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Journal de prison 1956 - 1962

Daniel TIMSIT : RÉCITS DE LA LONGUE PATIENCE

"NOTES DE LECTURE", par Ramdane HAKEM

mardi 27 octobre 2009


Les "carnets de prison" de Daniel Timsit ont été édités, début 2002, en co-édition Bouchene (collection "Escales") et Flammarion (Paris) sous le titre "Récits de la longue patience". 460 pages pouvant se lire d’une traite, comme un roman, sinon se déguster en poignants ou savoureux "morceaux choisis". Issue d’une féconde rencontre entre des moments exceptionnels et un esprit pointu, l’œuvre est à la fois document historique, traité de la sagesse et création littéraire d’une grande facture.

L’auteur fait revivre sous nos yeux des martyrs de l’indépendance algérienne ; certains seront, après 1962, érigés en monuments, d’autres furent plongés dans l’oubli :

" Hassiba ben Bouali était notre agent de liaison, elle transportait les explosifs que nous fabriquions. C’était une toute jeune lycéenne de dix-sept ans, très belle, de grande éducation, raffinée. Tous nos rapports étaient empreints de délicatesse. J’étais hébergé chez la mère d’un militant qui me traitait comme son fils. Hassiba m’avait offert un superbe exemplaire des Mille et une nuits. C’était le sien depuis la petite enfance, m’avait-elle dit, et elle avait ajouté : "Cela t’aidera à passer les nuits.""p18

"Maurice Audin, dès les premiers jours j’ai vu que c’était un ange - un regard et un front d’intelligence, une bouche et un sourire d’enfant - un ange. Etranglé lors d’un interrogatoire - va poursuivre quelque chose après ça. Les plus hautes ambitions sont des jouets d’enfants en face de ces stupéfiantes souffrances. Il n’y a pas de mot ! Même les meilleurs ne disent rien, ne peuvent rien en dire."p206

Paul Caballero : " a une vue fine faite d’observations précises, pratiques et d’expériences personnelles. Les qualités premières d’un vrai dirigeant ouvrier, il les a. Il est optimiste, il s’explique simplement, sans volubilité ni éclats de voix et quand il parle cela réconforte. Il me dit : "C’est demain qu’il faudra se serrer les coudes, parce qu’on marche vers un compromis, lequel, je n’en sais rien, certainement favorable au peuple, mais après ils mettront le paquet et ça sera dur."p423

Il nous fait pénétrer au cœur de la machine répressive coloniale, dans l’horrible atmosphère ayant marqué la seconde moitié des années cinquante :

" Je suis resté huit jours au commissariat central. Avec stupeur, j’ai découvert la férocité, l’acharnement. (…) Deux jours et trois nuits debout, bras étendus, sans boire ni manger, battu en permanence par les policiers qui se relayaient. Insultes qui blessent peut-être plus encore que les coups. Simulacres d’exécution, menaces sur la famille. Et ce questionnement incessant, le martèlement de questions répétitives jusqu’au délire, qui embrume."p20

Après l’enfer de la "détention préventive", le transfert à la prison d’El-Harrach a été ressenti comme une délivrance. Daniel Timsit devient matricule 6024 :

" Je me voyais mort, et je l’avais accepté, considérant cette mort comme une conséquence inéluctable de mon engagement.
Je me retrouvais vivant.
Délivré de la police, de la peur de la torture, et de parler. Je ressuscitais, choqué mais vivant. Etonné d’être vivant, je n’osais pas m’avouer que j’allais encore vivre. Je me retrouvais vivant, recroquevillé sur mes secrets. Deux misérables secrets, l’épicerie de la rue Médée et…aujourd’hui encore je ne veux pas savoir que je savais…je les avais refoulés au plus profond, jour après jour, heure après heure, m’efforçant de penser, de me convaincre que je ne savais pas où Mourad pouvait se cacher. J’étais l’impasse aveugle
" p27

L’univers carcéral, d’El-Harrach à Lambèse, des Petites Baumettes à la prison d’Angers, n’étaient pourtant pas une sinécure :

