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SOUS LA HOULETTE ULTRALIBERALE MONDIALE

L’ IMPOSSIBLE LIFTING "KEYNESIEN" DES APPRENTIS-MANAGERS ALGERIENS

DEBAT : quel avenir pour une économie rentière et dépendante ??

lundi 16 mai 2011

“LES MAUVAIS LIFTINGS DES ULTRALIBÉRAUX ALGÉRIENS” “UNE NOUVELLE OFFENSIVE ULTRALIBÉRALE ACCOMPAGNE L’ AGRESSIVITÉ AMÉRICAINE DANS LA RÉGION” par Mohamed Bouhamidi, La Tribune, le 12mai 2011

“LES RÉSERVES DE OMAR AKTOUF” Samir Ben El-Watan, le 15 mai 2011.

QUATRE RAISONS ET TROIS PROPOSITIONS - COUP DE TONNERRE SUR LES BOURSES ET LES ESPRITS : L’AGENCE STANDARD & POOR’S MENACE DE DECOTER LES USA A CAUSE DE SA COLOSSALE DETTE Omar Aktouf, le 8 mai 2011, El Watan.

COURRIERS AVIS & DISCUSSIONS PARVENUS à SOCIALGERIE :


UNE NOUVELLE OFFENSIVE ULTRALIBÉRALE ACCOMPAGNE L’ AGRESSIVITÉ AMÉRICAINE DANS LA RÉGION

LES MAUVAIS LIFTINGS DES ULTRALIBÉRAUX ALGÉRIENS

par Mohamed Bouhamidi, La Tribune, le 12mai 2011

Un jour, les historiens s’interrogeront sérieusement sur la formation, dans les principes élémentaires de la « logique », de nos ultralibéraux militants locaux ou expatriés.
Ces derniers prennent une place grandissante dans le débat national car les sponsors de l’ultralibéralisme comptent sur l’aura de leur réussite réelle ou supposée pour se passer justement de débat.

Vous n’allez quand même pas contredire des professeurs estimés en ces lointaines terres étrangères ? La question non dite mais envahissante et intimidante cache d’abord que cette réussite, ils la doivent à la formation de qualité qu’ils ont reçue, ici, à la base dans cette Algérie où professaient des sommités mondiales.
Et grâce au socialisme qu’ils décrient aujourd’hui et qui leur a grand ouvert les portes des universités, à eux et à des centaines de milliers de fils de paysans et de ruraux à qui ils veulent inoculer l’ingratitude du ventre.

Bien sûr, tous les économistes sérieux et honnêtes savent que le mot socialisme n’est pas le terme approprié pour désigner les choix postindépendance.
Mais tous les dirigeants africains et d’autres contrées du monde ont choisi ce terme par défaut pour désigner d’abord un besoin historique de développement - et c’est ce terme qui est la clé du questionnement historique de la deuxième moitié du vingtième siècle ! - et ensuite une voie différente de ce capitalisme, dont émane le colonialisme nécessairement par besoin de débouchés et de marchés de matières premières.

Il reste vrai que les masses rurales à l’époque auraient ri au nez de l’argumentaire de nos ultralibéraux - forcément des masses rurales puisque le colonialisme - à côté de ses enclaves capitalistes minières ou agricoles - aggrave au contraire et entrave les possibilités des colonisés à améliorer leurs outils et leurs forces productives.

Les ouvriers des docks, du rail et des rares manufactures auraient ri encore plus fort.
Car il fallait chercher à la loupe des ouvriers qualifiés ou hautement qualifiés parmi les indigènes. Ne parlons pas de maîtrise et, pour tout résumer, rappelons à nos ultralibéraux qu’à l’indépendance, Bouchama était le SEUL architecte algérien, que nous disposions de quelques ingénieurs et d’une poignée de médecins et d’avocats.

Ruraux et ouvriers indigènes auraient ri au nez des ultralibéraux car ils connaissaient intimement la réalité de l’« économie de marché » ; la réalité de la violence et du rapport de force, la réalité du pillage et du vol, la réalité des inégalités.

Le moment passé de l’émotion, les opinions publiques oublient si vite les rappels irakien, afghan et aujourd’hui libyen de cette réalité.

