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LIBYE - AVRIL 2011 : INFORMATIONS - OPINIONS - DEBATS

samedi 23 avril 2011


L’ARROGANCE PAR PROCURATION, par Ahmed Halfaoui, « Les Débats », le 24 avril 2011

UN FAUX PRÉTEXTE POUR LA GUERRE EN LIBYE ? par Alan J. Kuperman, Boston Globe (USA), le dimanche 17 avril 2011

"LES « VOLONTAIRES » ARMENT LES REBELLES ET INTENSIFIENT LES RAIDS AÉRIENS" par Manlio Dinucci, le 16 avril 2011 ; Mondialisation.ca - ilmanifesto.it

GUERRE EN LIBYE : L’UNION AFRICAINE CONTRE L’OTAN, par Tony Busselen, www.solidaire.org, le 13 avril 2011

PRÉPARATION DU DÉBARQUEMENT DES TROUPES EN LIBYE
par Manlio Dinucci*, le 11 avril 2011


L’arrogance par procuration

Les « révolutionnaires » de Benghazi, certifiés par le philosophe à ses heures, reporter de guerre et bête de télé, Bernard-Henri Lévy, sont en pleine euphorie, au point de considérer qu’ils peuvent avoir droit à l’arrogance, par procuration, des « bombardiers humanitaires ».
Et ils en usent. Ils en sont même à menacer l’Algérie, comme s’ils avaient eu la peau de Kadhafi, le pouvoir en Libye et les moyens de donner des claques à toute personne dont la tête ne leur revient pas.
L’un des protégés de BHL, en exhibition à Paris, reproche au gouvernement algérien de soutenir militairement le gouvernement libyen.

Il ne livre aucune preuve mais déclare que ses camarades ne souhaitent « pas publier » (des) informations directement, en particulier, quand cela concerne des pays arabes frères et voisins, parce que nous avons le souci de la cohésion arabe et nous pouvons discuter de tout cela de façon bilatérale.
« Il peut y aller sans grand risque, fort de la puissance de feu de ceux qui travaillent à faire place nette à Tripoli. Il peut aussi aller plus loin que cela, puisque le ministre algérien des Affaires étrangères se répand en démentis successifs contre les accusations du Conseil national de transition (CNT) et se confond en dénégations auprès du prête-nom de la diplomatie française, dont il a obtenu un certificat de bonne foi, qu’il peut brandir devant les journalistes.

Alain Juppé lui-même a admis que les accusations du CNT étaient peu crédibles et les a qualifiées de « rumeurs farfelues ». Notre ministre s’en vante. Quelle belle victoire du conseil interlope de Benghazi !

Mettre dans la gêne les dirigeants d’un pays dont l’épopée révolutionnaire a fortement contribué à changer le visage de l’Afrique et rayonné sur la planète entière n’est pas une mince affaire.
Il faut préciser que, en ce temps-là, les bombardiers dans le ciel n’étaient pas du tout favorables à ceux qui libéraient le pays.
Donc, réaliser une telle opération, à l’encontre de l’Algérie, redore sérieusement le blason de ceux qui ne sont pas du tout dérangés par le fait de se faire imposer à leur peuple.
Bertrand Badie, directeur du parcours doctorat Relations internationales à Sciences Po. à Paris, interroge ceux qui voudraient bien lui répondre : « Est-ce que vous connaissez un seul cas dans l’histoire où une démocratie a été installée par une expédition militaire étrangère ? » Monsieur Badie va sans doute être démenti si l’objectif de la coalition « démocratisatrice » est atteint.

Libre à lui de dénier à la « communauté internationale » le droit que confère la force de donner au monde sa propre définition de la démocratie. Ce que nous avons vécu en Irak, en Afghanistan et en Côte-d’Ivoire.

En définitive, l’attitude presque honteuse de notre diplomatie était-elle destinée à ce bric-à-brac d’individus dénommé CNT ou à ce qui se tient derrière lui ? Tout prête à croire que c’est ce qui a dû jouer. Mais est-ce là une position libérée ? Reste cette réaction qui sauve les meubles, celle du refus de suivre Amr Moussa et les potentats du Golfe dans leur zèle « fratricide ».

par Ahmed Halfaoui

Source : « Les Débats », le 24 avril 2011
http://www.lesdebats.com/editions/240411/les%20debats.htm

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UN FAUX PRÉTEXTE POUR LA GUERRE EN LIBYE ?
par Alan J. Kuperman (*) - Boston Globe (USA)
le dimanche 17 avril 2011

Il est désormais évident que le président Obama a grossièrement exagéré la menace humanitaire pour justifier une action militaire en Libye.


