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L’ÉCRITURE DE L’HISTOIRE - SORTIE INDÉCENTE DE YACEF SAADI CONTRE LOUIZA IGHILARIZ

lundi 16 mai 2011

“LA SORTIE INDÉCENTE DE YACEF SAADI CONTRE LOUIZA IGHILARIZ” quelques uns de ses dessous historiques et psycho-sociaux inavoués par Sadek Hadjerès, le 9 mai 2011.

LES COMBATS DES MOUDJAHIDATE POUR LA JUSTICE ET LA LIBERTÉ extraits des correspondances parvenues à socialgerie.

EN HOMMAGE À LOUISETTE IGHILARIZ : CHANSON DE REDA DOUMAZ.

IGHILAHRIZ RÉPOND À YACEF SAADI - ALGER - LE 6 MAI 2011 : ELLE LE SOMME DE REVENIR SUR SES “ ALLÉGATIONS” Algerie News, le 6 mai 2011..

LOUISETTE IGHILAHRIZ - ALGÉRIENNE récit recueilli par Anne Nivat, Casbah éditions, Algérie 2006.

" S E R K A D J I , quartier des femmes" AL HOURIYA (LIBERTÉ), ALGER - 1961.


LA SORTIE INDÉCENTE DE YACEF SAADI CONTRE LOUIZA IGHILARIZ

quelques uns de ses dessous historiques et psycho-sociaux inavoués

Je suis évidemment comme vous tous, écœuré et indigné par la grossière brutalité avec laquelle un ancien responsable du FLN de guerre, par surcroît élevé aujourd’hui par le système au rang de notabilité officielle, s’est permis de traiter le passé chargé de souffrance et de courage politique de l’authentique résitante que fut Louiza Ighilariz.
C’est dire à quel point je suis ému et réconforté par les hommages chaleureux adressés par Fateh, Reda Doumaz et tant d’autres à une militante qui symbolise un des aspects d’une âme révolutionnaire et humaniste algérienne inflexible.

En un mot, l’attaque malveillante contre un militantisme qui n’échange pas ses convictions contre des honneurs factices, n’est-elle pas l’hommage que le vice rend à la vertu ?
D’un côté une catégorie sociale limitée dont le combat patriotique s’est figé après le 5 juillet 62 et s’est transformé en une façon d’accéder avidement à une retraite confortable et un ascenseur social encore régi par des logiques héritées de l’ère coloniale (bicots remplacés par el ghachi).
D’un autre côté la grande majorité de ceux et celles qui, fidèles à l’esprit des proclamations du premier "djihad" de novembre 54, ont poursuivi à leurs risques et périls le grand Djihad démocratique et social de l’édification et de la Nation, celui des Droits de l’Homme et de la Femme de notre pays et du monde entier à une citoyenneté pleine et entière.

Oui, comme l’a fait remarquer un intervenant, il est vrai que le pavé dans la mare de Yacef Saadi est une diversion qui, dans son esprit, grandirait encore sa notoriété et ferait oublier ou embrumerait des problèmes essentiels dans lesquels le système auquel il est affidé a plongé malheureusement le pays.

Cela dit, faut-il laisser en l’état les remous provoqués par cette diversion, ou au contraire en démonter les ressorts ?
Il y a en tout cas deux domaines où les clarifications peuvent mettre en échec la diversion et mettre en avant les vrais problèmes :

LE PREMIER DOMAINE


dépasse largement la prétention de certains à monopoliser la participation des militants et militantes à la lutte armée, en limitant et privilégiant leur reconnaissance à ceux et celles qui ont fait partie directement de son organigramme ou des inconditionnels "sous ses ordres".

Cette tendance a été amplifiée s’agissant des participations féminines, à cause des mentalités psycho-sociales machistes prédominantes qui tendait à reconnaitre à contre cœur le statut de femme combattante à une faible minorité, pour des raisons surtout utilitaires ; quand la qualité de femme facilitait notamment dans les villes des tâches telles que agent de liaison, transports d’armes, poses d’explosifs etc.
La sous estimation du rôle et de l’initiative politiques de la population féminine, a été plus flagrante et d’une plus grande envergure que dans les secteurs masculins.