"En dedans, eau courante, le fil des images et des idées se dévide irisé de soleil. Trente pas, trente pas, pas plus. Sinon ce sont les latrines avec des crottes séchées et la mare d’urine et d’eau croupie où viennent boire les mouches dans l’angle du mur et des latrines."p109

"Le chef, plein de morgue des médiocres, tyranneau infatué et tortueux qui joue au haut personnage. Il est de la famille des Gabert, le sous-directeur de Lambèse. Il a le menton fuyant, le propos pauvre, stéréotypé. Les cheveux noirs qui autrefois devaient être plantés bas, repoussés par la calvitie sur le haut de la tête découvrent un front fuyant lui aussi, luisant. Il marche les mains dans les poches de la veste, les pouces dehors, la taille cambrée, grossier dans ses rapports avec les gens, arrogant avec les détenus."p182

"Les livres morts sur la planchette, le sac qui sert de tabouret, la paillasse qui se vide et vomit sa paille bilieuse, le coin verdâtre où trône souverain le trou des waters que rien ne cache, où l’on chie avec soi-même en vis-à-vis."p161

"J’ai maigri, perdu ces pauvres kilos rattrapés sur Lambèse, perdu cette tranquillité qui au moins n’était pas la souffrance, la tension, l’insécurité. La barbe envahit mes joues creuses, mon crâne se charge de pellicules mais perd ses cheveux, je deviens chauve mais pas un chauve de charme (essayer l’ail ?)….
Mon cœur bat comme un oiseau effrayé. Les tendons de mes mains, des bras, du cou saillent sous une peau grisâtre, terne, très mince. Les bruits de guichets claqués, de verrous poussés, de clefs qui grincent, retentissent douloureusement dans ma tête creuse. Au moindre bruit, un gong aigu, métallique, strident, fait crisser mes nerfs tendus et enroulés à la base du crâne, à la cheville crispée et crochue des doigts et des ongles."
p.180

En compagnie de l’auteur, nous faisons la connaissance d’hommes ordinaires qui sont faits d’une étoffe à part. Divers par la religion, la région d’origine, la situation sociale, ils ont cultivé le rêve de libérer l’Algérie et pour certains parmi eux (dont Daniel), l’humanité entière. Ce sont eux qui, par leur souffrance, ont écrit l’Histoire collective :

"Ne sommes-nous pas à l’aube d’une ère absolument nouvelle ? La société nouvelle n’engendre-t-elle pas un nouveau "miracle grec" (après bien des efforts, des tentatives, des maladresses) plus surprenant encore, révolutionnant qualitativement et notre pratique et notre connaissance de l’univers (il n’est pas interdit de croire que des œuvres humaines, des valeurs nouvellement créées, peuvent surgir les forces fécondantes de la pensée) et que l’affectivité, par un détour imprévisible jusqu’alors, féconde la pensée pour la hisser à un niveau digne de l’Homme nouveau. Homme majeur qui affrontera un univers alors brusquement et largement illuminé, sorti des brumes de nos croyances préhistoriques grâce à cette pensée nouvelle." p125

Même emprisonnés, ces hommes continuaient de préparer l’avenir. Leur soif de culture et de connaissance fit de l’enseignement une institution qui, dans les pénitenciers, façonnera bon nombre des futurs cadres de l’Algérie :

"Dans la cour, ma classe élémentaire. Je reste désarmé devant cette bonne volonté et ces visages ouverts qui attendent de moi un mieux comprendre, que je leur rende l’étude plus facile. Me sens obligé de travailler, de les aider, mais quelle patience ! Cette pression des visages. Les élèves seuls me rendent ce cours idiot supportable et j’ai l’impression qu’un halo de lumière vient effleurer ce demi-cercle de visages attentifs. Lumière qu’ils créent, lumière qui se dégage de toute source vraiment humaine. Cette timidité, émouvante parce qu’ils sont honteux de leur ignorance, aspiration à comprendre, à apprendre." p88-89

Évoquons ici, non seulement Ali Zamoum, l’ami de toujours, Abdelhamid Benzine et autres personnalités connues, mais également, Souïah Lahouari :

