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DÉBATS ET OPINIONS AUTOUR DES ÉLECTIONS

lundi 7 mai 2012


SOCIALGERIE OUVRE SON SITE AUX OPINIONS
ÉMANANT DE MOUVANCES COMMUNISTES ET PROGRESSISTES.


"POURQUOI LE PARTI FFS (FRONT DES FORCES SOCIALISTES) PARTICIPE AUX ÉLECTIONS ALGÉRIENNES ? - article de Yassin Temlali
- لماذا يشارك حزب "جبهة القوى الاشتراكية" في الانتخابات الجزائرية؟ -
ياسين تملالي -
السفير، 9 مايو 2012


VOTER NUL À QUOI çA SERT ? - 7 mai 2012 - Saoudi Abdelaziz - algerieinfos


COMMUNIQUÉ DU PADS (PARTI ALGERIEN POUR LA DÉMOCRATIE ET LE SOCIALISME) -le 6 mai 2012 Elections législatives du 10 mai.


NOTRE RESPONSABILITÉ ALGÉRIENNE : NON A LA CONFISCATION NÉOCOLONIALE ET RÉACTIONNAIRE DE L’INDÉPENDANCE - opinion de Sadek Hadjerès suite à la contribution de Hocine Bellaloufi (La Nation - le 29 mars 2012) - le 30 mars 2012 ;


PARTICIPATION AUX ELECTIONS DU 10 MAI 2012 - AVIS DE SADEK HADJERES SUR L’ARTICLE DE H. BELLALOUFI - Jeudi 29 Mars 2012 - La Nation en ligne ;


“POURQUOI IL FAUT VOTER LE 10 MAI PROCHAIN” - Extraits - par Hocine Belalloufi - “La Nation” le 28 mars 2012.


“ÉLECTIONS : 100 D.A EL BATATA KECHFA - C’EST UN SCANDALE !” - Fateh Agrane -

et

“COUP DE CŒUR - HAUT LE CŒUR” - Fateh Agrane - le 1er avril 2012


Un membre du FFS explique le sens de sa participation aux élections - Lundi 5 mars 2012 - FFS-dz.net ;
Le rapport des Algériens au FFS, c’est plus qu’une question de parti… la preuve - par Zehira Houfani Berfas ;


DÉBATS AUTOUR DE LA QUESTION DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DE MAI 2012 - EL ARBI - Mostaganem - le 4 Mars 2012 ;


LA DÉCISION DU FFS DE PARTICIPER - NOTRE AVIS SUR LE VIF - Saoudi Abdelaziz - algerieinfos - le 3 mars 2012 ;


L’ARGENT DU DÉPUTE… - par M. Saadoune - Le Quotidien d’Oran - 1er mars 2012 ;


POUR DES VALEURS POLITIQUES COMMUNES - LE QUOTIDIEN D’ ALGÉRIE EN LIGNE - Rédaction - 21 février 2012 - par س.ج.


TEXTE DE L’INTERVENTION DE HOCINE AIT-AHMED - à la Convention nationale du FFS - le vendredi 17 février 2012.


DES ÉLECTIONS POUR QUOI FAIRE ? - texte de Arezki Derguini - le 14 Février 2012 - “La Nation”.


DÉBAT AUTOUR DE LA SIGNIFICATION DES "ÉLECTIONS" LÉGISLATIVES PROCHAINES : POUR OU CONTRE LA PARTICIPATION ? - texte de Saoudi Abdelaziz-"algerieinfos" - mis en ligne le 19 février


VOTER NUL À QUOI çA SERT ?

7 mai 2012

Saoudi Abdelaziz - algerieinfos

En conclusion de sa déclaration du 5 mai 2012, le Pads, s’exprimant au nom des « communistes algériens », appelle à saisir l’occasion des élections du 10 mai pour « protester contre le verrouillage et le diktat, la corruption et les injustices sociales »

Comment ? « soit en votant "nul" ; soit en votant quand cela est possible pour les candidats des listes d’indépendants connus pour le soutien effectif à leurs revendications sociales, pour leurs luttes contre les ingérences impérialistes, pour leurs luttes pour les libertés démocratiques ».

La déclaration donne des consignes d’exclusion. Ainsi, elle « met en garde les travailleurs contre le vote pour le Parti dit des Travailleurs de Louisa Hanoune ». Il lui reproche notamment d’avoir été « durant la "décennie rouge" un allié politique actif des partis islamistes ultra réactionnaires criminels, responsables de l’assassinat d’innombrables citoyens, civils ou militaires, de progressistes, travailleurs et intellectuels ». Cette condamnation vise sans doute la participation de Louiza Hanoune à la rencontre de San Egidio (aux côtés de Abdelhamid Mehri et du FFS).

Le texte ne dit rien d’aussi précis à propos d’autres listes, qu’on pourrait situer dans l’opposition de gauche. Elles sont passées sous silence. Exit les listes du FFS. Exit les listes du Parti socialiste des travailleurs, se situant plus à gauche. Mais peut-être sont-elles concernées par cette autre mise en garde « contre les éléments des partis de gauche agréés par le pouvoir et qui participent sous différentes formes au dénigrement systématique de l’expérience historique de construction du socialisme en URSS. (…)

Pour couronner la liste des interdits à gauche, le Pads décrète sans que l’on sache de qui il parle : « Dans tous les cas les travailleurs ne doivent pas donner leurs voix aux partis, aux "indépendants", aux candidats, fussent-ils de "gauche" qui ne réclament pas l’abrogation de la loi scélérate sur les partis ».

Si on fait la liste de tous les interdits, on peut conclure que le Pads, n’a aucune préférence à gauche. En effet, on ne voit pas quelles listes indépendantes auraient l’agrément du Pads lorsqu’on sait que M. Ould Kablia a empêché l’émergence de listes authentiquement indépendantes. La déclaration du Pads fait mine de l’ignorer quand elle appelle à voter pour les candidats des listes indépendantes « connus pour le soutien effectif à leurs revendications sociales, pour leurs luttes contre les ingérences impérialistes, pour leurs luttes pour les libertés démocratiques ».

En fait, dans sa logique participationniste, l’appel du Pads ne laisse pas d’autre alternative que de d’aller voter « nul ». Le vote nul, auquel appelle le Pads, n’aura pour seul résultat, s’il était entendu, que d’améliorer les taux annoncés par M. Ould Kablia, au soir du scrutin. Cette démarche n’améliore pas d’un iota le rapport de forces en faveurs des forces du changement.

Voter pour voter, autant voter pour les candidats du Pst ou du Ffs, ou même pour le Pt, là où il présente un bon candidat. Quel progressiste normalement constitué, irait se fatiguer à voter nul, uniquement pour faire civiquement plaisir au ministre de l’intérieur, ou au Pads ?

Le Pads ne dispose aujourd’hui d’aucune légitimité pour s’exprimer au nom des communistes. Les communistes algériens se sont éloignés, dès 1990-91, des luttes d’appareil insupportables menées conjointement par les staliniens et les néolibéraux, alliés momentanément pour évincer Sadek Hadjerès.

Après l’implosion de janvier 1993, télécommandée par les services secrets du régime, dans une opération dans laquelle ils ont, par crétinisme, tenu leur place, les Staliniens ont participé à la création du Pads. Dans ce parti, ils ont continué à donner libre court à leur penchant naturel et théorique au sectarisme et à l’exclusion, vidant progressivement cette organisation de sa vitalité, stérilisant “Alger Républicain”, le journal historique de la gauche algérienne, réduit à la caricature de leurs froides ambitions. Pauvre Zenine, qui a cru qu’on pouvait faire quelque chose de durable avec le crétinisme stalinien ! Le Pads, absent des luttes en Algérie, a été réduit à l’état de groupuscule et traîne une existence virtuelle dans des rencontres internationales, sous le parapluie d’opulents partis, comme le parti communiste grec, avec lequel le Pads partage ses penchants staliniens mais pas son inexorable coupure avec les masses.

En attendant des jours meilleurs et en y travaillant, les communistes continuent de faire vivre tranquillement la flamme et de jouer leur rôle de levain, dans les syndicats, associations et mouvements larges, aux côtés de progressistes de tous horizons, et, dans le même temps, développent leurs échanges dans les cercles de communistes libres pour refonder, avec les nouvelles générations, l’identité communiste révolutionnaire moderne, à l’abri des manipulations policières et du crétinisme stalinien.

Saoudi Abdelaziz, communiste depuis août 1962
7 mai 2012

http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-voter-nul-a-quoi-ca-sert-104735903.html

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PARTI ALGERIEN POUR LA DÉMOCRATIE ET LE SOCIALISME

Elections législatives du 10 mai

Pour dénoncer l’arbitraire, le verrouillage de la vie politique, les injustices sociales et l’accaparement des richesses du pays par une minorité

Voter nul ou soutenir les candidats indépendants qui défendent réellement :

  • les aspirations sociales et politiques des travailleurs
  • les libertés démocratiques
  • la souveraineté du pays face aux ingérences impérialistes

Ces élections vont se dérouler sous le signe d’un mépris sans précédent du pouvoir pour les travailleurs et les couches laborieuses du pays.
Contrairement à ce qu’avait promis le chef de l’Etat dans son discours du 15 avril 2011, les barrières à la libre activité politique du peuple n’ont nullement été levées.
Les amendements introduits dans la loi sur les partis ou dans le Code de l’information rendent encore plus difficiles l’organisation et l’expression démocratiques des travailleurs, des couches populaires.

Des dizaines de nouveaux partis ont reçu l’agrément du pouvoir. Mais ces partis sont pour la plupart de faux partis. Ce sont des dépendances du régime. Ils ont été fabriqués artificiellement dans les laboratoires du pouvoir. Ils sont médiatisés tous les jours par la TV pour faire croire que les citoyens sont libres de s’exprimer et de s’organiser. Ces groupements d’individus sans vrais programmes politiques vont rentrer chez eux dès le soir du 10 mai. Quelques uns d’entre eux seront probablement récompensés par l’attribution de sièges au Parlement et des gratifications matérielles qui s’y rattachent. Ils seront de simples "béni-oui-oui" votant toutes les lois qui leur seront présentées. Le pouvoir les a mis en avant pour discréditer les libertés démocratiques et convaincre les citoyens que la coalition FLN-RND est la seule force politique crédible "digne" de continuer à diriger le pays, comme si son bilan n’était pas catastrophique pour les travailleurs et les couches laborieuses, pour le développement économique indépendant du pays.

Les partis existants et agréés défendent presque tous les intérêts des classes privilégiées, des affairistes, des exploiteurs et des trafiquants sans vergogne. Ce sont de multiples vitrines pleines ou vides au service des classes possédantes au pouvoir.

Cette campagne des législatives est une caricature insultante de l’activité démocratique. Les puissances d’argent, les gens de la "chkara", ont investi sans masque, toutes les circonscriptions électorales. C’est le signe que l’immense accumulation d’argent sur le dos des travailleurs est en train de se transformer en puissance politique réactionnaire ouvertement déclarée.

Les représentants du pouvoir ont mis en place tout un dispositif pour conserver leur contrôle sur l’APN et se maintenir à la tête du pays afin de poursuivre son pillage méthodique et d’enrichir encore plus les classes possédantes et dominantes. Mais ils voudraient que les citoyens participent massivement aux élections. Leur vrai motif n’est pas de leur donner la possibilité de désigner démocratiquement leurs représentants. Leur vrai motif est d’acquérir plus de crédit aux yeux des puissances étrangères afin de pouvoir, sur une position plus favorable, marchander avec elles leur marge d’autonomie dans l’exploitation des travailleurs et des richesses du pays au profit des classes possédantes algériennes et des multinationales.

L’Union européenne et les USA ont dépêché des observateurs. Incapable, en raison de sa nature de classe anti populaire, de chercher l’appui du peuple pour rejeter la prétention de ces pays à valider ou invalider des élections, le pouvoir a accepté la présence de ces observateurs. Il est clair que le rôle de ces observateurs est d’accumuler des "preuves à charge" qui justifieront les ingérences extérieures déclarées au moment jugé le plus opportun par les puissances impérialistes. C’est de la pure tromperie que de faire croire que les agents de renseignement et de subversion sont envoyés en Algérie sous la casquette d’observateurs pour surveiller de façon neutre le déroulement des élections. Le PADS dénonce la présence des observateurs étrangers, la prétention de ces puissances à décider à la place des peuples qui sont leurs bons et qui sont leurs mauvais représentants. Ils condamne le régime et tous les partis qui banalisent le "droit de regard" des impérialistes sur les affaires internes du pays.

