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BOUDOUKHA ALI BEY "BAB", JOURNALISTE AU LONG COURS ET HOMME À L’ESPRIT TOTALEMENT LIBRE NOUS A QUITTÉ

mercredi 9 novembre 2011

Ali, à la cérémonie organisée en hommage à Baya Gacem

Ali est parti. Qu’ils sont durs à dire et à écrire ces mots que les amis utilisent doucement pour éviter les expressions définitives. Boudoukha Ali Bey, BAB, journaliste au long cours et homme à l’esprit totalement libre est mort hier matin après avoir livré un dernier combat courageux contre le cancer.
Pour tous ses amis, et ils sont nombreux, Ali est parti trop tôt. À un âge où l’on a accumulé des expériences et où il reste beaucoup à faire. Et surtout à transmettre. Dans un pays où l’accumulation et la transmission sont rendues impossibles par les règles absurdes d’un système absurde, BAB faisait partie de ceux, rares, qui pensaient que la compétence et le savoir acquis ne donnaient pas un pouvoir mais créaient un devoir : celui de transmettre.
Ceux qui l’ont côtoyé à la radio où il était un ardent défenseur du service public tout comme dans des journaux engagés comme la “Nation” ou “Libre Algérie” peuvent témoigner que ce souci de transmission était pour lui un sacerdoce. Un devoir qui relevait de l’intime conviction que seuls des algériens bien formés peuvent faire des hommes libres.
Ali faisait partie de cette génération venue après l’indépendance, marquée par le souffle libérateur universel de la révolution algérienne, qui considérait que le système en place a défiguré l’Algérie ; et l’a rendue quasiment invivable pour ses enfants.
Il connaissait beaucoup de membres de ce peuple de cadres et d’intellectuels qui ont quitté, de guerre lasse, le pays au cours des deux dernières décennies. Une terrible gabegie humaine qui le mettait en colère et qui le poussait à se comporter en résistant.
C’était un homme en colère car l’Algérie n’était pas condamnée à aller vers les impasses où elle a été menée par un système qui ne favorise que la dilapidation et la déperdition.

Durant toutes ces années terribles où les journalistes étaient sommés de choisir leur camp, il a défendu une autre vision, celle d’une démocratie inclusive avec des règles communes applicables pour tous et par tous. Il a été durement attaqué par les éradicateurs mais il était sans complaisance aucune avec les islamistes. Il n’a pas transigé dans l’exercice de son métier sur une ligne qui lui paraissait évidente : aucun algérien n’est son « ennemi » et il n’y a pas deux camps. Il y a un pays où les hommes ont payé chèrement pour être libres et égaux et cela ne peut se réaliser que par un Etat démocratique respectueux des droits de l’homme pour tous les algériens.

Cela semble une évidence aujourd’hui, c’était une hérésie dans les années 90 qu’un journaliste francophone, progressiste, professe de telles idées. Et il a été sans ménagement dans sa fameuse rubrique « Souk El Kalam » contre les journaux qui dévoyaient le sens des mots et les tordaient pour leur faire dire des choses absolument contraires à ce qu’elles étaient censées exprimées.

Ali, comme beaucoup de membres de cette génération, était en colère, mais il a constamment refusé la violence. Et s’il n’a pas réussi avec sa génération à imposer une vision d’une Algérie libre avec des citoyens libres dont la vie est organisée par les lois, il a veillé à ce que les siens, ses enfants, soit à l’abri de la contamination de la violence que le système instille partout.

Cela a été un combat permanent. Et c’est un combat intime qu’il a réussi. Ali est parti mais ses idées restent intactes et sa mémoire vivante.

Il ne sera pas oublié.


Voir en ligne : http://www.lanation.info/Ali-est-pa...

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