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APPEL D’ALEXIS TSIPRAS POUR UNE AUTRE POLITIQUE MIGRATOIRE EUROPÉENNE

mercredi 22 avril 2015

Via syriza-fr.org
traduction Athina VLACHAKI
le 21 avril 2015

Photo : Menelaos Myrillas / AFP

« L’Europe ne peut pas invoquer la valeur suprême de la vie humaine, si elle ne se mobilise pas pour arrêter cette tragédie humaine permanente », a déclaré le Premier ministre grec Alexis Tsipras concernant le nouveau naufrage en Méditerranée.

La nouvelle tragédie humanitaire avec des centaines des morts au large des côtes de l’île italienne de Lampedusa, nous remplit de tristesse et d’inquiétude. On ne peut pas rester impassible lorsque des centaines d’âmes sont perdues dans la Méditerranée, en essayant d’échapper à la guerre et à la pauvreté.

L’Europe ne peut pas invoquer la valeur suprême de la vie humaine, si elle ne se mobilise pas pour arrêter cette tragédie humaine permanente.

Pour que la Méditerranée cesse d’être une mer-cimetière et les pays européens du sud de la Méditerranée cessent d’être des entrepôts des âmes humaines. La Méditerranée était et doit redevenir un berceau de civilisation, de communication, de commerce et d’humanité.

J’adresse un appel urgent aux gouvernements des Etats-membres de l’UE pour la formation immédiate d’un plan cohérent destiné à faire face à la crise humanitaire à laquelle nous sommes confrontés.

Un plan à trois niveaux :

a) La revalorisation des structures de gestion de l’immigration et de recherche et de sauvetage en Méditerranée.


b) Le soutien aux pays méditerranéens européens qui reçoivent une vague de migrants et de réfugiés bien supérieure à leurs capacités, avec une juste répartition des charges au niveau de l’aide économique et de l’accueil.


c) L’engagement d’initiatives diplomatiques pour le règlement pacifique des conflits en Syrie, en Irak et en Libye, ainsi que la lutte efficace contre le djihadisme.

J’ai eu un contact téléphonique avec le Premier ministre de l’Italie, M. Rentzi, pour lui exprimer mes condoléances pour les victimes de cet incident tragique et mon soutien à sa proposition pour la convocation immédiate d’un Conseil européen extraordinaire consacré à la question de gestion de l’immigration en Méditerranée.

En même temps, je suis revenu sur ma proposition de convoquer une Conférence des dirigeants des pays méditerranéens de l’UE, afin que les pays les plus touchés par ce phénomène puissent se coordonner au mieux au niveau européen.

Il n’y aura plus de temps à perdre. Chaque minute de retard coûte des vies humaines.


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Il n’est plus le temps des palabres sans lendemain, des sommets européens pour faire semblant ! Il faut maintenant des actes ! Et des actes forts pour que cesse le drame humain qui se déroule sous nos yeux, transformant la mer Méditerranée en vaste cimetière.

En quelques jours, l’équivalent des passagers de huit grands avions a été avalé par la mer. Des hommes, des femmes, des enfants affamés, persécutés, surexploités, fuyant les guerres, cherchant une vie meilleure, la perdent au bout d’un voyage organisé par des trafiquants avides d’argent.

Notre humanité serait-elle devenue si froide et anesthésiée, si insensible et égoïste, pour ne se borner qu’à le déplorer de temps à autre ? Et qu’attend-elle pour sécuriser d’urgence des parcours meurtriers pour couper l’herbe sous le pied des réseaux mafieux qui prospèrent sur la misère ? L’Europe serait riche pour ériger des barrières, payer des guerres et si chiche pour mettre en place un dispositif de surveillance et d’intervention maritime, conforme au droit de la mer, pour protéger la vie de celles et ceux qui fuient l’enfer ? L’Europe protectrice, solidaire et fraternelle devrait cesser de criminaliser les migrants, les accueillir sur l’ensemble de son territoire et ne pas laisser l’Italie seule supporter le poids des tragédies et avoir l’audace de proposer un plan de co-développement Euro-Méditerranée et Euro-Afrique. Dès lors que la situation ainsi créée est pour l’essentiel le résultat des guerres d’Irak ou de l’intervention en Lybie, des catastrophes climatiques ou de la guerre économique mondiale, il s’agit d’une question aux dimensions internationales. Elle appelle donc une action pour des solutions internationales.

