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AVRIL 2011 : OPINIONS ET DÉBATS SUR LES MOUVEMENTS DANS LE MONDE ARABE

samedi 30 avril 2011


« UNE INTIFADA CONTRE SOIXANTE ANS D’HUMILIATIONS »- RENCONTRE PROCHE-ORIENT , Entretien avec Dominique Vidal, L’“Humanité” le 13 Avril, 2011

QUELLE DÉMOCRATIE PEUT BIEN APPORTER LE PUTSCH MILITAIRE ?, par Ahmed Ancer, le Mardi 26 avril 2011 ;

UN DÉBAT SUR LE CHANGEMENT LUI-MÊME, par Badis Guettaf, Le Jour d’Algérie, le 26 avril 2011 ;

NESSMA ET HANNIBAL TV : AUDIMAT ET COUPS BAS, Par Ahmed Halfaoui, le 26 avril 2011, Les Débats.com ;


« UNE INTIFADA CONTRE SOIXANTE ANS D’HUMILIATIONS »

RENCONTRE PROCHE-ORIENT

Entretien avec Dominique Vidal
L’“Humanité” le 13 Avril, 2011

Journaliste au Monde diplomatique, Dominique Vidal vient de publier avec Alain Gresh une nouvelle édition des 100 clés du Proche-Orient, ouvrage de référence qui éclaire les répercussions du conflit israélo-palestinien dans des pays dont l’histoire tourmentée revient ces jours-ci à la une de l’actualité : Yémen, Syrie ou Jordanie.

Cette nouvelle édition sort 
à point nommé car on peut y trouver bien des clés pour comprendre ce qui se passe dans les différents pays.
Une large place y est consacrée au conflit israélo-palestinien. Or, curieusement, bien que la question palestinienne soit centrale dans l’histoire de 
ce dernier siècle au Proche-Orient, elle a quasiment disparu des médias ces temps-ci. Pourquoi ?

Dominique Vidal. C’est un phénomène connu de la couverture médiatique : l’événement le plus brûlant prend le dessus, les autres sont éliminés, jusqu’à ce qu’un autre événement ailleurs vienne à la une et ainsi de suite. C’est regrettable, mais c’est ainsi. Je crois pourtant que ce qui se passe dans le monde arabe va modifier la donne en Palestine. Quand on parle du Proche-Orient et du Maghreb, tout se tient et c’est très difficile d’isoler le « printemps arabe », expression que j’aime bien, de l’hiver arabe.
Je pense qu’il y a dans tout événement important de l’histoire – et c’en est un – des causes multiples. Toute explication monocausale est analphabète, a fortiori quand il s’agit d’événements populaires aussi puissants et spontanés.
Personne ne peut prétendre qu’il y avait derrière cette succession de soulèvements un grand organisateur ni je ne sais quel complot.

Parlez-nous de ces causes, que vous abordez en ouverture du livre.

Dominique Vidal. Les causes immédiates sont la misère, l’arrogance des puissants et des corrompus.
Dans cette région qui produit un tiers du pétrole mondial et qui en détient les deux tiers des réserves, un habitant sur cinq survit avec moins de 2 dollars par jour. Le nombre de personnes sous-alimentées est passé en quinze ans de près de 20 millions à plus de 25 millions, le pourcentage officiel de chômeurs est de 15 % mais en réalité il est bien plus élevé, sans doute plus du double. 23 % des plus de quinze ans sont analphabètes, 17 % illettrés.
La croissance moyenne du PIB entre 1980 et 2004 n’a pas dépassé 0,5 % par an.

C’est donc une région de grande richesse potentielle, mais où l’arrogance des puissants et des corrompus qui en profitent contraste avec la misère de couches de plus en plus larges.
Le dernier rapport du PNUD en 2009 montre que c’est la seule région du monde qui non seulement n’a pas progressé, mais a régressé dans toute une série de domaines au cours des vingt dernières années.