" Je me souviens seulement que c’était une belle matinée d’hiver dans les Aurès. Soleil et ciel très haut, bleu profond, voûte sidérale de lumière bleue. Nous étions enchaînés l’un à l’autre, fraternels, heureux de cette journée éblouissante." p155

Le vieux Lounès : "Il faudrait des pages pour transcrire la chair souffrante de sa vie (et ça se serait de l’art). Je lui dis : "Un jour tu me raconteras tout ce que tu peux raconter et j’écrirai un livre pour que les jeunes apprennent ce que leurs pères ont souffert pour eux et pour le pays. Et pour que le monde connaisse la valeur des humbles militants du peuple, la valeur du peuple algérien." Il était heureux, il m’a dit : "Zamoum aussi m’a demandé cela"." p310-311

"Chaouchi ne reçoit plus d’argent. Sa femme vit maintenant dans un village regroupé au pied du camp militaire. Elle ne peut lui envoyer de mandat. Les autorités l’interdisent. Il n’ose se plaindre ni au directeur ni à l’assistante parce que cela retomberait sur sa femme et les petits. Il ne reste que des femmes et des enfants au village. Chaouchi souffre encore de Lambèse." p194

Ou encore : "Je me souviens de Si Moh Touil, à Lambèse. Ce matin glacé d’hiver. Nous étions dans la même section, la section I du bâtiment des isolés de la cour 1. Les perpétuités. Nous sortions ensemble. Et comme j’étais nouveau et encore déprimé par la réception du convoi, il me prenait sous son aile discrètement. Il m’avait dit : "Daniel, on prendra le café ensemble", et chaque matin, des matins glacés d’hiver, nous nous dirigions vers un banc, toujours le même, pour nous réchauffer dans la cour déserte." p403

Ses compagnons de souffrance et d’espoir sont de fait innombrables… l’auteur, subjugué, comprit que l’Histoire n’est autre qu’une synthèse, toujours à faire, de leurs multiples histoires singulières s’élevant à la dimension collective :

"Au retour, revoir tous les amis que j’ai connus en prison, et faire avec leurs vies passées, la révolution présente et future, une compréhension du monde. Une somme (…) "La ligne de vérité" du pays, du monde moderne, où les travailleurs ouvrent leur sépulcre (tel Lazar ressuscité) et découvrent la notion d’humanité, créent un homme d’un type nouveau, sensibilisé par ses souffrances, haussé démesurément par son aspiration à la dignité. Un homme à la grandeur d’homme.
Il faudrait revoir, de Barberousse : Bosli, Hadj Ali, Kasbadji, Baptiste Pastor, Faudji et aussi Reynaud père et fils, Smadja, Paco, Dulac de Maison-Carrée, Zamoum, Dadah, Mokhtar, Zoubir, Medjkane, Si Moh Touil de Lambèse, Driss, Si Moh, Si Saïd l’Oranais, Missoum, Benzine, Etienne, Georges, Azzouz, Larbi, Mahmoud, Benia, Targa, Ben Chergui, Hamoudi de Khenchela, Arifi,, Abed Saïd, Kada Akkouche de Souguer, Boualem Moussaoui, Ben Saïd de Bône, Hachich de Constantine, Mami "le Parisien", Arbaoui, Terek, Arfaoui d’Oued Zenati, Abder de Bougie, Salim Mohammed, Boualem, docker d’Oran, Foudil, Smaïl, Belaïd de Boufarik, Si Djelloul des Petites Baumettes, Fetah, Rezki, Ben Akli, Chaouchi, Khadraoui, Dahaba de Sétif, Drafli, Fizi, Souïah, Siouani, Briki Yahia, Khoudi Saïd…
Il faudra un jour que je dresse la liste de tous ces copains, par région, à revoir si Dieu me prête vie."
p261 - 262

Mais tout n’était pas rose, côté "révolution" : les étroitesses qui amputèrent la synthèse post-coloniale de sa diversité démocratique et sociale, étaient déjà là :