Mais comment développer un pays si tous les riches de ce pays réunis ne pèsent pas le dixième d’un groupe industriel, si tout le pays ne pèse pas le dixième d’une multinationale ?
Le dilemme s’est posé aussi cruellement à tous les pays qui ont accédé à l’indépendance à la suite de luttes plus ou moins sévères.
Les gouvernements issus des indépendances octroyées ne se posaient même pas la question. Ils se contentaient de gérer l’arrière-pays et de tenir en main les populations ; même les magasins de quelque importance, sans parler des immenses domaines coloniaux, restaient aux mains des Blancs.

On nous répète sans cesse que le colonialisme ne peut être tenu pour responsable du sous-développement de nos pays. C’est oublier que le colonialisme n’est que le visage concret du capitalisme pour les pays du tiers-monde, le visage concret et réel du capitalisme avant qu’il ne passe à la phase impérialiste.
Il n’existe pas et n’existera jamais de capitalisme dans les pays du tiers monde, à part dans cette projection hideuse et nul développement ne peut se faire sans entrer en conflit avec ce « visage » colonial et impérial du capitalisme.

Au Brésil, ni en Russie, ni en Chine, ni en Inde, ni ailleurs les capitalistes locaux – si l’on admet par concession que le socialisme chinois est un capitalisme d’Etat – ne peuvent affirmer leurs intérêts et créer leurs marchés sans se heurter aux hégémonies et aux positions acquises par les pays impérialistes.
Le Brésil reste indiscutablement le pays le plus instructif de cette émergence d’un capitalisme périphérique. Il a fallu aux Brésiliens sortir de décennies de dictatures anti-communistes et antipopulaires féroces et en réalité au service des multinationales américaines et des compradores brésiliens, en construisant une représentation et une projection d’une bourgeoisie brésilienne capable d’accepter que ses intérêts se fondent dans les intérêts de l’ensemble du peuple brésilien.
Cela veut dire, en très clair, que pour gagner en tant que bourgeoisie et en tant que classe de capitalistes à la conquête d’un marché intérieur complètement acquis aux intérêts étrangers - comme l’est aujourd’hui le marché algérien -, toutes les autres composantes devaient gagner.
Au sommet de cette conscience, la bourgeoisie brésilienne a accepté que les travailleurs et paysans prennent leur part des fruits du développement, sinon il n’y aurait pas de développement. Elle a soutenu Lula et soutient aujourd’hui Dilma Roussef.
La longue expérience politique du Brésil a fait comprendre à cette classe qu’elle ne pouvait développer ses propres ressources et capacités sans s’assurer d’un front intérieur et d’une cohérence maximale de la répartition des revenus.

C’est par cette force du front intérieur que le Brésil peut parler fort et c’est cette faiblesse du front intérieur qui rend si fragile l’Algérie qui est obligée de se justifier pour tout et pour rien.
Les différentes fractions de la bourgeoisie algérienne ne prennent pas ce chemin, bien au contraire. En pleine crise du capitalisme et en pleine crise de la globalisation financière, ses représentants redoublent d’« ingéniosité » pour défendre le modèle en crise et les recettes qu’ils nous appliquent depuis trente ans en remettant à l’ordre du jour des ficelles archi-usées, mais qui marchent à tous les coups.
L’exemple le plus frappant reste les aides à la création d’emplois et, singulièrement, cette mesure de faire payer par l’Etat les allocations familiales, d’exonérer les employeurs de certaines taxes, etc.
À première vue, les gens ont l’impression que les employeurs, grâce à ces mesures, vont embaucher de nouveaux employés en oubliant ce fait irréductible : l’employeur n’embauche que si ça lui rapporte un profit, et s’il a besoin d’un ouvrier pour une machine, il ne va pas embaucher un deuxième pour le plaisir d’une exonération.
Dans les faits, il a bénéficié, lui, d’allégements de charges pour un emploi nécessaire au fonctionnement de sa machine.
Et l’Etat a multiplié ces cadeaux qui ont profité essentiellement aux entreprises étrangères.

