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"DANS LE MONDE SYNDICAL ALGÉRIEN : DYNAMISME ET MANŒUVRES !"

jeudi 15 décembre 2011


“14 DECEMBRE 1967 : À LA CENTRALE SYNDICALE - LE JOUR DU COUP D’ÉTAT” - “Les impressions du jeudi” - le 15 décembre 2011 - par Saoudi Abdelaziz.


SIDI SAÏD PARLE - « IL FAUT SUIVRE LE MENTEUR JUSQU’AU PAS DE SA PORTE » - Jeudi 15 décembre 2011 - Saoudi Abdelaziz.


14 DECEMBRE 1967 :

À LA CENTRALE SYNDICALE

LE JOUR DU COUP D’ÉTAT

“Les impressions du jeudi
le 15 décembre 2011”

par Saoudi Abdelaziz

Ce 14 décembre, mon frère Antar m’avait réveillé au milieu de la nuit. Il rentrait d’El Asnam où il travaillait, avec ce flash : « Les tanks arrivent, c’est le coup d’Etat ». Il ne fallait pas trop traîner à la maison, car on ne sait jamais avec les coups d’état militaires, le précédent m’avait valu dix huit mois de prison. C’était aussi l’avis de ma mère. Je suis donc descendu d’El-Biar. Première escale, le square Port-Saïd et son café des noctambules, le Terminus. Café noir, sandwich au camembert, quelques coups de fil, puis direction la Maison du peuple, au Champs de Manœuvre.

Ami El Hadj, le gardien de la Centrale syndicale, étonné de me voir débarquer aux aurores, m’a ouvert les locaux. Il n’était pas encore six heures. Quelques minutes plus tard, c’est le secrétaire général de l’UGTA, Mouloud Oumeziane, qui arrive, passe devant mon bureau pour rejoindre le sien, puis revient et me dit : « Oui, ils l’ont fait ». Je lui ai communiqué les informations de mon frère. On connaît le style de Mouloud, il lui a fallu un peu de temps pour qu’il me donne son propre tuyau : « les tanks ont été bloqués par l’aviation ».

L’imminence d’un coup d’état et de la sédition de Tahar Zbiri, le chef d’Etat-major de l’ANP, étaient le sujet de toutes les conversations depuis plusieurs jours. Mouloud Oumeziane avait résisté aux sollicitations visant à engager les syndicats dans un soutien à ce qui apparaissaient pour certains comme une initiative de l’aile gauche du pouvoir. Les mêmes sollicitations étaient signalées en direction des étudiants de l’UNEA et plus généralement de ceux que l’on appelait les « progressistes ». Dans ses recommandations internes, le Pags avait appelé ses adhérents à la vigilance.

Dans une contribution publiée sur le site Social Algérie, en février 2010, je notais :
« De toutes évidences Zbiri, personnage assez obtus, avait été piégé et poussé dans ce sens. C’était une période très trouble. Mohamed Cherif Messadia, virtuose des coups fourrés depuis l’époque de l’armée des frontières, rendait visite à Bachir Hadj-Ali, alors emprisonné, pour lui proposer que la direction du PAGS s’associe à un coup de force "à gauche"... Hadj-Ali l’a envoyé vendre des navets...

Après l’échec de la tentative dérisoire et manipulée de Zbiri, une des conséquences de la redistribution des cartes dans l’équipe dirigeante du "Conseil de la Révolution", fut la désignation de Kaïd Ahmed à la tête de l’appareil central du FLN, avec Messadia comme adjoint. Une alliance de fait, n’excluant pas la rivalité, s’établit entre Kaïd et Abdesslam autour d’un objectif commun : briser l’autonomie de la centrale syndicale. De concert, ils ont engagé dès le début de 1968 la deuxième capolarisation de l’UGTA qui débouchera à l’automne sur l’abdication de la commission exécutive qui décidera de « remettre son mandat » à la direction de l’appareil du FLN.

À la Maison du Peuple, au lendemain de la tentative de Zbiri, régnait un climat de démoralisation et de doute. Des militants syndicaux avaient même été tentés par le soutien à un coup de force à gauche. Il y avait un climat d’intox... En effet, on ne devrait pas passer sous silence une certaine tendance chez les syndicalistes combatifs, à la "surpolitisation" de l’action syndicale, à une sensibilité exagérée aux sollicitations par rapport aux luttes de tendances dans le pouvoir. Avec comme conséquence une certaine fébrilité "avant-gardiste" (dont très peu d’entre nous étaient prémunis), par rapport aux salariés de base.

