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UNE VAGUE ET DES DIFFÉRENCES

LE MÊME EMBALLAGE "VERT" IDÉOLOGIQUE POUR DES SITUATIONS ET DES PROJETS DIFFÉRENTS"

éditorial - Le Quotidien d’Oran - le 30 novembre 2011

jeudi 1er décembre 2011

La « vague verte ». Les médias, c’est leur tare, aiment répéter les formules bateau et générales qui ont la vertu de paraître en phase avec les évènements. Le cliché fonctionne toujours. Il n’explique rien. Et surtout, il masque les différentes réalités.

Même en étant soumis au discours répétitif des télévisions françaises, il est difficile de mettre sur le même plan l’opération électorale qui s’est déroulée en Tunisie avec celle qui vient d’avoir lieu au Maroc. Le fait que des partis islamistes « light » émergent dans les deux cas comme la première force politique du pays ne signifie pas que l’on est en présence d’un processus de même qualité. Il faut donc rappeler l’évidence, à savoir que la Tunisie est engagée dans un vrai processus de transition démocratique, tandis que le Maroc est dans une opération politique très contrôlée par le Palais.

L’opération marocaine, sans risque avec un parti islamiste « intégré », n’est pas semblable au processus politique tunisien, mais elle en profite. Les lectures dominantes dans les médias juxtaposent des situations différentes pour les insérer dans une même logique. En attendant de voir les décantations en Egypte, la mise en exergue de la « vague verte » sert à masquer des différences de qualité ou, pour être précis, d’authenticité des processus en cours.

Il est donc nécessaire de rappeler que les Tunisiens ont mis en place des structures indépendantes pour fixer le mode de scrutin et organiser des élections pour l’Assemblée constituante. Ils sont dans un processus politique de rupture puisqu’ils vont écrire une nouvelle Constitution. Au Maroc, on est très loin de cette mise à plat. Et d’ailleurs, toute l’opération décidée par le Palais avait justement pour but d’éviter une mise à plat – exigée par les jeunes du 20 Février – sur le modèle tunisien. Au Maroc, on est donc dans la permanence du système avec une Constitution octroyée et votée à des taux officiels peu crédibles. C’est une raison de plus pour souligner que focaliser sur la victoire des islamistes – c’est un fait – ne doit pas justifier de fausses comparaisons. Il n’est certes pas inintéressant de voir le Roi du Maroc confier la charge de Premier ministre à un islamiste du PJD. Cela change un peu dans les us et coutumes du régime, cela n’est pas un changement de régime. Au demeurant, Mohammed VI ne pouvait pas se permettre d’outrepasser l’un des rares changements introduits dans la Constitution et qui impose que le Premier ministre soit choisi au sein du parti qui obtient le plus de sièges. Peu importe d’ailleurs, la portée de l’évènement reste limitée et les pouvoirs restent au Palais.

S’il est un évènement important pour l’establishment politique marocain, il l’est beaucoup moins pour de très nombreux Marocains sceptiques. Car au fond, et c’est le vrai critère d’analyse, le véritable enjeu est de passer du statut de sujet à celui de citoyen. C’est l’exigence fondamentale des jeunes du 20 Février qui persistent à poser les questions qui fâchent, comme celle d’une monarchie constitutionnelle. La Tunisie est dans cette optique, totalement neuve dans le monde arabe, de l’établissement de la citoyenneté. Et c’est à cette aune - et non à la couleur du parti qui a emporté le plus grand nombre de sièges – que doit être apprécié un processus politique.

Et l’on peut constater aussi que, jusqu’à preuve du contraire, le système algérien est dans l’optique marocaine et qu’il ne veut pas de l’exemple tunisien.

par M. Saadoune



Voir en ligne : http://www.lequotidien-oran.com/?ne...

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