"Quelle surprise, quel bouleversement ! En revenant d’un cours, je rencontre Jacques Salort qui arrive du Puy où il est resté vingt-deux mois isolé, seul en cellule, sortant seul en cour, en représailles d’un mouvement à la prison de Riom. Il lui aura fallu une grève de la faim de neuf jours pour obtenir enfin son transfert."p290
"Après trois grèves de la faim pour rejoindre ses frères Algériens, le directeur des Grandes Baumettes lui annonce qu’il ne peut le recevoir par suite de l’opposition et de l’hostilité de l’organisation FLN des Grandes Baumettes qui déclare qu’"ils ne garantiraient pas sa vie aux Grandes Baumettes"."
p291

"La déclaration FLN au congrès yougoslave m’a contrarié, pas tant par son contenu que par son ton. Je devine l’anti-communisme sournois et prétentieux, le caractère haineux, chauvin qui perce malgré les précautions. Je suis envahi de pensées mauvaises et mesquines. "Je croupis en prison et le délégué FLN se balade de congrès en congrès, ex-ministre, ce garçon superficiel aux conceptions floues, infatué sans qualités réelles et solides" " p223-224

A Angers : "La détention se fractionne en clans et sous-clans divers suivant les appartenances régionales, sociales, culturelles. La belle cohésion des gourbis solidaires se délite dans une atmosphère de méfiance réciproque et parfois d’hostilité, au point que certains souhaitent revenir à la fermeture des portes des cellules. C’est dans cette prison où nous sommes les plus libres que nous sommes les plus malheureux." p464

A vivre à la lisière de la vie et de la mort, l’auteur voit monter en lui les ultimes questions, il les transcrit sur ses carnets. Au-delà de leur importance pour la mémoire collective, les Récits de la longue patience sont parsemés d’émouvants concentrés de sagesse humaniste :

"Drôle de vie ! Equation où l’on cherche l’inconnue sans jamais tenir compte du deuxième membre : le trou, le néant, la mort…à moins que ce ne soit cela l’inconnu." p96

"Personne n’ose approcher trop près du soleil. Oserais-je vivre et voir à la lumière éblouissante (quelquefois aveuglante) de la vérité ? Vérité des êtres, des attitudes, des comportements. Vérité sur soi-même, toujours cruelle et brûlante. Je défie quelqu’un de la supporter constamment. Tout au plus l’approchons-nous au cours de brefs éclairs, puis nous fuyons, effrayés ou démontés ou étonnés. Nous fuyons dans les refuges des clichés, des interprétations, des mensonges sur soi et sur les autres (autre forme de mensonge sur soi)." p130

"Nous marchons à tâtons sans savoir où ni vers où, aveugles aveuglés, flot d’hommes qui s’écoule par les routes des siècles, se poussant l’un l’autre, s’étreignant, se repoussant, s’épaulant, s’écrasant l’un l’autre en un mouvement confus. Un flot immense roulant du fond des âges, fleuve géologique où l’eau pure et chantante des torrents et des sources antiques charrie maintenant le lourd limon humain, l’humus qui sent fort toutes les odeurs humaines, la glaise féconde, l’argile des potiers et des bâtisseurs, des sculpteurs et des prométhéens. O fleuve vers quelle mer te diriges-tu en ton lent cheminement d’aveugle ? Vers quel océan nous perdrons-nous ? Sur quel continent aborderons-nous, roulés de vagues en vagues jusqu’au bout, à l’extrême bout pointu des âges ?" p432

"Quand tu seras arrivé à conquérir le don du silence, tu pourras entreprendre et réussir n’importe quoi. Se maîtriser et non s’éparpiller. Ecris au lieu de parler et si tu ne le peux, regarde au lieu de jacasser. Le Silence et le Travail te guériront de tout, te rendront maître de tout. Sans eux, tu n’arriveras à rien." p138

L’homme s’y dévoile dans son entièreté, dans ses rêves et ses doutes, ses contradictions, ses attaches personnelles, sa proximité de la maladie :

Transcendance : "Si j’avais une bible ! Cette voix du fond des temps rassure et console parce qu’elle vient de si loin. Un conte pour grands enfants, si ancien qu’il berce et calme comme une musique. Poussière des temps, c’est la mort et les rêves et les cris et les pleurs familiers des hommes. Tout est tellement semblable depuis tant de temps que plus rien n’a d’importance, et la vague lourde au cœur s’apaise." p195

