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ALGER - 3 NOVEMBRE - « MA NENSAWCH » : HOMMAGE à LOUNES DJABALLA -

samedi 3 novembre 2012


L’HOMMAGE DES HUMBLES À UN HUMBLE - laouari sliman - 31 Octobre 2012


MA NESINEKCH W MA NENSAWEKCH LOUNES DJABALLA par Houria Bab El Oued


3 NOVEMBRE 2012 – ALGER - « MA NENSAWCH » : HOMMAGE À LOUNES DJABALLA, article 958 mis en ligne socialgerie le mercredi 24 octobre 2012.


sur l’initiative des camarades de la Moubadara du 24 février Un hommage sera rendu à DJABELLA LOUNES LE SAMEDI 3 NOVEMBRE 2012 à 14 h à Alger au centre de ressources de la rue Ader, (près de la cinémathèque algérienne) rue LARBI Ben Mhidi.


L’HOMMAGE DES HUMBLES À UN HUMBLE

31 Octobre 2012
POINT NET

Il y a dix-huit ans, Lounès Djabellah était lâchement assassiné dans la cité Bachdjarah où il habitait. Pour des raisons évidentes, très peu de gens connaissaient Lounès, mais ceux qui lui ont ôté la vie savaient qui il était. ça aurait été le comble d’aller chercher dans l’identité des auteurs d’un crime barbare les mérites et les qualités d’un homme, mais tout le monde sait que les terroristes intégristes ne se trompent jamais d’ennemis, encore moins de cibles.
Et leur cible, ce jour-là, était de ceux qui ont voué leur vie à dessiner une trajectoire aux antipodes des ténèbres qu’ils promettaient à l’Algérie. Ce n’est pas parce que Lounès était un humble qu’il ne contrecarrait pas leur projet. Ils le savaient et ils l’ont tué.

Ils savaient que Lounès ne leur cédera pas le moindre pan de ce pays dont il a esquissé des horizons fleuris quand eux projetaient d’en faire une terre calcinée.

Lounès a ricané sous sa moustache couleur de miel face à la menace. Il a souri de ses yeux agaçants de générosité quand les sirènes du renoncement ont commencé à tambouriner aux portes de la résistance. Pourtant, quand la bête immonde a commencé à frapper,

Lounès revenait laborieusement de sa plus douloureuse désillusion. Toute sa vie, il l’a passée à construire un monde de rêves, le monde s’est dérobé sous ses pieds. Et il n’entrevoyait pas d’autre sentier que celui qu’il avait emprunté à l’âge où dans son entourage, tous ceux de son âge squattaient encore les aires de l’insouciance.

Oui, Lounès était communiste et il aurait pu se dire, quand la planète a tremblé, que le doute était peut-être permis. Il n’a pas douté. Jusqu’à se faire violence. En s’accrochant à un idéal dont il savait l’incertitude. En couvant les pires douleurs. Celle des longues et ineffables amitiés désormais compromises, celle des déchirements irréparables. Et par-dessus tout, celles d’un avenir à réinventer dans la solitude du fauve blessé.

Lounès n’a pourtant pas déserté l’espoir, il ruminait seulement quelques aigreurs à l’endroit de quelques compagnons de combat avec qui il savait partager l’essentiel.

Quand viendront les hivers les plus froids, il savait quelle chaumière partager et avec qui se mettre sous la même couverture pour avoir moins froid. Il savait surtout le péril qui guettait la demeure dans le sillage d’une folie meurtrière dont il connaissait parfaitement et les promoteurs et la perspective. Pour avoir vaillamment combattu leurs desseins quand l’air du temps flirtait avec la complaisance criminelle, pour avoir renoncé dignement aux privilèges harcelant sa ténacité, pour avoir été un militant de conviction et un homme de valeur.

Du PAGS, il a connu les affres de la clandestinité, du combat des jeunes et des étudiants, il a pris les tâches les plus ingrates, de l’ouverture politique, il lui est resté le sentiment d’avoir trop rêvé. Lounès a été tué pour l’ensemble de son œuvre. De son parcours professionnel en entreprise publique, il nous laisse le souvenir d’un cadre dévoué, de son passage à la sécurité sociale, celui d’un homme attentif aux souffrances des humbles, de l’administration d’Algérie Républicain les regrets d’une monumentale incompréhension.

Un homme mort est celui dont on ne parle plus, et Djabellah Lounès n’est pas mort dans nos mémoires, dit le texte d’annonce de l’hommage qui lui sera rendu samedi. Certainement, mais parle-t-on assez de Lounès et de tous les humbles qui, comme lui, sont morts pour que la vie demeure ?

laouari sliman

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MA NESINEKCH

W MA NENSAWEKCH

LOUNES DJABALLA

par Houria Bab El Oued

Un homme mort est celui dont on ne parle plus,
et Djabella Lounes n’est pas mort dans notre mémoire
tout comme l’idéal qu’il portait !
Que nous continuons de porter.

Il me dit un jour :

  • - Tu seras un bon professeur, tu as choisi un métier difficile mais je sais que tu seras un bon prof.
    - Bon prof, je ne sais pas ; maintenant que mon choix est fait, je tremble de peur.
    - Ne t’inquiète pas, ça ira…tu verras que c’est merveilleux d’être à l’écoute des enfants….

