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JE TE SENS PROCHE MA SŒUR
dimanche 19 février 2012
message de Safiya en réponse au texte de Houria
“C’EST FOU COMME JE LES AIME !”
mis en ligne par socialgérie dans l’article
pour témoigner de ma solidarité envers mes soeurs, pour dire aussi que nous restons DEBOUT ! Coûte que coûte et vaille et que vaille.
@Houria
Ton message m’émeut fort, j’en pleure et t’offre ces mots :
Est-ce notre peau couleur de l’ambre
Et tout l’amour qui y affleure
Est-ce les offenses subies par nos rivages
Enfouies que nul ne dénombre
Dont nous préserves du leurre
Aujourd’hui, même ténu, leur sillage
Je te sens proche Femme ma soeur
Est-ce notre enfance tuméfiée par moult ravages
Ou le souvenir de notre mère lacérant son visage
Est-ce les roseaux de nos poupées
Et leurs atours, chiffons par nous façonnés
Ou bien le sable fluide de nos dînettes
Faites parfois de vrais mets cuits en cachette
Je te sens si proche Femme ma soeur
Est-ce encore nos prises de bec aux fontaines
Ou ces nuits de portes fracassées et de cris de haine
L’image du père malmené que l’on emmène
Celle de la mère éplorée néanmoins amène
Est-ce ces lendemains de torride attente
Ou cette peur diffuse tant récalcitrante
Je te sens plus proche Femme ma soeur
Est-ce cette capacité de nous donner
Toute jusqu’à la servitude
Mues par ces choses désormais galvaudées
Amour, dévouement, sollicitude
Est-ce la brave endurance qui nous caractérise
Ou ce sein maternel qui nourrit et sécurise
Je te sens tant et plus proche Femme ma soeur
Même si du tréfonds peut jaillir
Encore cette démesure du subjectif
Qui nous fragiles, presque faillir
Vouloir troquer le réel contre le fictif
Mais notre instinct de féline
Nous fait vite redresser l’échine
Nous rendant à jamais libres
Quoi que fassent les tristes sires et leurs sbires
Je te sens d’autant plus proche Algérienne ma soeur
Je vous donne ces mots de déchirures terribles
À vous Femmes anonymes
Si fortes et à la fois si fragiles
Impies, ô soeurs, sont ceux qui vous font crime
Dernières strophes d’un poème écrit en 1994, un peu avant la mort de Kader Alloula, en hommage à la femme algérienne.
Je vous aime tant !
Safiya