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SAVOIR VERS QUOI "CHANGER"

lundi 21 mars 2011

Ça bouge drôlement ces jours-ci, en Algérie, dans pas mal d’endroits.

Je ne parle pas des marcheurs qui animent la matinée du samedi, mais de ceux qui ne sont pas contents du changement qu’a subi le pays depuis 1988 et qui ne marchent pas.
On ne les trouve pas sur Facebook, ils ne parlent pas de « démocratie » et ignorent tout de ce qui agite les partis politiques et les associations qui les accompagnent.
Ils sont les étudiants qui n’aiment pas du tout les « réformes » qui ont affecté les performances de l’université, dont personne ne reconnaît le bien-fondé, sauf leurs concepteurs.
Ils sont les chômeurs qui ne comprennent pas pourquoi il n’y a pas d’investissements, donc de création d’emplois, alors que le pays a de l’argent.
Ils sont ceux que l’État a abandonnés, depuis qu’il a accepté que ce soit au marché de s’occuper du développement national.
Ils sont ceux que le marché a laissés-pour-compte pour ne s’occuper que de ceux qui savent tirer leur épingle du jeu.
Sans parler de changement, ils le proposent concrètement.

Certains ne doivent pas les aimer en disant d’eux qu’ils sont des « tubes digestifs », mais des « opérateurs » du marché ont bien saisi le message et commencé à réfléchir aux réponses économiques qu’il faut donner.
Le seul problème est que le paysage politique n’exprime pas clairement « qui est pour quoi ». On n’a droit qu’à des appels au « changement » sans que l’on nous précise ou que l’on sache vers où on déménage. Ce serait le minimum de voir vers où on veut nous emmener, car toutes les destinations ne sont pas verdoyantes pour tout le monde.

Car le « changement » est bizarrement scandé par les puissants de ce monde. On le constate, en Libye, où les acteurs du « changement » ont trouvé grâce auprès des pires ennemis des peuples et ont opéré une jonction militaire avec eux.
Ce n’est certainement pas pour les recettes du pétrole et du gaz de ce pays qui sont utilisées pour le bien-être du peuple dans son ensemble. Le peuple, lui, peut le savoir, mais personne ne lui a demandé son avis. Comme il a toujours suivi les promesses, il s’est divisé entre fidèles de Kaddafi et pro- insurgés, alliés de l’Otan et parrainés par Sarkozy.

Les deux pans sont à des lieux de distinguer le bout du chemin, tracé en dehors d’eux, sur lequel ils se sont engagés. Probablement celui de la destruction de l’État national symbole de résistance, au seul profit de la mondialisation libérale, sous les coups des F16 et des Rafale.

En Tunisie et en Egypte, les peuples perçoivent déjà le sens du « changement Facebooké », ils n’en veulent pas et le disent tous les jours. Alors que ceux qui ont eu le « changement » escompté sont revenus à leurs affaires et s’indignent que le peuple continue de ne pas voir que le « changement » est réalisé.

En Tunisie, Hillary Clinton a dû sentir le vent de la contestation à son encontre. Les manifestants contre sa visite avaient envie de lui dire en face, ce qu’elle va lire dans la presse : « Nous avons fait la révolution tous seuls, sans que personne ne nous aide. Les Américains ont pendant longtemps soutenu le dictateur (Ben Ali) et ils veulent maintenant récolter les fruits de notre révolution ». Un parler vrai sur ce qu’elle est venue faire.
Un jour enverra-t-elle, peut-être, ses bombardiers à la place de sa souriante frimousse.

Elle peut compter sur la « Ligue arabe », qui a tenu à réitérer « son soutien à une zone d’exclusion aérienne en Libye », comme si la décision de l’ONU en avait encore besoin.

Par Badis Guettaf


Voir en ligne : http://www.lejourdalgerie.com/Editi...

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