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ANNÉES 50:INSTRUMENTALISATION DE LA QUESTION JUIVE PAR LES MILIEUX COLONIALISTES & SIONISTES, CONTRE LES MOUVEMENT NATIONAUX MAGHRÉBINS

mercredi 5 octobre 2011

ENRICO MACIAS ET LA GUERRE D’ ALGÉRIEQUAND GASTON CHASSAIT DU FELLAGA” ..., par Abed Charef, Le Quotidien d’Oran, le 2 octobre 2011 ;

LES SERVICES SECRETS ISRAÉLIENS ÉTAIENT-ILS À CONSTANTINE DURANT LA GUERRE DE LIBERATION NATIONALE ? à propos des affabulations du journal israélien « Maariv » relayé par un quotidien algérien, Ould Sidi-Rached, le 16 avril 2005 ;

1955 : MAROC, TRANSPLANTATION DES JUDÉO-MAROCAINS VERS ISRAËL. extraits du livre « L’insoumis ; Juifs, Marocains et rebelles » de Mikhaël Elbaz, professeur d’anthropologie à l’Université Laval–Canada (éd. Desclée de Brouwer, Paris 2001) ;


ENRICO MACIAS ET LA GUERRE D’ ALGÉRIE

QUAND GASTON CHASSAIT DU FELLAGA ...

par Abed Charef
Le Quotidien d’Oran
le 2 octobre 2011

Enrico Macias est un homme redoutable. Militant sioniste déclaré, il a toujours entretenu des rapports ambigus avec l’Algérie, dont il a largement contribué à imposer cette image de pays de la douceur de vivre et de la kémia,une image qui a nourri tant de nostalgie chez les pieds-noirs.

Ses tirades sur le pays du soleil et de la haine, de la joie de vivre et de la passion, ce pays perdu dont on ne se console jamais, ont arraché des larmes à de nombreuses générations de pieds- noirs. Mais Gaston Ghenaïssia–le vrai nom de Macias- n’a jamais abordé le volet le plus sombre de son histoire algérienne. Il n’a jamais dit comment il a lui-même contribué à mettre le feu à ce pays bien aimé. Il a, en fait, réussi à maintenir un voile pudique sur son militantisme de cette époque, un militantisme qui l’a mis dans la même tranchée que Maurice Papon !

Enrico Macias évoque régulièrement sa volonté de revoir son « pays natal », et comment il en est empêché. Sa visite devait se faire en 2007, en compagnie de Nicolas Sarkozy. Auparavant, il avait affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika lui-même l’avait invité, mais que des méchants, héritiers de la tendance obscurantiste du FLN, s’étaient opposés à son retour. Qu’en est-il au juste ?

A Alger, on affirme officiellement qu’Enrico Macias peut se rendre en Algérie quand il veut, mais qu’il est hors de question d’en faire un évènement politique. Certains fonctionnaires montrent un certain embarras devant le tapage médiatique provoqué par Enrico Macias lui-même. « Il n’a pas envie de revenir, il ne viendra pas, et il le sait parfaitement », a déclaré, sûr de lui, un ancien haut responsable. « Et ce n’est pas seulement à cause de son soutien public à Israël », ajoute-t-il, estimant que le thème Algérie ne constitue pour Enrico qu’un « fond de commerce ».

Pour cet homme, qui avoue avoir apprécié la musique de Enrico dans sa jeunesse, Enrico Macias ne reviendra pas en Algérie parce qu’il y a commis des crimes pendant la guerre de libération. Selon lui, Enrico faisait partie d’une milice locale, les « unités territoriales », composées de partisans de l’Algérie française, qui formaient des milices de supplétifs de l’armée coloniale. L’unité à laquelle appartenait Enrico Macias a commis de nombreuses exactions, et a participé à des ratonnades, affirme cet ancien haut fonctionnaire.

A cette époque, Enrico Macias est un jeune artiste prometteur, qui joue dans la troupe du « Cheikh Raymond », le plus célèbre artiste juif de Constantine. Raymond Leyris est alors au faîte de sa gloire : notable de la communauté juive, ami des « arabes » de la ville, il est riche et célèbre. Sa musique est si appréciée qu’une jeune recrue FLN, en pleine guerre d’Algérie, rejoint le maquis ALN en wilaya II avec des disques de « Cheikh Raymond », nous raconte un ancien moudjahid qui a passé toute la guerre dans le Nord Constantinois !