Au-delà d’un sommet européen exceptionnel, la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU est indispensable pour décider d’initiatives de solidarité concrètes et d’actions nouvelles pour mettre fin aux guerres et à la misère qui rongent les pays d’origine, tout en soutenant les pays déjà fragiles qui fournissent l’essentiel de l’effort d’accueil. Le combat pour la paix et la fraternité humaine doit se doubler de nouveaux projets de coopération pour le développement humain durable.



Face à l’hécatombe meurtrière en Méditerranée, les ONG et les parlementaires de gauche défendent des solutions pour l’accueil des réfugiés. Tout le contraire des dirigeants européens, qui ne pensent qu’à renforcer le contrôle aux frontières.
L’hécatombe est devenue quotidienne. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a reçu hier des appels de détresse de deux embarcations transportant 450 personnes. Les gardes-côtes n’avaient « pas les moyens de les secourir », a expliqué l’OIM, car ils étaient encore mobilisés sur le naufrage de la veille. _ Le bilan macabre du naufrage d’un chalutier, ce week-end, est passé de 700 noyés à 950, selon le parquet de Catane, en Sicile. Le choc est tel que l’Union européenne (UE) convoquait, hier, en début d’après-midi, une réunion des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Par ailleurs, en mer Égée, trois migrants périssaient à leur tour lors du naufrage d’un voilier transportant 80 personnes. L’UE n’est pas face à une fatalité mais, selon plusieurs ONG et parlementaires européens de gauche, elle est confrontée aux résultats des politiques toujours plus répressives en matière d’immigration. Des solutions existent, pourtant, pour que l’Europe cesse enfin sa politique de non-assistance à personnes en danger.

Ces dix derniers jours, au moins 1 350 migrants sont morts noyés aux portes de la forteresse européenne. «  Nous n’avons plus d’alibi, déclarait la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, hier, avant la réunion extraordinaire, des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de l’Union. On a besoin de mesures immédiates de la part de l’Union européenne (UE) et des États membres. » Mais face à une telle tragédie, les ministres européens de l’Intérieur et des Affaires étrangères ont décidé, à l’issue d’une réunion d’urgence (lire encadré), de renforcer les moyens accordés à l’agence Frontex chargée du contrôle des frontières européennes depuis 2004. Ils refusent encore de prendre leurs responsabilités en pointant du doigt les seuls passeurs, qualifiés dimanche par François Hollande de «  terroristes  ». Des mesures concrètes et immédiates peuvent pourtant être prises avant même d’entamer une radicale modification des politiques migratoires.

1. Créer une coalition des pays prêts à agir pour les migrants

Au mois de novembre 2014, l’Italie esseulée abandonnait son opération de sauvetage, « Mare Nostrum ». Les États membres de l’UE lui substituaient alors « Triton », menée par Frontex, dont le mandat est principalement répressif. Son budget représente 3 millions d’euros mensuels, soit trois fois moins que ce que les Italiens accordent seuls aux missions de secours. « C’est impardonnable, s’insurgeait, hier matin l’eurodéputée du Parti de la gauche suédoise, Malin Bjork. Les États ne peuvent plus se cacher derrière les vingt-sept autres. Si tous ne sont pas prêts à mettre en place un nouveau “Mare Nostrum”, que ceux qui le sont passent à l’action. Les gens meurent. Il s’agit de sauver des vies. » Pour la parlementaire, membre de la Gauche unitaire européenne, la Grèce, l’Espagne et l’Italie ne peuvent pas accueillir seules le flux incessant de réfugiés fuyant les conflits armés. Et d’ajouter : «  Il y a des pays d’Europe, dans lesquels l’extrême droite est au gouvernement. On ne pas attendre que les vingt-huit États membres soient prêts à changer de politiques migratoires. Si un seul bateau coule encore, ce sera par manque de courage politique.  »