Le rôle de la population féminine, se battant les mains nues face à l’arbitraire, aux atrocités et aux pièges de l’ennemi, a été déterminant.
Sans ce rôle, cette persévérance et ces initiatives d’une moitié décisive de notre peuple, on peut dire avec certitude que l’insurrection algérienne aurait été littéralement écrasée.
Pourtant , dans la plupart des cas, ce rôle a été davantage imposé par les circonstances de guerre que par une volonté politique consciemment alimentée , encouragée et organisée.

Ce qui explique après l’indépendance le constat massif de la tendance à "renvoyer la femme à son foyer " et trouver non naturel qu’elle assume des tâches de caractère davantage public et politique.

Et chez des responsables, s’est accentué le réflexe à dire aux moudjahidate encore plus qu’aux hommes : de quoi vous mêlez vous ? Nous sommes NOUS LE NIDHAM ET NOUS LES SEULS RESPONSABLES ; façon frauduleuse d’enterrer une légitimité révolutionnaire autoproclamée sous une tradition patriarcale inavouée mais fortement traduite en mœurs de hogra anti-féminine post coloniale.

Le DEUXIEME DOMAINE est proprement d’ordre historique

À cause du verrouillage instauré par les autorités sur une connaissance plus fiable des faits historiques de la guerre de libération, de nombreux Algériens s’interrogent sur des épisodes auxquels ils ont participé mais sur lesquels subsistent de sérieuses zones d’ombre.
Dans ces conditions, la diatribe lancée contre Louiza Ighilariz, peut inciter des secteurs de l’opinion algérienne à estimer que cette diatribe serait une façon de détourner l’attention de multiples interrogations qui n’ont pas encore reçu de réponses au sujet d’évènements dans lesquels Yacef Saaadi a été parmi les acteurs principaux.

Pourrait-il répondre à ces attentes devant des cercles composés d’historiens sérieux ainsi que des acteurs et témoins honnêtes et non inféodés à des groupes de pression, officiels ou non ?

À titre d’exemple mieux connus de moi, certaines de ces interrogations concernent son attitude envers les militants provenant des "Combattants de la Libération" après les accords PCA-FLN du printemps 1956.

Nombre de témoignages indiquent la chaleur et la loyauté avec laquelle des responsables de la Zone autonome d’alger ont appliqué les dispositions de ces accords et organisé la répartition du stock d’armes apporté par les communistes ainsi que la continuité des plans d’action déjà élaborés par les groupes intégrés.
Mais quelques mois plus tard, qui a fait courir les rumeurs (parvenues jusque dans la presse colonialiste) selon lesquelles les combattants communistes se débarrassaient de leurs armes dans la rue ? Ces rumeurs avaient pour but de discréditer ces combattants et justifier les exclusives décidées à les écarter sous prétexte qu’ils fuyaient le combat.

Plus tard, qui a fait courir le bruit que Iveton avait été découvert par une fuite provenant d’un camarade communiste ?
Quelle suite a été donnée à la protestation de Jacqueline Guerroudj, qui a démontré de façon irréfutable la fausseté de cette rumeur et qui a demandé à Yacef Saadi qu’il mentionne cette mise au point dans une publication ou dans une édition suivante à celle où il relate la "bataille d’Alger" ?

En juin 1957 (et selon ce qu’il a confié à Benjamin Stora à l’occasion d’un entretien télévisé) Yacef Saadi a assumé la décision de provoquer l’explosion du Casino de la Corniche contre des civils européens innocents, un attentat qui a été une lourde faute politique favorable aux ultracolonialistes.
Sur quelles base Yacef Saadi a-t-il estimé que c’était des représailles justifiées contre les massacres de Melouza qu’il attribua dit-il à l’armée française, alors que le colonel Mohamedi Said, chef de la wilaya III, se vantait au même Stora d’avoir donné lui même l’ordre du massacre de Melouza ?