Raymond Leyris n’avait pas d’enfants. Il en a adopté deux, dont Enrico Macias. Celui-ci est donc à la fois l’enfant adoptif, le disciple et l’héritier de CheiKh Raymond. A-t-il été l’héritier en tout ? Seul Macias pourra le dire. En tous les cas, les réseaux FLN avaient alors une conviction. Pour eux, Raymond Leyris avait été contacté par les services spéciaux israéliens. Il organisait des collectes, montait des réseaux, et travaillait en sous-main avec les services spéciaux israéliens, qui avaient alors un objectif : organiser le transfert massif des juifs des pays arabes vers Israël. En Algérie, leur première cible était Constantine, avec ses 25.000 à 30.000 juifs : il y avait presque autant de juifs à Constantine que dans les grandes villes israéliennes.

En mai 2005, le journal israélien Maariv citait un ancien officier du Mossad chargé de piloter l’opération. Cet officier affirme avoir recruté deux agents, Avraham Barzilaï et Shlomo Havilio, qui arrivent dans la région de Constantine début 1956, sous la couverture de modestes enseignants. Quatre mois plus tard, une grenade explose dans un café fréquenté par les Juifs de Constantine, rue de France. S’ensuit une opération de vendetta organisée par les cellules mises en place par le Mossad, selon l’officier en question. Les ratonnades font de nombreux morts. L’historien Gilbert Meynier, qui l’évoque dans une de ses études, et parle de « pogrom », est contraint à une longue mise au point. (http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2007/03/14/4319574.html).

Quel est le rôle exact de Raymond Leyris ? Difficile à dire. Mais l’homme surfe déjà sur une vague de célébrité et de respectabilité. Artiste adulé, il a atteint une renommée qui va au-delà des communautés. Il est le notable juif par excellence. Il garde le contact avec les arabes qui veulent préserver la communauté juive ; il reste l’interlocuteur des autorités coloniales au sein de la communauté juive ; il poursuit une activité clandestine avec le Mossad.

Mais peu à peu, les réseaux FLN acquièrent la certitude que Cheikh Raymond n’est plus un artiste aussi innocent. Il est partie prenante dans l’action de réseaux que le FLN n’arrive pas encore à identifier. Des témoins avaient vu des armes transportées à partir de chez lui, en pleine nuit.

Au FLN, la prudence reste de mise. Des consignes strictes sont données pour tenter de conserver de bonnes relations avec la communauté juive. Des contacts réguliers sont établis. Début 1961, le FLN envoie de nouveau un émissaire auprès des notables de cette communauté. L’émissaire envoie un message à Raymond Leyris, et prend rendez-vous. L’organisation fonctionne alors selon un cloisonnement très strict.

L’émissaire du FLN est tué alors qu’il gagnait le lieu du rendez-vous. Ce fait, troublant, intervient après d’autres évènements suspects. L’organisation du FLN en tire une conclusion : seul Raymond Leyris pouvait avoir organisé la fuite pour permettre aux autorités coloniales d’éliminer le responsable du FLN.

Les anciens moudjahidine de la Wilaya II, qui étaient opérationnels à ce moment là, sont toutefois formels : aucune instance du FLN n’a prononcé un verdict clair contre Raymond Leyris. Aucun responsable n’a, formellement, ordonné une exécution. Mais le doute planait, et dans le Constantine de l’époque, ce n’est qu’une question de temps. Le 22 juin 1961, neuf mois avant le cessez-le-feu, Raymond Leyris croise Amar Benachour, dit M’Djaker, membre d’une cellule locale de fidayine, qui l’abat en plein marché, devant des dizaines de témoins. La personnalité de Amar Benachour, l’homme qui a abattu Raymond Leyris, posera aussi problème. Il s’agit en effet d’un personnage qui répond peu au profil traditionnel du moudjahid. Benachour est plutôt un marginal, plus branché sur le « milieu » que sur les réseaux nationalistes. Ce qui a d’ailleurs jeté une ombre sur l’affaire : Benachour a vécu jusqu’au début du nouveau siècle, mais l’opération qu’il a menée a toujours été entourée de suspicion, certains n’hésitant pas à parler de provocation ou de manipulation. Plusieurs moudjahidine qui étaient dans la région au moment des faits continuent d’ailleurs à soutenir l’idée d’une manipulation.