Tout cela était accentué par les interférences dans les syndicats des contradictions "idéologiques", par exemple entre les communistes et les gens influencés par le PRS de Boudiaf. Avec, se greffant là-dessus, des divisions et rivalités anciennes entre leaders syndicaux pourtant attachés les uns et les autres au principe de l’autonomie des syndicats.

Il faut aussi noter qu’après le "suicide" du jeune et intelligent colonel Saïd Abid, chef de la première Région militaire, le courant dit de "gauche" s’était affaibli dans l’armée, et les institutions, restreignant notamment la marge de manœuvre de Boumediene par rapport aux secteurs les plus droitiers et antipopulaires du pouvoir qui voulaient en découdre avec les syndicats.

Une des conséquences incidente - mais qui ne sera pas sans conséquence dans l’avenir - de cette sombre péripétie des luttes de pouvoir, fut aussi sans doute que le centre de gravité du travail de liaison et d’animation politique de l’ANP en direction de la société civile, passera assez vite du Commissariat politique de l’Armée, jusqu’alors dominé par les "démocrates révolutionnaires", aux professionnels plus strictement policiers et manipulatoires de la Sécurité militaire. » (SocialAlgérie.net)

Saoudi Abdelaziz, 14 décembre 2011

Sources : algerieinfos

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SIDI SAÏD PARLE
« IL FAUT SUIVRE LE MENTEUR JUSQU’AU PAS DE SA PORTE »

Jeudi 15 décembre 2011

Sidi Saïd s’est échauffé hier. Écoutons-le décrire la situation politique aux cadres syndicaux : « Ce qui se passe dans le pays est très grave, surtout si on le place dans le contexte actuel, où les grandes puissances encouragent les islamistes dits modérés à prendre le pouvoir. Nous avons donné 657 martyrs pour que les valeurs républicaines soient préservées. Ceux qui pensent qu’ils peuvent agir à la place du peuple algérien doivent savoir que près de deux millions de travailleurs sont prêts à se sacrifier pour l’Algérie. Des portes ont été ouvertes pour que la mouvance islamiste revienne sur la scène. La sauvegarde de la République passe par la stabilité sociale. »

Ces motivations éradicatrices sont sans doute à l’origine de l’offensive médiatique engagée par la centrale syndicale. Les prochaines échéances politiques semblent mobiliser les différents clans de l’establishment politique.

Celui où évolue Sidi Saïd, veut utiliser le mécontentement des militants syndicaux comme masse de manœuvre dans les luttes de clans actuelles. Sidi Saïd, le champion de la paix sociale, leur donne même le feu vert pour des actions de masse, lui dont la spécialité est d’enliser les luttes syndicales dans le marécage du dialogue à sens unique. Ils leur dit aujourd’hui : « Je vous libère. Allez défendre vos droits comme vous le voulez ». Mais chasser le nature il revient au galop, le bureaucrate précise « sans pour autant que ça soit dans le désordre ».

Le chef de la bureaucratie syndicale est audacieux, mais pas téméraire. Il précise : « Mon message ne vise pas le Président, qui est le garant de la stabilité et de l’Etat et de l’UGTA. »

Bouteflika garant de la stabilité de l’UGTA ? Certes, mais Sidi Saïd lui dit clairement que le pouvoir ne respecte pas le deal : il n’a pas défendu le droit inaliénable de la bureaucratie de l’UGTA de contrôler le secteur juteux des œuvres sociales. Sidi Saïd n’a pas avalé ce lâchage et affirme mystérieusement « Un parti islamiste s’immisce dans l’activité syndicale en faisant campagne contre l’UGTA, dans le but de prendre ces fonds et personne ne réagit. Il est même aidé par l’administration ».

Pour qui roule Sidi Saïd ? La question devient secondaire pour les salariés en lutte. Ce qu’ils vont sans doute retenir pour l’instant c’est l’affirmation suivante : « Aujourd’hui, je vous dis vous avez ma solidarité et celle de l’état-major de l’UGTA pour prendre toute mesure que vous jugerez utile pour l’intérêt des travailleurs ».

L’adage populaire conseille : « Il faut suivre le menteur jusqu’au pas de sa porte ».

Saoudi Abdelaziz, 15 décembre 2011

Sources : algerieinfos

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