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HOMMAGE AU MILITANT ET GÉOGRAPHE ANDRE PRENANT, AMI DE L’ ALGÉRIE ET INTERNATIONALISTE CONSEQUENT

dimanche 28 novembre 2010

J’apprends avec tristesse la disparition de André PRENANT, ami viscéral de l’ Algérie qu’il connaissait comme géographe dans toutes ses contrées et comme militant qui partageait les combats de notre peuple dans ses moments les plus difficiles.

Son père Marcel PRENANT, savant et chercheur biologiste de grand renom, résistant antinazi, était venu à Alger avant 1954 pour une conférence remarquable sur les problèmes de la génétique. Il y avait exposé son point de vue avec rigueur scientifique tout en se démarquant aussi bien du malthusianisme de la génétique classique et mendélienne américaine que des outrances des théories "orthodoxes" de Lyssenko.

Les images que je garde de lui : à Alger avant 54 : il était toujours présent, ainsi que son épouse, dans les manifs anticolonialistes et pour la Paix réprimées par la police ;
Puis les premiers mois de la guerre de libération, il fut un des animateurs des protestations des enseignants français progressistes en Algérie, demandant une solution de paix aux aspirations légitimes algériennes de libération nationale.

Je retiens comme un de ses grands mérites, la contribution qu’il a apportée à l’ouvrage extrêmement documenté édité en 1960 par les Editions Sociales, sous le titre "L’Algérie passé et présent, le cadre et les étapes de la constitution de l’Algérie actuelle", co-rédigé avec Yves Lacoste et André Nouschi.

Le deuxième tome qui devait être consacré aux évolutions contemporaines du mouvement national n’est pas paru, apparemment bloqué par les visions bureaucratiques de la section ex- "coloniale" du PCF de l’époque, pourtant largement solidaire de notre lutte de libération.

Revenu en Algérie à l’indépendance, André consacra son savoir de géographe et ses efforts militants à l’amitié des peuples algérien et français et à l’édification nationale algérienne, dans ce que cette dernière avait de positif et créateur malgré les méfaits du système antidémocratique et répressif instauré dans ce pays.

Il se désolidarisa en particulier des laudateurs français du régime algérien et particulièrement des positions qui proclamaient la fable d’une Algérie édifiant le socialisme, des positions qui à partir de 1973 furent malheureusement partagées activement par la direction du PCF. Celle ci en particulier en arriva à entretenir des relations étroites avec la bureaucratie du parti unique officiel du FLN et les instances étatiques d’un régime plus qu’autoritaire, tandis que le PCF décidait de rompre
unilatéralement les relations jusque là solidaires avec le PAGS et les
communistes algériens, alors clandestins, emprisonnés, torturés et persécutés.

Dans les années 90, André Prenant continua en France à se solidariser avec les progressistes et démocrates algériens menacés et persécutés à la fois par le pouvoir algérien sous la bannière nationaliste et par les courants et organisations intégristes se réclamant de la bannière islamiste.

Dans cette même période, je me souviens aussi de André Prenant soucieux par ses contributions de mettre en relief les lumières et les ombres qui ont caractérisé les relations entre les mouvements communistes français et algériens.

Dans les mémoires algériennes, André Prenant restera comme l’un des meilleurs représentants d’un vrai esprit internationaliste de nos camarades français.

Sadek Hadjerès, le 27 novembre 2010


Un hommage lui sera rendu au funérarium de l’Hôpital Paul-Brousse,
12 avenue Paul Vaillant Couturier, 94800 VILLEJUIF,
(Métro Villejuif-Vaillant Couturier, ligne 7),
le mardi 30 novembre 2010 à 13 heures.
se référer à la brève 131


Hommages - Témoignages parvenus à socialgerie :


Un ami est mort.

J’aurai désormais un regret éternel, celui de n’avoir jamais pu faire venir André à Sétif pour nous parler, comme il l’a fait ailleurs, (à Paris notamment, mais pas seulement) de ce qu’il avait retenu des massacres du 8 mai 1945, nous dire dans quelles conditions il avait retrouvé ses camarades (sétifiens) de combat (de la Deuxième Guerre Mondiale), lorsqu’il y vint comme enseignant de Géographie et chercheur sur l’Est algérien.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé...

Lorsque je le vis la première fois, à Médéa, (j’étais parti de Sétif exprès pour le rencontrer), cet homme franc au visage angulaire et à la barbe fine, sans moustaches, disait : "Tandja (grand quartier populaire de Sétif, né spontanément durant la Révolution) est la banlieue de Lyon" (pour rétorquer à un autre ami qui prétendait définir la banlieue comme étant l’endroit où la ville puise sa main d’œuvre).

Les présentations étaient faites...

Le lendemain, Tewfik (Guerroudj), André et moi venions à Sétif passer deux jours chez moi, à (re)découvrir Sétif tel qu’il l’a toujours aimé (c’était en Novembre 1986).

La ville lui doit d’avoir, le premier, dépouillé les archives municipales et les journaux locaux pour écrire son Histoire et celle de la région alentour durant la période coloniale.

Ensuite, il revint souvent à Sétif, et je peux m’enorgueillir d’avoir si souvent partagé avec André tant de bonnes choses, d’interminables discussions autour de passions communes : L’Algérie, son sol, ses hommes, son Destin.

Il me restera aussi ce ridicule entêtement de ma part, voulant absolument avoir raison contre André sur un point de l’Histoire de l’Algérie, jusqu’à le faire pleurer ; je ne savais pas alors qu’il était tellement fragilisé par la maladie qui le rongeait déjà. J’ai encore honte, en évoquant ce douloureux moment, aujourd’hui plus que jamais, puisque je ne revis plus André depuis cet épisode.

Il me restera tout de même une joie, celle d’avoir dans un de mes écrits ("J’ai déserté mes sentiers de pierres, lettres et autres écrits", éditions Barzakh, Alger, septembre 2001), rendu simplement à André Prenant l’hommage qu’il me revenait naturellement de lui faire, au nom de tous ceux qui, à Sétif comme à travers tout le pays, ont eu à apprécier les grandes qualités de cœur de ce grand amoureux de l’Algérie.

Je viens de l’apprendre à l’instant, André Prenant nous a quitté Vendredi 26 Novembre 2010, à 84 ans.
Prière pour l’absent.

Fayçal Ouaret.


Je viens de prendre connaissance avec beaucoup de tristesse de la disparition d’André Prenant .
Je l’ai bien connu et c’est vrai qu’il fut des nôtres dès le départ. Ses contributions ne furent pas étrangères à la crédibilité acquise par notre collectif communiste Polex.

C’était un communiste au sens noble du terme, avec son esprit rebelle, la répartie naturelle, une grande curiosité , un sens inné de la contestation et de la critique, un résistant. Il était issu d’une prestigieuse famille d’intellectuels , en ce sens on peut dire qu’il était de la même trempe que son père , l’éminent scientifique et communiste Marcel Prenant !

Nous avons beaucoup travaillé sur l’Algérie et j’aimais l’entendre parler de ce pays avec lequel il était tellement lié à travers une affection sincère enrichie par bien des combats contre l’injustice autant que contre l’ignorance . André était un homme modeste , un militant d’une grande simplicité .

Même si je ne peux être parmi vous, je veux m’associer à l’hommage que vous lui rendrez !

Transmets à sa famille et ses amis, à tous nous camarades de Polex, aux communistes qui l’ont connu et estimé toute ma sincère et fidèle sympathie !

Jean-Pierre Page


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