Ces élections comportent de réels dangers d’accentuation des pressions et ingérences impérialistes

Les impérialistes américains et français, en particulier, sont à l’affût de tout incident dans le déroulement des élections, qui leur permettrait de prendre à la gorge les gouvernants pour les obliger à leur faire de larges concessions sur la question de l’exploitation du pétrole, des bases militaires au Sahara, etc.

Ils n’ont cessé de tisser méthodiquement leur toile d’araignée dans la société en vue d’enrôler de nouvelles forces pour réaliser leurs plans de mainmise sur le pays. A cette fin, ils exploitent les contradictions qui opposent, sur la question du partage du butin et des postes de responsabilité, les multiples courants politiques de la bourgeoisie et des franges réactionnaires au sein des couches moyennes, au pouvoir ou en dehors du pouvoir. Ils provoquent un climat de surenchère pour obtenir des équipes dirigeantes ou de l’opposition réactionnaire la satisfaction de leurs exigences. Ils tablent sur les courants politiques bourgeois ou petits-bourgeois réactionnaires qui utilisent l’Islam pour masquer leurs objectifs de classe et leur soumission aux désirs de l’impérialisme. Ils propagent des "prévisions" qui donnent la victoire électorale à ces courants archi réactionnaires. L’ambassadeur des USA à Alger a contribué à cette opération en déclarant que le gouvernement US travaillera avec les courants islamistes en cas de victoire électorale. Le but de ces annonces que relayent nombre de journaux est d’attiser des conflits leur donnant le prétexte à des ingérences. Les partis de la coalition présidentielle qui utilisent l’Islam ont décidé à la veille du lancement de la campagne électorale de s’écarter de cette coalition. Après avoir participé à la destruction du pays et à l’application d’une politique qui a enrichi les exploiteurs et les trafiquants, ils cherchent à se donner une nouvelle virginité politique et à marquer leur prétention à gouverner seuls pour poursuivre la même politique de classe anti populaire. Ils trépignent d’impatience. Ils crient "victoire !" par anticipation et clament à qui veut les entendre qu’ils organiseront de grandes manifestations de protestation s’ils ne sont pas déclarés vainqueurs.

Dans ce climat propice à toutes les provocations, les masses populaire sont ballottées entre l’indifférence étant donné qu’elles ne se font aucune illusion sur les résultats de ces élections et l’inquiétude face à la tendance de certains partis à rechercher l’appui des puissances impérialistes, à leur donner l’occasion de semer des troubles dans le pays.
Certains partis comme le FFS, organisation affiliée à l’Internationale socialiste ne participent cette fois-ci aux élections que pour tirer profit des incidents politiques justifiant les ingérences extérieures. Du bout des lèvres, le FFS critique depuis quelques jours les ingérences extérieures. Dans les faits, il a placé comme tête de liste à Alger, Bouchachi, ex-président de la "Ligue des Droits de l’Homme" et membre moteur du CNCD qui agit de concert avec les Etats impérialistes. D’autres qui les boycottent, comme le RCD, ne cachent plus depuis des mois leurs accointances avec les puissances impérialistes sous couvert de combat pour la démocratie.

Les communistes notent que la classe ouvrière et ses alliés, les courants de progrès n’ont pas pu briser les barrages dressés par le pouvoir pour les empêcher d’avoir les défenseurs de leurs revendications politiques et sociales au parlement

Le verrouillage, les pressions et intimidations de toutes sortes, les agissements arbitraires ont empêché l’émergence de listes de candidatures ouvrières de classe qui défendent réellement les aspirations économiques et politiques des travailleurs. L’esprit de résignation et une attitude consistant à se remettre à la remorque de l’état d’esprit apathique des catégories les moins politisées au sein des travailleurs a encouragé chez de très nombreux progressistes le rejet de l’exploitation des petites brèches qui se sont ouvertes dans le dispositif de verrouillage à l’occasion de ces élections. Là ou au contraire des noyaux de progressistes se sont emparés de ces possibilités en présentant des listes d’indépendants, la mobilisation politique a atteint des niveaux exceptionnels autour de programme d’alternative progressiste à l’impasse actuelle. Même si les autorités ont invalidé ces candidatures, un énorme capital de confiance et de mobilisation a été accumulé pour la poursuite des luttes.

Quelles que soient les nuances qui les traversent, les candidats agréés par le ministère de l’Intérieur sont presque tous des défenseurs de l’ordre social existant, bâti sur l’exploitation, le pillage des biens publics, la spéculation, ou ne le remettent pas en cause. En conséquence, les travailleurs n’auront pas de vrai choix à faire.

Les communistes rejettent l’abstentionnisme en tant que tactique de lutte inadaptée aux circonstances politiques concrètes du moment

Les communistes ne soutiennent pas la tendance à faire de l’abstention un mot d’ordre de lutte.
Ils font la différence entre l’abstentionnisme spontané des masses politiquement inorganisées mais révoltées par les injustices sociales, par l’incurie des autorités face à la spéculation et à la vie chères, la prédation, l’arbitraire et le verrouillage, et l’abstentionnisme des courants ultra réactionnaires instrumentalisant l’Islam et engagés dans le soutien au activités terroristes criminelles ou celui du RCD qui fait campagne pour les ingérences extérieures.
Ils considèrent que le boycott spontané des masses reflète l’esprit de résignation, la croyance naïve que la démocratie peut être octroyée et obtenue sans luttes acharnées sous toutes les formes, y compris à travers les luttes électorales. Il reflète un certain attentisme à la recherche de l’homme "providentiel" qui pourrait changer les choses de l’intérieur de l’Etat.
L’abstentionnisme ne peut se justifier que dans une situation qui met à l’ordre du jour l’action extra parlementaire sous toutes ses formes : grèves générales, situation insurrectionnelle, etc. durant lesquelles les élections ne sont concédées par les classes dominantes que comme diversion et moyen de briser la dynamique du mouvement de masse.
Les communistes considèrent que la tendance à l’abstentionnisme devient un facteur de blocage de l’activité politique de classe indépendante des travailleurs, un facteur d’encouragement de différentes formes de l’ "économisme" qui cantonne la classe ouvrière dans les seules revendications économiques, la tire en arrière, l’empêche de se préparer dans les luttes de tous les jours, sous toutes les formes, à jouer son rôle historique de fossoyeur du capitalisme, de force motrice et dirigeante de la lutte contre l’exploitation et l’oppression, pour le socialisme.
Les appels à un boycott "actif" ne sont que des mots creux, juste bons à justifier en réalité la passivité, l’inaction et l’attente du retour de "l’Imam El Mahdi".
Les communistes ne sont ni pour le participationnisme dans l’absolu, ni pour l’abstentionnisme dans l’absolu. Leur participation ou non à un processus électoral dépend de nombreux facteurs concrets et de leurs objectifs tactiques, principalement du degré de combativité des masses et de leur préparation à des formes de luttes plus élevées quand les circonstances s’y prêtent.
Dans les circonstances présentes, ils combattent l’abstentionnisme spontané des masses dans la mesure où il exprime l’attentisme ou l’esprit de résignation.

Ils proposent aux travailleurs de protester contre le verrouillage et le diktat, la corruption et les injustices sociales,

  • soit en votant "nul" ;
  • soit en votant quand cela est possible pour les candidats des listes d’indépendants connus pour le soutien effectif à leurs revendications sociales, pour leurs luttes contre les ingérences impérialistes, pour leurs luttes pour les libertés démocratiques. Ces critères sont liés inséparablement.

Les communistes mettent en garde les travailleurs contre le vote pour le Parti dit des Travailleurs de Louisa Hanoune. Ce parti bénéficie depuis plus de 20 ans des faveurs de la TV du régime. Le PT fait de la démagogie pour leurrer les travailleurs et les amener à soutenir Bouteflika. Il a été durant la "décennie rouge" un allié politique actif des partis islamistes ultra réactionnaires criminels, responsables de l’assassinat d’innombrables citoyens, civils ou militaires, de progressistes, travailleurs et intellectuels.
Ils les mettent en garde contre les éléments des partis de gauche agréés par le pouvoir et qui participent sous différentes formes au dénigrement systématique de l’expérience historique de construction du socialisme en URSS. Ces éléments apportent objectivement leur contribution, à l’aide de la phrase de "gauche", à la campagne mondiale de criminalisation du communisme orchestrée par la bourgeoisie et la réaction, à la campagne de démoralisation des travailleurs auxquels on veut faire admettre qu’il n’existe pas d’alternative au capitalisme. Cette campagne idéologique organisée a pour objectif de désarmer la classe ouvrière, de la mettre sur la défensive politique et idéologique au moment où la crise internationale du capitalisme et l’agressivité impérialiste meurtrière, la nécessité d’ouvrir des perspectives de luttes conquérantes exigent de poser ouvertement la question de l’abolition du capitalisme et de son remplacement par le socialisme, par le pouvoir de la classe ouvrière, des paysans laborieux, des couches qui vivent du fruit de leur travail.

Dans tous les cas les travailleurs ne doivent pas donner leurs voix aux partis, aux "indépendants", aux candidats, fussent-ils de "gauche" qui ne réclament pas l’abrogation de la loi scélérate sur les partis.

PADS
5 MAI 2012

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NOTRE RESPONSABILITÉ ALGÉRIENNE :

NON A LA CONFISCATION NÉOCOLONIALE ET RÉACTIONNAIRE DE L’INDÉPENDANCE

Quel esprit, quelle préoccupation m’ont guidé en donnant mon opinion sur la contribution de Hocine Bellaloufi relative à la tenue des élections à venir ?

Dans les circonstances que traverse aujourd’hui l’Algérie, ce serait pure myopie de considérer le problème conjoncturel et tactique des élections d’une façon isolée de leurs horizons internationaux et régionaux. Insensé celui qui refuserait de les mettre en perspective et les replacer dans le cadre géostratégique d’enjeux dont les deux volets, celui des évolutions internes et celui des évolutions mondiales se rejoignent. Les unes et les autres se sont imbriquées, elles ont convergé décennie après décennie après 1962 pour réduire et voler aux peuples du monde arabe et de l’Afrique les fruits démocratiques, sociaux et de souveraineté durement conquis et espérés avec l’indépendance. Lutter pour commencer à revenir aux fondamentaux démocratiques à l’occasion de ces élections, est une partie de ce combat d’ensemble.

Quand on observe le comportement plus qu’arrogant des diplomates, représentants des grands monopoles et stratèges occidentaux envers l’Algérie, on comprend bien qu’après la Libye, la Syrie et le Mali, notre pays s’il n’y prend garde, se trouve au bord du gouffre. Si après tant d’épreuves nous voulons survivre dans la paix et la dignité, le devoir brûlant de l’ensemble des protagonistes algériens (pouvoirs et oppositions, Etat et société) est de partager la responsabilité commune à laquelle nombre d’acteurs, civils et militaires, ont malheureusement failli en délaissant dès la grave crise de l’été 1962 la voie de la lutte pour des solutions pacifiques, politiques et démocratiques face aux crises nationales successives.
Pas d’autre voie de salut que de revenir aux fondamentaux qui ont inspiré et animé la lutte libératrice, prendre le courage et la lucidité de corriger les écarts qui ont trahi une révolution nationale vers laquelle allaient l’admiration et le respect du monde.

Les crises algériennes majeures - déjà en germe avant et durant la guerre de libération - étaient nées de l’impréparation politique dans laquelle avait été engagée l’insurrection légitime de 54 par des formations nationalistes activistes déjà marquées par les crises et rivalités de pouvoir. L’impréparation politique et idéologique n’a pu être corrigée à temps et dans ses racines malgré les tentatives des animateurs du congrès de la Soummam, cependant que les acteurs d’après l’indépendance, dans le tourbillon des luttes de pouvoir sans principe, n’en ont pas suffisamment tiré à leur tour les leçons salutaires.

Pire, les détenteurs de pouvoir, plus attentifs aux leviers de domination et d’enrichissement qu’à la solution des problèmes de société, ont aggravé par épisodes successifs l’état de crise endémique et son retentissement négatif sur le civisme des citoyens. Les fastes séquences des conquêtes nationales et sociales des années 70, embrumées par l’autoritarisme répressif, puis les réformes démocratiques et sociales du gouvernement Hamrouche en 1990, avortées et sabotées par les courants rentiers et compradores, ont été un contrepoids insuffisant au glissement néfaste tout en attisant les revanchismes réactionnaires et néo-colonialistes.