Le président avait affirmé que l’intervention était nécessaire pour empêcher un « bain de sang » à Benghazi, la deuxième plus grande ville de Libye et ultime bastion rebelle.

Mais Human Rights Watch a diffusé des informations sur la ville nouvelle de Misurata où les combats se prolongent, qui révèlent que Mouammar Kadhafi ne massacre pas délibérément des civils mais cible au contraire de manière assez précise les rebelles armés qui luttent contre son gouvernement.

La population de Misurata est d’environ 400 000 habitants. En près de deux mois de guerre, seulement 257 personnes - dont des combattants - y ont été tuées. Sur les 949 blessés, on ne compte que 22 femmes, soit moins de 3 % du total. Si Kadhafi s’en prenait de manière indiscriminée aux civils, les femmes devraient représenter environ la moitié des victimes.

Obama avait insisté pour dire que les perspectives étaient sombres en l’absence d’intervention. « Si nous avions attendu un jour de plus ; Benghazi... aurait enduré un massacre dont l’écho se serait répercuté dans toute la région et aurait entaché la conscience mondiale. » Donc, avait conclu le président, « empêcher le génocide » justifiait l’intervention militaire des Etats-Unis.

Mais l’intervention n’a pas empêché un génocide, parce qu’aucun bain de sang n’était en vue. Au contraire, en encourageant la rébellion, l’interférence des Etats-Unis a prolongé la guerre civile libyenne et les souffrances qui en résultent pour des innocents.

La meilleure indication que Kadhafi n’envisageait pas de commettre un génocide à Benghazi, c’est qu’il n’a pas pénétré dans les autres villes qu’il a reprises soit complètement, soit partiellement - dont Zawiya, Misurata et Ajdabiya qui, ensemble, ont une population plus importante que Benghazi.

Les forces libyennes ont tué des centaines de personnes en reprenant le contrôle d’agglomérations. Des dommages collatéraux sont inévitables dans une guerre contre-insurrectionnelle. Et le strict respect des lois de la guerre a pu être enfreint.

Mais les actions de Kadhafi n’ont rien à voir avec le Rwanda, le Darfour, le Congo, la Bosnie et d’autres régions où ont été commis des massacres. L’armée de l’air libyenne, avant l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne sur mandat de l’ONU, visait les positions rebelles, pas les concentrations de civils. Malgré l’omniprésence de téléphones équipés de caméras et d’appareils photo, on n’a aucune preuve tangible de massacres délibérés. On a beaucoup d’images de victimes tuées ou blessées dans des échanges de tirs - à chaque fois une tragédie - mais c’est la guerre en milieu urbain, pas un génocide.

Si le bain de sang était peu probable, comment cette idée a-t-elle pu impulser l’intervention des Etats-Unis ? Ce qui se profilait réellement à Benghazi, était la défaite finale des rebelles. Pour éviter cette issue, ils ont concocté dans l’urgence un génocide imminent afin d’obtenir un soutien international en faveur d’une intervention « humanitaire » qui pourrait sauver leur rébellion.

Le 15 mars, Reuters citait un chef de l’opposition libyenne à Genève qui prétendait que si Kadhafi attaquait Benghazi, il y aurait un « vrai bain de sang, un massacre comme on en a vu au Rwanda. » Quatre jours après, des avions militaires US commençaient les bombardements. Dans le même temps, Obama affirmait que l’intervention avait empêché un bain de sang. Le New York Times avait déjà signalé que « les rebelles ne se sentaient pas tenus à une obligation de vérité dans l’élaboration de leur propagande » contre Kadhafi et « faisaient des annonces qui en rajoutaient énormément dans les déclarations sur ses agissements barbares. »

Il est difficile de savoir si la Maison Blanche a été dupée par les rebelles ou a conspiré avec eux pour aller vers un changement de régime sur de fausses bases humanitaires. Dans les deux cas, l’intervention a vite outrepassé le mandat onusien de protection des civils par le bombardement de forces libyennes en retraite ou basées dans des bastions du soutien à Kadhafi comme Syrte où elles ne menaçaient aucun civil.

