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CONTRIBUTION - DÉBAT

LES DERNIERS ÉVÈNEMENTS, LE RÔLE CONTROVERSÉ DES ETATS-UNIS DANS LE MONDE ET LA QUESTION CENTRALE DE LA PALESTINE

lundi 1er octobre 2012

OUAFI Mohamed
Cadre retraité


« Ce que le peuple américain a retiré de l’expérience de la guerre du Golfe, c’est qu’il est bien plus amusant d’aller botter les fesses des gens du Moyen Orient que de faire des sacrifices pour limiter la dépendance vis-à-vis du pétrole importé ». Ancien Secrétaire d’Etat américain à l’énergie, James Schlesinger.

Le monde secoué par des guerres et des conflits vient de connaître d’autres événements, suite à la diffusion du film de propagande anti-Islam, caractérisés par l’attaque meurtrière du consulat américain en Libye par un groupe d’extrémistes violents trouvant une justification, ou bien ayant été manipulés, pour accomplir un acte barbare (les jours à venir donneront, peut-être, plus de clarifications sur les tenants et les aboutissants de cette affaire).
Les manifestations anti-américaines, téléguidées ou justifiées, qui ont suivi relancent de nouveau le rôle controversé des Etats-Unis dans les guerres et les conflits et leurs prolongements imprévisibles comme l’attestent ces derniers évènements. Cette question taraude les esprits de tous ceux qui ont conscience que cela ne peut continuer ainsi et que la question de la Palestine qui constitue la trame de fond de tous ces évènements ne doit pas être prisonnière d’une politique étrangère des Etats-Unis pro-Israël et d’une politique de violence de l’Etat israélien ainsi que de groupes extrémistes qui ont fait échouer toutes les tentatives et les volontés de vouloir apporter des solutions à un conflit qui a trop duré parce qu’il a fauché des vies humaines de plusieurs générations.

Dans ces guerres et ces conflits
la question centrale reste celle de la Palestine,

qui située dans une région fortement pétrolifère en fait sa complexité, autour de laquelle gravitent beaucoup d’évènements dont se nourrissent les rancœurs des uns et des autres et qui débouchent souvent sur des tensions qui font des morts et des blessés continuellement. Cette question qui semble être gérée de manière pernicieuse pour permettre aux affaires économiques de bien tourner dans la région, focalise l’attention du monde d’aujourd’hui et alimente des politiques qui trouvent leurs intérêts dans le statu quo qui la caractérise.
En 2010, le président américain Barack Obama avait dit dans un de ses discours espérer un accord israélo-palestinien dans l’année "qui nous mènera à accueillir un nouveau membre des Nations unies : un État de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël". Une telle déclaration avait soulevé un grand espoir qui a été sans lendemain.
La situation perdure parce que d’une part Israël trouve son compte dans un statut de guerre perpétuelle avec les Palestiniens et les pays arabes voisins, préférant la guerre à la paix, redoutant qu’une stabilité dans la région ne serait pas en sa faveur et refuse une solution pacifique, celle de l’existence de deux Etats -Palestine et Israël- vivants tous les deux en paix et reconnus par la Communauté internationale.
D’autre part la politique de deux poids et deux mesures que pratiquent les Etats-Unis qui justifie chez les peuples arabes et musulmans ainsi que d’autres citoyens de par le monde que ces derniers défendent uniquement les intérêts d’Israël sans prendre en compte réellement ceux des Palestiniens.

Mais pourquoi une telle situation a toujours tendance à durer sans trouver de solution définitive et qui en ont intérêt ? Et pourquoi ce soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël faisant fi des intérêts américains dans le monde ? Ou bien l’intérêt suprême des Etats-Unis est-il dans ce soutien indéfectible à Israël ? Autant de questionnements sur une problématique qui met en jeu des vies humaines et dont l’enjeu reste celui d’intérêts économiques colossaux.

Nombreux sont les spécialistes et les journalistes qui ont écrit sur ce sujet, sans toutefois l’épuiser, parce qu’il est toujours d’actualité. Cela nécessite d’insister sur un aspect important que la multiplication de beaucoup de conflits et de guerres constituent un moteur de croissance économique pour l’industrie américaine.
Les capacités technologiques et militaires des Etats-Unis leur permettent d’intervenir là où ils veulent, ils considèrent qu’ils doivent maintenir leur hégémonie et combattre tout rééquilibrage de forces qui peut remettre en cause leur suprématie militaire, économique et géostratégique.