À cela s’ajoute l’aspect dictatorial, les services de renseignements, la torture, etc.
On le disait peu, car c’était des amis de l’Occident qui étaient au pouvoir, mais au Caire on se faisait arrêter pour n’importe quoi, même sans raison, et on était torturé dans un commissariat.
J’ai des amis qui ont été témoins de ce genre de choses.

Cela explique l’explosion. Mais ce sont seulement les causes immédiates.
L’explication plus profonde est à chercher dans l’histoire : le printemps arabe est une intifada contre soixante ans d’humiliations en tous genres.

Intifada, comme en Palestine ?

Dominique Vidal. Oui. Intifada veut dire, au sens littéral, relever la tête.

Pour moi, ces humiliations ont commencé avec la Nakba : En 1948 la Palestine disparaît, 800 000 de ses habitants sont expulsés, manu militari souvent, comme les nouveaux historiens israéliens l’ont confirmé.
Cela crée une spirale de guerre : on a dix guerres générales dans cette région depuis 1948, 1956, 1967, 1973, 1982, 2006, 2009 
– si on peut appeler cela une guerre : 
13 morts du côté israélien et 1 400 à Gaza.
Sans oublier les métastases que sont les deux guerres du Golfe et la guerre en Irak, la guerre civile libanaise, résultats de ce tohu-bohu, mot hébreu qui dit bien ce qu’il veut dire : chaos.
Cet état de guerre entre Israël et les pays arabes a eu des conséquences sur ce qui se passe aujourd’hui.

Lesquelles ?

Dominique Vidal. D’abord, toutes les richesses détournées vers la course aux armements au lieu d’être investies dans le développement.
Ensuite, l’état de guerre a été le prétexte idéal pour installer des dictatures face à « l’ennemi sioniste » il fallait serrer les rangs. Quiconque n’était pas d’accord avec tel ou tel régime était un allié d’Israël.
Enfin, l’échec des régimes baasistes – qu’il faut relativiser 
car ils ont apporté bien des acquis sociaux qui comptent encore aujourd’hui, au moins dans la mémoire des gens – est directement lié au conflit avec Israël.

Nouvel échec d’ailleurs, quand les pays arabes sont entrés dans la mondialisation – avec notamment l’Infitah de Sadate, la libéralisation de l’économie qui n’a profité qu’à une toute petite catégorie sociale. On voit où tout cela a mené.

Le terreau de l’intifada d’aujourd’hui, du printemps arabe, s’enracine bien dans cette histoire.

Comment cela peut-il modifier 
la donne en Palestine ?

Dominique Vidal. Avant le geste de 
Mohamed Bouazizi, la situation était totalement bloquée.
Il n’y avait rien à attendre du gouvernement israélien, le plus extrémiste de l’histoire 
d’Israël.
Rien à attendre côté palestinien du fait de la division Fatah-
Hamas, dont les deux directions ont une responsabilité dans l’impasse et dans le refus de la surmonter.
Le monde arabe gardait le silence le plus total depuis son offre positive de 2002 à Beyrouth.

Du côté des États-Unis et de l’Union européenne, on assistait à un théâtre d’ombres : Obama a fait un discours magnifique au Caire, mais on n’a jamais vu ce discours se traduire en actes.
L’Union européenne, avec son hypocrisie habituelle, faisait aussi de beaux discours : État palestinien, retrait des territoires occupés, arrêt de la colonisation, etc.
On ne peut 
rêver mieux que la déclaration de l’UE 
du 8 décembre 2009.
Sauf que le 
8 décembre 2008, elle avait approuvé le rehaussement des relations avec Israël.
Après Gaza, on n’a plus osé le dire tout haut, mais chaque mois on signe un nouvel accord. C’est le rehaussement rampant. Israël obtient ainsi peu à peu tout ce qu’il veut sans respecter aucune des exigences ni d’Obama, ni de l’ONU, ni de l’Union européenne.

Le printemps arabe change la donne et on le voit déjà. [1]

En quoi exactement ?