Les effets sont incertains. L’intervention a empêché les troupes de Kadhafi de s’emparer de Benghazi, ce qui a sauvé des vies. Mais il a intensifié sa répression dans l’ouest de la Libye pour consolider rapidement le territoire qu’il contrôle. L’intervention a aussi encouragé les rebelles à reprendre leurs attaques, à reprendre provisoirement ces villes de la côte orientale et centrale, comme Ajdabiya, Brega et Ras Lanouf, jusqu’à excéder leurs capacités logistiques et à s’en retirer.

Chaque fois que ces villes changent de mains, elles sont bombardées par les deux camps - tuant, blessant et forçant à se déplacer des innocents. Le 31 mars, l’OTAN a averti formellement les rebelles de cesser d’attaquer les civils. Il y a quelque chose de poignant à rappeler que, sans cette intervention, la guerre se serait sûrement terminée le mois dernier.

Dans son discours pour expliquer l’action militaire en Libye, Obama a fait sien le noble principe de la responsabilité de protéger - ce que certains ont vite baptisé comme étant la doctrine Obama - appelant à une intervention quand c’est possible pour empêcher un génocide. La Libye montre comment cette approche, appliquée de manière réflexe, peut avoir l’effet inverse en encourageant des rebelles à provoquer et à exagérer des atrocités pour inciter à une intervention qui, en fin de compte, perpétue la guerre civile et les souffrances des populations.

14 avril 2011 - Boston.com

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(*) Alan J. Kuperman, professeur de science politique à l’université du Texas est l’auteur de « The Limits of Humanitarian Intervention » [les limites de l’intervention humanitaire] et co-responsable d’édition de « Gambling on Humanitarian Intervention » [le pari de l’intervention humanitaire].

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L’article original peut être consulté ici :
"False pretense for war in Libya ?"

Lire la traduction de l’anglais par Djazaïri
ou sur le site"Info - Palestine" en cliquant ici ...

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"LES « VOLONTAIRES » ARMENT LES REBELLES
ET INTENSIFIENT LES RAIDS AÉRIENS"

par Manlio Dinucci, le 15 avril 2011
Mondialisation.ca - ilmanifesto.it

Aux rebelles libyens seront fournis « non seulement des armes mais aussi des instruments de communication et des appareils pour l’interception des communications radio du régime » : c’est le ministre des affaires étrangères Frattini qui l’a annoncé à son retour de la réunion du « Groupe de contact » (dont font partie 20 pays et organisations internationales) qui s’est déroulée à Doha, capitale du Qatar. Siège idéal pour la défense des « droits humains » en Libye, requise par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, lui aussi présent à Doha : le Qatar, qui participe à la guerre de Libye avec les chasseurs-bombardiers Mirage que la France lui a vendus, est gouverné par une monarchie héréditaire qui non seulement concentre tous les pouvoirs dans ses mains et nie à son peuple les plus élémentaires droits humains mais a envoyé des troupes au Bahrein pour écraser dans le sang la requête populaire de démocratie.

Alors que tous les participants sont d’accord pour financer les rebelles, a dit Frattini, sur la fourniture d’armes « il n’y a pas une unanimité de prévision et chaque pays pourra évaluer comment aider ».
Parmi les rebelles se trouvent en fait des groupes islamistes -comme le Groupe combattant islamique, fondé en Afghanistan par des moudjahidine libyens et relié à la Cia et au MI6 britannique- qui sont aujourd’hui utiles contre Kadhafi mais pourraient demain être dangereux pour les intérêts étasuniens et alliés en Libye. Italie, France et Qatar ont en tous cas accepté de fournir des armes aux rebelles, a dit la porte-parole du « Comité national transitoire » à Bengazi, en précisant qu’on est en train de « définir les derniers détails ». Naturellement, avec les armes, seront aussi envoyés en Libye des instructeurs italiens et français pour entraîner les rebelles à leur utilisation.

Le « Groupe de contact », qui se réunira de nouveau à Rome début mai, a été unanime pour demander à l’Alliance atlantique d’ « intensifier les raids aériens contre les forces du régime ». Depuis que l’OTAN a pris le commandement de la guerre en Libye, renommée « Opération protecteur unifié », sa Task force conjointe, dont le quartier général est à Naples, a effectué en deux semaines, avec environ 200 avions, plus de 2.000 raids en Libye : une moyenne de 160 par jour.

