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TAJMILT I UZEFFUN

RECITAL DE BEN MOHAMMED à AZZEFOUN

UN DEMI SIÈCLE DE POÉSIE , Algerie news - 24 mars 2011.

mercredi 6 avril 2011


Lundi dernier, le poète d’expression kabyle Ben Mohammed a donné un récital improvisé lors de la onzième édition du festival national du film amazigh qui s’est clôturée hier soir à Azzefoun.

L’un des plus grands poètes qu’ait connu la Kabylie contemporaine est membre du jury du meilleur scénario de ce 11 ème Festival du film amazigh.
Les organisateurs de l’évènement ne pouvant, selon toute logique, avoir parmi eux cette figure de la culture kabyle sans écouter ses poèmes, un récital a été improvisé au niveau du Centre culturel Tahar Djaout, lundi dernier dans la soirée.

Devant, un public nombreux mais, hélas, trop bruyant, Ben Mohammed a déclamé une trentaine de ses plus beaux poèmes, dont le mythique "Yemma" écrit en 1973, un
poème épique d’une rare beauté que l’auteur a récité avec une théâtralité extraordinaire, gorgée d’émotion et de soubresauts de mélancolie.

Cest l’histoire d’un enfant qui grandit, qui découvre l’incommensurable gouffre séparant la tendresse chaude de sa mère et l’innommable cruauté du monde extérieur.

Dans une écriture haletante, dont l’harmonie n’a d’égale que la frénétique colère, Ben confond mère et patrie, crie la. douleur d’un rêve assassiné :

"Yemma,
Lligh tturaregh tiddas
Asmi dam-d-rzan tilas
Yezi wurar
Yefsi wemrar
Yendeh wedrar
Yenna : Yemma, Yemma !"
A@

Mais Ben Mohammed sait aussi manier la plume de la dérision, acerrée et acerbe, comme nous le montre ce merveilleux poème "Akrar n l’aid" (Le mouton de l’aïd), une sorte de brulôt contre le massacre organisé des ovins pour le simple plaisir de suivrc les traces d’un prophète ! "Je ris toujours quand on dit : fête du mouton", ironise-t-il.

Le récital se poursuit, durant près de deux heures, avec d’autres poèmes tout aussi savoureux tels que "Akursi", "Azekka di delhi" (Demain et hier) et "Brazidan" écrit en 1980 à l’adresse du juge d’instruction chargé de bafouer les droits des prisonniers de Berouaghia.

Et pour clôre en beauté,l’invité du Centre culturel Tahar Djaout nous a dévoilé son dernier poème "I u Zekka" (Et demain), un formidable condensé de l’Histoire du pays depuis 1962, dans lequel il a littéralement scalpé tous les présidents qui se sont succédé sur "la chaise" du pouvoir, exception faite de Boudiaf auquel il a rendu un vibrant hommage.

À la fin du récital, la belle surprise fut la voix de Khadidja Hamsi, artiste et amie du poète, qui a chanté l’un de ses poèmes, d’une voix sauvage, comme sculptée sur un roc, triste et puissante.

Par ailleurs, Ben Mohammed qui écrit depuis 1958, n’a jamais publié de recueils ; ce que lui reprochent amicalement nombre de ses inconditionnels. Ce à quoi il répond :
"J’écris depuis plus de cinquante ans. Il me faut beaucoup de temps pour rassembler, revoir et même réécrire mes poèmes en vue d’une publication. Ce temps, je ne l’avais pas
auparavant pour des raisons professionnelles. Maintenant que je suis retraité, je vais
m’y mettre".

à Azeffoun : Sarah Haidar


Biographie :

Ben Hamadouche Mohamed, plus connu sous le nom de Ben Mohamed, est un grand homme de la culture kabyle.
Considéré comme l’un des meilleurs ciseleurs de mots en langue kabyle, Ben Mohamed a fait ses premiers débuts dans l’émission de chant « Les chanteurs de demain » de Cherif Kheddam en 1966.
Mais ce ne fut qu’un bref passage avant de se consacrer à son domaine de prédilection qu’est l’écriture et l’animation.

Ben Mohamed qui compte parmi les piliers de la poésie kabyle, à l’instar de Mohia, a animé pour son premier passage à la radio l’émission "Heureux Matin" en 1969, 1971 et 1972 .

Poète et parolier résolument engagé dans le combat identitaire. Ben, comme aiment à l’appeler ses proches, n’avait pas cessé de remettre en cause le système.
Ses émissions fort dérangeantes pour le système ont été une à une retirées du programme sur les ondes de la Chaîne II.

Ben Mohamed a animé une dizaine d’émissions durant son passage à la Chaîne II :

  • « Plumes à l’épreuve » (1970-1971),
  • « Pages d’histoire » (1975-1976),
  • « Revue culturelle » 1974-1977),
  • « Les amateurs » (1976-1978),
  • « Chansons et société » (1977-1978),
  • « Lettres ouvertes » (1978-1979),
  • « Rêveries »(1980-1981),
  • « Souvenirs » (1981-1982)
  • et « Tamurt Imedyazen » "Au pays des poètes" (1982-1983).

Ben Mohamed a également écrit des textes qui ont été interprétés par des célébrités de la
chanson kabyle à l’image de Vava Inouva de Idir, Matoub Lounès, la diva de la chanson kabyle Nouara, Takfarinas, Medjahed Hamid, Taous, Amar Sarsour ...

Ben Mohamed a également traduit en kabyle la pièce théâtrale initulée Babor Ghraq.

Rencontré en marge du Festival de la chanson et de la musique kabyles à Béjaïa, Ben Mohamed, tout en évoquant son passage à la Chaîne II, avant de faire les frais, à l’instar de plusieurs de ses camarades animateurs engagés du « nettoyage planifié » de la radio kabyle, dresse également un constat sur l’état de la poésie et de la chanson kabyles.

Sources : ALGERIE NEWS - jeudi, 24 mars 2011.


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