La mort de Raymond Leyris accélère le départ massif des juifs de Constantine, un exode largement engagé auparavant par les catégories les plus aisées. Mais la mort de Raymond Leyris sonne également le début d’une opération de vengeance meurtrière, à laquelle Enrco Macias participe, selon des moudjahidine de la Wilaya II. Il est impossible d’établir exactement le bilan exact des expéditions punitives. En 1956, après l’attentat de la rue de Constantine, Gilbert Meynier n’écarte pas le chiffre de cent trente morts. En mai 1961, la même folie furieuse se déchaîne mais, curieusement, affirme un constantinois qui a vécu les évènements, les Juifs de Constantine étaient plus préoccupés par l’idée de départ que par la vengeance. A l’exception d’Enrico, qui garde un silence pudique sur cet période, se contenant d’évoquer la mémoire de Raymond Leyris, un homme innocent doublé d’un artiste qui aimait la vie, mais qui a été assassiné par le FLN, selon lui.

Selon cette image, très médiatique, Enrico lui-même n’était qu’un jeune homme amoureux de la vie et des filles, un modeste instituteur de campagne, devenu un immense artiste grâce à son talent. A Chelghoum Laïd, où il a enseigné, son nom est connu mais il est presque impossible de trouver des gens qui l’ont côtoyé. A Constantine, par contre, un spécialiste de la musique affirme que de nombreux « ouled el bled » lui rendent visite régulièrement en France.

Par ailleurs, le discours de Enrico Macias a longtemps bénéficié d’une cacophonie chez les responsables algériens, qui n’ont jamais adopté une position claire sur le personnage. En fait, côté algérien, plusieurs points de vue se côtoyaient : ceux qui faisaient l’éloge de l’artiste, ceux qui prônaient la réconciliation, ceux qui dénonçaient son soutien à Israël, et ceux qui étaient d’abord soucieux d’établir les faits historiques.

Un ancien haut fonctionnaire af-firme toutefois que Enrico n’avait aucune chance de revenir en Algérie. Les anciens pieds noirs étaient classés en plusieurs catégories, explique ce fonctionnaire. Enrico Macias fait partie d’une sorte de liste rouge officieuse, qui comporte les noms de militaires, colons et ultras ayant commis des exactions. Ceux-là ne peuvent pas entrer en Algérie, dit-il.

Autre détail troublant dans l’his toire d’Enrico : quand il sévissait au sein des « unités territoriales », il collaborait avec un personnage célèbre, Maurice Papon ! Celui-ci a en effet exercé comme préfet à Constantine, où il a contribué à organiser de redoutables escadrons de la mort. Milices, unités paramilitaires, escadrons de la mort, tout ce monde collaborait joyeusement quand il s’agissait de réprimer. Des témoins sont encore vivants.

Autre curiosité dans l’histoire de Enrico Macias en Algérie : les Ghenaïssia, sa famille, sont des Algériens pure souche, installés en Algérie depuis plusieurs siècles, affirme un historien. Ils se sont francisés à la faveur du décret Crémieux, qui offrait la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie, en 1871. A partir de là, les Juifs se sont rapprochés de l’administration coloniale, accédant à l’école et à la citoyenneté. Mais une frange des Ghenaïssia a gardé son ancienne filiation, prenant le chemin inverse de celui de Enrico Macias.

Ainsi, Pierre Ghenaïssia, né à Cherchell, a rejoint les maquis du FLN en mai 1956 dans la région du Dhahra, entre Ténès et Cherchell. Il est mort au maquis un an plus tard dans la région de Chréa, près de Blida, comme combattant de l’ALN. A l’indépendance de l’Algérie, une rue de Ténès, sur la côte ouest, a été baptisée à son nom. Quelques années plus tard, elle a été rebaptisée rue de Palestine !

Sources : Le Quotidien d’Oran
le 2 octobre 2011

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LES SERVICES SECRETS ISRAÉLIENS ÉTAIENT-ILS À CONSTANTINE
DURANT LA GUERRE DE LIBERATION NATIONALE ?

à propos des affabulations du journal israélien « Maariv » relayé par un quotidien algérien.

le 16 avril 2005

C’est ce que nous apprend, ces jours-ci, un quotidien oranais en reprenant un article paru récemment dans le journal du soir « Maariv » de Tel-Aviv et affirmant ceci « Le Mossad a combattu le FLN. Les servies secrets israéliens étaient à Constantine et ce, à l’occasion d’un rassemblement mondial des juifs originaires de Constantine qui se tiendra cette semaine… ».