Dominique Vidal. Israël n’a plus ce qui était l’un des piliers principaux du statu quo : après avoir écrasé ses voisins arabes en 1967 dans une guerre préventive planifiée, il avait réussi à faire des paix séparées avec l’Égypte puis avec la Jordanie. Il était à l’abri de sa hantise : une guerre sur tous les fronts. Les régimes égyptien et jordanien étaient complices de ce statu quo.
Le printemps arabe sape ce pilier. Sans doute, les dirigeants égyptiens et jordaniens ne vont pas déchirer les traités de paix. Mais je pense que l’ère de la complicité active est terminée. Vu la mobilisation de l’opinion et l’immense appel à la dignité que représentent ces mouvements, [2] Israël va se retrouver plus isolé que jamais.

Le deuxième élément, c’est que le printemps arabe, comme le nuage de Tchernobyl, ne s’est pas arrêté aux frontières de la Cisjordanie et de Gaza. Il y a déjà eu des manifestations de jeunes importantes, à Ramallah et à Gaza, sur le thème « Dégage Hamas, dégage Abbas ».
Le Hamas a envoyé ses nervis cogner sur les jeunes. Le 
Fatah a apporté sa sono pour pousser des mots d’ordre en faveur de l’unité, qui ne déplaisaient pas aux jeunes manifestants.
Je ne pense pas que ce soit un hasard si, au beau milieu du printemps arabe, Mahmoud Abbas propose des élections législatives et présidentielle d’ici à la fin de l’année et si le Hamas après avoir dit non dit « on peut discuter ».
Des deux côtés on voit bien qu’on ne peut pas continuer à entretenir la division. L’aspiration populaire est telle – même si les gens sont plus las qu’ailleurs, un peu comme en Algérie où ils sortent de vingt ans de guerre civile – que cette division qui arrange si bien Israël a des chances de se résorber.

Troisième point, il y a une dimension mondiale du printemps arabe. Depuis la chute du mur, il y avait une sorte de résignation mondiale. Comme si les gens avaient cru Fukuyama et sa fin de l’histoire. Les Américains faisaient ce qu’ils voulaient quand ils voulaient. Sauf qu’il y a eu l’échec en Irak, en Afghanistan, et maintenant ce printemps arabe qui les prive de certains de leurs alliés traditionnels.
On assiste à une bascule des rapports de forces mondiaux : la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie, le Brésil… Et Obama est là pour essayer de gérer cela, de regagner un peu de terrain.

Cela ne peut pas être une coïncidence si au moment se où produit cette vague énorme et qui va durer, car c’est un mouvement de fond, on voit l’ONU se poser la question d’accueillir l’État de Palestine à la prochaine Assemblée générale, en septembre 2011, dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.
En 1988, quand le Conseil palestinien d’Alger avait proclamé l’État de Palestine, 110 États l’avaient reconnu, essentiellement d’Asie et d’Afrique.
Depuis trois mois on a une vague de reconnaissances formelles par la quasi-totalité des États latino-américains, sauf la Colombie. Pour cause : le régime israélien est l’un des alliés les plus efficaces de la dictature colombienne.

En Europe, le 13 décembre, le sommet de l’UE a dit : « On le reconnaîtra le moment venu. »
Or, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, vient de dire, le 15 mars : « Nous n’en sommes pas là mais c’est une hypothèse qu’il faut avoir en tête, avec les autres pays de l’Union. »

Évidemment, le printemps arabe place les Occidentaux devant un dilemme cornélien : s’ils ne passent pas des paroles aux actes, ce bouleversement des rapports de forces risque de se concrétiser, et ils risquent d’être battus à l’Assemblée générale avec une écrasante majorité qui vote l’admission de l’État de Palestine.
Et que fera le Conseil de sécurité ? En fait, plus un seul État au monde, sauf Israël, n’est opposé à l’admission de l’État de Palestine. Prendre le contre-pied de cela est un risque énorme, même pour les États-Unis.