L’image permanente d’un pays toujours en guerre et va-t-en guerre qu’offrent les Etats-Unis font douter même lorsqu’ils considèrent qu’ils interviennent pour des raisons de lutte anti-terroriste par réaction ou d’aide humanitaire.
Tuer, aider les autres à s’entretuer et se faire tuer dans des guerres et des conflits pour des raisons réelles ou supposées est une activité commerciale florissante pour l’industrie militaire américaine. Il est important d’insister sur cet aspect pour découvrir que derrière les considérations des droits de l’homme se cache aussi un impératif économique fondamental masqué par les médias à son service de par le monde.

Les Etats-Unis fixent un double objectif à leur politique extérieure

  • sécuriser l’approvisionnement de leur économie en matières premières plus particulièrement en pétrole
  • et trouver des débouchés à leurs différentes industries et plus particulièrement celle militaire qui nous intéresse dans cette contribution. Ces deux aspects déterminent leur stratégie en matière de politique étrangère dans les différentes régions du monde.

Être en guerre permanente, attiser les conflits, créer des tensions, privilégier les solutions militaires aux solutions politiques, faire durer les conflits qui consomment la production de l’armement militaire ressemble à une activité économique tout à fait logique qui répond à leurs intérêts ainsi qu’une manière d’assurer la croissance de l’industrie militaire et par là même de l’économie toute entière, Ce sont ces critères qui leur permettent de distinguer leurs amis de leurs ennemis. Pour eux, il n’y a aucune contradiction à relever au vu de ces impératifs et révèle cette terrible évidence que les guerres, les conflits et les tensions constituent pour l’économie américaine un moteur de croissance et arrange les affaires du complexe militaro-industriel américain.

Cette politique de guerre permanente se transforme comme un devoir d’aller tuer et se faire tuer. Pour le faire accepter, leurs stratèges et supports médiatiques qui constituent aussi une activité commerciale très lucrative doivent trouver des ‘’emballages’’ moraux et politiques convenables et acceptables pour ne pas heurter les consciences de par le monde et plus particulièrement du peuple américain qui doit accepter que ses enfants aillent dans d’autres régions du monde faire la guerre -tuer et se faire tuer-que leurs impôts soient transformés en armes, sans s’embarrasser du coût humain que cela représente pour les autres peuples qui subissent les affres de ces guerres.

La dimension militaire de l’économie américaine révèle qu’elle se maintient et se développe sur une base productrice de guerres et de conflits.

Cette double nécessité -assurer l’approvisionnement régulier en matières premières et susciter des conflits et des guerres en permanence pour trouver des débouchés à leur industrie militaire- les amène d’une part à maintenir et renforcer leur domination, au prix de guerres, dans les grandes régions sources de matières premières et d’autre part consommer et trouver des consommateurs à leur industrie militaire.

Cela explique cette participation permanente dans presque tous les conflits qui secouent le monde. Cet aspect constitue une caractéristique fondamentale de leur politique étrangère et renseigne sur le pourquoi de leurs pratiques guerrières. La dimension militaire de l’économie américaine révèle cette implacable vérité qu’elle se maintient et se développe sur une base productrice de guerres et de conflits.

Les Etats-Unis sont les premiers producteurs d’armes au monde, les premiers consommateurs et les premiers exportateurs.

Les régions qui constituent les sources de leur approvisionnement sont leur chasse gardée qui implique qu’ils doivent veiller à les protéger par des bases militaires - Israël joue aussi le rôle de base militaire américaine installée dans une région fortement pétrolifère qui doit jouer un rôle de préservation des intérêts des Etats-Unis dans la région - ainsi que par des régimes inféodés à leur service et déstabiliser les régimes ou organisations qui rechignent à suivre leurs consignes.

Ces tensions et conflits créent une demande et un besoin en armement qui répond à l’offre de leur industrie militaire et assurent ainsi une croissance de cette dernière. Sécuriser leur approvisionnement en matières premières plus particulièrement en hydrocarbures, maintenir le monde dans une instabilité consommatrice d’armes est une condition nécessaire à leur développement.