Les points culminants désastreux de ces aggravations ont été les affrontements armés de l’été 1962 et de 1963-64, le coup d’Etat de juin 1965, la répression sanglante d’Octobre 1988, la répression du mouvement jeune kabyle de 2001, la guerre intestine de la décennie noire 90. Les coups portés et les dégâts les plus lourds par leur continuité, par leur signification et par leurs conséquences en profondeur, ont été la culpabilisation et la répression ininterrompues contre les courants militants socialistes, syndicaux, cadres de la nation honnêtes et compétents, eux qui préconisaient plus que tous autres les solutions politiques et pacifiques, les sorties de crise unitaires et démocratiques. On ne pouvait ainsi mieux désarmer les Algériennes et Algériens les plus intéressés à la paix et la cohésion civiles, les plus motivés, les plus résolus à prévenir et conjurer les catastrophes nationales montantes.

Aussi aujourd’hui plus encore qu’hier, est-il du droit et du devoir de tous ceux qui ont combattu sans répit pour les saines orientations rassembleuses, pour la sauvegarde de l’indépendance, mère et support des conquêtes et des espoirs algériens les plus précieux, de lancer un appel à la raison, au primat des débats, de l’esprit et des pratiques démocratiques.

C’est le moment ou jamais. de redresser la barre, d’isoler au sein des masses et pacifiquement, ceux parmi les responsables de nos malheurs passés, les irréductibles et les inféodés qui chercheraient à persévérer dans la voie du suicide collectif, des affrontements criminels et des tractations politiciennes.

Le moment est venu plus que jamais d’agir pour un Front du Salut qui dans l’état actuel ne pourrait être ni islamiste, ni laïciste, ni libéral ni socialiste, mais ne peut être que plus largement et avant tout : National, Démocratique, Social et Souverainiste. Que les adorateurs du Dieu argent et les valets prêts à s’inféoder aux néocolonialistes y réfléchissent à deux fois et renoncent à s’associer aux plans de déstabilisation d’une Nation qui a déjà beaucoup donné pour sa liberté et son bonheur.

Si nous savons tous ensemble unir et mobiliser, l’Algérie recèle en elle des forces vives et des ressources humaines insoupçonnées, en alliance avec le grand front (informel ou organisé) social et anti-hégémoniste mondial. Après le grave coup porté à la souveraineté et au peuple libyen, fragilisés par un régime irresponsable, le camp régional et mondial pour la Paix et la coopération entre les peuples, même encore aux débuts de sa reconstruction, a commencé à monter en puissance sur tous les continents face au fiasco de plus en plus évident de l’ultralibéralisme agressif et suprême danger pour la planète.
Nos luttes multiformes pour enraciner en Algérie les droits et libertés humaines les plus élémentaires, dans le quotidien et à travers chaque évènement et compétition politique, font partie à côté de tant d’autres, de cette montée mondiale encourageante, à travers les orages et graves menaces qui planent sur l’Humanité.

SH, 29 mars 2012

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PARTICIPATION AUX ELECTIONS DU 10 MAI 2012

AVIS DE SADEK HADJERES SUR L’ARTICLE DE H. BELLALOUFI

Jeudi 29 Mars 2012

Sadek Hadjerès

Je voudrais pour ma part souligner l’importance de cette contribution dont je partage pour l’essentiel la position d’ensemble. Hocine Bellaloufi expose à mon sens, de façon pédagogique et dialectique, l’utilité pour les forces foncièrement démocratiques de participer activement à la bataille des élections du 10 mai prochain.

Nombre d’enseignements tirés de l’histoire du mouvement national et social de libération le confirment. Je ne les expose pas ici, quelques uns ont été d’ailleurs évoqués par l’auteur.

L’engagement dans ce type de bataille, y compris dans les conditions les plus défavorables, ne trouve pas sa justification dans une approche illusoire purement tacticienne et de court terme, en termes de représentativité électorale immédiate ou d’avantages étroitement partisans. Ce serait là une approche mesquine qui expose à ce que Lénine qualifiait de « crétinisme parlementaire ». Ce n’est pas du nombre « d’élus » ou même de l’absence d’élus, que cet engagement tire son importance.
Il prend par contre son plein sens si, et seulement si, il s’inscrit comme un des éléments d’une stratégie politique d’ensemble et de longue haleine, de mobilisation et de conscientisation de masse, comprise et appliquée sur le terrain. Une stratégie qui vise à instaurer à terme un rapport de force global, une large hégémonie populaire en mesure de modifier radicalement la nature et le contenu du pouvoir dans un sens démocratique et social conforme aux intérêts de la société et de la nation.

Il n’est certes pas facile de mener ce genre de batailles en luttant à la fois contre les écueils des penchants opportunistes ou du faux radicalisme. Mais l’effort en vaut la peine, à contre-courant des attitudes purement « symboliques », attentistes et stérilisantes, dans lesquelles les pouvoirs autoritaires, corrompus et corrupteurs, cherchent à enfermer les oppositions légitimes.

Où se trouve la ligne de clivage principale ?

J’ajoute à cela une remarque qui ne contredit pas l’argumentation de Hocine Bellaloufi mais la complète, car elle me semble implicite dans l’esprit de son article.

Ma remarque est la suivante : il est important d’admettre que la ligne de clivage principale entre courants nationaux démocratiques et de progrès social n’est pas et ne doit pas être leur participation ou non à la bataille électorale ou leur participation à des listes électorales concurrentes. Des différences d’appréciation peuvent exister quant à l’opportunité de mener ou non cette bataille de telle ou telle façon. Les autorités en place ont d’ailleurs toujours spéculé sur l’aiguisement de ce genre de divergences. Leur plus grande crainte est que se développe un plus large courant unitaire, capable de s’amplifier, y- compris très largement au-delà du champ des luttes électorales.

Ce qui est décisif c’est si, au-delà et en dehors des péripéties électorales, qui ne sont qu’une partie du combat démocratique et social, les courants attachés aux libertés individuelles et collectives, à la justice sociale et aux droits humains, à la sauvegarde de la souveraineté nationale, savent s’unir et agir ensemble, s’ils savent le faire en appui sur les bases populaires, autour des solutions à apporter aux besoins et revendications innombrables dont certaines sont vivement ressenties et sont au cœur du drame national.

C’est un terrain de lutte permanent, qui ne se limite pas aux quelques semaines qui précèdent les rituels électoraux. Ce terrain d’affrontement est malheureusement trop délaissé et sous-estimé par les forces qui ont vocation de mener et d’accompagner les luttes à la base. Elles tournent à tort leurs regards, elles polarisent trop souvent leurs analyses et leurs prises de positon et commentaires vers de futiles évolutions dans les sphères institutionnelles, des détails présentés de façon abusivement spectaculaire. Sans prêter attention pendant ce temps au mal-être quotidien du plus grand nombre, aux grondements souterrains, aux saines et brûlantes aspirations qui parcourent la société profonde, anciennes et jeunes générations confondues, aux tensions et souffrances d’une société harcelée par les tensions et problèmes locaux et planétaires.

Le désintérêt dans la pratique par rapport à ces objectifs concrets primordiaux chez des forces qui se réclament de la démocratie et du progrès, leur dispersion au nom de divergences idéologiques ou de calculs politiciens de court terme, leur façon de concevoir la politique à l’écart des préoccupations réelles des gens ou avec le seul souci de les instrumentaliser, voilà une des raisons principales qui alourdissent et pérennisent la chape de plomb réactionnaire interne et internationale dans laquelle étouffe notre peuple.

Cela fait trop longtemps que durent les leurres et les illusions des faux combats. Il est vital, en matière électorale comme en tous les autres terrains de lutte, de repérer les vrais enjeux et amplifier les convergences salvatrices.

Cette première contribution de Sadek hadjerès avait été mise en ligne sur La Nation le 29 mars 2012

Cette contribution a été reprise et complétée, voir l’article ci-dessus : NOTRE RESPONSABILITÉ ALGÉRIENNE : NON A LA CONFISCATION NÉOCOLONIALE ET RÉACTIONNAIRE DE L’INDÉPENDANCE

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“POURQUOI IL FAUT VOTER LE 10 MAI PROCHAIN”

Extraits :

Par Hocine Belalloufi

Une analyse de Hocine Bellaloufi en faveur de la participation au scrutin du 10 mai, publiée dans la Nation en ligne du 28 mars 2012.

(…) En histoire, il n’existe pas de raccourcis. Quand le peuple n’est pas prêt à se mobiliser pour boycotter – c’est-à-dire pour empêcher la tenue du scrutin – il ne reste que la participation. Il s’agit d’expliquer, chacun autour de soi, les enjeux politiques réels du scrutin : non la démocratie, mais la question de la fraude qu’il convient de faire reculer, à défaut de pouvoir totalement l’éradiquer, non la démocratie mais le rapport de force entre le courant démocratique et de progrès, d’une part, et le pouvoir ainsi que le courant islamiste, de l’autre. Il faut en même temps participer au contrôle des urnes, en étant présent le jour du scrutin et au moment du dépouillement. Il faudra avant même cette date dénoncer toutes les atteintes à l’équité de la campagne et tous les signes de fraude annoncées. Certains sites se sont déjà constitués sur internet pour recenser et centraliser tous les actes de fraude constatés durant la campagne et le jour du scrutin.

Le 10 mai, il ne s’agit pas pour les citoyens de sortir de chez eux pour faire la révolution, mais simplement de se déplacer vers leur centre de vote pour accorder leur voix aux forces politiques démocratiques et progressistes les plus proches ou les moins éloignées de leurs convictions. L’objectif est de ne pas faciliter la tâche aux fraudeurs en se désintéressant du scrutin, mais de réduire au maximum la force du courant qui se proclame nationaliste alors même qu’il mène une politique antinationale maquillée par un discours et des postures chauvines qui se situent à l’opposé du patriotisme d’aujourd’hui et du nationalisme révolutionnaire du FLN historique (1954-1962). L’autre objectif sera de réduire au maximum le poids du courant islamiste qui a fait une OPA sur la religion en vue de légitimer l’instauration d’un régime réactionnaire, oppressif et soumis aux intérêts des grandes puissances qui pillent les richesses de la région du Grand Moyen-Orient (pétrole, gaz…) et oppriment ses peuples (Palestine, Sahara Occidental, Libye…).

Dans une conjoncture marquée par l’absence de mobilisation politique de masse, participer à la campagne et au scrutin, constitue le seul moyen, non d’arracher la démocratie, mais de sortir de la passivité et de l’impuissance pour commencer à construire un rapport de force favorable au camp national, démocratique et social. Seuls ceux qui auront pris la peine de se mobiliser et de voter pourront exiger, demain, le respect de leur choix de la part du pouvoir. La majorité des autres restera, comme à son habitude, dans l’interprétation du réel, dans le commentaire plus ou moins désabusé, dans le cynisme justificateur… Se contentant de persifler et de pester, elle nous ressortira son éternelle litanie : « Vous voyez, nous vous l’avions dit », « regardez, ce n’est pas un peuple », « on n’a pas d’Etat », « c’est un peuple de moutons »…

Or, ce dont ce peuple a besoin, ce n’est pas de commentateurs et autres interprètes désabusés et nihilistes, mais de combattants prêts à se battre politiquement pour arracher ce qui peut l’être dans les petites luttes quotidiennes comme dans les grandes, dans les batailles partielles comme dans les affrontements d’ensemble. Arracher le maximum d’acquis, dans le sens de la souveraineté populaire bafouée depuis trop longtemps, d’une vision émancipatrice de la société basée sur l’égalité de tous les citoyens hommes et femmes et visant à assurer leur épanouissement, de la défense des acquis de la guerre de libération nationale que sont l’indépendance menacée par une politique de soumission aux intérêts économiques et politiques des grandes puissances d’argent et des Etats impérialistes et d’une défense et de l’extension des acquis sociaux mis à mal par trente années de contre-révolution économique et sociale, contre-révolution plus connue sous le nom neutre et technique de transition à l’économie de marché voire de retour aux lois prétendument universelles, éternelles et naturelles de l’économie.