Peut-on créer plus d’emplois avec ces mesures ? Non, bien sûr. L’investissement crée l’emploi, pas les cadeaux qui peuvent favoriser plutôt le recrutement d’un jeune que d’un vieux - ou inversement -, mais qui ne peuvent créer la machine et l’usine.
Et ces patrons algériens dans leur avidité insatiable innovent dans ce domaine. Enlevez encore le peu d’Etat qui reste, les PMI/PME fleuriront et les jeunes trouveront ou créeront du travail ! Pour produire quoi qui n’est pas déjà largement concurrencé par les produits européens dopés par le démantèlement tarifaire ? Pour sous-traiter quoi puisque tous les grands pôles industriels, notamment l’industrie mécanique, qui pouvaient créer ce tissu de la sous-traitance ont été systématiquement détruits ?
Alors, ces patrons algériens qui ont prospéré à partir des réformes libérales, et par la proximité clanique ou familiale avec les centres de décision administrative et financière, essayent avec ou sans l’appui des théologiens de l’ultralibéralisme de nous rafraîchir les mesures qui nous ont ruinés.

Décortiquez ces mesures et vous retrouverez en filigrane la même revendication de base : donnez le pouvoir, tout le pouvoir au capitalisme ; écartez-vous et ça marchera tout seul.
Trouvez une seule grande entreprise capable de monter une usine de tracteurs en Algérie, ou une usine de camions ou de voitures !
Au mieux, les privés ont créé des usines de montage avec un très faible taux d’intégration ou des usines de conditionnement qui, pour la plupart, mettent du liquide - limonade ou huile de table - dans des canettes ou des bouteilles, ce que savait faire déjà Hamoud Boualem en 1898.
Nous présenter une technique industrielle vieille de plus d’un siècle comme le must de l’industrialisation, c’est un peu fort et on peut prendre date avec ces mêmes patrons pour la mécanique de précision ou juste pour l’optique.
À côté de ce côté presque burlesque des compradores en quête de plus de pouvoir et de plus d’infitah, re-pointe le nez de la grande trouvaille « économique » de nos ultralibéraux.
Le problème grandiose de l’Algérie, ce n’est pas le pétrole présenté comme une malédiction, c’est l’après-pétrole ! Déjà parler d’une matière - même première - en termes de malédiction ou de bénédiction, c’est de la pensée magique.

Le maléfique ou le bénéfique des objets, c’est tout juste de l’animisme sans les renvoyer à la question de savoir pourquoi cette question ne se pose pas pour la Norvège ou pour les Etats-Unis, mais cela les obligerait à penser en termes de rapports sociaux à l’échelle locale et à l’échelle internationale ?
La malédiction frappe notre avenir immédiat car le pétrole, c’est périssable et c’est un bien grand péril que de continuer à compter sur une ressource aussi volatile et une rente aussi incertaine. Pour ceux qui s’en souviennent, on nous a chanté cette chanson en 1987 et en 1988 avec la série télévisée des frères Hilmi et les grands discours sur l’après-pétrole.
Vingt-deux ans après, le pétrole est encore là et son argent est bien utile aux importations des sponsors des théologiens de l’ultralibéralisme.

En vingt-deux ans de conseils de ces théologiens, au lieu d’investir l’argent du pétrole dans l’industrie lourde, dans la mécanique, dans l’avionique, etc. nous l’avons dépensé à acheter des kiwis et à détruire la culture de la betterave sucrière pour ramener du sucre tout fait.
Nos théologiens et leurs sponsors nous ressortent la fable de l’après-pétrole quand les Etats-Unis et leurs sous-traitants attaquent la Libye pour s’emparer de son pétrole et comptent bien s’emparer du nôtre à terme en reconfigurant nos frontières. Notre bourgeoisie compradore et ses théologiens du marché devraient expliquer aux Etats-Unis qu’ils mettent le monde à feu et à sang pour un pétrole qui va si bientôt disparaître.
Nous nous mettrons avec joie à l’après-pétrole américain en érigeant des statues à nos compradores.

M. B.

Source : La Tribune, le 12 mai 2011

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“LES RÉSERVES DE OMAR AKTOUF”

Les professeurs Omar Aktouf et Taïeb Hafsi ont beau enseigner le management à la même école – Hautes études commerciales de Montréal – avoir un bureau au même étage de ce vivier de l’élite managériale de la province canadienne du Québec et partager la même origine culturelle, ils divergent cependant dans leur conception du développement économique. Une divergence « amicale et teintée de respect », précisent-ils.