Quelle crédibilité accorder aussi aux rumeurs de 1958 (après l’accession de de Gaulle au pouvoir), selon lesquelles après l’emprisonnement de Yacef Saadi à Serkadji, ce dernier était reçu froidement ou même mis en quarantaine par ses codétenus qui le soupçonnaient de rechercher une entente avec le régime gaulliste à peine instauré.
Ces rumeurs ont été tellement fortes qu’à la direction clandestine du PCA nous avions jugé nécessaire de publier rapidement un numéro spécial d’El Hourrya (Liberté) qui, sans mentionner nommément ces rumeurs, reprit comme titre la formule célèbre de Ben badis : "L’Algérie n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais la France" !
Quelques temps plus tard débutèrent les terribles opérations du plan Challe

Une remarque globale sur l’ensemble des interrogations que vient de soulever la déclaration intempestive de Yacef Saadi en direction de Louisette Ighilariz.
Quel effet dans le climat actuel où les procès d’intention occidentaux s’acharnent subrepticement sur l’Algérie, rappelant 1990 quand Londres insinuait lourdement que l’Algérie avançait rapidement dans les préparatifs de fabrication d’armement nucléaire.

La façon - unitaire et constructive ou non - dont ce genre de débat algéro-algérien interne continuera d’être abordé, montrera la disponibilité des acteurs concernés à avancer vers des vérités historiques salutaires à l’unité d’action et aux capacités algériennes d’engager des changements pacifiques et démocratiques profonds.


{ {{Pour la chair à canon, j’étais majeure, _ Pour l’évasion, j’étais majeure, _ Pour la torture j’étais majeure, _ Aujourd’hui j’ai 74 ans, je suis grand mère 4 fois… _ et je suis toujours mineure _ Essayez de faire quelque chose !}} }

C’est sur cet appel poignant de Louisa Ighil Ahriz, moudjahida , ancienne combattante de la guerre de libération nationale et invitée d’honneur, que s’est ouvert le colloque international « Genre ,résistance et négociation » qui s’est tenu à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou les 21 et 22 novembre dernier...
lire la suite, socialgerie, brève 136, en cliquant sur l’image.

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LES COMBATS DES MOUDJAHIDATE
POUR LA JUSTICE ET LA LIBERTÉ

extraits des correspondances parvenues à socialgerie

… Ces derniers jours j’ai parlé à plusieurs Moudjahidate qui se sont solidarisées avec Ouiza Ighilahriz....

* Ces femmes-courage sont souvent désemparées, seules, politiquement désorientées. Mais elles sont combatives, rebelles, révoltées et souvent bien remontées contre le régime (je parle de celles que je rencontre !).
A l’opposé, n’avez-vous pas saisi les derniers états d’âme de Zohra Drif qui est l’un des piliers de la « moudjahid-connection ? »

* Les révolutions arabes ne sont pas pour rien dans ce qui se passe chez les moudjahidine.
La confiscation de l’indépendance et de la liberté, les biens mal acquis et le détournement de l’histoire réalisé par des aigrefins se réclamant de « la famille révolutionnaire », sont en train de nous sauter à la figure.
Leur passé les rattrape.
Ils ont fait exploser la bourse du Square Port Saïd en transférant des fortunes colossales (l’Euro se négocie à plus de 150 DA !).
On ne parle pas des vrais moudjahidine qui ne se reconnaissent pas dans ces maffias qui ont sali la révolution, entendons-nous bien !

* Ces moudjahidate qui ont été souvent brimées et instrumentalisées ont relevé la tête contre le code de la famille, contre la répression et la terreur des années 80 et 90.
Elles ont soutenu les veuves et les orphelins dans les commissariats, les tribunaux, les prisons, souvent dans l’indifférence et l’anonymat général.
Plus que d’autres elles sont promptes à refuser l’usage malhonnête et immoral qui est fait de la qualité de moudjahid.
Elles souffrent du discrédit qui frappe les anciens et authentiques combattants et combattantes de la guerre de libération nationale.
Elles souhaitent que la vérité des faits historiques soit rétablie :

  • Que les faux moudjahidine soient démasqués et qu’ils rendent ce qu’ils ont volé
  • Que les vrais combattants soient réhabilités et honorés par des recherches historiques sérieuses et crédibles
  • Que la justice et la liberté dont elles (et ils) ont rêvé dans leur prime jeunesse, soit enfin vécues par leurs petits enfants.

* En ce sens, ce combat n’est pas le leur seulement. Contribuer à démasquer les auteurs du bradage de l’économie, de la dévaluation du dinar national comme celle de l’image du combattant de la libération, ce combat devrait être celui des jeunes et de tous ceux qui rêvent de parachever les rêves de leurs parents et grands-parents.