Pour revenir à l’actualité du printemps arabe, n’y a-t-il pas 
une exception libyenne ? C’est plutôt une guerre civile qu’une révolution.

Dominique Vidal. Oui, car la Libye n’est pas une nation comme les autres nations arabes.
Ailleurs, il y a des nations constituées à travers l’histoire. Même au Maghreb, où le colonisateur a divisé, séparé, mais en constituant malgré lui des réalités spécifiques qui sont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie. Il a oublié, malheureusement, le Sahara occidental, qui est un facteur de désunion et sur lequel l’Union européenne montre la même hypocrisie que pour la Palestine. On en est à renier les textes même des Nations unies, à renoncer au référendum, à laisser le Maroc coloniser dans des conditions hallucinantes.
La Libye, contrairement aux autres pays du Maghreb, ne s’est forgé ni identité nationale ni réalité étatique. C’est une addition de clans. Le pouvoir de 
Kadhafi est simplement celui d’un clan sur les autres.
Chavez et ses amis se trompent complètement, car ils continuent à voir en lui le révolutionnaire qu’il n’est plus depuis longtemps. Il est devenu depuis 2002 un allié fidèle de l’Occident et son agent du maintien de l’ordre en Afrique.

Pourquoi, alors, Sarkozy l’a-t-il attaqué ?

Dominique Vidal. Parce que cela devenait intenable et que notre président de la République avait besoin de se refaire une santé sur le plan international. Et puis, il y a une résolution de l’ONU.
Ce qui intrigue, c’est le fait que Ban Ki-moon n’ait pas essayé de négocier pour éviter le recours à la force, comme l’avait fait Perez de Cuellar avec Saddam Hussein en 1990.
Le danger de cette intervention, à mon avis, c’est celui d’une division du pays, risque de division qui n’existe pas dans les autres pays arabes, à l’exception du Yémen, où il y a aussi des divisions tribales, régionales et religieuses.
À mon avis, il n’y avait pas de bonne solution. Ne pas intervenir, c’était, outre le probable massacre de milliers de gens, le risque d’un coup d’arrêt au printemps arabe. C’était fini pour le Bahreïn, la Syrie aussi sans doute.
Mais le fait que l’Otan reprenne les choses en main est inquiétant.
Il y a matière à un débat, qu’il faut mener de sang-froid en tenant le plus grand compte des souffrances des populations.
À mon avis, toutes les solutions étaient mauvaises : intervenir et ne rien faire.

Y a-t-il un risque de voir les choses tourner mal en Syrie ?

Dominique Vidal. Je ne pense pas. En Syrie, même chez les opposants, il y a un certain respect pour le chef de l’État. Il ne s’est pas rendu indigne comme un Ben Ali ou un Moubarak. Il y a un certain respect pour la stature internationale de la Syrie, qui n’est pas devenue le larbin de l’Occident.
Mais il y a évidemment beaucoup à dire sur le système dictatorial et la corruption, dans ce pays comme dans tous les autres. C’est pour y mettre fin que, là aussi, les gens manifestent.
Et ce qui est extraordinaire, c’est que tous ces mouvements sont un démenti cinglant de ce que Huntington présentait comme un conflit de civilisations.

C’est même tout le contraire : ces révolutions se font au nom des principes universels qui sont aussi les nôtres : liberté, égalité, solidarité et justice.

Entretien réalisé par Françoise Germain-Robin

Accéder à l’article original en ligne ...

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Les 100 clefs du Proche-Orient

Alain Gresh 


&

Dominique Vidal

éditions Pluriel - Fayard
750 pages, 17 euros

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QUELLE DÉMOCRATIE PEUT BIEN APPORTER LE PUTSCH MILITAIRE ?

