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DÉCÈS DU MILITANT ET MOUDJAHID, GEORGES ACAMPORA

dimanche 12 février 2012

message de condoléances de Sadek Hadjerès :
... Transmettez à Juliette, à tous les parents, amis et camarades mes condoléances les plus émues.
Nous serons fidèles à sa mémoire et à ses combats, pour l’Algérie qu’il souhaitait heureuse et fraternelle.
Chaque moment de lutte, de malheurs ou de joies, il nous accompagnera, comme tous ses camarades valeureux disparus qui ont ouvert la route du peuple et des travailleurs, la route de l’honneur !

Sadek Hadjerès, dimanche 12 fevrier 2012


Le militant et moudjahid Georges Acampora s’est éteint, cet après-midi à 17h à l’hôpital de “Ain En Naadja”, à l’âge de 86 ans.

Ce fils de Bab El Oued, où il est né où il a vécu, l’Algérie a été sa patrie dans le sens plein du terme et ses habitants ses frères et soeurs.

Cet ouvrier tourneur a fait son choix dès son jeune âge : syndicaliste, puis militant du Parti communiste algérien (PCA), il rejoint les CDL ( Combattants de la libération du PCA), puis il est fidai au sein de l’ALN-FLN après les accords FLN-PCA, arrêté et affreusement torturé, il est condamné à mort . Il ne sera libéré qu’à l’indépendance.

Il prend sa place dans le combat pour l’édification de l’Algérie au sein de la protection civile où il fera un parcours exemplaire jusqu’au grade de lieutenant colonel.

Dans son quartier de Bab El Oued il est à l’écoute de ses voisins et ces derniers lui rendent bien : lui et Juliette son épouse seront sous la protection des habitants, même pendant les périodes les plus noires.

Il avait plusieurs familles, d’abord celle de Bab El Oued où un jeune médecin du quartier donnera le nom de Georges Acampora à une clinique inaugurée à Hammamet près d’Alger. Il conservera sa famille du PCA puis du PAGS, celle de l’ALN-FLN, des anciens condamnés à mort, de la protection civile qui a été à ses côtés jusqu’à l’ultime minute.

Toutes ces familles se sont retrouvées ensemble pour rendre hommage à Georges et Juliette Acampora le 29 octobre 2011 à la clinique de Hammamet. Une cérémonie pleine de fraternité et d’émotion. Georgeot comme l’appellent ses amis n’a pas fait de discours, sollicité pour dire un mot, une phrase, il a rassemblé ses forces et sa voix pour dire les larmes aux yeux

"tahya el djazair"


Qui est Georges Acompora ?

Essayons de rassembler quelques éléments biographiquess.
Il nous a été particulièrement difficile de rassembler des éléments du chemin et du combat du fils de Bab El Oued.
Il ne fallait pas trop compter sur notre ami, qui comme vous le savez est d’une discrétion et d’une modestie proverbiales.
Heureusement qu’il y eut l’aide de Juliette son épouse.

Nous noterons qu’il y a eu très peu d’écrits, de textes, de coupures de journaux, de photos, de témoignages. La dureté de la guerre de libération, la répression ont tout emporté. Mais enfin essayons !

Georgeot Antoine Acampora est né à la mi-février 1926, rue d’Orléans au vieux quartier de la Marine, à Bab El Oued. C’est là qu’il ira à l’école primaire. Sa maison natale, comme son école primaire seront rasées dans ce quartier vétuste. Toute la famille ira habiter à quelques centaines de mètres de là, mais toujours à Bab El Oued.

Les parents sont d’origine italienne. Georgeot sera le dernier des six frères et sœurs.

Le père Augustin Acampora vient d’Italie, il est marin pêcheur chez un patron à la Pérouse, aujourd’hui Tamenfoust.

Antoine, c’est le second prénom de Georgeot, quitte l’école à 14 ans, malgré qu’il était bon élève, sa mère ne voulait pas, mais il fallait bien tous travailler pour survivre.

Il travaille comme ouvrier pêcheur et se souvient comment il transportait à la force des bras et sur ses épaules les cageots de poissons à partir d’Hussein Dey pour les vendre au marché de Belcourt.

Sa mère Clémentine Castagna, travaillait chez elle, à domicile, comme cordonnière.