Le maintien des mythes et des impostures historiques pourrissent l’avenir bien pire que les tentatives de récupération de tels ou tels milieux mal intentionnés.

Comme en toute chose, seule la vérité est révolutionnaire.

B.O.

___________

...ce qui est choquant, c’est que les propos de Saadi soient mis sur
le même pied que ceux de Louisette, en tous cas par certains medias.

Y Saadi fait une grave erreur et il doit s’en excuser. Il n’a pas le droit
(aussi ancien moudjahid soit-il) de jeter le doute sur une personne comme
Louisette avec une telle légèreté, surtout après les propos de l’ancien chef
d’état major de l’armée française (j’ai oublié son nom) qui a eu des propos
équivalents, et qui a été débouté par la justice en France.

Je pense que cette façon de traiter l’histoire de la guerre de libération est
indigne. Dans d’autres pays, un grand respect est du aux anciens combattants et
militants, même lorsque ils sont parfois suspectés par d’autres sur certaines
périodes de leurs vies.

Je pense que c’est révélateur d’une certaine pensée "politique" encore en cours
chez nous, qui consiste à à croire que l’indépendance n’est due qu’aux
combattants armés de l’ALN, et que les anciens chefs militaires de l’ALN sont
dépositaires de la mémoire nationale.
L’indépendance est le "fruit" dessacrifices de tout un peuple, y compris ceux qui n’étaient pas armés (les civils comme on dit bêtement)

Personnellement, je ne serai pas contre l’initiative d’une pétition pour d’abord
réaffirmer certains principes fondamentaux sur la mémoire de la guerre
d’indépendance, et pour apporter un soutien public à Louisette. M.O

___________

... Justement, Yacef Saadi n’a pas la capacité de comprendre ce que c’est " la grandeur des hommes". On exige trop de lui.
L’histoire montre que ce n’est pas "un révolutionnaire authentique".
La polémique l’arrange. Il fait parler de lui au moment où les gens l’ont oublié.
Ighilariz se sent bléssée parce qu’elle lui accorde (dans son subconscient) trop d’importance.
Ce n’est pas à lui de lui délivrer un "certificat de patriotisme".

Ce qu’elle a fait pour le pays (comme beaucoup d’autres l’ont fait) parle pour elle.

Le problème posé est le choix, à l’époque, des responsables politiques.
Le profil de Yacef Saadi ne pouvait pas faire de lui le responsable politique de l’importante zone d’Alger, prenant, en mars 1957, la suite de Larbi Ben M’hidi.

Il faut noter que la direction du FLN a quitté le territoire national de ce même mois de mars à la suite de l’arrestation et de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi.

Il y a un travail à faire : une véritable biographie des chefs politico-militaires.

La diversion est dans le domaine de l’écriture de l’histoire .... M.R.

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EN HOMMAGE À LOUISETTE IGHILARIZ

CHANSON DE REDA DOUMAZ

PROPOSÉE PAR FATEH AGRANE

http://www.youtube.com/watch?v=Y-v2lJa2yEQ

pour acceder a la chanson taper sur le lien

Camarades et amis écoutez cette chanson de REDA DOUMAZ chantée a l’occasion du 8 mars 2006 a la salle ibn khaldoun, que nous dédions aujourd’hui à LOUISETTE et aux femmes combattantes de l’ALGERIE démocratique et sociale.

En signe de solidarité avec la femme combattante d’hier et d’aujourd’hui, Louisette IGHIL AHRIZ, toute ma solidarité et mon soutien en ses temps où, toute honte bue on s’attaque à tout ce qui représente la résistance à l’ordre colonial ,à la résistance et au combat déterminant de la femme algérienne.

Sans elle l’indépendance de notre pays n’aurait jamais eu lieu !…..
_Oui elle a su mettre le pantalon, à ceux qui ont pris les armes, elle a aussi pris les armes avec eux ! Et vaincu les tortionnaires, les colonialistes, ces produits de la bête immonde qu’est le capitalisme.

Hassiba, Malika, Raymonde ont payé de leurs vies, et les autres ces milliers de femmes anonymes tombées aux champs d’honneur.

ALORS ne touchez pas à leur semblable, ne touchez pas à nos résistantes, ne salissez pas la combattante, vous allez vous salir à jamais !