Hocine Bellaloufi, 27 mars 2012. Texte intégral : La Nation.info

Sources La Nation en ligne - pour lire l’article en entier, cliquer ici ...

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Un membre du FFS explique le sens de sa participation aux élections

Lundi 5 mars 2012

« Quant au parti, sa remobilisation ne devrait certainement pas avoir comme centre de gravité l’assemblée nationale qui ne pourra encore acquérir sa place dans le débat social et politique. Elle devrait avoir pour objectif l’émergence d’une nouvelle société civile qui de par son absence souligne la vacuité de l’institution délibérative », écrit Arezki Derguini.

Remobiliser le parti et le peuple

Arezki Derguini

Le FFS et son président ont donc décidé de participer aux élections législatives. Le but déclaré n’est pas d’obtenir le plus grand nombre possible de sièges au nouveau Parlement. Pour ce faire, on s’engage à se donner les moyens de contrôler la participation et à remobiliser le parti et le peuple. Tout un programme. C’est à ces deux points que je voudrai consacrer le texte d’aujourd’hui.

J’ai déjà soutenu l’idée qui associait changement véritable et changement pacifique. Idée dont on peut attribuer la paternité au pacifiste indien Gandhi qui l’a comme incarnée. Dipesh Chakrabarty, figure de proue des subaltern studies, associe à un tel programme la notion indienne de civilité qu’il oppose à la notion occidentale de civilisation. Il ne faut donc pas éluder les ressources culturelles du pacifisme.

Dans un texte récent (« volonté(s) de changement), j’entendais qu’il ne pouvait y avoir de changement véritable que pacifique, parce que seul un accord de volontés consentantes était en mesure de construire un ordre disponible au changement, perfectible par la négociation pacifique et ordonnée. J’avais poursuivi que pour que puisse s’établir un large consensus entre les différentes volontés (internes et externes), il faudrait qu’elles puissent composer un intérêt commun. C’est de volontés externes que je voudrai ici parler.

Nous sommes globalement peu satisfaits de la façon dont les américains et leurs alliés ont participé à la démocratisation de la région Afrique du nord-Moyen-Orient. C’est le moins que l’on puisse dire : il a été plus facile de faire la guerre que d’établir la paix. La démocratie semble vouloir engager ces pays dans de longues et douloureuses périodes de transition. Certains doutent que l’objectif israélo-américain puisse être de stabiliser des régimes démocratiques dans la région, en vue de concrétiser avec les populations locales un intérêt composé au service du monde et de ces pays. L’intervention extérieure continue à brouiller l’évolution interne de ces sociétés. C’est pour cette raison qu’il faut nous en tenir plus fortement encore à un changement pacifique. S’il n’est pas de l’intérêt de l’alliance israélo-américaine de favoriser le changement qui serait de la maîtrise des sociétés de la région, mais plutôt de profiter de leurs contradictions pour mieux établir les défenseurs de ses intérêts, nous ne pouvons abandonner l’évolution de notre dynamique sociale à des forces centrifuges qui permettraient rapidement à des forces externes de faire intrusion. Un changement pacifique n’est possible que si nous en gardons la maîtrise, autrement la guerre civile puis la paix à tout prix, finiront par nous imposer une élite, un ordre, un Etat, comme cela a déjà été le cas, pour entraver notre souveraineté.

Aussi il me semble, faudrait-il revenir sur une signification de la participation aux élections législatives : le refus de nous laisser entraîner dans un engrenage de la violence qui aurait pour but de nous déposséder encore une fois de la maîtrise de nos actions. Et c’est ici que nous basculons vers notre deuxième point : mobiliser la société.

La difficulté est grande pour une société corrompue par la rente pétrolière qui n’oppose que des rentiers, qui livre la société à des forces centrifuges. Pas de bourgeoisie ici qui par opposition défendrait la valeur du travail, contre la valeur féodale de la dépense. Parler de production, de bourgeoisie productive ou quelque chose de comparable, s’est se mettre hors du jeu social. Ce qui peut être d’actualité relève seulement de la répartition. Il faudra associer la juste répartition à la production durable pour se faire entendre. Pour cela, il faudra se préoccuper, valoriser fortement le sort des enfants de nos enfants, la place des générations futures qui commencent déjà à menacer mais qui ne peuvent défendre leurs droits par elles-mêmes et qui de par cette impuissance glissent vers la violence.

Quant au parti, sa remobilisation ne devrait certainement pas avoir comme centre de gravité l’assemblée nationale qui ne pourra encore acquérir sa place dans le débat social et politique. Elle devrait avoir pour objectif l’émergence d’une nouvelle société civile qui de par son absence souligne la vacuité de l’institution délibérative. Il ne s’agira pas pour le parti de produire des candidats pour une assemblée nationale sans substance, mais ce que l’on pourrait appeler des médiateurs, des opérateurs de connexion qui pourraient ou devraient opérer en dehors d’elle, avec son appui sûrement. Les élections législatives ne seraient pas le prétexte d’une compétition interne au parti et externe avec les autres partis pour alimenter une institution, mais pour établir des institutions de médiation sur la ruine desquelles s’est construit l’Etat postcolonial. La désignation des candidats ne s’effectuerait pas alors dans la perspective d’établir des clientèles de rentiers mais en fonction des besoins des populations et des dynamiques locales du point de vue de la reconstruction du lien social et du lien politique.

Les militants devraient porter en avant des personnes en mesure de contribuer à la paix sociale et de produire de la confiance de sorte que la société puisse se reprendre en main, se projeter. Le but de la prochaine législature, ne sera pas de légiférer, mais d’empêcher que la situation ne se dégrade, que les forces centrifuges ne l’emportent, que le régime ne se trouve isolé et que la confrontation avec lui ne conduise à un nouveau chaos et une plus grande emprise de forces obscures. L’objectif sera d’accompagner l’émergence d’une nouvelle société civile à hauteur de notre société.

Arezki Derguini, 3 mars 2012. Publié dans FFS-dz.net
repris sur le blog algerieinfos

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Le rapport des Algériens au FFS, c’est plus qu’une question de parti… la preuve

par Zehira Houfani Berfas

Rarement décision d’un parti politique n’aura eu un tel impact sur la scène algérienne (pouvoir et société) que celle du FFS, à propos de sa participation ou non, aux élections organisées par le régime.
Pendant tout le temps qu’a duré le suspense de la prise de cette décision, la rumeur faisant état de la participation, bien que récurrente, se heurtait frontalement aux partisans du boycott, gonflés à bloc par l’auréole de résistance, d’intégrité et de patriotisme qui entourent les 3 lettres (FFS) symbole du parti, devenu la référence des vrais démocrates.

Amis du parti, sympathisants, ou simples citoyens rêvant de la fin du régime de la « hogra » pour l’avènement de la démocratie en Algérie, se sont mis à construire autour de l’option du boycott du parti, persuadés que c’est la façon idoine de rassembler suffisamment d’Algériens pour un véritable rapport de forces, capable d’acculer le régime et imposer un changement politique pacifique. Il faut dire qu’en termes d’arguments qui plaident en faveur de cette position, il n’y a que l’embarras du choix. Outre les bouleversements dans les pays voisins, il n’y a qu’à penser aux contextes, national (en contestation permanente) et international, qui offrent l’opportunité historique de faire pression sur le pouvoir, et l’obliger à satisfaire les revendications démocratiques du peuple. Pour beaucoup d’entre nous, il semble impensable de ne pas en profiter pour reconquérir les droits confisqués du peuple, alors que les circonstances n’ont jamais été aussi favorables.

Finalement, la décision de la participation, tant redoutée par les partisans du boycott tombe comme un couperet, ce vendredi, semant la déception et la tristesse dans leurs esprits, tant ils sont convaincus, que ces élections n’ont pour finalité, que l’intérêt et la pérennité du pouvoir.
Difficile de croire qu’un régime qui refuse obstinément de se remettre en cause et qui exclut toute idée de changement démocratique, dont il n’est pas le maître absolu, puisse se soumettre soudain à une authentique épreuve des urnes.
Nombreux sont les Algériens qui ne croient pas que ces élections soient la solution appropriée à leurs problèmes, mais plutôt à ceux du régime dont l’avenir est sérieusement menacé. Aussi, ils n’arrivent pas à se faire à l’idée que le FFS qui pourrait être un des grands gagnants de l’alternance démocratique, puisse donner la moindre chance de survie au régime aux abois, notamment en participant à son énième jeu électoral, au même titre que tous ces partis qui ont conduit le pays à l’impasse et contribué à la souffrance du peuple.
Que cette participation soit « tactique » comme le souligne le président du FFS, son annonce a causé un sentiment de consternation chez beaucoup de militants du changement démocratique, puisqu’elle est perçue comme la caution dont avait besoin le régime pour s’en sortir… sans véritables concessions en faveur du peuple, mais en satisfaisant ses « alliés » occidentaux. Hélas.

Pour sa part le parti FFS rejette les critiques et met en avant la souveraineté de sa décision « La participation du FFS n’est ni une reddition ni un reniement ni une capitulation ». Et nul ne peut lui dénier ce droit à la décision souveraine. Cependant, pour ceux qui comptaient sur le boycott pour faire fléchir le pouvoir, il va sans dire que le coup est rude et plus encore le défi de la situation. On est même porté à penser que sur le plan politique, les jeux sont vraisemblablement faits. Ne reste désormais que l’inconnue de la participation populaire à ces élections. Peut-être que la détresse du peuple se substituerait à l’action des politiques en exprimant une sanction exemplaire contre les urnes, puisque de toutes façons, non seulement, celles-ci n’ont jamais répondu aux aspirations du peuple, mais également, elles ont invariablement conforté les responsables de ses souffrances. La présence du FFS y changera-t-elle quelque chose comme on le dit ? Même si on veut y croire, la simple lecture de la lettre de son président et la longue liste de forfaitures dont il accuse le pouvoir, rend difficile, même le bénéfice du doute. Ce sont autant de raisons qui commandent la méfiance des gens, et leur refus d’être une bouée de sauvetage pour un régime qui les a toujours méprisés en leur refusant le droit à la dignité et à la justice.

Zehira Houfani Berfas, 4 mars 2012. Publié dans le quotidiend’Algérie

repris sur le blog algerieinfos

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Débats Autour de la question des élections législatives de mai 2012

EL ARBI - Mostaganem - le 4 Mars 2012

Au-delà du débat, somme toute légitime et important, sur les tactiques à adopter sur les prochaines élections législatives, la question centrale que se pose en son intime conviction tout révolutionnaire en Algérie se résume en ceci : « Quelle gauche pour quelle organisation et quel programme après le séisme des années 1990 ? ».

Il m’est resté une formule que le PAGS utilisa en 1986, si j’ai souvenance exacte « qui isolera qui ? ». Nous y sommes 26 ans après. Cette équation politique qui renferme autant sa stratégie, son programme et sa tactique est opérante et n’a pas trouvé de solution d’un côté comme de l’autre, c’est-à-dire du côté de la réaction comme de celui des patriotes et révolutionnaires de ce pays.

La république sociale de novembre est au milieu du gué, l’histoire, les exigences du siècle lui feront cette traversée et certainement à pas forcés.

Dans les nouveaux rapports de force internationaux et régionaux, ce clair-obscur est arrivé à son terme et ne peu plus durer, c’est pourquoi me semble t-il, qu’il faut aller à l’essentiel au lieu de se perdre en conjectures.

La vraie question au sens des enseignements programmatiques du Marxisme Léninisme et de l’histoire nationale révolutionnaire de notre peuple est la construction d’une vraie organisation révolutionnaire capable de lever et d’encadrer les masses déshéritées et de conclure des alliances opérationnelles pour renverser les rapports de force largement dominés par les bourgeoisies compradore et bureaucratique dans les institutions de l’état.

Ce qui intéresse les masses en mal de représentation de pouvoir politique, ce n’est pas tant d’aller à la soupe comme d’ailleurs l’entend, le comprend et l’interprète la vox populi, mais de construire patiemment et résolument cette organisation qui fait défaut. Nous sommes attendus sur une question et une seule : Doter les masses déshéritées d’une organisation révolutionnaire et répondre à la question suivante :

Comment et avec qui devons-nous travailler au renversement des rapports de force et remettre les intérêts de la nation, de l’état souverain et des masses au centre de la politique.