Signe, révélateur de la mémoire à l’évidence quelque peu défaillante d’un homme de 90 ans, la dernière sortie de Ali Yahia Abdennour trahitune perspicacité tâtonnante et plutôt oublieuse d’attitudes passées souvent contradictoires et parfois, peu honorables.
En effet, lors de sa dernière sortie avant-hier, notre homme politique a appelé clairement et sans détour l’armée à fomenter un nouveau putsch.
Aussi curieux que cela puisse paraître, dans la même déclaration Ali Yahia
Abdennour dénonçait, encore une fois : « la révision de la constitution en 2008 est un coup d’Etat constitutionnel commis par un président illégitime désigné par l’armée et non élu par le peuple. » (In le Soir d’Algérie du lundi 25 avril 2011).

La logique de maître Ali Yahia Abdennour n’est-elle pas troublante du fait qu’elle dénonce le coup d’Etat et appelle ensuite au putsch militaire ?
En somme, il existe des hommes politiques qui peuvent dénoncer une forfaiture et appeler le lendemain à son accomplissement.

Mais ce qui est encore plus troublant c’est que notre « champion des droits de l’homme » est lui-même un ancien partisan des coups de force militaire !
C’est bouleversant mais néanmoins incontestable.
Oui et c’est le journal officiel algérien qui témoigne : Maître Ali Yahia Abdennour a applaudi le coup d’Etat de 1965. En effet, député de Tizi Ouzou, il est dans la
liste des signataires (sous le n°13) des « parlementaires » qui ont paraphé la motion dite « des députés présents à Alger » qui saluait le putsch (voir le journal officiel n° 56 du 06 juillet 1965).
Voyons ce que disait, entre autres, le texte de la motion de soutien au redressement révolutionnaire du 19 juin 1965 : « Font confiance au Conseil de la révolution pour exercer les pouvoirs et attributions qui étaient confiés à l’ex-chef de l’Etat et pour prendre toute mesure que requiert, dans les circonstances présentes, le bon fonctionnement des rouages de l’Etat. » Et, ironie de l’histoire, le même Bouteflika d’aujourd’hui, était aussi membre de ce Conseil de la révolution, auteur du coup d’Etat et par conséquent, bénéficiaire du soutien en question.

S’était alors ouverte au milieu des années soixante, une période sombre et douloureuse : les militants communistes comme feu Bachir Hadj Ali et des membres l’Organisation de la résistance populaire (ORP) dont maître Hocine Zahouane ou encore celui qui deviendra un historien connu (Mohamed Harbi) sombrent dans la clandestinité parce que pourchassés de façon impitoyable.
Nombreux sont ceux qui comme Bachir Hadj Ali et autre Hocine Zahouane ont été torturés de façon sauvage par la sécurité militaire de Kasdi Merbah.

Quant à Ali Yahia Abdennour, il a, suite à ce précieux soutien venant d’un député de Tizi Ouzou au moment où le maquis FFS n’était qu’en voie de résorption, bénéficié d’un bien juteux poste de ministre qu’il a assumé avec abnégation pendant plusieurs années.

Une fois son pouvoir consolidé, le nouveau maître du pays se débarrasse de Ali Yahia Abdennour et ce dernier sachant quelle casserole lui colle au train, ne se remettra à faire de la politique qu’une fois Boumédienne six pieds sous terre.

En 1992, il se découvre une vocation d’anti-putschiste et s’investit en tant qu’avocat mais aussi en tant que politique la défense des islamistes y compris les plus violents.

Qu’un avocat défende un accusé, Abdennour n’est pas le seul à l’avoir fait mais ce qui sera retenu c’est surtout son investissement politique dans la tentative de remettre en selle les islamistes grâce à l’opération San’t Egidio en 1995 à un moment où le FIS déployait des efforts pour rationaliser les sanglantes actions des groupes armés.

Ce sont tous ces éléments qui expliquent aussi pourquoi les Algériens rechignent à rejoindre une CNCD (partis) dans les fameuses marches du samedi.

C’est que la réputation de certain de ses symboles est loin d’être reluisante.

Pourtant le pays a besoin de changements mais cela est prouvé par 50 ans de pratique, ce ne sera pas une armée qui est le socle du système qui va les mener.