FATEH AGRANE

voir aussi sur le blog mobadara 24 fevrier ...

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IGHILAHRIZ RÉPOND À YACEF SAADI
ALGER - LE 6 MAI 2011 :

ELLE LE SOMME DE REVENIR SUR SES “ ALLÉGATIONS”

Elle dit ne réclamer “que respect et dignité”, surtout après la deuxième couche de Yacef Saâdi sur ses blessures. “Je lui demande d’aller jusqu’au bout de ses allégations, assumer sa position d’homme public responsable.”

Coup de gueule. Coup de colère d’Ighilahriz. C’est dans une atmosphère pathétique qu’est venue la moudjahida apporter un démenti formel “aux allégations et mensonges” de Yacef Saâdi au sujet de sa participation à la guerre de Libération. Elle ne comprend pas ces attaques de Yacef Saâdi contre sa personne et regrette qu’un demi-siècle après, ce monsieur, “à travers des propos diffamatoires, l’ignominie, les insultes insupportables, me dénie ma qualité de moudjahida”, a-t-elle déclaré, au bord des larmes, hier, en conférence de presse.

Elle refera le chemin de sa participation à la Révolution avec des dates-clés et précises, avec “une douleur” dans la voix, surtout lorsqu’elle évoque les séances de torture qu’elle a subies. “J’ai subi la question. C’était tellement dur que je réclamais la mort”, dit-elle, avant de rappeler un geste de l’un de ses tortionnaires, Graziani, qui lui a montré des photos de Yacef Saâdi assis, en train d’écrire, avec, à côté de lui, Zohra Drif. Après le parcours de son passé “tumultueux fait de souffrances et de privations”, elle se pose des questions sur les motivations de la sortie de Yacef Saâdi. Qu’est-ce qui l’a poussé à tenir de tels propos à plus de 50 ans ? Est-ce une réaction à la réalisation du documentaire Fida’iyate, qu’il considère comme un empiétement de son monopole de la narration (sur l’histoire) ? Et d’affirmer sous la forme interrogative “s’il n’y a pas eu de faille et de zones d’ombre dans le parcours de certaines personnes et des opacités entretenues et qui ont été pris de panique suite à mes procès contre les généraux français”. Dépitée, outrée, Ighilahriz dit ne réclamer que “respect et dignité”, surtout après la deuxième couche de Yacef Saâdi sur ses blessures. “Je lui demande d’aller jusqu’au bout de ses allégations, assumer sa position d’homme public responsable”, a-t-elle clamé, avant de le “sommer de revenir sur ses égarements ou de se dessaisir de son immunité”. “Je le défie de démissionner et de venir m’affronter”, dit-elle, précisant que s’il ne le fait pas, “il ne sera qu’un lâche”. “Sois un homme. Dargaz ! Sors et viens en face de moi !” a-t-elle lancé à son adresse.

Prenant la parole au vol, Fatma Ouzegane, présente dans la tribune, est revenue sur le contexte de l’intégration de Yacef Saâdi dans la Révolution en mettant en avant les hésitations des responsables de l’époque. C’est grâce à son beau-frère qu’il a été accepté. Elle précisera, par ailleurs, qu’il a été retourné par les Français et les Suisses. À son tour, M. Basta a apporté un témoignage en faveur d’Ighilahriz avec des nuances dans le propos. Il a évoqué son livre qui est sorti en 2009 où il est question de “tragiques vérités qui n’ont pas été dites sur la Révolution algérienne”. Responsable des groupes armés d’Alger, il a également révélé qu’après 1962, désigné à la tête des écoles de police, il a découvert sept valises de documents de la DST. Dans les documents, il a parlé en particulier du cas Yveton qui devait être arrêté vivant.

demandera enfin à Yacef Saâdi de présenter “des excuses publiques à Louisette”. Tout en maintenant qu’elle va l’ester en justice, avec la prochaine divulgation des documents en sa possession, Ighilahriz s’est remémoré les trois phrases utilisées par Yacef Saâdi, “n’a pas participé à la guerre. Menteuse. Joue la comédie (parlant de ses blessures)”, ces mêmes phrases dites par les généraux français.

En définitive, sans que Yacef Saâdi soit directement déclaré comme ayant travaillé pour l’armée française, les différents témoignages sont entourés de sérieux doutes sur lui. La réponse est dans un an, en 2012, avec la levée du secret sur les archives françaises de l’époque.