Elle s’est manifestée lors de la confection de l’ouvrage collectif dirigé par le professeur Taïeb Hafsi, lancé hier à Alger, “ Le développement économique de l’Algérie : expériences et perspectives ”, édité chez Casbah Editions.
Le professeur Hafsi explique qu’il a fait appel à plusieurs auteurs et experts algériens, dont Omar Aktouf. Ce dernier a accepté, puis a demandé d’être déchargé de cette tâche. « Dans le collectif mis à la disposition du public maintenant, vous constaterez qu’il y a déjà beaucoup d’idées différentes. Je n’ai fait aucun contrôle sur la nature des idées défendues par les auteurs », soutient-il. Omar Aktouf, auteur de “ Halte au gâchis !

En finir avec l’économie-management à l’américaine (Liber, 2008), raconte que ce revirement a suivi un cheminement presque psychanalytique : « En effet, lorsque la rédaction d’un chapitre sur la ’’moralité des élites’’ et son rôle dans les politiques et les politiques économiques, m’a été demandée par Taïeb, j’ai d’abord dit oui, puis, en effet, fatigué à l’époque et débordé, j’ai dû me retirer tout en précisant à Taïeb que non seulement je n’arrivais pas à me concentrer sur ce sujet mais aussi que je ne ’’le sentais pas’’. Confusément et inconsciemment, j’ai dû faire de ’’la résistance’’ (au sens de la psychanalyse) ; car plus je tentais, moins je sentais le sujet... J’avais le sentiment que je devais soit ’’tordre’’ le sujet et mal faire, soit revenir à du ’’moralisme politique’’ en me faisant violence. » Omar Aktouf rappelle que « Taïeb Hafsi part ouvertement de principes découlant de l’idéologie américaine-harvardienne, alors que moi je ne cesse de la dénoncer. Il n’existe pas, pour moi, de ’’principes universels’’ de développement avec comme pilier essentiel la pensée US !

Les hypothèses de marché, concurrence, croissance, légitimité du mythe de managers qui savent – eux seuls – gérer, etc.
Je n’accuse ni Taïeb ni aucun contributeur de cela, mais encore fois, il s’agit de positions, souvent implicites, que je récuse à la base »
. Jouer le trouble-fête ne le dérange pas.
« Il sera inévitable de me taxer de trouble-fête, mais j’assume… j’ai toujours été trouble-fête, partout et autant que je le peux, contre cette idéologie létale et meurtrière qui tient lieu de pensée économique et gestionnaire dominante : le ’’modèle US’’ et tout ce qu’il implique, le néoclassicisme économique, le néolibéralisme, la soi-disant ’’mondialisation’’ et ses dites lois et contraintes… Les ’’lois’’ faites par et pour les dominants. Je hais la langue de bois et ne peux ’’conseiller’’ ses artistes ! »
Taïeb Hafsi, de son côté, se dit prêt à prolonger le débat.
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Samir Ben
El-Watan, le 15 mai 2011.

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QUATRE RAISONS ET TROIS PROPOSITIONS

COUP DE TONNERRE SUR LES BOURSES ET LES ESPRITS :

L’AGENCE STANDARD & POOR’S MENACE
DE DECOTER LES USA A CAUSE DE SA COLOSSALE DETTE.

La planète finance revient au business as usual, faramineux bonus aux traders et profits en hausses, alors que les politiciens de tous bords ne savent plus que faire, répétant lamentablement les mêmes litanies de « reprises », de « relances »… prêtant l’oreille aux habituelles officines économiques totalement dépassées depuis la crise de 2008.

Quel que soit le continent (France en préparatifs électoraux et Canada en pleine campagne) on voit « droites » et « gauches » adopter des positions « centristes », les unes pour paraître plus « sociales », les autres pour donner des gages de « pragmatisme économique ». Hélas, les dernières années montrent que rien ne fonctionne : les crises métastasent (Grèce, Espagne, Portugal…menace de décote des USA…) aucune « politique » ne semble en mesure de sortir notre monde du marasme installé depuis 2008.
C’est tout simplement que l’économique néolibéral a atteint ses ultimes limites.

Quatre raisons sont à l’origine de cette situation.