Voici ce qu’on peut lire, grâce à la complaisance de notre confrère oranais qui a repris l’article de « Maariv » et ce en passant par un site s’intitulant « Proche-orient infos » (?) :
« À 78ans, l’agent Arzahan Barzilai a décidé de parler de son passé d’agent du Mossad, en Algérie. Précisément à Constantine, à 29ans, il avait été envoyé par les services secrets israéliens en compagnie de sa femme, afin de monter des cellules opérationnelles pour faire la guerre à l’ALN, sous la couverture d’un modeste enseignant d’hébreu. » Ça n’est ni le scénario d’un film à suspense, ni la trame d’un polar !

Nos nouvelles générations sont invitées à ingurgiter ces « révélations » surtout qu’elles sont faites à l’occasion d’un grand rassemblement de juifs sépharades, originaires de Constantine et, de surcroît, animé par le chanteur Enrico Macias (de son vrai nom Gaston Ghenassia).

C’est ainsi que sont donnés les détails d’une pseudo opération des services du Mossad « qui ont entraîné et armé des cellules composées de jeunes juifs de Constantine pour faire la guerre à l’ALN. » Le journal « Maariv » rapporte le récit de cet agent en revenant sur un épisode qui s’est déroulé le 12 mai 1956. « Barzilai a le pressentiment que le FLN va commettre un attentat. Il donne donc l’ordre aux membres de sa cellule de s’armer de pistolets et de patrouiller, rue de France, l’artère principale du quartier juif de Constantine. A midi, une très forte explosion secoue la rue : un arabe a jeté une grenade à l’intérieur d’un café, les jeunes de Barzilai arrivent sur place très rapidement. Des femmes juives crient. L’une d’elle désigne du doigt la ruelle vers laquelle le terroriste s’est enfui. Les jeunes juifs de ma cellule, dit-il, l’ont rattrapé et l’ont abattu. Nous craignons que les arabes ne viennent se venger contre le quartier juif. Nous avons alors déployé quatre autres cellules sur des points stratégiques, à l’entrée du quartier juif. Certains juifs portaient des armes avec l’autorisation des autorités françaises. Très rapidement les coups de feu ont commencé à fuser de toutes parts. Et les juifs armés ont commencé à se diriger vers le quartier musulman […]. Nos hommes ont pénétré dans les cafés voisins et leur ont causé des pertes sérieuses ».

Une partie de ces révélations enjolivées de ‘détails‘ pour rendre le récit crédible semble tenir la route. Mieux encore les quelques précisions données par ce mystérieux agent du Mossad à Constantine aideront ceux qui ont vécu- et j’en suis un- cette triste période de notre histoire, à compléter leur puzzle.

Il me souvient que cette journée du 12 mai était un samedi ou un dimanche, journées de repos pour un certain nombre de boites importantes. Je circulais justement rue de France, avec deux autres amis, l’un cheminot et l’autre postier[1] et ce, non loin de la petite artère- ou ruelle- descendante où fut balancée une grenade (qui explosa exactement devant l’entrée d’un bistrot fréquenté essentiellement par des juifs et des petits européens du quartier). D’ailleurs, je me souviens que mon compagnon postier, habitait justement en face de ce bar au premier étage. Curieusement, aussitôt que l’engin éclata, des coups de feu nourris étaient tirés à l’endroit de cette artère perpendiculaire à la rue de France. Cette ruelle débouchait en contrebas sur le quartier des bouchers (on sait que les médinas étaient divisées professionnellement : teinturiers, forgerons, etc.…). Avant les échoppes de bouchers, juste en fin de course de cette ruelle, il y avait- et il y a toujours- la mosquée séculaire de Sidi-Lakhdar où Abdelhamid Ben Badis venait de son vivant donner des cours et, souvent, y passer la nuit, faute de gîte… En continuant sur la gauche, nous atteignons le quartier dénommé « marché de la laine » (Rahbet-souf) et, avant d’atteindre le Rhummel, vous tombez sur le ghetto juif, surnommé « charéé », que l’on pourrait traduire par rue ou place….

Tout cela pour préciser que le quartier juif n’est nullement traversé par la moderne rue de France avec ses magasins, ses bars, etc.… mais qu’il se trouve tout simplement situé en plein cœur de la médina de Constantine !

Que dire encore du fameux pressentiment de notre James Bond (agent 007 !) des temps anciens quant à l’imminence d’un attentat du FLN ? Il est évidemment impossible pour un témoin de distinguer les sources de l’action terroriste et de représailles : services du 2ième bureau de l’armée française ou éléments infiltrés du Mossad ?