Il appartient au peuple comme en Tunisie, en Egypte et maintenant en Syrie de mener sa révolution pour se défaire des rentiers.

Ahmed Ancer
Mardi 26 avril 2011.

Source : Cet article était destiné à la publication dans les colonnes d’El-Watan où je suis journaliste.

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UN DÉBAT SUR LE CHANGEMENT LUI-MÊME

On est en droit d’attendre que les partisans du changement devraient revendiquer, en premier lieu, un débat sur le changement, mais aucun d’entre eux ne veut le demander.
Pas plus ceux qui marchent, que le FFS, le PT, le FLN (même lui !), le RND (lui aussi !), le MSP (normal, il suit les deux précédents) et tous les autres dont on ne se rappelle pas les sigles ou dont on connaît le programme.

Un débat c’est le minimum. Un grand débat, comme celui qu’on a eu pour la Charte nationale, mais avec chaque tendance au grand jour.
Avec ses propositions et sa façon de voir l’Algérie, son peuple, ses jeunes, ses vieux, ses femmes, ses hommes, son école et son université, ses ouvriers et ses patrons, ses pauvres et ses riches, ses malades, ses sportifs, ses langues, son histoire, ses cultures et, par-dessus tout, son économie.

C’est que c’est important l’économie, parce que c’est autour d’elle que tout tourne et que tout le monde s’agite. Parce que, sans elle, on peut parier qu’il n’y aurait pas une telle bousculade au portillon.
Mais qu’importe, on ne commence pas par des procès d’intention, pour ne pas mal partir. On fait comme si tous les protagonistes, jusqu’à preuve du contraire, sont de gentils prétendants au bien-être des Algériens et que rien de ce qui les mobilise autant n’est étranger à l’intérêt suprême du peuple et de sa prospérité.

Dès que la revendication sera faite et qu’elle sera acceptée, on balisera les choses au maximum pour éviter la cacophonie. Car, ils seront peut-être nombreux ceux qui accepteront de se présenter pour parler de leur « changement » et d’être interrogés par n’importe qui et pas seulement par des journalistes, qui savent d’avance quelles questions ne pas poser.
Baliser veut dire simplement organiser l‘opération.
Choisir les thèmes, les classer, les répartir dans le temps, leur attribuer un temps de parole. Organiser la grille des médias, lister les intervenants et tirer au sort leur ordre de passage. Et tout ce qui fera que personne ne trouvera à redire sur l’équité des conditions de débat, ni sur la clarté des discours.

La clarté des discours ! Là est la difficulté qu’il faut lever. Une solution radicale serait que soit adopté un canevas qui empêche les effets et les débordements oratoires.
Les sujets seront cadrés et les réponses doivent rester en rapport avec eux.
Une méthode serait la bienvenue, celle des questions fermées qui n’autorisent pas les approximations, les longues digressions et les perversions qui vont avec. Ainsi, pour chaque thème on établirait un questionnaire, que l’on pourrait même commander à des experts étrangers, pour éviter les manipulations.

Le principe est d’obtenir les procédures du changement proposé pour chaque grande problématique.
Par exemple, la notion de démocratie et celle des libertés publiques, seront éclatées en autant de cas de figure que la société peut rencontrer.
Il en sera fait de même avec la question économique où il faudra, entre autres, que l’on puisse avoir les intentions précises sur l’usage des deniers de l’Etat, sur les véritables bénéficiaires des ressources nationales et sur le mode de gestion du service public. Et ainsi de suite, jusqu’à épuisement des thèmes.

L’avantage du canevas est qu’il permettra un comparatif direct entre tous les types de changement.

En plus, revendiquer ça et l’obtenir c’est déjà économiser au pays une longue série d’essais et d’erreurs tels que nous les observons depuis plus de deux siècles à travers le monde.

par Badis Guettaf, le 26 avril 2011

Source : Le Jour d’Algérie

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NESSMA ET HANNIBAL TV :

AUDIMAT ET COUPS BAS

La future campagne électorale en Tunisie nous promet pas mal d’animation.

