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HOMMAGE à LÉO FIGUÉRES

Sadek Hadjerès, le 12 août 2011

samedi 29 octobre 2011

à Catherine Margaté , Georges Cormier
et aux camarades de la section de Malakoff du PCF

Chers camarades,

Pourquoi LÉO (FIGUERES) est si cher aux communistes algériens ?

Loin de Malakoff, j’apprends seulement aujourd’hui le décès de Léo Figuères. On ne verra plus, sa silhouette familière comme il y à peine deux mois, arpenter malgré l’âge les rues de sa ville, répandant autour de lui avec son accent rocailleux une bonhomie chaleureuse tellement précieuse en ces temps de crise.

Lui absent, il laisse en nous l’image généreuse de l’homme infatigablement au service de la société, de la révolution sociale et de la solidarité internationaliste. J’ai toujours apprécié comment il unissait en sa vie, en ses actions et en sa personnalité, deux traits essentiels : la fermeté de principe et la souplesse dans mise en œuvre de ses idées sur le terrain, prêchant en actes le lien étroit avec la base sociale, l’initiative audacieuse et l’esprit de mobilisation unitaire.

J’ai eu la chance de vérifier chez lui ces qualités, en trois époques de l’Histoire algérienne : sous le joug colonialiste, sous le règne du parti unique après l’indépendance et lors de la tragique dérive de l’Algérie au cours des années 90.

Sous l’ère coloniale, son nom est resté inséparable et emblématique de l’engagement sans réserve de la jeunesse communiste de France en faveur du combat du peuple vietnamien pour son indépendance. Dien-Bien Phu vint couronner la pertinence de cette solidarité anticolonialiste et des sacrifices consentis en sa faveur par lui, par Henri Martin, Madeleine Riffaud et tant d’autres dont les noms sont attachés à cette mémorable résistance. Ils ont par avance préparé le chemin à la difficile et courageuse solidarité des travailleurs et du peuple français sous des formes multiples avec notre propre combat pour l’indépendance nationale.

Après l’indépendance algérienne, assombrie par la dictature exercée au nom du parti unique du FLN contre les travailleurs et les militants progressistes et communistes, Léo Figuères a été dans la direction du PCF parmi ceux qui ont exprimé avec le plus de netteté leur solidarité active avec les espoirs et les aspirations démocratiques et sociales bafouées de notre peuple.
Je le constatai en 1971 lorsqu’en mission d’information à l’étranger auprès des partis frères, je rencontrai clandestinement une délégation de la direction du PCF dont il faisait partie. Je garde un souvenir chaleureux de cette rencontre. Elle consolida notre volonté de lutte contre l’arbitraire antisocial et antidémocratique du système du « parti unique » lorsque j’en fis à mon retour le compte rendu à mes camarades. Malheureusement deux années plus tard, la majorité de la direction du PCF changea inexplicablement de cap en cautionnant pour les quinze années suivantes le système antidémocratique algérien jusqu’aux émeutes d’Octobre 1988. Durant cette longue période, je sais que Léo Figuères et de nombreux autres camarades responsables ainsi que les municipalités qu’ils dirigeaient, ne se sont pas départi de leurs convictions internationalistes. Ils n’ont pas cédé aux arguments fallacieux opportunistes qui prétendaient justifier des positions contre-nature.

Lors des dures et sanglantes années algériennes de la décennie 1990, Léo Figuères et ses camarades ont confirmé leur solidarité internationaliste envers les camarades et citoyens algériens exilés en France pour se protéger de la double persécution de l’intégrisme islamiste et du pouvoir antidémocratique. Tandis que certains communistes français, une fois de plus en retard de phase sur les complexes évolutions algériennes, se dérobaient au début à prêter assistance aux démocrates et communistes algériens, ces derniers ont rapidement trouvé solidarité concrète et compréhension politique naturelles auprès des instances animées par Léo Figuères et ses camarades, dont nombre d’entre eux étaient des vétérans de la solidarité anticolonialiste durant la guerre d’Algérie.

Pour moi et mes camarades, honorer la mémoire de Léo Figuères, c’est honorer ce qu’il y a de meilleur dans les traditions de lutte commune entre les peuples et travailleurs algériens et français. C’est mieux faire face aux difficiles épreuves qui nous attendent pour faire progresser ensemble la cause de l’humanité laborieuse et progressiste, avec l’optimisme réaliste et vigilant qui étaient chevillés au cœur de notre cher Léo.

Sadek Hadjerès,
Ancien membre du secrétariat du PCA
Premier secrétaire du PAGS (1966-1990)
12 Août 2011

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