Ce qui est certain, c’est que nous avions vécu de près, le déclenchement d’une réelle ratonnade qui s’est poursuivie sans interruption, la ville s’étant vidée de ses habitants en plein midi et, pour ce qui nous concerne (mes deux amis et moi) nous eûmes la miraculeuse chance de rencontrer dans notre course désespérée, un de nos amis[2] habitant justement une impasse de cette fameuse rue de France et qui se fit un devoir de nous secourir. De chez lui, alors que nous nous étions bien éloignés du lieu de la provocation (il faut savoir que cette rue de France est assez longue) nous entendions des crépitements d’armes accompagnés de cris et d’hurlements.

Avant d’en finir avec ce bref témoignage vécu, il faut quand même dire quelque chose sur l’existence ou non de ce fameux réseau de cellules d’agents du Mossad, en 1956, à Constantine ? Qu’en est-il exactement ? En ce temps-là, et même durant la période précédant le déclenchement de la guerre de libération nationale, l’équation s’était de plus en plus simplifiée : d’un côté un peuple avec toute ses couches sociales confondues, affrontait une armée d’occupation dépassant les 400 000 éléments disposant d’un armement sophistiqué. Cette armée d’occupation n’était pas uniquement composée de soldats originaires de l’Hexagone. Elle était également composée de corps étrangers, telle que la Légion étrangère, les régiments de parachutistes étrangers et coloniaux (REP et RPC), etc.… et qui rassemblaient souvent la lie de l’humanité.

Cependant une chose est certaine pour expliquer la présence d’éléments du Mossad en Algérie et, surtout au Maroc, où il fallait en urgence agir pour inciter et convoyer les juifs autochtones en vue de leur acheminement sur Israël (et non sur la France ou une quelconque destination).C’était la hantise du gouvernement Ben Gourion. Les évènements d’Afrique du Nord étaient une bénédiction pour Israël auquel il était donné l’occasion d’envenimer les rapports des juifs autochtones avec les nationaux (marocains, tunisiens et algériens) en provoquant, très souvent, des actes de violences, déclenchant de regrettables vagues intercommunautaires.). C’est ainsi que les services du Mossad avaient pour tâche de créer des situations irréversibles incitant au départ ces milliers de juifs berbères ou d’origine andalouse. Ensuite intervenait les agents de l’Agence juive qui, à travers le monde, ont pour tâche de prendre en charge le voyage à destination d’Israël, compte tenu que le problème démographique était déjà vital pour les gouvernements sionistes de l’époque….

Encore une fois, l’opinion publique internationale -et avec elle, plus lourdement, l’opinion publique algérienne- se trouve être l’objet de manipulations, d’intoxication et de désinformation, domaine dans lequel, il faut le reconnaître, les médias sionistes et leurs alliés, ont une écrasante avance.

Ould Sidi-Rached
Tunis, le 16 avril 2005

article adressé à Alger Républicain, non publié.

[1] Le premier se prénomme Chedli et le second Baghdadi. J’espère qu’ils se reconnaîtront en lisant ce texte si jamais, naturellement, ils sont encore en vie.

[2] Il s’agit d’un membre de la famille Boularès, assez connue dans la ville de Constantine, c’est-à-dire comme étant des notables (deux frères étaient employés aux Ponts et Chaussées de Constantine).

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1955 : MAROC, TRANSPLANTATION DES JUDÉO-MAROCAINS VERS ISRAËL.

Mikhaël Elbaz , né au Maroc en 1947, professeur d’anthropologie à l’Université Laval–Canada, évoque la migration des Juifs Marocains vers Israël dans son livre « L’insoumis ; Juifs, Marocains et rebelles » (éd. Desclée de Brouwer, Paris 2001).

« […] Pour l’année 1955, si le quota d’immigration pour toute l’Afrique du Nord est de 25 000, le Maroc en obtient 24 994. Cela tient à une révolution conceptuelle chez les dirigeants sionistes-socialistes. Ils savent que le maillage du territoire est plus que jamais nécessaire pour asseoir la souveraineté. Les pionniers se font rares pour une politique aussi ingrate. Il s’agit, rien de moins, que de stabiliser les régions frontalières et de peupler le Néguev.