La première est que tout l’édifice économique néoclassique devenu néolibéral, adopté depuis le milieu du XIXe siècle, est basé sur la prémisse insoutenable qu’il peut y avoir croissance infinie.
Nul n’est besoin de savantes démonstrations pour comprendre que dans le monde fini qu’est le nôtre, il ne saurait exister quoi que ce soit d’infini. Nul ne peut réaliser d’infinis profits sur l’exploitation de forêts infinies, ni de bancs de morues infinis. Notre planète ne donne rien de maximum ni d’infini.
L’idée de « croissance permanente » ne se peut que si l’on accepte celle de destruction permanente : les « profits » impliquent désormais, globalement, moins de qualité de vie, d’emplois, de santé de la nature… et plus de spéculations financières donnant les résultats que l’on sait depuis 2008.

La seconde cause réside dans le fait que la biologie nous enseigne que la nature « fonctionne » selon la loi incontournable des équilibres stationnaires et des boucles de rétroactions négatives.
Ainsi, si nous prenons un bosquet avec loups et lièvres, cette loi implique que les populations de ces deux espèces évoluent entre deux seuils : celui où les loups dépassent la capacité de reproduction des lièvres et celui où les lièvres permettent aux loups de se nourrir et se reproduire. Rien d’infini, rien de maximum. Il ne viendra à l’idée d’aucun loup de « lancer une entreprise » pour capturer le maximum de lièvres, sous hypothèse que leur croissance est constante ! Le premier loup venu comprendrait que ce serait là, à terme bref, la fin des loups eux-mêmes.
La seconde cause réside dans le fait que la biologie nous enseigne que la nature « fonctionne » selon la loi incontournable des équilibres stationnaires et des boucles de rétroactions négatives.
Nul ne saurait « fabriquer » du pétrole, du gaz naturel ou de la houille !
Nous ne pouvons que les utiliser. Toute autre forme d’énergie devient « liée » (non utilisable directement comme les énergies fossiles) nécessitant une autre énergie avant d’être utile : panneaux pour l’énergie solaire, centrales nucléaires pour celle de l’atome… ce à quoi il faut ajouter l’énergie nécessaire pour contrôler les conséquences d’usage des énergies liées : déchets et accidents nucléaires, par exemple, avec leurs retombées inestimables sur la nature, l’air, l’eau, la santé...
C’est la non-durabilité et la fuite en avant vers des sources d’énergie de plus en plus… énergivores et destructrices.

Enfin la quatrième concerne la financiarisation de l’économie.
La crise de 2008 a montré la différence entre économie réelle et économie virtuelle. On s’est mis à parler de « capitalisme financier » et ses « débordements ». Il s’agit de l’inévitable transformation de pans entiers de l’économie réelle en économie de spéculation (croissance oblige).
Les profits continus-maximaux ne sont pratiquement que bricolages financiers et produits dérivés, de bulles en bulles, jusqu’aux subprimes en 2008. « Economie-casino » qui ne peut durer sans « crises » plus dévastatrices.
Les plans de sauvetage du système financier mondial n’ont été que réalimentation de l’insoutenable cercle vicieux : « Offre de crédit – emprunt-dette – consommation. »

Pour y remédier trois propositions :

D’abord au niveau mondial. Les multinationales (grandes employeuses) doivent payer des salaires décents dans le tiers monde. Comme l’a établi Keynes, « le meilleur salaire économique n’est pas le plus bas, mais celui qui fait vivre dignement le producteur ». Ce salariat « large-global », sera la « demande effective » capable de soutenir les cycles de l’économie réelle, permettant épargne et consommation, contrairement à l’enrichissement infini des riches.

Ensuite au niveau macro et à l’instar des pays régulièrement classés plus compétitifs (Europe du Nord, Japon…) inscrire les politiques économiques dans les constitutions, comme la « cogestion » en Allemagne.
Ce qui assure stabilité industrielle, productivité et collaboration entre acteurs économiques, incluant syndicats et Etat.

Enfin au niveau méso-micro. Que les profits soient « raisonnables » et n’impliquent ni pollution, ni chômage, ni pauvreté… ni évasions fiscales ; pratiquer un intéressement systématique des employés (unique source de valeur ajoutée et de qualité) aux résultats de l’entreprise avec formation-qualification permanente.