C’était en 1978, à l’époque, les plus grands rêves étaient permis. Nous cultivions l’espoir d’un monde meilleur ; nous parlions de socialisme et de justice sociale. Nous rêvions d’un monde de paix et nous étions à l’écoute de tous les cris et les déchirures des peuples qui luttaient comme nous avons lutté durant 130 ans contre un loup vorace et puissant qui essaya d’effacer notre existence et…. heureusement, vaines étaient toutes ses tentatives meurtrières qui conjuguèrent la violence et la torture pour faire taire un peuple … puis des peuples…

  • -Lis beaucoup, meuble tout ton temps libre.
    Chaque livre est une richesse,
    chaque lecture nouvelle est une fenêtre ouverte vers l’inconnu…..

Dans cette famille qui fut la nôtre, nous étions comme les doigts d’une main : inséparables car nous partagions les mêmes rêves, les mêmes espoirs et le même Amour :

Oh Algérie mon amour !

Prunelle de mes yeux !

Oh toi…toi, comment fais-tu pour nous faire si mal ?

Il aurait suffi de nous voir tous à l’œuvre dans les campagnes de volontariat pour saisir ce qui nous nourrissait et nous unissait : oh toi… toi, prunelle de nos yeux, qu’avons-nous fait pour casser tous les doigts de cette main qui nourrissaient nos rêves les plus fous en espérant ne voir le feu qu’à l’atelier et….. nous nous sommes cassé les doigts, tous les doigts ; la main nourricière a été happée par le feu….nous nous sommes égarés, nous n’avons pas pu voir à temps le jeu lancé par une balle traitrise qui détruisit ce que nous avions de plus cher, de plus précieux : Notre PARTI ; NOTRE MAISON.

Oh Algérie mon amour !

Prunelle de mes yeux !

Oh toi…toi, comment fais-tu pour nous faire si mal ?

Quelques jours avant ton assassinat macabre qui tailla la lame sur la gorge de milliers d’innocents, tu as dit à Fatef :

  • « Je ne sais pas vivre sans mon parti, maintenant que le PAGS est déchiqueté, émietté, pulvérisé, quelque chose en moi s’effrite et je me sens mourir…. une grande parti de moi est morte…. je ne sais pas faire semblant de vivre, je ne sais pas….. »

Comment faire semblant de vivre lorsqu’on a engagé sa vie à faire la vie ?
Comment faire semblant de vivre alors qu’on s’est engagé à ne jamais tourner la tête face à la douleur de l’autre ? Nous nous sommes égarés, divisés, éparpillés ; la gangrène interne fut plus forte que nos rêves et ce qui suivit a balayé toutes nos espérances. Chacun s’ est suicidé à sa façon lorsqu’il a eu la chance de faire semblant de vivre, toi, mon ami, mon camarade, tu n’as pas eu le temps de faire semblant, les faiseurs de mort t-ont ôté la vie.

Oh toi, prunelle de nos yeux qu’aurions-nous du faire pour ne pas errer entre ces murs et toutes ces tombes où reposent des hommes et des femmes humbles, courageux ; fous amoureux de toi.
Ils furent traqués, persécutés
jusqu’à leur dernier sommeil,
là où le dernier souffle se tait.

Toi LOUNES tu resteras là où tu as toujours été.

Ta place est celle du cœur et de l’amour que nous portons toujours comme tu l’as porté toute ta vie, afin de traquer le mensonge, la hogra,l’injustice…

Le 6 novembre 1994, ces faiseurs de mort t’ont ôté la vie à bout portant dans le dos !

Il n’y a que les lâches qui visent le dos.

Pour eux, tu devais mourir, comme T. Djaout, R. Zenati, M. Abada, A Chergou, Y. Sebti, D. Lyabès, M.Boucebci, L.Flici, L.Birah, Pr Belkhenchir, S. Mekbel, H.Sanhadri, A. Alloula, N. Djahnine, et la liste est malheureusement longue.

Pour eux, nous devions tous mourir car ils étaient aveuglés par la lumière que nous plantions dans le cœur des cités, des bidonvilles, des universités, des écoles….. Pour eux nous étions des voleurs !

Oui, oui ! Je déclare haut et fort que nous étions et nous sommes toujours des voleurs. Nous volons la plaie et les blessures, nous volons la honte qui se pose injustement sur le front des Hommes bons et généreux qui peinent à boucler les fins du mois pour nourrir leurs bambins, nous volions la honte, le mensonge, la tromperie…..
nous aurions voulu volé la faim et toutes les larmes des orphelins, tous ces poignards, toutes ces balles, toutes ces sandales trouées et toutes ces poussières rouges de sangs que le vent emporte au loin pour mieux cogner la porte chargée de souvenirs de toi et de tous ceux qui savaient cueillir comme toi,
les plus beaux rêves pour les poser dans les yeux des enfants afin qu’ils ne tremblent pas devant les privations et les murs de l’incertitude.

18 ans déjà depuis que cette balle au dos t’a ôté la vie.
18 ans déjà, c’est 10 ans,1 an, 1 jour ...
le temps importe peu,

mazelek maana, fi kelbna

Tu restes ce que tu as toujours été ;
pourquoi serai-tu hors de la pensée simplement parce que tu es hors de la vue ?
Le fil n’est pas coupé
car rien ni personne ne peut le couper.

Mise en Page et Illustration
(Le Trio Inséparable)
Houria Bab El Oued
Fateh Agrane
Kayouche Abdelghani

MA NESINEKCH W MA NENSAWEKCH

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