Mandatés par la Fédération des coopératives, Y. Grinker et Z. Haklaï traversent l’Anti-Atlas. Ils reviennent fascinés par la découverte de Juifs frustes mais fiers, dispersés dans quatre-vingt-dix mellahs. D’Ait Rabbah à Demnat en passant par Amizmiz et Ait Buguemmez, les Juifs ruraux sont enregistrés non sans résistance dès qu’ils s’aperçoivent que les émissaires israéliens préfèrent les jeunes aux vieux. Grinker prit leur défense, mais les malades mentaux furent abandonnés. En Israël, ils étaient dans l’impossibilité de choisir leur destin et destination, entre laïcs et religieux qui se les disputaient, comme dans le cas des Juifs de Demnat. Leur départ entraîna des déchirements avec … leur réseau social immédiat dans le village. A Illigh, leur départ dut être retardé, leurs concitoyens musulmans le bloquant. En définitive, les pressions qui poussaient et tiraient cette population de « migrants-malgré-eux » allaient dans la même direction. Entre 1954 et 1955, 13 553 Juifs de l’Atlas furent ainsi fixés pour réaliser un projet qui leur échappait ;

L’indépendance du Maroc entraîne la suspension de l’immigration, le 27 septembre 1956. Le Mossad qui avait installé un réseau d’émissaires dès 1955, plongea dans la clandestinité… L’existence de cette émigration clandestine fut révélée après le naufrage du Piscès, le 11 janvier 1961, faisant 43 morts. En réalité, les hauts faits de l’immigration illégale étaient connus des migrants potentiels et de tous ceux qui assuraient la logistique de leur passage par Tanger, Ceuta, Mellila et Oujda… Ses résultats furent peu probants pour une migration de masse : 17 994 départs entre 1957 et 1960.

L’opération « Eclair » fut lancée pour protester contre l’interdiction d’émigrer. L’affaire devint un enjeu international. Elle mit en perspective la contradiction entre l’égalité de naissance et celle des droits, le panarabisme et le sionisme. Elle poussa le Mossad et les organisations juives américaines à ouvrir la négociation avec le Palais.

Dès que Hassan II prit le pouvoir en mars 1961, l’idée d’un transfert des Juifs fit son chemin grâce aux alliances nouées par des hommes d’affaires judéo-marocains avec des ministres. […] Le transfert a été cependant négocié. Des compensations financières ont été versées par Israël sur des comptes en Suisse à raison de 50 $ à 250 $ par immigrant, selon les sources […] Selon A. Bensimon [« Hassan II et les juifs. Histoire d’une émigration secrète » Paris, Seuil-1991] la somme aurait été de 50 $ par immigrant ; M. Laskier [ L’immigration secrète et les acticités clandestines au Maroc, 1956-1967 » & « Ouverte et secrète. L’immigration en masse des pays musulmans vers Israël », Jérusalem, Institut Ben-Zvi-1999] parle d’un demi million de dollars par transport ; T. Segev [ « Les premiers Israéliens » Paris, Calman-Lévy-1998] qui a interviewé Z. Shragaï, insiste que des comptes ont été ouverts pour plusieurs ministres en Suisse. […] Yaron Tsur soutient que la somme par immigrant aurait été de 250 $ (communication personnelle, le 20 juin 2000 à Tel-Aviv). […]Par contre A. Bensimon, ouvrage cité, vise clairement le Palais. Le ministre de l’Intérieur, Reda Guedira, aurait reçu 50 000 $ pour « relancer l’hebdomadaire Les Phares ». La rumeur au Maroc disait bien que les Juifs avaient été troqués contre du « blé ».

Le fait est que plus de 100 000 Juifs ont migré –inscrits sur des passeports collectifs- entre 1961 et 1964, sous la fiction qu’ils n’allaient pas en Israël… Les Judéo-Marocains étaient pris en charge par une organisation juive américaine, la HIAS. Le fait qu’ils étaient « décitoyennisés » par la pratique des passeports collectifs n’est pas sans lien avec leur sentiment d’avoir été manipulés, y compris en étant plantés en Israël…

[…] Entre 1948 et 1967, 237 813 Juifs marocains migrent en Israël, quittent un monde social et culturel qu’ils avaient fécondé, se demandant souvent qui « veillera sur leurs morts », leurs synagogues et la demeure. […] Une petite communauté de trois à cinq mille personnes maintient au Maroc les restes d’un univers social et culturel englouti ».

notes recueillies en août 2004
M – S R. Tunis.

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On peut se référer aussi à l’article de ABRAHAM SERFATY : “LA PROBLÉMATIQUE DU JUDAÏSME MAROCAIN ET LE SIONISME”, publié par la revue "SOUFFLES" - 3ème trimestre 1969, article 307 mis en ligne par socialgérie.

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