIONS
SUR LES DERNIÈRES ARRESTATIONS DE PROGRESSISTES

Dans sa déclaration du 20 courant, le PAGS dénonçait la vague répressive qui frappe un grand nombre de progressistes parmi lesquels des militants ou sympathisants de notre Parti.
Citons à titre d’exemple et pour Alger seulement, l’arrestation de :

  • Djelloul NACER, vice-président de l’UNEA ( recherché depuis 3 ans)
  • Djamel LABIDI, membre du Comité éxécutif de l’UNEA (également recherché depuis 3 ans)
  • Abdelkrim ATBI, fonctionnaire
  • Ali MERROUCHE, ancien responsable à la direction centrale du FLN
  • Yahia HENINE, direc teur au ministère de l’Information
  • Nouyreddine HASSANI, assistant à la Faculkté des sciences, responsable syndical
  • Mohamed TEGUIA, ex-député, directeur technique à la SOALCO
  • DEKKALI, élève ingénieur
  • Rachid SALHI, docteur en Médecine, responsable syndical
  • MEKKI, ingénieur à la SONATRACH
  • Ahmed AKKACHE, professeur
  • Mustapha SAADOUN, fonctionnaire au ministère de l’Agriculture, ancien officier de l’ALN (Wilaya 4)
  • De Mouro,
  • MOKARNIA, syndicaliste, anesthésiste à l’hôpital Mustapha
  • Miloud MEDJANIA, cadre technique à la SONATRACH,
  • Khelil ABDOU, cadre technique à la SONATRACH
  • VIGNOTTE, pharmacien
  • deux frères DJAZOULI
  • SENIGRI, ancien responsable de la JFLN
  • DJEBBAR, étudiant
  • Mlle ZINEB, étudiante
  • Mlle Anissa LAZIB, étudiante
  • Mlle Assia LAZIB, lycéenne
  • Mlle Halima BRAHIMI, lycéenne
  • Mlle BESSACI, fonctionnaire de l’Éducation nationale

Quelques uns ont déjà été relâchés. Certains d’entre eux ont subi des sévices.

Cette liste est cependant loin d’être complète pour Alger. de plus d’autres arrestations et interpellations ont lieu sur tout le territoire national, entretenant ainsi un climat politique propice aux manœuvres dangereuses de la réaction et de l’impérialisme.

Tous les progressistes et les antiimpérialistes, où qu’ils se trouvent, doivent s’opposer à l’arbitraire policier qui frappe des militants et des patriotes défenseurs des acquis de la révolution.

Plus que jamais, le bon sens et l’intérêt national commandent que soit mis fin à la répression contre les progressistes.

LISTE DES DÉTENUS DE 1968 - Parti de l’Avant-Garde Socialiste (ORP) - N° 33 - ALGER le 22 juillet 1968 - document original transmis par B.Lechleche.

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HOMMAGE À MOHAMED TEGUIA

par B. LECHLECHE

Il y’a vingt cinq ans (un quart de siècle), le 27 janvier 1988 s’était éteint notre camarade Mohamed Téguia à l’âge de 61 ans, brillant historien, ancien officier de l’A.L.N et membre de la direction de l’ex. P.A.G.S.
À cette occasion, et dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale, pour laquelle il a donné le meilleur exemple dans l’engagement total, par la lutte, le travail, et le sacrifice inouï, avant et après son obtention, je tiens par devoir de mémoire, personnellement, à lui rendre hommage par cette petite et modeste contribution documentaire.
Et cela sans attendre de compléter sa biographie, par des éléments nouveaux, auprès des membres de sa famille, ou de ses compagnons d’armes, de lutte politique et de travail scientifique de recherche historique. [1]

Voilà un petit extrait de ce que j’avais écrit en 1990 sur l’un de ses travaux : ‘’ Notre regretté camarade M.Téguia, dans son ouvragel’Algérie en guerre”, aborda ces aspects liés à la guerre de libération nationale, qui méritent d’être approfondis. Il soulignait le rôle joué par la petite bourgeoisie révolutionnaire dans la conquête de l’indépendance malgré ses déboires ... En parlant des aspects négatifs, il ne veut pas noircir le tableau, en partant des considérations politiques de l’heure. Son style d’approche est novateur , ...( il est conseillé pour les gens qui croient à l’histoire controversée des communistes durant la guerre de libération).
Par sa rigueur scientifique sans complaisance , y compris avec le P.C.A, il est arrivé à être utilisé par son argumentation, contre l’histoire de ce dernier, par des journalistes intégristes qui ignorent que son auteur était membre de la direction du P.A.G.S ! ’’
 [2]

Ce patriote et communiste algérien, mérite un hommage particulier, à la fois en tant que Moudjahid de l’A.L.N (Wilaya 4) issue du M.A.L.G à ses débuts, pour tous ses travaux de qualité sur l’histoire de la guerre d’indépendance nationale (enseigné dans les académies militaires et universités du monde), et militant engagé pour une Algérie de progrès et de justice sociale.
Pour cet hommage on lance un appel à toutes les parties qui se sentiront concernées. [3]

Oran, le 27 janvier 2013.
B. Lechlech
Chercheur-historien

.


Documents en annexe

pour accéder aux documents scanés,
cliquer sur les liens


1- Texte de M. Téguia joint au livre de A. Benzine ‘’ Le camp ’’.

page 133

pages 134 et 135

pages 136 et 137

page 138


2- Photo du maquis avec le chahid Si Mohamed et d’autres compagnons d’armes.


3- Texte introductif à son ouvrage sur l’A.L.N en Wilaya 4.

document 3.1

document 3.2


4- Préface de M.Rebérioux à ce même ouvrage.

document 4.1

document 4.2

document 4.3

document 4.4


5- Photo du maquis en compagnie du chahid Si Mohamed et d’autres compagnons.


6- Extrait d’un ouvrage d’un ancien du M.A.L.G qui confond, espérons-le, le regretté M. Téguia l’historien décédé, avec M. Téguia l’ex. Ministre toujours en vie, et de surcroît qui est puisé du livre qui présente son auteur comme défunt !!

document 6.1

document 6.2


7- Expression maladroite de son auteur (le fils de Si Salah) sur le regretté M. Téguia dans son livre parlant du parcours de son père, et de l’affaire dite de l’Élysée.

document 7


8- Archive relative à l’arrestation du regretté M. Téguia et d’autres progressistes qui seront malheureusement torturés par quelqu’un dont le passé est indigne de l’Algérie indépendante.

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Portfolio


[1Je réserve une petite contribution sur l’œuvre de recherche historique du regretté M.Téguia pour une rencontre scientifique probable dans un proche avenir.

[2Cet extrait se trouve dans une publication non diffusée publiquement suite aux débats sur la torture en fin d’année 1990.

[3L’idée de cet hommage a été émise tôt, mais les conditions n’ont pas permis jusque-là de la concrétiser, parce que on tenait à faire participer toutes les parties concernées. _ Je souhaite beaucoup de courage à Madame Téguia qui lutte contre la maladie,comme je salue Yacine et Tareq en leur disant que ce n’est que partie remise.

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