Source : Algérie News, le 6 mai 2011...

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LOUISETTE IGHILAHRIZ

ALGÉRIENNE

CASBAH Editions

Algérie - 2006


extraits du 4ème de couverture :

« Je souhaite que les Français sachent qu’en Algérie, entre 1954 et 1962, il ne s’est jamais agi d’une opération de "maintien de l’ordre" ni de pacification. j’écris pour rappeler qu’il y a eu une guerre atroce en Algérie. Il n’a pas été facile pour nous d’accéder à l’indépendance. Notre liberté a été acquise au prix de plus d’un million de morts, de sacrifices inouïs, d’une terrible entreprise de démolition psychologique de la personne humaine. Je le dis sans haine. le souvenir est dur à porter.

« Je souhaite que mon témoignage en provoque d’autres des deux côtés de la Méditerranée ; que les langues d’anciens appelés et d’officiers français qui ont vécu cette guerre et survécu se délient.

« Je souhaite que l’on retienne de mon histoire qu’il faut préserver l’être humain, d’où qu’il vienne. Ce n’est ni en torturant, ni en avilissant ou dégradant qu’on parvient à ses fiçns, quelles qu’elles soient.

« Avec ce livre j’ai accompli mon devoir de vérité. »

L.I.

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Recueilli à Alger par Anne Nivat (prix Albert-Londres pour Chienne de guerre, Fayard, 2000), ce récit autobiographique retrace la vie de Louisette IOghilahriz, militante et haute figure de l’indépendance de son pays. Il est emblématique de la douloureuse histoire frannco-algérienne à l’heure où, près d’un demi-siècle plus tard, d’aucuns font et diffusent des apologies de la torture.

« Cet ouvrage est un élément de l’œuvre qui doit s’accomplir pour que les consciences dénient toute prescription au devoir de mémoire. C’est le meilleur moyen de prémunir les hommes contre les dérives futures toujours possibles. c’est aussi le moyen de maintenir vivace la fierté que le jeune Algérien est en droit d’éprouver à l’égard de ses aînés. »

(Extrait de la préface à l’édition algérienne)

ISBN/ 9961 - 64 - 608 - 8


Grièvement blessée au maquis de Chebli dans un accrochage le 28 septembre 1957, Louisette Ighilahriz sera retenue par la 10ème division de parachutistes où elle sera torturée (capitaine Graziani - sous les ordres de Massu et Bigeard), pendant deux mois et demi ;
Elle sera ensuite emprisonnée à Barberousse entre le 20 décembre 1957 et mars 1958, puis à Maison Carrée et dans de nombreuses prisons françaises, avant qu’elle ne parvienne à s’évader...

« ... Dès mon arrivée [à Barberousse - ndrl], les prisonnières s’étaient mises à hurler pour prévenir mon père. Je me souviens des filles qui partageaient mon dortoir : sur la rangée d’en face il y avait Blanche Moine, Éliette Lou, Jacqueline Guerroudj, Fatima Bahichi, Fatima Slimani ; et de mon côté, Anne Greki, une poétesse décédée depuis lors, Anne Poreau, Maman, ma Grand-Mère et moi. Il y avait deux autres fellaghas dans un autre dortoir. certaines femmes françaises avaient été emprisonnées pour avoir épousé notre cause.... » (page 128 du livre "ALGÉRIENNE").


On peut aussi se référer au texte "SERKADJI , quartier des femmes", publié par "Al Houriya en 1961.
Ce texte (témoignage de Éliette Lou) a été mis en ligne par socialgerie en juillet 2009 - article 38 :

" S E R K A D J I , quartier des femmes"

AL HOURIYA (LIBERTÉ), ALGER - 1961.

« à toutes mes sœurs qui ont souffert ou souffrent encore en prison et dans les camps pour l’Indépendance de notre pays. »

Bénis soient les matins sans guillotine , quand la prière des hommes nous réveille.

La nuit, c’est l’angoisse affreuse, le jour c’est l’attente : espoir d’une visite d’avocat, d‘un parloir, d’une lettre…

pour lire la suite, cliquer ici ...

On peut avoir directement accès à Al-Houriya, pdf, téléchargeable, en cliquant ici ...

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