C’est dire combien les gauches et droites sont dépassées, parce que les prémisses économiques sur lesquelles elles continuent de s’appuyer le sont : il n’y a pas plus de lois de marché autorégulé que de croissance infinie, voilà un premier pas à franchir pour aller vers des politiques plus intelligentes.

Omar Aktouf, le 08 mai 2011

Omar Aktouf est Professeur titulaire HEC - Montréal.

Source : El-Watan, le 8 mai 2011 …

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COURRIERS AVIS & DISCUSSIONS PARVENUS à SOCIALGERIE :

__________

« […] Des constats assez pertinents :

  • tout l’édifice économique néoclassique devenu néolibéral, adopté depuis le milieu du XIXe siècle, est basé sur la prémisse insoutenable qu’il peut y avoir croissance infinie
  • a biologie nous enseigne que la nature « fonctionne » selon la loi incontournable des équilibres stationnaires et des boucles de rétroactions négatives.
  • Nul ne saurait « fabriquer » du pétrole, du gaz naturel ou de la houille ! Nous ne pouvons que les utiliser
  • l’inévitable transformation de pans entiers de l’économie réelle en économie de spéculation (croissance oblige)
  • au niveau mondial. Les multinationales (grandes employeuses) doivent payer des salaires décents dans le tiers monde. Comme l’a établi Keynes, « le meilleur salaire économique n’est pas le plus bas, mais celui qui fait vivre dignement le producteur ».

Mais les remèdes de grand-mère sont assez affligeants :

  • la « cogestion » en Allemagne
  • la collaboration entre acteurs économiques, incluant syndicats et État
  • les profits « raisonnables » et n’impliquant ni pollution, ni chômage, ni pauvreté… ni évasions fiscales ;
  • pratiquer un intéressement systématique des employés

Il conclue ainsi : Gauche ou droite, le politique ne fonctionne plus !

Comment lui démonter que la « gauche » fonctionne encore ? (B.O.).

__________

« [… ] En lui même, le document de Aktouf semble positif dans ses critiques et il a ’air de sympathiser avec les vues keynésiennes, conciliant un développement capitaliste "raisonnable" et productif avec la prise en considération des droits et besoins sociaux, qu’il croit incarnées par le modèle allemand de cogestion.

Il semble en fait s’inscrire "dans la vision "managériale des Tayeb Hafsi " et autres qui lancent en ce moment une offensive systématique et orchestrée pour un néolibéralisme plus soft et plus intelligent, en fait pieds et poings liés aux multinationales.

Dans tous les cas, je suis d’accord avec toi qu’un débat sérieux devrait être lancé, avec la contribution de toutes les compétences possibles, pour démystifier ces visions et montrer ce que devrait être une bonne relance, productive et sociale, de l’économie algérienne

__________

« […] En continuité avec le dernier avis

Je pense que ces "analyses" sont au mieux des vœux pieux (demander aux multinationales de bien payer les travailleurs et de faire moins de profit), et au pire des "orientations qui constituent des diversions" par rapport aux ruptures nécessaires avec la mondialisation néolibérale.

Comme souvent, les auteurs comme celui-ci évitent de revenir sur les causes
objectives et présentent les choses comme de simples dérives du système, qu’on
peut rectifier par des recommandations. (M. O.)

__________

« […] Saha à tous, Je réagis (en retard !) au courriel de B. O (envoi d’un article de Omar Aktouf paru sur El Watan), après avoir lu l’article en question et les réactions des camarades (S. H. et M. L.).

Si le contenu peut sembler positif (au sens où il contient des noyaux de vérité notamment au niveau du constat), il est surtout nocif et pernicieux au plan idéologique si on l’inscrit dans le mouvement d’ensemble des luttes de classes (nationales et internationales), indépendamment par ailleurs de la posture politique personnelle que peut ou pourra adopter l’auteur.

À mon avis, c’est tout à fait dans l’esprit de la Moubadara (et d’autres cadres de mobilisation, entre autres de type syndical) de participer à la démonstration et à la popularisation du message suivant : le néo-keynesiannisme (mise à jour des idées de Keynès) n’est pas une alternative au capitalisme (à l’exploitation capitaliste devrait-on dire de façon plus rigoureuse si l’on tient compte de la différence conceptuelle entre mode de production et politique économique).
Le mariage du "marché" et de l’Etat (capitaliste faudrait-il préciser) n’est pas dans l’intérêt des producteurs de richesses.