Entendons nous que c’est par la voie démocratique c’est-à-dire par la représentation élective que cette question trouvera sa voie et sa solution. Donc du point de vue historique, par rapport au siècle dernier des luttes de libération nationales et de l’émergence des états indépendants, le monde a changé positivement et offre de multiples possibilités de prise des pouvoirs politiques par la voie non violente. La lutte a glissé de la voie armée révolutionnaire, celle que nombreux peuples d’Afrique et d’Asie ont choisi pour se défaire des chaines du colonialisme, à la lutte sociale et politique pour en finir avec les scories de l’impérialisme.

En somme c’est notre façon de réaliser demain, celui que les luttes de libération ont inscrit et malheureusement dévoyé par les nouvelles oligarchies de l’argent qui ont émergé de l’intérieur et en parasitant l’Etat.

Cette exigence de liberté et de justice des peuples de la périphérie du système impérialiste et notamment des peuples arabes voudrait être contrariée par l’impérialisme, son bras armé l’OTAN et les monarchies du golfe en fourvoyant ces luttes dans des affrontements armés ethniques ou/ ethno-religieux. C’est malheureusement aujourd’hui le cas de la Lybie, de la Syrie, du Yémen, de Bahreïn et dans une moindre mesure de la Tunisie et de l’Egypte.

C’est en ça, qu’il me semble tout à fait illusoire de séparer la tactique de la stratégie et donc des instruments démocratiques et révolutionnaires pour réaliser cet objectif central.

Ce n’est qu’une fois qu’on a décidé individuellement et collectivement à
passer au mode opératoire de l’organisation et de son programme que la question de la tactique de la participation ou du boycott aux différents scrutins prendra un sens. Si non nous serions dans des approches spéculatives, sans aucune conséquence opérationnelle sur les événements et les rapports de force réels et sans intérêt pour les forces dont nous tirons et réclamons notre légitimité.

Au cas où nous manquons à cette éthique et à cette volonté révolutionnaire de dire juste aux masses que nous ambitionnons de mobiliser et de conduire à la victoire ; nous risquons de faire à l’identique comme cette cohorte de partis politiques anciens et nouvellement promus qui a choisi d’aller à la course à l’échalote et des prébendes joyeusement promises par un pouvoir pris de panique à son propre jeu.

Cela étant dit, continuons à travailler ces questions et verser aux débats contradictoires et transparents nos approches. C’est de la sorte que les cercles de réflexion et d’action se formeront et convergeront.

Dans quel contexte politique et idéologique vont se dérouler ces élections :

Forcé de constater que les masses déshéritées sont sans représentation organisée. Ce peut-être une des raisons qui fait que les masses se détournent de mieux en mieux de la politique officielle et plus grave de l’état et de ses institutions. D’aucun prétendent que la politique au sens noble a déserté nos chaumières, le peuple est devenu moins politisé, notamment sa frange juvénile. Il n y a pas l’once d’une vérité derrière ces fanfaronnades d’une élite qui confond son ajustement-alignement doctrinale sur les idées néolibérales avec la quête de liberté et de justice des larges couches de la population. Cette façon de prendre des vessies pour des lanternes pousse cette frange des élites à imaginer qu’il suffirait de se mettre aux normes occidentales pour que l’impérialisme abandonne ses vues d’injonctions impériales et de domination sur notre pays.

C’est mal connaître la nature historique du capitalisme d’autant qu’il connaît et traverse tumultueusement sa crise majeur. En cette étape, toutes les voies y compris celle de la guerre sont ouvertes. Il ne se privera d’aucune, pour retarder les échéances de mutation structurelles de ce mode de production qui à l’évidence ne répond plus au besoin de l’humanité.

Bien au contraire, la vie grouille de vivacité politique mais elle n’a pas encore trouvé sa voie dans l’expression d’une organisation révolutionnaire qui transformera le rejet de la « jet politique », ses pratiques de cooptation par la bande en une organisation en conquête du pouvoir.

C’est de ce mal profond dont soufre le peuple, il est délaissé par les élites intellectuelles qui devraient en théorie éclairer ses luttes et l’aider à mieux s’organiser.

Au mieux dans le souk politique national, certains partis se saisissent de questions périphériques croyant nous faire danser de joie. Instruit par une histoire politique tumultueuse faite d’avantage de tromperie de faux semblants, de joies éphémères, aujourd’hui le peuple laborieux et celui d’avantage des sans travail a appris à compter et à utiliser le peu d’espace que lui laisse l’administration sous injonction et les polices politiques pour renvoyer tout ce beau monde de la « jet politique » à ses classes.

C’est en ce sens que le boycott massif et conscient fait peur, tout en admettant toute fois qu’il est à double enjeu :

L’enjeu national interne :

Cet exercice quoi qu’il en soit sera une image instantanée, singularisant le fossé qui s’est creusé dangereusement entre la république dévoyée et le peuple d’en bas.

1ère hypothèse : Si les révolutionnaires et les patriotes progressistes se saisissent de cet instant politique majeur pour construire et proposer une alternative de combat –c’est-à-dire une vraie organisation de gauche centralisée et un front patriotique de combat politique- le pays sera tiré de cette impasse vers le haut.

Ce sera cet acte historique qui remettra Novembre au centre de la refondation de l’état national et non comme on voudrait nous faire croire que par notre participation aux élections on réinventera et en plus grand Novembre.

Cette entreprise sera laborieuse, longue mais elle conserve toutes ses chances de réussite si tant est que les forces révolutionnaires Marxistes et du canal nationaliste progressiste de ce pays se décident à joindre leurs efforts, et dans le même temps s’ouvrir à d’autres forces dont leurs intérêts sont intimement conditionnés par la souveraineté nationale.

Dans ce rapprochement aucune question de préalable ne doit être posée. Tout le monde doit partir à égalité pour que le débat constructif et opérant n’en soit pas contrarié et chahuté. Personne de mon sens dans cette lutte qui s’annonce n’est de trop.

2ère hypothèse : si le statu quo se confirme et perdure, dans l’émiettement politique actuel et la confusion qui y règne au sommet de l’état on ne prend pas de gage et de pronostic quant à l’avenir immédiat de la république. C’est d’une telle confusion et d’un rejet total, jamais égalé, du système qu’on ne peut imaginer sereinement la suite. Les hypothèses les plus sombres commencent à gagner les esprits les plus lucides et tout le monde craint pour l’ETAT national et sa souveraineté.

Apparemment les forces réactionnaires centrifuges de l’intérieur qui ont pignon sur rue travaillent à cela. Elles piaffent d’impatience à l’idée de déliter ce qui reste de l’état national ; si non comment interpréter cette envolée des prix des produits de première nécessité, cette absence incompréhensible de l’état là où on l’attend, au niveau sécuritaire, du droit des personnes à vivre en sécurité, du contrôle des prix du rapport à l’administration et je fais impasse sur d’autres.

Que peut bien faire une coalition de partis et de personnalités discrédités face à un tsunami politique qui s’annonce, des problèmes que même la violence des vingt dernières années n’a pas réussi à exclure du champ politique.

À ceux qui renvoient Novembre comme image symbolique pour mieux le dévitaliser et balayer le peu qui nous reste de dignité nationale ; les masses leur opposent les élites emblématiques de la révolution, l’intrépide Larbi Benmhidi et ses compagnons.

C’est dire combien Benmhidi, Boudiaf et les autres ont cimenté la conscience nationale. L’histoire révolutionnaire de notre peuple est prégnante, elle s’invite chaque fois que ces gouvernants tentent de la récupérer et la vider de son sens historique et de justice.

Fort à parier, malgré et envers tous les appels à voter, le boycott sera massif et visible. Ce n’est certainement pas le ralliement laborieux et de dernier instant du FFS à ces élections qui va faire changer la donne ou du moins faire bouger les lignes.

D’ailleurs son chef charismatique en donne la teneur, il ne s’attend pas à la victoire des urnes, résumé dans un passage instructif de son message au conseil national du FFS « notre but ne réside pas dans un quota de sièges à atteindre. Notre but est dans la remobilisation politique et pacifique de notre parti et de notre peuple. C’est là l’essentiel de notre décision. Remettre du mouvement dans le statu quo ». Sa démarche est politique, elle s’inscrit dans la volonté de sauver la république et nous devons la respecter même si nous ne sommes pas acquis et convaincus par sa tactique.

Il me semble dangereux de placer négativement dans le viseur la décision de participation du FFS aux prochaines élections et d’en faire d’une simple discorde une plaie ouverte. Au contraire nous devons chercher et construire des synthèses pour le futur immédiat. Cela ne nous empêche pas de donner notre avis politique sur la question en toute fraternité avec un parti et des militants qui nous sont proches.

Les questions sociales s’invitent et vont faire toutes les différences lors de ces élections :

Pour s’en rendre compte de l’état réel de la situation sociale des masses, un aperçu sur les prix réels du début mars et la tendance va à l’augmentation et non à la baisse.

Quand on sait le salaire médian en Algérie qui se situe aux environs de 18.000 Da/mois, quand le chômage officiel est supérieur à 15%, quand plus de 50% des femmes sont sans travail et non déclarées, quand moins de 10% de la population s’est accaparée plus de 70% des richesses du pays ; Demander de voter au citoyen lambda qui se chamaille et tire la queue du diable tous les soirs c’est un peu lui demander de se renier, de perdre de son humanité et de son indignation.
La question du pouvoir d’achat revient en boomerang dans toutes les discussions, mais pourquoi voterions nous, le nous des déshérités. Qu’ils nous donnent une seule raison de voter. Chez les jeunes la question est plus parlante. Une anecdote, face à une des porte voix de l’administration appelant notamment un groupe de jeunes à aller voter lors des élections précédentes, la réplique de l’un d’eux fut cinglante « madame donnez nous 30 Da pour acheter des cigarettes ».

Pris à son propre jeu, elle mit fin à sa propagande ridicule et continua son chemin.

La politique ce n’est pas un jeu de surréalistes. Elle est faite pour trouver les solutions aux vraies questions de la société et ce sont ces questions qui à l’évidence vont décider du statut de la gauche, de son organisation, de son indépendance des cercles des pouvoirs économiques en place et bien entendu des prochaines élections et de la suite des luttes sociales.

EL ARBI
Mostaganem le 4 Mars 2012

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LA DÉCISION DU FFS DE PARTICIPER
NOTRE AVIS SUR LE VIF

Saoudi Abdelaziz - algerieinfos

le 3 mars 2012

L’indépendance politique stratégique d’un parti permet la diversité des choix tactiques. En même temps, cette indépendance est un combat permanent contre le risque que le mort ne saississe le vif. Les messages de Hocine Aît Ahmed avant et après l’engagement du FFS dans la campagne électorale, mesurent ce danger.

Dans un récent article de ce blog [1] nous avions noté, pendant le débat interne du FFS sur la participation aux législatives : « Hocine Aït Ahmed a raison d’écrire « Il est bien peu probable que les prochaines élections soient des élections ouvertes. En fait, et sans précautions inutiles, les prochaines élections n’ont aucune chance d’être des élections ouvertes ».
C’est donc en toute connaissance de cause que le FFS, en tant que parti, prendra sa décision. Elle sera dans tous les cas honorable, venant d’une formation politique authentiquement républicaine. »

La décision du FFS mérite d’être encouragée si elle s’inscrit dans la dynamique engagée dans ce parti, depuis le printemps dernier, en faveur d’un appui plus systématique aux initiatives populaires.
Sortant progressivement d’une position de repli délibéré, le FFS a mesuré la profondeur de la lame de fond qui émerge de notre peuple, dans des luttes sociales quotidiennes apparemment a-politiques, mais qui mettent à nu, inexorablement, mois après mois, la nature obsolète de notre système politique.
On a assisté durant l’été 2011 à un renforcement des capacités de la direction nationale du FFS pour soutenir, impulser et orienter ces luttes.

Nous nous sommes fait l’écho dans ce blog de l’attention plus soutenue des organisations locales du FFS, aux revendications et aspirations quotidienne des citoyens, qui exigent ouvertement ou de manière latente, que l’état de droit triomphe au quotidien, dans toutes les sphères de la vie sociale.

Le rôle d’un parti national est évidemment de faire que ces revendications politiques quotidiennes, capillaires, se fondent dans un vaste mouvement uni pour des changements démocratiques globaux au service du développement et de la justice sociale et dans la dignité citoyenne retrouvée.

