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TUNISIE : SILIANA A-T-ELLE OUVERT LA TROISIÉME PHASE DE LA RÉVOLUTION TUNISIENNE ?

vendredi 7 décembre 2012

Hocine Belalloufi
La Nation
le 5 Décembre 2012


Nombre d’observateurs et d’analystes s’obstinent à nous décrire la Tunisie sous les traits d’un pays en « situation postrévolutionnaire » où les luttes démocratiques et sociales mettraient en péril les « acquis de la révolution ».
Tout indique pourtant que le processus ouvert par l’immolation de Mohamed Bouazizi ne s’est pas arrêté avec le départ de Ben Ali ni même avec l’élection de l’Assemblée constituante.

extraits ...

.../... La troisième phase de la révolution ou la redistribution des cartes

De par l’intensité, la durée et l’ampleur de l’affrontement qui vient de s’achever – provisoirement ? – entre la population pauvre et la police aux ordres du gouvernement, Siliana pourrait bien marquer le début de la troisième phase de la révolution tunisienne. Ce n’est certes pas la première fois que le gouvernement de Jebali a recours aux mêmes méthodes de répression de masse que celles de Ben Ali. En septembre dernier, il avait déjà réprimé durement la révolte légitime des habitants d’Omrane et de Menzil Bou Zeyene, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid : arrestation de pauvres, intimidation des jeunes chômeurs, syndicalistes, défenseurs des droits de l’Homme et militants politiques…

Mais la répression de Siliana est intervenue dans une conjoncture d’usure croissante des forces qui exercent le pouvoir depuis l’élection de l’Assemblée constituante. Les trois partis gouvernementaux n’arrivent toujours pas à accomplir les tâches de la révolution. Sur un plan politique, ils ne parviennent pas à s’entendre sur le contenu du projet de texte constitutionnel à soumettre à l’électorat. Ils recourent à une répression extrêmement brutale de mouvements populaires pacifiques et légitimes (Siliana, Sidi Bouzid…) et restreignent encore considérablement les libertés démocratiques. Ils utilisent désormais un discours quasi-identique à celui du dictateur déchu [1].

Sur le plan économique et social, le gouvernement demande du temps pour « redresser l’appareil productif » du pays et n’est pas loin de faire porter la responsabilité du marasme économique et social à l’impatience des Tunisiens et aux mouvements de protestation des démunis qui n’en peuvent plus. Sur le plan international enfin, les autorités tunisiennes s’inscrivent tout à fait dans la politique étrangère réactionnaire et pro-impérialiste du régime de Ben Ali.

On peut en conclure que les partis de la Troïka ont davantage intégré le régime Ben Ali qu’elles ne l’ont changé. Il n’est pas étonnant, dans de telles conditions, que l’on assiste au retour, sous une nouvelle forme, des partisans de l’ère du dictateur déchu qui se structurent dans et autour de Béji Caïd Essebsi et de son parti Nidaa Tounès. On observe également l’émergence d’une sorte de relation d’attirance/répulsion des forces gouvernementales et de Nidaa Tounès. En divergence sur les questions idéologiques, en particulier avec les islamistes, en concurrence sur les questions politiques, l’ensemble de ces forces s’accordent sur les questions économiques, sociales et internationales. La résistance populaire qui s’exprime et s’étend chaque jour un peu plus dans la Tunisie profonde n’incitera-t-elle pas les forces politiques qui partagent le même idéal néolibéral et pro-impérialiste à s’entendre contre les ambitions démesurées des classes populaires [2] ?

Le retour du mouvement populaire au devant de la scène politique

L’ensemble des contradictions économiques, sociales, politiques et idéologiques de la société tunisienne s’aiguisent depuis une année sous l’effet d’une intensification et d’un approfondissement des luttes politiques et sociales.

Les luttes de travailleurs et les révoltes populaires tendent à occuper progressivement le devant de la scène politique. Elles posent de plus en plus ouvertement la question du contenu économique et social de la révolution. Ces luttes sont l’expression d’une polarisation de classes croissante et d’une clarification des enjeux politiques. Les questions démocratiques et sociales que d’aucuns cherchent à distinguer, à séparer voire à opposer se combinent de plus en plus souvent. Le problème social ne peut se réduire à un problème technique de temps nécessaire au redressement économique car il s’agit avant tout d’une question de modèle de développement, d’un problème de choix de politique économique donc de mesures exprimant des intérêts bien précis. Préserver le modèle économique de Ben Ali en cherchant simplement à le faire redémarrer, dans des conditions rendues plus difficiles par la révolution et la crise économique mondiale qui se combinent, revient à reproduire les causes de l’explosion révolutionnaire qui ont amené, hier à Sidi Bouzid et aujourd’hui à Siliana, les masses populaires à se révolter.

Seule une rupture avec cette logique néolibérale et une sortie de cette dynamique infernale permettrait d’améliorer rapidement la situation sociale des couches déshéritées et de redémarrer réellement l’appareil économique.

Le problème est donc fondamentalement politique. Si le mouvement populaire n’a pas encore trouvé la voie d’une auto-organisation de masse permanente (Conseils, comités…) et d’une coordination nationale, il peut incontestablement compter sur une Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) dont les militants jouent un rôle croissant dans les luttes sociales et qui se trouve à même de jouer le rôle de colonne vertébrale de ce mouvement populaire. Ce n’est pas par hasard que certaines milices liées à Ennahda s’en sont prises violemment ce 4 décembre à Tunis aux syndicalistes de la centrale qui commémoraient l’assassinat du leader syndical Farhat Hached tué en 1952 par l’organisation colonialiste terroriste La main rouge.
On assiste parallèlement à une montée et à une organisation croissante des forces politiques radicales qui se sont rassemblées, en septembre-octobre dernier, au sein d’un « Front populaire ». Cette convergence, autour d’une plateforme, d’une douzaine de partis et d’organisations politiques nationalistes et de gauche se veut l’expression, sur le plan politique, du mouvement syndical et populaire ainsi que des mouvements démocratiques qui combattent à la fois les partisans de l’ancienne dictature et les apprentis-dictateurs d’aujourd’hui et de demain.

Pour lire l’article en entier, cliquer dur le lien :


Voir en ligne : http://www.lanation.info/Siliana-a-...

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