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POUR LA LIBERTÉ DE TRAVAUX ACADÉMIQUES ET DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE DES ENSEIGNANTS et CHERCHEURS ALGÉRIENS

lundi 28 juin 2010

Socialgerie se fait volontiers le relais du texte de la pétition que lui a fait parvenir un collectif universitaire.

copie définitive de la pétition rédigée par un collectif qui l’a amendée et corrigée.

PROTESTATION DE LA COMMUNAUTÉ UNIVERSITAIRE
CONTRE LA CIRCULAIRE SUBORDONNANT LE DROIT DE SORTIE DES
CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS DE L’UNIVERSITE ALGERIENNE
À ACCORD PREALABLE DU MESRS

  • Par une circulaire en date du 18 mai 2010, le secrétaire général du MESRS vient de mettre en demeure les chefs d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche d’exiger que toute participation à des conférences ou colloques organisés à l’étranger soit subordonnée à l’accord préalable du MESRS qui se prononcera sur l’opportunité de la participation lorsque lesdits événements revêtent une sensibilité évidente.
  • Le motif invoqué est que la participation de chercheurs à de telles rencontres a souvent des conséquences négatives sur la coordination de la position de notre pays et est dommageable pour la cohérence de l’action internationale de l’Etat et de ses activités diplomatiques.
  • Le prétexte : Des universitaires auraient participé à des rencontres internationales (congrès, colloques, séminaires, conférences, ateliers, journées d’études) ce qu’ils font par ailleurs depuis que l’université existe et depuis que la recherche scientifique existe en mettant en débat le résultat de leurs travaux (toutes disciplines confondues). Il semblerait qu’aux yeux des autorités de tutelle (le MESRS en l’occurrence), saisies par d’autres instances (MAE en l’occurrence) des propos auraient été tenus et des positions défendues par des universitaires algériens qui iraient à l’encontre de la politique du gouvernement et des intérêts de l’Etat. On aurait également appris par voie de presse que la tutelle (MESRS) aurait été destinataire de plaintes d’universités ou de gouvernements étrangers (du Moyen-Orient en particulier) du comportement indigne de certains universitaires algériens bénéficiant d’ordres et de frais de mission destinés à la recherche et qui auraient été détournés de leurs fins déclarées portant ainsi préjudice à l’image de l’Algérie.
  • Au vu de ces motifs, invoqués dans l’opacité la plus totale et dans la confusion des genres, il y a lieu de rappeler que la grande majorité des enseignants de l’université et des chercheurs des centres de recherche est en règle quant à ses charges professionnelles et part avec des autorisations d’absence ou des titres de congé exceptionnel signés par leur chef d’établissement. La grande majorité de ces enseignants et chercheurs, à quelque titre qu’ils aient effectué leur voyage, ont représenté dignement leur institution et leur pays. Ce sont eux qui, depuis l’indépendance de notre pays en 1962, ont bâti l’université algérienne, formé 500.000 diplômés et ont permis à l’Algérie d’avoir aujourd’hui une université nationale au service du bien être de la société.
  • Il faut rappeler qu’en cas de manquement aux règles de l’éthique universitaire et règlements régissant le fonctionnement des établissements universitaires et des centres de recherche par un enseignant-chercheur, des voies existent pour instruire ces affaires au niveau de l’université (Conseil scientifique de Faculté, Conseil Scientifique d’Université, Commission paritaire, comité d’éthique universitaire). Elles sont claires et tout enseignant-chercheur les connaît.
  • Généraliser les mesures de rétorsion à toute la recherche en sciences humaines et sociales est une atteinte intolérable aux lois et règlements qui régissent le corps des enseignants du supérieur et les chercheurs rattachés aux centres et instituts dépendant du MESRS. Nous sommes convaincus qu’une telle mesure ne se limitera pas aux seuls chercheurs en sciences humaines et sociales. On verra bientôt cette mesure appliquée aux physiciens ou aux biologistes quand ils seront invités pour débattre des retombées des essais atomiques dans le sud algérien sur la population, la flore et la faune locale ou d’autres sujets pouvant présenter ce que le MESRS appelle « un caractère sensible ».

Nous, enseignants et chercheurs de l’université algérienne sommes convaincus qu’il s’agit là d’une atteinte grave aux libertés fondamentales des citoyens consignées dans la Constitution. C’est également une remise en cause des libertés académiques et une atteinte à la liberté de recherche consacrées par la charte de l’UNESCO et « la déclaration mondiale sur l’enseignement supérieur pour le XXème siècle : vision et actions » adoptée le 9 octobre 1998 par la conférence mondiale sur l’enseignement supérieur, organisée par l’UNESCO. Notre pays est un membre de l’UNESCO et signataire de la charte et des textes de l’UNESCO qui régissent l’activité et le fonctionnement des établissements de l’enseignement supérieur. Les pouvoirs publics sont tenus de respecter la charte et les textes de l’UNESCO qui régissent l’activité académique des établissements de l’enseignement supérieur.

Les travaux académiques et de recherche des historiens, des sociologues, des psychologues, des philosophes et de tous les enseignants-chercheurs de l’université, toutes disciplines confondues, n’ont besoin d’aucun ukase, ni d’aucune imprimatur venant de vigiles de la pensée unique. La seule et unique autorité capable de juger leurs travaux est l’autorité académique et scientifique conformément à l’éthique universitaire et aux textes de l’UNESCO.

Nous demandons par conséquent l’abrogation pure et simple de cette circulaire.

Les signataires :

NOM PRENOM GRADE FONCTION ETABLISSEMENT


Diffusez au maximum auprès des collègues universitaires et chercheurs et faites remonter les signatures ou accords attestés par mail sur :
Farid Cherbal : cherbal_farid@yahoo.fr ;
et sur Daho Djerbal : ddjerbal@yahoo.com .