Nous espérons que les trois mois à venir seront pleinement utilisés par Le FFS pour renforcer son lien avec les différentes couches de la population, dans toutes les régions du Pays. Mais aussi pour accroître les capacités d’action et de réflexion parmi les citoyens, condition fondamentale pour faire bouger, en profondeur, la vie politique et modifier les rapports de forces en faveur du changement.

Notre blog se fera l’écho des prises de positions et des intitiatives du FFS, des démarches qui nous paraissent intéressantes venant de candidats de ce parti ou d’autres formations. Nous relayerons aussi les réflexions des Algériens qui appellent au boycott, afin que le clivage fondamental ne passe pas entre ceux qui boycottent et ceux qui participent mais entre le vieux système obsolète et les forces du changement, dans leur diversité.

Et pour mettre à nu les diviseurs professionnels que le système entretient dans tous les « camps », à travers les gros moyens des services qui protègent la domination.

Saoudi Abdelaziz, 3 mars 2012

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L’ARGENT DU DÉPUTE…

par M. Saadoune
Le Quotidien d’Oran
1er mars 2012

Devenir député à cause de l’argent ? On espère que le ministre de l’Intérieur ne vient pas de découvrir, en 2012, à quelques mois des élections, que la « quête de l’argent et des privilèges » est une motivation importante, pour ne pas dire déterminante. Ce n’est absolument pas un scoop.

Dans un système politique qui a réduit les partis politiques à faire de la figuration, le combat pour « les idées ou les programmes » n’existe pas. Devenir député est un ascenseur social pour les uns ; pour d’autres, déjà « nantis », un moyen d’élargir les entrées dans le système. Les « idées » et les « programmes » ne pouvant vraiment exister faute de scène politique sérieuse qui aurait généré une vie partisane sérieuse, la vision de la chose publique se rétrécit à sa plus simple expression. La députation est devenue une voie d’accès individuelle à l’Algérie officielle.

Cela fait longtemps que l’approche des élections législatives – beaucoup plus que les élections locales – crée un « climat » de tension et de batailles rangées au sein des partis. Et, bien entendu, ces batailles ne portent pas sur des programmes, des idées ou des projets mais pour le poste. Dans un système politique verrouillé et régressif, l’individualisme prime. Et quand les batailles pour la candidature ont une « dimension sociale », c’est par la mobilisation de la famille ou de la tribu. Pas beau à voir du tout !

Et ce n’est pas non plus un scoop que de savoir qu’un très grand nombre de candidats « indépendants » obéissent à la même motivation. Très peu d’Algériens croient que le dernier « lâcher » d’une flopée de partis - décidé par l’administration après une longue rétention - correspond à une motivation de servir le bien commun. Et personne n’est surpris de la qualité, absolument médiocre, de la prestation du Parlement algérien. Le système politique en place n’a jamais cherché un parlement de qualité, mais un parlement obéissant.

Un arrangement tacite veut qu’on ne demande pas grand-chose aux députés : ni assiduité, ni idées et encore moins des propositions…, en contrepartie d’une sinécure. Faut-il rappeler que la suppression de la fonction de chef de gouvernement responsable devant l’Assemblée nationale populaire était, de facto, une mise au chômage politique des députés ? Et, par extension, des partis ?

Quand un gouvernement ne rend pas compte et n’est pas censurable par l’APN, le rôle des députés est presque facultatif. En réalité et hormis un souci des formes légales, on pouvait se passer de l’APN. Ce n’est pas un lieu de politique ni un lieu de pouvoir. La somme des lois passées par ordonnance est édifiante à cet effet. Et quand un parlement n’a pratiquement aucun rôle, l’oisiveté des députés coule de source. Etre député oisif rapporte beaucoup. Beaucoup plus qu’être dirigeant d’une PME privée ou d’une grande entreprise publique.

Pourquoi dès lors s’étonner que la députation soit si attractive ? Réduire les salaires des députés – ils ne vont pas devenir smicards dans tous les cas de figure – est-il une réponse ? On peut en douter… Car le fond du problème est politique. Systémique. Quand la politique aura droit de cité, quand le Parlement cessera d’être une coquille vide et deviendra un lieu où il y a de la politique et où l’action du gouvernement est contrôlée et surveillée, on constatera que la question des salaires des députés ne sera pas la chose la plus difficile à régler.

Sources : Le Quotidien d’Oran, 1er mars 2012

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POUR DES VALEURS POLITIQUES COMMUNES

LE QUOTIDIEN D’ ALGÉRIE EN LIGNE

Rédaction - 21 février 2012 - par س.ج.

Quand on suit de près les débats autour des différents articles publiés sur les pages du Quotidien d’Algérie et sur d’autres forums, on observe une grande similitude avec d’autres pays dans les rudes empoignades qui opposent les islamistes aux autres mouvements de pensées, en particulier à propos de l’Islam politique.

Cette focalisation traduit beaucoup plus en fait, les préoccupations des élites que celles du peuple ordinaire, mais il est écrit que ce sont les élites qui déterminent et managent les luttes politiques, suivies ou subies, bon gré mal gré par les peuples.

Ceci pour rappeler que dans de nombreux pays arabes, en particulier dans ceux qui ont réussi leur révolution, ces élites qui semblaient être unies comme un seul homme dans leur confrontation contre l’ennemi commun, ont repris, sitôt la dictature abolie – ou du moins paraissant comme telle – leurs hostilités idéologiques les unes contre les autres, sans qu’il n’y ait, ni vainqueur ni vaincu, sinon le ras-le-bol des peuples et le risque de chavirage du navire commun.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici de s’interdire les débats, mais plutôt de les dépouiller de tout caractère dogmatique, en les recadrant dans un climat propice aux débats d’idées et aux dialogues culturels policés, loin de tout esprit d’exclusion et d’anathème qui provoquent le découragement des peuples, surtout durant les difficiles périodes de transition généralement porteuses de tous les dangers.

Ce qu’il est important d’appréhender, c’est qu’il existe toujours une certaine marge minimale de valeurs communes claires, autour desquelles peuvent se rencontrer toutes les idéologies, pour peu que s’y prête la volonté de tous. Certes, on trouve des intégristes dans les deux camps : Il y a d’une part la frange des éradicateurs qui veulent laïciser l’Algérie et la transformer en une sorte de « département français » occidentalisé et totalement déculturé et dépouillé de son identité musulmane et arabo-amazighe ; c’est cette frange qui est aujourd’hui au pouvoir et occupe le haut du pavé et est prête à replonger l’Algérie dans une nouvelle tragédie pour conserver son statut et ses privilèges.
Il y a d’autre part une frange d’islamistes [les Salafistes – note du Traducteur] dont les conceptions du pouvoir n’augurent rien de bon et préludent même à l’émergence d’une autre forme de despotisme, quand on sait que certains penseurs appartenant à cette frange, vont jusqu’à justifier le maintien du despotisme au nom du devoir d’obéissance au prince [ici, au sens juridique du terme – n.d.Tr].
Mais aucune de ces deux franges ne dispose d’une représentativité réellement significative au sein de la société algérienne, si une décantation politique devait s’opérer entre les modérés de l’un et de l’autre des deux camps, à l’ombre d’un climat de liberté retrouvée.
Mais même dans un tel schéma, il y aura lieu aussi, de surmonter les méfiances réciproques, dont il est inutile de faire la genèse ici, mais qu’il faut clairement nommer, en particulier, les accusations portées contre les islamistes par leurs adversaires, qui leur reprochent de s’accaparer de l’Islam et de vouloir se servir de la démocratie, uniquement pour accéder au pouvoir, tandis que de leur coté, les islamistes accusent leurs adversaires d’accaparer les valeurs positives de la démocratie, telles que le pluralisme, la modernité, les Lumières, la société civile etc.., et d’utiliser également la démocratie pour les empêcher d’exercer leurs droits civiques et d’accéder au pouvoir.

En vérité, chacune des deux attitudes accusatrices comporte sa part de pertinence. Mais s’il y un fait cardinal que nous devons tous nous remettre en mémoire, c’est que durant toute la longue histoire de la civilisation musulmane, il n’y a jamais eu ce qu’on peut appeler un Etat religieux, à l’image de ce qui s’est produit en Europe durant des siècles.
Cette remarque mérite à elle seule une série d’articles. Quant à la période des premiers Califes – ou Califes orthodoxes, illuminés – elle a constitué sans conteste, la période des régimes politiques les plus justes et les plus équitables qu’ait connue l’Histoire en général et l’on peut même avancer que cette période fut la première où l’on vit s’instaurer une réelle séparation entre le pouvoir Exécutif et le pouvoir Judiciaire.
Et c’est seulement par la suite, que l’on vit apparaître des monarchies de caractère dynastique et souvent despotiques qui, sans être franchement hostiles à la religion, n’en ont pas moins suscité les oppositions de nombreux Oulémas. À l’ombre de la plupart de ces monarchies, la civilisation musulmane a connu un essor scientifique et économique sans précédent, parallèlement à la liberté de pensée et d’expression.

Quant à la période contemporaine consécutive à l’ère de l’indépendance, elle est malheureusement profondément marquée par l’avènement de pouvoirs personnels – qu’ils soient exercés par un monarque absolu ou par un despote – des pouvoirs qui ont exclu la religion du champ politique ou au contraire, l’ont instrumentalisée comme en Arabie Saoudite.
C’est dire combien il serait aussi fallacieux pour telle mouvance politique d’invoquer les vertus d’un modèle d’Etat théocratique purement imaginaire, que pour telle autre, de pousser des cris d’orfraie contre les risques d’avènement non moins imaginaire, d’un tel modèle, juste pour faire peur aux citoyens et exclure ses adversaires, porteurs d’une autre vision politique.

Le paradoxe qui fausse la pensée chez la plupart de nos élites, c’est que ces élites se laissent facilement entraîner dans des débats stériles et secondaires en tous cas, par rapport aux problèmes quotidiens de la majorité des citoyens.
Il en est ainsi par exemple – chez les islamistes – de la question du hidjab, de la mixité et autres aspects apparents de la religiosité ; en face, leurs adversaires donnent la priorité des priorités aux « libertés » – du moins telles qu’ils les conçoivent – en affichant leurs inquiétudes quant à l’interdiction de l’alcool, à la flagellation punissant l’adultère ou autres châtiments dans la Chari’a.

Or, ce sont là des débats qui ne reflètent pas les vrais problèmes de la société. S’agissant de la femme par exemple, on semble ignorer le cas dramatique de ces milliers et milliers de femmes divorcées dont les droits sont bafoués, tandis que, jusqu’à nos jours, dans certaines de nos campagnes des milliers et des milliers d’autres, continuent d’assurer les travaux dans les champs, pendant que les hommes passent leur journée dans les cafés.
Voilà un exemple de vrais problèmes sociaux parmi tant d’autres, qui témoignent du dérèglement des priorités et qui devraient interpeller les islamistes soucieux de la manière de s’habiller des femmes ou de la moralité des gens, d’autant que cette catégorie de sujets, relève moins du rôle de l’Etat que de celui des prêcheurs ou même de la société civile.

Du reste, faut-il rappeler que le port du hidjab et d’une manière générale, le retour du phénomène religieux dans les années 1980 n’a pas été le fait de l’instauration d’un « Etat islamique quelconque » mais qu’il est dû tout simplement à un certain climat de liberté qui a favorisé l’activité du mouvement islamique.
Quoi qu’il en soit – ainsi que l’a fait remarquer le Cheikh Ghannouchi avec justesse – le fait d’imposer une conduite religieuse au sein d’une société donnée, finit dans le meilleur des cas, par transformer une partie de cette société, non pas en partie saine et cohérente de la société, mais en frange sociale hypocrite comme cela existe dans les sociétés saoudienne ou iranienne. Il suffit par exemple de prendre un avion en partance de l’Arabie vers l’Europe, voire vers un autre pays arabe, pour s’apercevoir de certains comportements difficiles à imaginer…

L’étape actuelle et celles qui vont suivre, requièrent de nous tous, la nécessité de dépasser les conflits idéologiques et de nous accepter mutuellement. Il s’agit de gérer nos différences, non pas à l’aune de nos convictions religieuses respectives, mais à l’aune des contenus des programmes politiques de chaque partie.
Ainsi, les adversaires de l’islamisme politique devront comprendre une fois pour toutes que cet islamisme politique est profondément enraciné dans notre société où il constitue un fait patent, inséparable de notre identité nationale impossible de dépasser ou à ignorer et qu’il leur faudra apprendre à composer avec cette réalité au lieu de la nier, en cherchant à transposer chez nous une laïcité occidentale qui a totalement exclu la religion chrétienne du champ politique.
De leur coté, les islamistes devront accepter le fait qu’il existe dans la société, d’autres mouvements de pensée et d’autres orientations idéologiques et qu’aucun être humain ne peut se revendiquer comme étant « le » détenteur de la vérité et que leur(s) projet(s) islamique(s) ne constituent in fine qu’un effort exégétique de l’Islam, parmi d’autres projets.