Les prémices commencent à s’installer et les protagonistes ne sont pas seulement des factions de ceux qui se sont battus et qui ont gagné, qui vont se disputer le pouvoir, mais aussi ceux qui ne l’ont jamais lâché et qui ne veulent pas le perdre.

Cela commence par les organes de presse, hier Benalistes jusqu’à la nausée, miraculeusement transformés en trompettes de la « révolution », qui œuvrent à vernir la Tunisie en surface de façon à donner l’apparence du changement, pour que rien ne change.

L’exercice s’avère périlleux, quand on sait qu’en toile de fond, il y a la rue et son ardeur qui ne faiblit pas.

Mais on n’en a cure dans ce monde engagé dans une bousculade où tous les coups sont permis, pourvu qu’on ait la plus grosse part du pactole qui s’annonce.

Les élections sont proches et très proches et la fortune sourira à celui qui réalisera les plus gros scores d’audience, avant le signal de départ.

Les chaînes de télévision, par exemple, sont celles qui illustrent le mieux la problématique. Peu importe qu’elles ont, jusqu’à il y a trois mois, bâti leur fortune en sanctifiant la dictature. Aujourd’hui, comme si de rien n’était, comme si elles étaient nées à Sidi Bouzid ou à Kasserine sous la mitraille, elles sont chargées d’informer les Tunisiens qu’elles endormaient hier.
Elles tiennent à se maintenir et à voler plus haut les unes que les autres. Pourquoi pas ? Quand le gouvernement, tout provisoire qu’il devrait être, parle et se conduit comme s’il était là pour toujours, et que la « communauté internationale » le traite comme si les jeux étaient déjà faits et l’affaire pliée.

Donc, les télévisions se bagarrent pour ramasser les sous des candidats.

Il y a d’abord Nessma tv, qui attaque en justice une agence de sondage pour avoir obtenu des résultats peu flatteurs, pour la chaîne qui veut bouffer l’audiovisuel nord-africain.
Toute honte bue, Nabil Karoui organise une conférence de presse pour accuser Mediascan d’être à la solde des Trabelsi et des Ben Ali. Sachant que sa chaîne, au temps de ce clan, se terrait dans la clandestinité et tirait sur lui à boulets rouges. Tous les Tunisiens pourront témoigner de ces faits d’armes. Nessma tv, dans son élan indigné, diffuse sur Internet une vidéo des enquêteurs de Mediascan renseignant les questionnaires dans un café. Elle n’aurait pas dû.
Elle prouve, sans qu’on le lui demande, ses compétences dans la manipulation. Après un rapide examen du film, il s’avère être un grossier montage. Mediascan va contre-attaquer sur du velours. Procès à suivre.
On pense déjà aux pauvres employés qui rejoindront leurs camarades licenciés, il y a peu, pour « difficultés financières ».

Il y a ensuite les assauts de Hannibal TV contre Sigma Conseil, pour les mêmes raisons d’audimat. Larbi Nasra, le patron de la chaîne, qui se laisse aller dans une interview à « Afrik.com » ne se gêne pas pour affirmer que c’est un peu grâce à ses émissions que la « révolution » a eu lieu. « ... C’était ça la première mèche de la révolution, les conditions sociales », ce petit bout d’anthologie est relevé par le site Kapitalis qui relève, tout de même, que M. Nasra « n’explique pas comment il a pu se faire attribuer une licence pour créer sa chaîne de télévision ».
Mais l’explication, comme pour Nessma, doit être dans la tête de tous les Tunisiens.

Par Ahmed Halfaoui, le 26 avril 2011

Source : Les Débats

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[1voir l’article de Francis Wurtz, dans l’“Humanité” du 26 février 2011 : « La France et l’UE doivent porter les aspirations populaires au changement »

[2voir dans l’Humanité l’entretien avec Farouk Mardam-Bey : Printemps arabe : "Le mur de la peur s’est effondré"

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