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6ème anniversaire de sa disparition

"SADEK AÏSSAT, L’IJTIHAD" : UN DE SES COMPAGNONS DE LUTTE SE SOUVIENT

Pourquoi vit-il en nous, en ces temps de tempête ?

lundi 10 janvier 2011

Fateh Agrane, que les visiteurs de Socialgérie ont eu l’occasion de connaître sur ce site, nous a adressé le message suivant
A l’occasion 6ème anniversaire du décès de SADEK AISSAT, Houria m’a demandé : pourquoi SADEK est mort !Voila ce que j’ai écrit :...

En fait, le texte de Fateh (ci-dessous) ne s’étend pas beaucoup sur le pourquoi de "Ijtihad" s’agissant de son camarade de lutte disparu. Il s’adresse en effet à une camarade qui sait de quoi il s’agit. Mais pour les nouvelles générations de jeunes, il faudra de plus amples témoignages _ que Socialgérie s’emploiera à recueillir _ pour expliquer en quoi et combien ce terme était bien justifié par les qualités d’écoute de la société et en particulier des couches populaires, de réflexion et d’innovation, d’initiative et d’ouverture unitaire dont Sadek faisait preuve. En un mot, tout le contraire des attitudes figées, arrogantes, dogmatiques, sectaires et improductives par lesquelles les sphères dirigeantes du pays et leurs partisans ou imitateurs sur la scène politique ont produit la stagnation et les malheurs du pays depuis l’indépendance.

Aujourd’hui, l’ensemble des commentateurs honnêtes des émeutes juvéniles en cours, soulignent à quel point notre jeunesse aurait eu besoin en ce moment même d’orientations à la fois combatives et constructives pour la conquête de leurs droits, de leurs libertés et d’un avenir meilleur. C’est là que Sadek Aïssat et ses camarades avaient accumulé une immense expérience à travers les deux décennies de lutte dans les quartiers et les campagnes, les activités syndicales, associatives et culturelles. Il sera utile de savoir comment ce capital précieux a été dilapidé et torpillé, à l’image de ce projet d’un mouvement de jeunes autonome "El-Ijtihad" qui avait été accueilli à la base avec enthousiasme mais que les naufrageurs des espoirs d’après Octobre 88 ont bloqué par des voies bureaucratiques. Le même sort subi par la caravane des jeunes chômeurs à travers l’Algérie, ou encore les actions des travailleurs des grands complexes industriels et de la paysannerie pauvre. Comble de l’odieux et du grotesque, ce qui s’est passé lors de l’assemblée d’aout 1990 et qui a écoeuré profondément Aïssat et de nombreux autres militants. Ce fut l’un des jalons malheureux qui ont amorcé la spirale de la dégradation sociale et nationale constatée aujourd’hui.

Repérer les causes et les mécanismes de cette déchéance socio-politique, retrouver le souffle et l’inspiration de ceux qui la combattaient au plan national et international, est l’un des moyens pour notre peuple et ses citoyens conscients de sortir de la spirale maléfique


EVOCATION, PAR FATEH AGRANE

SADEK,L’IJTIHAD

Chere Houria,

Quel plaisir de te lire ! Cela fait très longtemps qu’on ne
s’est pas revu et pour un premier contact sur le net, c’est de SADEK
que tu voudrais que je te parle….de sa mort !

De sa mort alors qu’il continue de nous réunir à nouveau un quart de
siècle après ! Comment parler de SADEK mort alors qu’il se repose sur
ta table de chevet en trilogie ? Alors qu’il est dans ton cœur sur un
refrain de MARCEL KHALIFA (fi djawaz essafar)…. et sur les corps
putréfiés des jeunes « harragas » de notre pays flottants sur les eaux
car,

« Du temps de SADEK, on cherchait
A cultiver le rêve, le beau
Aujourd’hui, il est
cadavre repêché
Par centaines des flots »

O ! fille rebelle de BAB EL OUED la fraternelle ! Te dire quoi sur le
départ de SADEK ? Ne sommes-nous pas tous partis, chacun a sa manière ?

N’avons-nous pas comme lui assisté impuissants a l’incendie criminel
qui a ravagé la maison ? Incendie commis par ceux qu’ont croyait des
nôtres !

Ne sommes nous pas restés sans capacité de repli, sans refuges et
sans repères lorsque nous avons confié notre sort a des guides sans
boussole, des guides virtuels ?

Ne sommes nous pas déjà partis quand nous n’avons pas pu organiser la résistance et protéger LOUNES, BADIR, LAGGOUNE, GUENZAT, MEGDOUD, MAHFOUD, ALLOULA, FAREDHAB, et des dizaines d’autres camarades et amis
froidement assassinés par nos ennemis de classe, qui pour la
circonstance se sont drapés d’un habit religieux pour tromper
leur monde ?

L’exil ravageur a tué aussi SADEK. Il n’avait jamais quitté L’ALGERIE
alors qu’il vivait en FRANCE depuis 1991…. il se consumait, écrivait,
buvait, vomissait et pissait son sang, jusqu’au séisme de son cœur un
certain 06 janvier 2005, voila six ans de cela.

Nous aussi HOURIA ? Nous étions exilés ! dans notre propre pays, auto
désignés pour recevoir les corps sans vie de OULD MITIDJI, TAHAR
ABADA, SADEK, TEDJ et bien d’autres. Je maudis ce tourbillon qui a
fait de nous des naufragés gestionnaires de cette sordide demeure
qu’est devenue le cimetière, et comme le criait ZINEB LAOUEDJ

« J’avale en braises
Toutes les oraisons funèbres
Et les larmes résistent »

SADEK en partant avait des projets plein la tête, un livre sur MHAMED
EL ANKA, un projet de pièce théâtrale, et une chronique qu’il devait
intituler « addaym allah ». Tu vois bien chère camarade, il a tenu
ses promesses, il nous a fait son théâtre, il a fait comme fait le
nageur et sa chronique est ouverte.

Que te dire de plus sur la mort de SADEK le vivant, en toi d’abord, et en nous ?
Sinon qu’il a vécu comme toi en phase avec sa passion et ses
principes, avec son engagement et sa droiture, son cœur a flanché, son
idéal non !

Le notre aussi ma chère HOURIA il n’a pas flanché, la preuve on parle
toujours de SADEK L’IJTIHAD**, il doit bien rigoler de nous quelque
part, drapé de son keffieh de Filastine, à côté de ses livres et de ses
projets inachevés !

C’est que « l’Indien » qu’il était cultivait les projets. Les nôtres
aussi doivent être cultivés pour que SADEK ne meure jamais !

Bien à toi camarade !

FATEH AGRANE
04 01 2011

NB /puisse l’hommage rendu a SADEK sur le net aider à de grandes retrouvailles

**SADEK L’IJTIHAD/ a travaillé a la librairie el ijtihad d’Alger, et
a animé pour le parti un projet de création d’une organisation de
jeunes « el ijtihad »pour lequel il a été pitoyablement combattu par
certains de ses camarades.

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