D’ailleurs, si nous ne devions tirer qu’une seule leçon positive de l’expérience vécue durant les deux dernières décennies, ce serait celle de constater que la corruption morale n’a ni idéologie ni référent de pensée : cette expérience amère a montré en effet que tous les islamistes, pas plus que tous les démocrates ou tous les nationalistes ne sont pas nécessairement ce qu’ils se revendiquent être.
Et de même que les deux décennies écoulées auront permis de démasquer les médiocres et les corrompus dans un camp comme dans l’autre, de même, l’avenir permettra de révéler [sur le terrain de l’action] les hommes de valeur dans un camp comme dans l’autre.
Tant il est vrai que, si les mauvais génies dans les deux camps ont conduit le pays à la ruine, rien ne s’oppose en revanche, à ce que les enfants sincères de ce pays puissent se concerter et s’allier pour reconstruire ce qui a été détruit. Et l’exemple de la Tunisie voisine n’est pas si éloigné de nous. Car, au fond, la problématique réelle [à laquelle on se trouve confrontés] réside moins dans les valeurs intrinsèques proclamées dans les littératures idéologiques respectives des uns et des autres que dans la sincérité de leur engagement pour ces valeurs.

Ceci pour souligner que si le peuple réussit à se libérer du régime mafieux, les défis auxquels l’Algérie se trouvera confrontée, n’auront quasiment aucune incidence d’ordre idéologique.
En effet, les enfants sincères de ce pays n’auront aucune difficulté à trouver un consensus total sur certains impératifs nationaux majeurs ; qu’il s’agisse de la construction d’un système éducatif fort, avec de vraies Universités et une vraie politique de Recherche Scientifique, qu’il s’agisse d’une politique de santé publique efficiente, qu’il s’agisse de la lutte sans merci contre la corruption et les détournements de deniers publics ou qu’il s’agisse de réaliser la sécurité alimentaire des citoyens…etc…etc..
Mais il y a un préalable absolu, sans la réalisation duquel, rien ne peut se faire dans ce pays : Il s’agit de neutraliser les différents relais du colonialisme et du néocolonialisme et de démanteler les pièges de la discorde, de la division et du régionalisme qui ont été semés au sein de notre société, en édifiant un système politique démocratique fondé sur l’Etat de droit et la justice sociale.

Mais il faut avoir présent à l’esprit, que l’instauration de la démocratie, ne peut à elle seule, réaliser l’Etat de Droit, l’essor économique ou la justice sociale. La démocratie n’est qu’un instrument institutionnel, empêchant les dérives despotiques mais elle ne garantit pas la réalisation des aspirations du peuple, car, comme a dit Bernard Shaw : « Democracy is a device that insures we shall be governed no better than we deserve » [ La démocratie est un système qui garantit que nous ne serons pas gouvernés mieux que nous ne le méritons. ].

Quand on observe les expériences démocratiques à travers le monde, on s’aperçoit que la plupart d’entre elles n’ont réalisé ni justice sociale, ni essor économique ni renaissance, à l’exemple de la Grèce, du Portugal, de la Bulgarie ou de l’Ukraine, avec sa « révolution orange ». Or, bien que ces pays aient instauré un système politique réellement démocratique, leurs classes politiques respectives ont échoué ; probablement du fait que les bases sur lesquelles s’est fondé le processus démocratique n’étaient pas saines. En particulier parce que les spécificités nationales respectives de ces pays n’ont pas été prises en compte.
À l’inverse, nous constatons que la Chine qu’on ne peut pas qualifier de pays démocratique connait un essor économique considérable, même s’il a été fondé sur des critères discutables au plan moral.
Mais le pire des contre-exemples qui menace toutes les démocraties, c’est celui qui aboutit à une démocratie orientée comme c’est le cas des Etats-Unis ; la démocratie dans ce pays ne peut produire que l’une ou l’autre des deux faces d’une même pièce, l’une et l’autre étant au service d’un même système économique capitaliste sans âme, dirigé par une véritable organisation secrète internationale ; mais cette organisation immorale, dépourvue de la moindre des valeurs humaines, n’en est pas moins le résultat de processus électoraux dont l’apparence démocratique rend difficile tout bouleversement susceptible d’instaurer une réelle justice sociale.
C’est le même problème qui se pose, bien qu’à des degrés différents, dans les autres démocraties occidentales ; des démocraties dont certaines ont produit des régimes politiques [colonialistes et néocolonialistes] qui se nourrissent du sang, de la sueur et des richesses des autres peuples, sans se préoccuper outre mesure, d’appliquer envers ces peuples, les mêmes valeurs humanitaires qu’elles ne cessent de prôner, en réservant l’accès à la démocratie, uniquement aux milieux politico-économiques susceptibles de maîtriser l’opinion.

Aussi, le grand défi [pour nous] réside dans la construction d’un système politique démocratique fondé sur des bases et des mécanismes constitutionnels solides qui répondent aux aspirations du peuple et à ses spécificités issues des valeurs de sa religion et de sa civilisation tout en rendant impossible que ce processus de démocratisation ne se transforme en instrument au service des intérêts financiers et/ou médiatiques qui favoriserait l’émergence d’une bourgeoisie politique subordonnée à la bourgeoisie des compradores, d’où seraient exclus les intérêts du peuple.

Et comme l’a dit le défunt Malek Bennabi : "Nous ne pouvons pas façonner l’Histoire en emboitant le pas aux autres peuples, sur toutes les voies qu’ils ont empruntées, mais en ouvrant des voies nouvelles."

Quoi qu’il en soit, l’avènement d’un Etat de droit et de justice en Algérie est un fait inéluctable désormais ; et cet avènement pourrait passer par une longue et difficile gestation, comme il pourrait être aisé et rapide.
Cet avènement, l’Histoire l’enregistrera soit à notre crédit soit à notre débit, selon que nous aurions été un facteur de facilitation ou un poids.

Et à ce propos, il me vient en mémoire des passages d’une lettre envoyée par un éminent chercheur et mathématicien algérien en France à un groupe de chercheurs algériens et dans laquelle il décrit – avec la langue des mathématiques – l’intelligence collective dans les Universités et les maux que pourraient entraîner les élites contre les sociétés. Même si le sujet original soulevé par cette lettre est différent du propos de cet article, il colle exactement à la situation actuelle. Je reproduis telles quelles, les termes [de la lettre] sans les traduire, en supprimant seulement un passage étranger à notre propos.

Traduction par Abdelkader DEHBI.

Sources : ...

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TEXTE DE L’INTERVENTION DE HOCINE AIT-AHMED

à la Convention nationale du FFS
le vendredi 17 février 2012

C’est avec une grande émotion que je m’adresse à vous en ce jour si particulier, une émotion provoquée par les souffrances que cet hiver rigoureux a infligé à notre peuple, révélant encore et toujours l’absence de l’état. Désorganisation et irresponsabilité, sont à considérer comme la principale menace contre la sécurité des algériennes et des algériens et de notre pays tout entier.

Nous ne pouvons plus nous contenter de rendre hommage au courage et à l’abnégation des solidarités effectives, qui se sont exprimées de manière spontanée au sein de la population. Ceci est depuis toujours la marque de grandeur du peuple algérien. Un ami de ce peuple, Paolo Lombo, l’ancien représentant des Nations-Unies à Alger, a eu l’occasion d’en témoigner lors du tremblement de terre de 2003 quand il a rendu hommage aux algériennes et aux algériens, à leurs valeurs de solidarité et de fraternité. Il me revient à l’esprit que ce fin observateur extérieur de l’Algérie avait déjà à cette occasion noté que ce qui manquait à notre pays n’était pas une batterie de lois mais un dispositif et une volonté politique qui rendraient possible leur application. Il avait souligné une tare de son système de pouvoir et répondu à un propos raciste de Berlusconi sur l’infériorité de l’Islam sur la civilisation occidentale. Les autorités algériennes ont alors demandé, et obtenu, son départ d’Alger. Elles se sentaient certainement plus proches de Berlusconi que de leur propre peuple, tout comme aujourd’hui elles se sentent plus proches des propos et des manoeuvres policières racistes d’un Guéant que des mobilisations et des revendications légitimes des algériennes et des algériens.

Mon émotion est aussi liée à ce moment particulier de la vie de notre parti, un moment à la fois modeste et extraordinaire.

Modeste, d’abord au regard de nos ambitions et de nos potentialités, il n’était pas écrit, si ce n’est dans les recoins obscurs des officines d’ici et d’ailleurs, que les algériennes et les algériens en viendraient un jour à débattre de l’utilité d’une participation électorale quand tant de défis sont encore à relever.

Oui, cette petite salle de cinéma au passé si chargé, aurait pu nous voir discuter des moyens de sortir de la dépendance alimentaire, énergétique, industrielle, culturelle, politique…Nous aurions même, plus modestement, pu être occupés par un débat sur les modes de scrutin ou les prérogatives institutionnelles de telle ou telle assemblée et cela n’aurait pas été déprimant, compte tenu de l’évolution permanente des conditions de l’exercice politique et démocratique à travers le monde et l’histoire.

Mais nous voici, contraints par l’état de délabrement du pays, à discuter de l’opportunité de participer ou non à une consultation électorale. Et une telle discussion se tient dans un contexte de dévoiement des pratiques politiques, électorales ou non électorales, autant que des instruments de contrôle. Nous sommes arrivés à un moment où les consciences elles-mêmes sont soumises à une pression intolérable en vue de leur détournement.

Et c’est là que l’aspect extraordinaire de cet évènement prend sa pleine mesure.

Un homme perché sur le sommet d’une montagne peut se croire plus grand que tous les hommes, mais qu’un séisme vienne à faire trembler cette montagne, et le voici à terre. Mais un homme porté par des idées et des actions discutées et partagées avec d’autres hommes peut construire une maison qui résiste aux séismes. Ce parti et ce pays sont notre maison à bâtir envers et contre tous les séismes.

Cette convention est un aboutissement comme vous l’a si bien dit Da Ali Laskri. J’aimerais ajouter qu’il s’agît là également d’un commencement. Laissez-moi vous faire un aveu. Les clivages qui traversent le parti ont failli, plus d’une fois, le perdre. Surtout durant les années de braises et de cendres dans lesquelles le pays a été plongé malgré lui. J’assume avoir dû, dans des conditions extrêmement pénibles, prendre des décisions qui ont pu sembler unilatérales. Elles ne l’ont jamais été. Il m’est arrivé de trancher entre des propositions différentes, voire divergentes, mais je n’ai rien ordonné ni engagé selon mon seul entendement, car nul homme sensé ne devrait laisser son jugement tributaire de son seul entendement.

Les conditions de semi-clandestinité (qui sont pires que celles de la clandestinité véritable qui ont une cohérence intrinsèque) nous ont contraints non seulement à donner un caractère semi-clandestin à nos délibérations, mais ces conditions ont également permis au pouvoir de plaquer sur nos propres divergences les manoeuvres malveillantes de sa police politique. Suscitant et encourageant le travail de sape et de division dans le parti comme dans le pays. Exacerbant la méfiance et cultivant la paranoïa pour mieux casser les liens qui font la force des peuples.

Notez que la même méthode a été utilisée pour nous accuser, tour à tour, de menacer l’unité de l’Algérie, celle du « pôle démocratique » enfin celle de la Kabylie.

À l’unité de la Kabylie nous tenons autant qu’à l’unité de chaque région d’Algérie et de l’Algérie elle-même. Un coup d’œil sur notre histoire, et un regard sur le monde, nous montrera aisément combien l’unité de chacune des parties est tributaire de l’unité du tout, qui les constitue autant qu’elles le constituent.

Quant au « pôle démocratique » il sera peut-être à l’ordre du jour (et peut-être pas), quand la politique reprendra ses droits sur le bricolage inconscient, les mensonges, les manipulations et les enfermements de tous ordres. Car ce sont précisément ces mensonges, ces manipulations, ces enfermements qui menacent la notion d’unité elle-même, à force de l’avoir instrumentalisée contre la diversité et le pluralisme réellement existants au profit d’autres fabriqués de toutes pièces.