2. Appliquer la circulaire sur la protection temporaire

En cas d’afflux massif de personnes déplacées, une circulaire adoptée par l’UE, le 20 juillet 2001, lui permet de déclencher un mécanisme de protection immédiate et l’accès aux ressources financières du Fonds européen pour les réfugiés. « Avec l’aval du Conseil européen, l’UE peut tout de suite choisir d’appliquer cette directive, propose pour sa part Olivier Clochard, chercheur au CNRS spécialisé dans les migrations humaines et président du Réseau Migreurop. Grâce à elle, les États frontaliers peuvent mettre en place des dispositifs d’accueil provisoires tout en facilitant l’accès au statut de demandeurs d’asile et sans être contraints par le règlement de Dublin. » Pour le géographe, les États membres disposent déjà d’un arsenal de textes qu’ils n’appliquent pas parce qu’ils sont confrontés nationalement à la montée de l’extrême droite.

3. Suspendre le règlement Dublin 3

Le règlement Dublin 3 oblige les États à refuser l’asile à tout demandeur ayant été enregistré au préalable dans le premier pays européen par lequel il a transité. En plus de créer des situations personnelles indignes, lorsque le migrant se retrouve sans droit ni titre à l’intérieur d’un pays européen, cette législation a poussé des pays ayant des frontières extérieures terrestres à mettre en place des barrières infranchissables. Ainsi, la Bulgarie s’est dotée d’un mur équipé de matériel high-tech, financé dans le cadre du dispositif Eurosur. Ces barrières poussent les migrants à emprunter les voies maritimes, avec les conséquences actuelles.

4. instaurer de véritables plans de sauvetage et d’accueil

« Les moyens octroyés aux dispositifs comme Frontex, Eurosur ou Closeye sont donnés à des entreprises privées comme Thales, dénonce Olivier Clochard. Six millions d’euros ont été accordés par l’UE à EADS pour le contrôle des frontières roumaines. De plus, à Migreurop, nous chiffrons le coût de chaque reconduite à la frontière à 27 000 euros. Tout cet argent pourrait aller à de réelles politiques d’accueil. » Le président de Migreurop pointe les dénonciations incessantes par les droites du «  coût  » de l’asile. «  Mais si on facilitait le droit à l’accès au travail des réfugiés, cela permettrait de sortir d’une logique d’assistanat. » « C’est une question de priorité, reprend Malin Bjork. Pour l’instant, l’Europe choisit de militariser ses frontières, alors que tout cet argent pourrait être redirigé vers les sauvetages en mer. » Mais le patron de Frontex, Fabrice Legeri concédait, hier sur France Inter, que l’UE ne s’est jamais dotée de «  compétences pour le secours en mer »… Et Loris De Filippi, président de Médecins sans frontières, en Italie, d’ajouter : « Les politiques mises en œuvre par l’UE sont en train de faire de la mer Méditerranée une fosse commune. »

une explosion de réfugiés Entre 500 et 1 000 personnes sont récupérées chaque jour par les navires italiens. Selon le Haut Comité pour les réfugiés, 200 000 personnes ont tenté de traverser la Méditerranée pour fuir les guerres en 2014. C’est trois fois plus qu’en 2011.

1 600 C’est le nombre de migrants disparus en mer Méditerranée depuis le 1er janvier. 3 400 migrants sont morts en 2014, l’équivalent de deux Titanic .

Ils fuient la guerre « Il ne faut pas attendre de solutions rapides aux causes des migrations, parce qu’il n’y en a pas », a dit Donald Tusk, président du Conseil européen. Faux, rétorque Amnesty : « C’est la conséquence de la situation en Libye, qui sombre dans le chaos, et du conflit en Syrie. »

« per L’altra Europa » «  L’Europe doit sauver des vies, pas mettre en place des patrouilles aux frontières.  » Barbara Spinelli, eurodéputée italienne (GUE-NGL).


Voir en ligne : http://www.humanite.fr/appel-dalexi...

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