Sans remettre en cause la nécessaire unité d’action de tous ceux qui participent à la délégitimation du capitalisme (comme certains sociaux démocrates et alter-mondialistes), il est important de voir que les idées de Keynès (dans le contexte actuel) sont une laisse au cou du camp du travail pour rester soumis (plus ou moins "humainement") au camp du capital.

Voici en pièce jointe quelques points de repère
en réaction à ce texte :

1/ D’abord, il n’est pas inutile de rappeler que, à la suite de la crise de 1929, c’est avec les nazis hitlériens que le keynésianisme a été appliqué avec le plus de zèle : politique de grands travaux, économie centralisée (toute orientée vers la guerre). C’est bien là un travers majeur : le keynésianisme n’épure pas (ignore) la question de la nature de l’Etat. Cet Etat, gestionnaire des pactes sociaux entre le capital et le travail, agit comme un capitaliste collectif régulant la lutte de classes dans les sens des intérêts des capitalistes dominants, y compris et surtout quand il intervient dans le domaine social (pour redistribuer des revenus aux plus exploités et empêcher que tout explose !).

2/ Le keynésianisme relève à la base d’une logique de marché, donc d’organisation capitaliste des rapports sociaux de production.
N’a-t-on pas vu récemment en France (mais aussi aux Etats-Unis et en Allemagne) l’Etat venir au secours des banques, de Alsthom et d’autres multinationales ?
C’est aussi le champion de la privatisation en France (cadeaux aux dominants du CAC 40), le keynésien Jospin qui a mis en pratique le slogan des néo-keynésien : "oui au marché, non à la société de marché". Ce n’est pas qu’une antinomie !

3/ Les keynésiens sont tout au plus dans une posture morale stérile en fin de compte quant aux résultats (historiques) de la lutte des classes : limiter les "abus" du capitalisme, et donc re-légitimer le capitalisme notamment aux yeux des couches moyennes laminées par les politiques agressives des monopoles et firmes multinationales.
Ce qui débouche parfois sur des positions tactiques politiciennes qui reflètent une crainte de la radicalisation du mouvement de masse.
C’est ainsi par exemple que Fabius, autre social démocrate en puissance, avait proposé en 2005 de voter non au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen (véritable constitutionnalisation du néo-libéralisme) pour éviter une coagulation des forces populaires (qui ont massivement rejeté le Traité).

4/ Un point, relatif au constat, et sur lequel on ne peut passer pieds joints si on a en vue la construction d’alternatives au plan politique : la crise, les crises du système dominant (capitaliste pour le qualifier) sont des métastases du mode de production et non pas seulement des dérèglements de gestion et de politique économique.
Déjà les horizons temporels ne sont pas du même ordre. Ce n’est donc pas (uniquement) une affaire d’équipe gouvernementale !

C’est pourquoi la vraie alternative n’est pas d’aménager le capitalisme, d’atténuer ses contradictions mais de les accentuer pour l’acculer là où il est incapable d’apporter des réponses :
les questions de la démocratie politique et économique (pourquoi la représentation politique institutionnelle de la classe ouvrière, des producteurs de richesses, n’est pas en rapport avec sa contribution économique ?),
les questions de l’armement, de la guerre, de la dette des pays du "Sud" (qui doit quelque chose à l’autre ?), de l’environnement.

Il s’agit là d’objectifs dont la traduction politique (horizons et contenus des luttes) doit être en adéquation avec les contextes économiques et sociaux nationaux et internationaux.

5/ Un dernier point qui mérite réflexion plus approfondie et surtout plus d’illustrations démonstratives : quelles spécificités pour un pays comme l’Algérie d’aujourd’hui ?
J’en citerai une en rapport avec le sujet et qui me vient à l’esprit en rédigeant ce courriel : de part la nature compradore des couches dominantes (au plan économique comme aux plans politique et idéologique), donc des couches en relations "fusionnelles" avec les monopoles et les firmes multinationales, la lutte contre le capitalisme dépendant en Algérie est étroitement lié à la lutte contre l’impérialisme guerrier. Il n’y a pas d’affaire interne et d’affaire externe pour faire vite et imagée.

Critiques vivement souhaitées et attendues
Tahiyate Nidhaliya (K. B.)

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