Il est bien peu probable que les prochaines élections soient des élections ouvertes. En fait, et sans précautions inutiles, les prochaines élections n’ont aucune chance d’être des élections ouvertes. Nous ne pourrons donc pas assurer que nous allons sanctuariser le pays, veiller à la sécurité nationale et initier le changement démocratique en y participant. Nulle équipe, nulle institution n’est en mesure aujourd’hui d’assurer à l’Algérie une « immunité électorale » contre tous les périls qui la guettent.

Mais, par ailleurs, aucun boycott ne peut assurer qu’il constitue une alternative efficace à la participation. Ce dilemme n’est pas sans rappeler notre fameux « Ni république intégriste, ni Etat policier » dont tant se sont moqués… avant d’en constater la pertinence.

Je ne vous en dirais pas plus aujourd’hui sinon que j’attends des débats que vous avez eus lors de ces derniers mois qu’ils éclairent notre démarche autant que notre décision finale. Le troisième élément de l’émotion qui m’étreint en ce moment est, d’une certaine manière, le liant entre notre expérience du passé proche et moins proche, et les enseignements que nous en tirons pour nous projeter dans l’avenir, dans l’histoire et dans le monde.

Vous l’avez compris, je veux parler de la profonde tristesse qui m’a saisi à l’annonce de la disparition de Si Abdel hamid Mehri. Que dire qui soit à la mesure de l’homme ? J’ai perdu des camarades, des amis et des frères sur mon chemin de vie. Beaucoup sont à mes yeux irremplaçables. Mais de Si Abdel Hamid, je peux juste dire, aujourd’hui, que tout militant politique, démocrate et patriote sincère, devrait avoir la chance de rencontrer un militant de sa stature, de sa droiture, de son intelligence et de s’en faire un ami dans la lutte.

C’est pourquoi cette Convention nationale a été dédiée à Monsieur Abdel Hamid Mehri. En hommage à sa haute conception de l’engagement politique.

Hocine
Publié par La Nation.info

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DES ÉLECTIONS POUR QUOI FAIRE ?

Arezki Derguini
le 14 Février 2012

“La Nation”

Cet article n’est pas un simple argumentaire conjoncturel relatif aux élections à venir, mais soulève un problème de fond essentiel aux luttes et évolutions en cours depuis l’indépendance, celui de l’émergence d’une société et d’un champ politique algériens aptes à un fonctionnement démocraique adapté aux conditions historiques de l’Algérie.

Le quotidien “El Watan”, rendant compte d’un séminaire sur le thème « La recherche de la vérité et la lutte contre l’impunité : au cœur des luttes pour la démocratie en Afrique du Nord et au Proche-Orient », organisé à Alger par une coalition d’associations des victimes du conflit des années 1990, retient des propos du professeur Abdelmadjid Bencheikh les propos suivants : « Il y a deux institutions qui sont au cœur de l’organisation des élections : l’administration et la justice. En Algérie, ces deux organismes puissants sont entre les mains du pouvoir ». Le journal commente : il existe aujourd’hui différents moyens de manipulation des résultats des élections qui rendent plus difficile toute opération de contrôle. Le journal reprend un second argument allant dans le même sens exprimé par un défenseur des droits de l’homme Kader Affak : « la fraude a déjà commencé avec le 1,5 million d’électeurs supplémentaires ». Le quotidien “La Tribune”, dans un article plus équilibré, rapporte des points de vue de différentes tonalités, je relève celui de la militante tunisienne Sihem Bensedrine d’une tonalité différente, selon lequel il est important que la classe politique et la société civile parviennent à constituer un « observatoire civil » à même d’assurer la surveillance du scrutin et de pouvoir se positionner en tant qu’observateur civil de la validité des élections et ce, même si « nous savons que le cadre juridique existant n’autorise pas des élections légales » . Ce qui signifie, pour moi, un début de contrôle, sur une partie, du processus électoral. A tout vouloir d’une traite, on s’expose à ne rien obtenir. C’est dans le même sens que la militante tunisienne que je voudrai aller dans ce texte.

Comme toute entité vivante, le pouvoir exécutif cherche à se conserver et accroître ses forces. Le problème est ailleurs, il est dans ce qu’il implique pour les autres corps, dont celui judiciaire par exemple ou médiatique, qu’il vampirise. Il est dans le fait que le pouvoir exécutif est tout le pouvoir ; il réside dans l’inexistence d’autres entités en mesure d’équilibrer l’instance exécutive de l’appareil d’Etat, tel que conçu par Tocqueville pour permettre l’exercice du pouvoir du peuple, la démocratie. Il faut aller plus loin et dire que le problème réside dans le fait que la société a donné tout le pouvoir au pouvoir exécutif  [2] parce qu’elle attend tout de lui. Cela se manifeste par l’absence de contrepouvoirs, ici les appareils judiciaire et médiatique, en mesure de l’empêcher de se soumettre le processus électoral et ses résultats. À partir de là on peu se demander comment ces contrepouvoirs pourraient-ils voir le jour ? Ne cesse-t-on pas de répéter par ailleurs que le régime ne peut pas se transformer de lui-même, ce que nous traduisons par la litote : n’étant pas un corps biologique se multipliant par la processus de la méiose, il ne peut se diviser de lui-même en législatif, judiciaire, médiatique etc..
Alors la question persiste, comment peuvent émerger des contrepouvoirs au pouvoir central, à son exécutif, de sorte que les arbitrages sur les questions qui concernent le sort de la société, relève de sa compétence et non du privilège d’un groupe mû par sa propre nature, sa propre dynamique, ses propres intérêts ? D’où pourrait provenir une indépendance de l’appareil judiciaire ? Du corps des magistrats ? Comme au Pakistan, Etat islamique, par exemple ? Ou bien et surtout des parties en conflit, de la demande sociale ? Si un esprit de justice et de prédation pouvait se lever, la société ne pourrait-elle pas contrôler le pouvoir en le divisant ? En confiant aux uns ceci et aux autres cela et en tranchant leurs différends soi-même ?
Pour répondre à ce genre de question on ne peut manquer de faire appel à l’histoire, à la genèse des institutions. Rappelons qu’au cours de la guerre de libération on avait interdit le recours aux tribunaux français. En fait cette mesure visait moins l’ensemble de la société qu’une partie minime d’entre elle, mais elle était éminemment significative. Rappelons aussi qu’avant cela, avant que la justice ne puisse se servir d’un bras armé, avant que n’émerge une armée, la justice comme institution était une instance de médiation entre des parties en conflit qui ne disposait pas de force coercitive. Les mécanismes de la justice recouraient soit à la loi du Talion, soit à une instance religieuse de médiation sans force de coercition.
Avec l’indépendance, la force militaire va s’adjoindre les tribunaux français pour gouverner la société, jugée alors incapable de se gouverner [3]. Signalons à titre comparatif que dans les Etats d’Amérique qui se construiront sur la base d’assemblées citoyennes et non sur la base d’un Etat d’origine monarchique, les citoyens éliront leurs magistrats. Le pouvoir de la justice, comme celui de la police, sera donné directement et de manière indépendante par les citoyens. Il n’y a pas de modèle universel de démocratie , c’est cela le défi posé aux sociétés non occidentales : elles doivent inventer leur modèle de répartition du pouvoir, et s’il peut être d’emprunt, la société doit l’investir, c’est-à-dire se l’incorporer et en faire sa colonne vertébrale, de sorte qu’il ne dépossède pas les citoyens de leur libre arbitre et qu’il permette l’accroissement du pouvoir de manière pacifique.

Alors, comment des contrepouvoirs au pouvoir exécutif peuvent-ils émerger de sorte qu’il n’absorbe pas tout le pouvoir et rende la souveraineté à la société ? Par une érection de la société et des individus tout simplement qui décident de ne plus s’en remettre à l’exécutif pour gérer toutes ses affaires, trancher tous ses différends, mais seulement certains d’entre eux. L’idéal serait que la société se lève toute d’un coup, mais l’on sait que c’est chose suffisamment improbable pour ne pas s’en remettre à l’attente d’un tel avènement. Cette érection de l’ensemble de la société advenue ne peut être que le terme d’un processus de transformation. La question devient comment aider la société à parvenir à cet état ? La réponse que nous pouvons apporter me semble être la suivante : la société doit se réapproprier la gestion de ses affaires, diviser ses pouvoirs, chaque fois que cela est possible et nécessaire à son autonomie. Et aujourd’hui, je peux dire qu’il pourrait s’agir du processus électoral. Pourquoi laisser à l’exécutif la gestion d’un tel processus ? Cela est-il hors de portée des embryons d’assemblées citoyennes ? Ce processus ne manifestera-t-il pas l’intention de la société à vouloir se prendre en charge, à s’ériger en sujet souverain ? Les citoyens ne peuvent ils pas établir le nombre de votants dans chaque bureau ? Ne peuvent-ils pas déterminer les suffrages exprimés ? Je crois que le contrôle du processus électoral est tout à fait à la portée de la jeunesse qui aspire à son autonomie. Ces élections, il n’y a pas de doute me semble-t-il, vont ou bien exprimer une nouvelle victoire du pouvoir exécutif (sa toute puissance et l’impuissance de la société), ou une victoire de la jeunesse qui aspire à ne pas se laisser déposséder de son avenir.

Le véritable problème nous renvoie donc à l’état de la société. Est-elle disposée à se réapproprier les processus de décision, le contrôle du processus électoral ? Pour le corps des magistrats et les médias, il est très probable que le désir de changement reste faible tant leur dépendance à l’égard du pouvoir exécutif est grande. C’est de lui qu’ils attendent rémunération et non de la société, même s’ils peuvent constater qu’un tel pouvoir ruine le pays, ils peuvent être tentés de ne pas lever la tête. On ne peut oublier cependant la nouvelle autonomie des citoyens par rapport aux médias aujourd’hui. Pour la classe politique et la base militante des partis, là aussi l’attente peut être plus grande à destination du pouvoir exécutif que d’une société qui rechigne à accorder une valeur autre que personnelle à ses services publics. Par contre pour la jeunesse, je suis convaincu qu’il y a là un défi qu’elle voudrait bien pouvoir relever. Cette jeunesse à qui l’on a inculqué l’impuissance tout au long de son parcours scolaire, à qui l’on a désappris ce que nous savions faire, à qui l’on n’a pas appris ce que d’autres que nous savent faire, que nous avons abandonné à son ignorance de crainte de la tourner contre nous, tout travaille encore à son découragement.

Sources : ... La Nation ...

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[2Cette affirmation peut étonner bien des personnes. Pourtant, dans tout ce que l’on peut lire, il est rare que la société soit présente comme acteur. L’Etat c’est tout, parce qu’il l’est déjà dans la tête de tous et que le pouvoir exécutif s’efforce en sorte que cette croyance perdure. C’est toujours l’Etat qui fait tout, est responsable de tout, coupable et victime à la fois. Aussi pour se convaincre du fait que c’est la société qui confie à l’exécutif tous les pouvoirs, il suffit de s’approcher des préoccupations de la majorité, pour entendre alors des propos comme "nous n’avons que faire de la démocratie, nous avons besoin de dirigeants honnêtes". "Pourquoi des élections". Et quand un Belhadj dit que la démocratie c’est de la mécréance, on se précipite pour le lapider, mais pas pour se demander comment cela se fait ? N’y-a-t-il pas quelque chose en nous qui le fasse penser de la sorte ? Ne peut-on le convaincre du contraire ? On préfère le renvoyer aux calendes grecques.

[3Il faut se rappeler la croyance occidentale concernant les peuples non-européens, très largement intériorisée par la société dirigeante des sociétés nouvellement indépendantes, qu’exprime l’affirmation définitive d’un John Stuart Mill selon laquelle « il ne peut y avoir de suffrage universel sans éducation universelle adulte ». On retrouve cette croyance jusque chez des intellectuels critiques sous la forme d’idées d’apparence moderne. Jusqu’à aujourd’hui, la majorité des analystes rapporte les révolutions arabes, les transformations de ces sociétés, à une jeunesse désormais éduquée. On ne sait plus si c’est le prétexte qui ne peut plus jouer ou la persistance de la croyance exprimée par le principe énoncé par Stuart Mill.

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