Georges Antoine commencera ensuite à travailler chez Spinoza, comme apprenti tourneur, puis chez Fotiadis près de l’Agha, toujours en tant que tourneur. Il passera ensuite à l’usine Job de tabac à Bab El Oued, dans l’entretien du matériel. C’est chez Job, que cet ouvrier deviendra syndicaliste à la CGT et c’est là qu’il dirigera une grève de 40 jours de l’ensemble des quatre usines de tabacs de Bab El Oued.

En 1950, en début d’année, Acampora adhère au Parti Communiste Algérien (PCA). Comment y est-il venu ?

Il nous l’a confié en juillet autour d’un café : « hé bien comme j’étais sur le quartier, je connaissais des camarades qui y activaient pour le PCA ; j’ai commencé à participer à des actions sociales avec les camarades, sans être membre du parti. Ensuite on assiste aux premières grèves, et là, tu commences à voir, à comprendre, à rentrer dans l’action. Je n’avais ni mon père, ni ma mère, ni mon frère dans ses idées-là. Les choses de la famille ce n’était pas ça… Je connaissais des camarades dans le quartier, alors j’y suis allé tout seul, à la section de Bab El Oued… C’est dans l’action avec les camarades que j’ai décidé d’entrer au PCA »

Acampora effectue son service militaire à Cherchell, ça l’aidera quand il a fallu qu’il prenne les armes pour libérer son pays. Quelques mois après novembre 54, au printemps 55, le PCA crée ses propres maquis et ses propres “Combattants de la Libération” les CDL, tout en poursuivant ses démarches pour prendre contact avec la direction du FLN et sceller les accords FLN-PCA pour l’intégration des CDL au sein de l’ALN.
Au sein des groupes de choc, Acompora participera à l’attaque du commissariat de la Redoute. Comme ouvrier tourneur expérimenté, il réparera les mitraillettes, rectifiera les culasses au sein des ateliers des pompiers. « Je rentrais une arme à la fois » dit-il.

Sur dénonciation Georgeot est arrêté à la caserne, torturé, emprisonné à Serkaji, puis fut condamné à mort.

Ce n’est que début 1959, qu’il passera de Serkaji à El Harrach. Il venait de bénéficier d’une grâce et sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité, avec 181 patriotes condamnés à mort. De ce passage à El Harrach il conservera une belle, de ses rares photos, avec un groupe de jeunes prisonniers. Il montre le jeune qui est au centre, « c’est notre muezzin » dit-il et c’est moi qui le réveillait chaque matin pour qu’il lance l’appel à la prière. C’est vrai qu’un condamné à mort apprend à ne pas s’endormir avant l’aube.

Mon idéal demeure

Le 11 mars 1991, après le séisme qui a secoué les partis communistes et les pays socialistes, le journal “l’Humanité”, organe central du Parti Communiste Français, publiait un entretien avec Georges Acampora :
« le mouvement de libération national, déclare-il, a canalisé tous les patriotes sur l’objectif de l’indépendance de L’Algérie. Les communistes algériens ont participé à ce large mouvement de libération nationale. A cette époque la perspective socialiste donnait à notre combat un objectif à long terme. Nous avons partagé cet espoir avec des nationalistes issus du MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques).

Personnellement j’ai participé après l’indépendance aux brigades de travail volontaire pour la réforme agraire. Nous avons aidé les paysans à occuper les grandes propriétés laissées vacantes par le départ des colons. Nous avons participé bénévolement au reboisement des régions entières napalmées. Je me souviens du rassemblement de L’Arbaatach. Plus d’un million de personnes étaient là. La venue de Che Guevara à Alger avait enthousiasmé notre jeunesse. Aujourd’hui ces arbres atteignent une hauteur respectable. Le socialisme n’est peut-être plus à l’ordre du jour, mais je reste profondément attaché à mon idéal. Je continue à militer au Parti de l’Avant- Garde Socialiste (PAGS). J’espère que la façon dont s’est déroulé la Guerre du Golfe va faire tirer aux peuples de la région les enseignements nécessaires pour qu’une telle tragédie ne puisse se renouveler »

Si vous interrogez aujourd’hui Georgeot sur les mêmes sujets, il vous renouvèlera ses convictions politiques et idéologiques et vous redira : « mon idéal demeure ! »


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