Maladie : "je suis entré sous les couvertures en gémissant. De boire un peu de bouillon chaud m’a soulagé et réchauffé, la senteur d’herbes m’a réconforté, et j’ai ragé tout haut sur cette "putain de vie" et cette maîtresse jalouse qui ne me quitte jamais - ma souffrance qui ne me laisse jamais en repos. Cette maladie passionnée qui me dévore l’avenir ne m’a laissé aucun passé et tyrannise mon présent" p411

Famille : "Comme cette maladie serait douce avec la famille autour. Cette sécurité de la famille, origine, aspirations et but, sphère qui nous enveloppe et nous dérobe à la nuit et aux tourments." p392

Rêver d’amour : "Puis je me retrouvais avec Louise : je sentais que je l’aimais, et elle aussi m’aimait - là encore nous étions jeunes, dix-huit ans, elle me conduisait à travers des roches blanches, comme celles que je vois par la fenêtre, puis nous nous enfoncions dans un défilé. J’étais hésitant, je crois que je la raisonnais. A un moment, elle me prit la main et me dit : "Viens". Elle souriait et priait du regard." p268

Le Journal de prison de Daniel Timsit est enfin une grande réussite littéraire. L’auteur y fait montre d’un lyrisme étrangement comparable à celui de KatebYacine, d’un sens de la métaphore qui rappelle Vladimir Nabokov, ou encore d’une maîtrise de la description digne du Nouveau Roman. A consommer sans modération :

"Les corps moutonnent comme des vagues sous la nuit, océan souterrain d’âmes captives, mer jamais apaisée, rumeur qui sourd de très loin, et les fonds affleurent sous les eaux obscures des visages fermés par la nuit. Fond que nul ne visite, fond transfiguré par les lumières du jour, fond dissimulé sous les mille facettes brillantes que fait danser le soleil en écume sur la vague. Fonds que même la vague ignore, distraite par ses jeux et ses chants et ses exploits et ses cris et ses rires, ses fantaisies, ses tourments, ses passions. Hauts fonds qui surgissent la nuit et s’imposent de toute la force de leur dangereuse vérité comme le rocher dressé au sein de la mer immense." p137

" L’art nous fait goûter la sève qui sourd sous la carcasse, c’est l’étoile qui illumine la nuit d’autant plus merveilleuse qu’elle est lointaine, fragile et qu’elle lutte, lutte désespérément contre l’étreinte de la nuit obscure. C’est le mage qui guérit, ouvre nos yeux d’aveugles à la clarté du monde. "Vous avez des yeux et vous ne voyez pas…" Le mage qui transforme la statue en homme vivant, la machinerie des sens en chair et lumière et chant d’homme. L’art, c’est la révélation durement conquise par un effort perpétuel." p145

"Un chaud soleil d’automne engourdit corps et âme. A côté de moi, prière nostalgique et mystérieuse psalmodie du Coran récité à voix basse, prière." p94

"J’ai les doigts paresseux malgré (ou à cause de) la pensée vive qui décharge le soir comme une pile ce qu’elle a emmagasiné dans la journée." p129

"Le printemps revient. Souffle doux du vent, doux comme une respiration de jeune fille, à peine frais. Cigognes revenues, toujours aussi flegmatiques, indifférentes aux agitations et préoccupations de ceux d’en bas. Elles poursuivent leurs affaires de cigognes, calmement, comme de sages, trop sages mères de famille. Rien ne les surprend, tout leur semble simple, habituel et familier." p134

"Je rêve d’être étendu nu, auprès d’une femme nue, tranquilles et sains comme deux animaux et la mer à nos pieds, et la chaleur laiteuse des nuits de lune l’été." p148

"Je me sens sur un radeau, doucement bercé sous les étoiles, nu, débarrassé de tout mensonge et s’il me prenait de me mêler aux flots ils m’accueilleraient comme un des leurs. Et si je levais la tête pour rejoindre le ciel, les étoiles tout naturellement se refléteraient dans mes pupilles parce que ce soir je suis rentré au sein de ma mère aussi pur et nu que lors de ma naissance, et je sens battre en moi le rythme merveilleux du monde." p384

Ramdane HAKEM

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