Leur politique consiste à ‘’habiller’’ ces conflits et ces guerres dans un juridisme de droit international relatif aux droits de l’homme comme cheval de bataille pour s’introduire et légitimer leurs interventions, ou les emballer dans des questions d’aide à des populations tyrannisées par leurs dictatures. Les prétextes et les alibis sont toujours trouvés même s’il faut les inventer, le cas de l’Irak et des armes de destruction massive en est un exemple démonstratif et très instructif.

Leur politique vise plusieurs directions, protéger Israël et renforcer son potentiel surtout militaire comme une force de nuisance permanente et comme puissance nucléaire dans une région très riche en pétrole en maintenant cette dernière dans l’instabilité par le report continuel de la résolution de la question palestinienne. Cela permettra à l’industrie américaine de tourner et de vendre ses armes aux pays de la région en brassant des masses énormes d’argent, tout en affaiblissant les armées nationales des pays voisins d’Israël qui peuvent apporter un soutien à la question palestinienne, et amadouer d’autres qui composent avec Israël.
Ceux qui refusent cette politique sont sujets à des guerres et des tensions exploitant leurs problèmes internes qui surgissent par-ci, par-là, en mettant à profit des forces rétrogrades intégristes et des forces opportunistes portant l’étendard de la religion comme projet politique pour pousser certains pays à une partition de leurs territoires sur des bases confessionnelles, tribales, communautaires dont le but est d’affaiblir les pays voisins d’Israël. Cette dernière est et serait une garantie que le pompage du pétrole et du gaz se ferait en toute sécurité et un gardien sur place des réserves de la région en sapant toute prise de la Russie et de la Chine dans la région.

Maintenir sa suprématie dans le monde, contenir le développement de la Chine, affaiblir la présence russe et diminuer son poids dans les conflits mondiaux, limiter l’Europe dans un faire-valoir sans lui permettre de mener une politique internationale autonome, constituent les identifiants de la politique étrangère américaine.

Le monde d’aujourd’hui doit vivre avec cette réalité amère que les guerres et les conflits qui constituent un moteur de croissance des multinationales de l’armement trouvent leur justification dans leurs médias par des motifs humanitaires qui cachent leurs objectifs économiques réels puisqu’ils brassent d’énormes sommes d’argent qui réinvesties doivent trouver aussi d’autres conditions de rentabilité que leur offrent la multiplication des guerres et des conflits qui sont synonymes de tragédies et de souffrances humaines.

Les Etats-Unis, au vu des derniers évènements, doivent logiquement revoir leur politique étrangère, qui nécessite une restructuration de leur économie afin de réduire l’importance de sa dimension militaire et diminuer ainsi le poids du complexe militaro-industriel dans la politique étrangère américaine qui prône le va-t-en-guerre et persuader les autres puissances à le faire.
La question de la Palestine trouverait une solution équitable et les mouvements palestiniens, toutes forces confondues, décideront des solutions qui leur conviennent pour vivre en paix. Ainsi les groupes extrémistes ne trouveront plus d’appuis pour semer leur politique de violence dans certaines régions et les Etats-Unis élargiraient leur audience en tant que puissance de stabilité, de paix et de développement dans le monde.
Mais cela n’est pas pour demain, pour ne pas dire une simple vue de l’esprit si l’on tient compte d’une déclaration d’un ancien Secrétaire d’Etat américain à l’énergie, James Schlesinger, qui a tenu ces propos amusants au Congrès mondial de l’énergie, à Madrid en septembre 1992, [1]
« Ce que le peuple américain a retiré de l’expérience de la guerre du Golfe, c’est qu’il est bien plus amusant d’aller botter les fesses des gens du Moyen Orient que de faire des sacrifices pour limiter la dépendance vis-à-vis du pétrole importé ».
Dans cette déclaration le choix qui s’impose est fait sans détours ni recherche dans l’emballage pour mieux vendre.

Si telle est la mentalité de certains responsables américains et les gouvernants actuels des Etats-Unis n’ont pas trouvé nécessaire de nuancer la question, alors demain reste toujours à faire.

OUAFI Mohamed
Cadre retraité


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