À ces attaques, effectuées surtout par des chasseurs-bombardiers britanniques et français, participent aussi les étasuniens qui sont passés de l’US Air Force à l’OTAN. Parmi les avions étasuniens mis à disposition de l’OTAN se trouvent les A-10 Thunderbolt et AC-130 Specter (avions furtifs) : ceux dont les canons tirent jusqu’à 6.000 projectiles à la minute, en majorité à l’uranium appauvri.

D’après les comptes-rendus officiels de l’OTAN, en une seule journée (le 12 avril) ont été détruits par les attaques aériennes, 16 chars d’assaut et d’autres véhicules. La vidéo, effectuée par un avion britannique à Misurata, montre un char qui est pris dans le viseur et explose tout d’un coup, avec une déflagration de l’intérieur : l’effet typique d’un missile à tête à uranium appauvri qui, en perçant le blindage et en explosant à l’intérieur, développe une température de milliers de degrés.

À l’explosion du char d’assaut, filmée par l’avion, un grand nuage s’élève et se propage dans la zone habitée alentour : c’est le nuage de poussière radioactif qui provoque des tumeurs et même des malformations dans les générations suivantes. Les attaques aériennes ne suffisent pourtant pas et le « Groupe de contact » demande qu’elles soient intensifiées. Tandis que le secrétaire général de l’ONU déclare, à la réunion de Doha, être « préoccupé par la situation humanitaire en Libye ».

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Sources : mondialisation.ca
pour lire, cliquer ici ...

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Manlio Dinucci est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.
Articles de Manlio Dinucci publiés par Mondialisation.ca

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article original en italien : "I « volenterosi » alla Nato : intensificare i raid aerei" sur le site http://www.ilmanifesto.it, edition de vendredi 15 avril 2011
pour accéder à l’article original, cliquer ici : ...

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GUERRE EN LIBYE :
L’UNION AFRICAINE CONTRE L’OTAN

par Tony Busselen
solidaire.org
le 13 avril 2011

« Ce n’est pas aux puissances étrangères, pas plus qu’à l’Union africaine, qu’il revient de décider au nom du peuple libyen qui doit être son dirigeant », déclare Ramtame Lamamra, le commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité. (Photo Xinhua)

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L’Union africaine a proposé un plan de paix dans l’espoir de débloquer la situation en Libye. Kadhafi a accepté ce plan. En attendant, l’OTAN envisage d’engager des troupes terrestres.

On discute ou on envoie les troupes ?

Dimanche 10 avril, la délégation des cinq chefs d’État de l’Union africaine a enfin pu se rendre en Libye afin de proposer son plan de paix. Ils avaient déjà essayé de s’y rendre le dimanche 20 mars, mais avaient essuyé le refus de la coalition occidentale, qui avait déjà entamé les bombardements. Finalement, après 18 jours d’insistance auprès du secrétaire général de l’ONU, la délégation a obtenu la garantie qu’il n’y aurait pas de bombardements durant sa visite.

Le plan de paix a été mis au point le 19 mars et approuvé par le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 23 mars. La délégation se compose des présidents de l’Afrique du Sud, de l’Ouganda, de la Mauritanie, du Mali et du Congro-Brazzaville. Le plan comporte quatre éléments :

  1. une trêve : tant du côté du gouvernement libyen que de celui de l’Otan ;
  2. la collaboration des autorités afin de garantir un accès aisé à l’aide humanitaire ;
  3. la protection des migrants africains et autres étrangers ;
  4. le dialogue entre les deux camps libyens belligérants.

Ce dialogue aurait lieu durant une période de transition « dans l’intention de dégager un accord sur les réformes politiques nécessaires afin de dissiper les causes de la crise actuelle ».

Laisser le peuple décider lui-même

Ramtame Lamamra, le commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité, a expliqué que la trêve pourrait être assurée par une troupe force militaire mixte de l’ONU et de l’Union africaine, comme au Darfour (Soudan). « Dans ce cas, elle pourrait également être assurée par des troupes exclusivement africaines. Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités, si les deux parties le souhaitent. »

À la question de savoir s’il ne craignait pas de voir les rebelles rejeter son plan, Lamamra a répondu : « Nous pensons que nos propositions laissent suffisamment d’espace pour entamer les négociations. Le principal, désormais, c’est qu’ils (les rebelles, NdlR) nous acceptent en tant que personnes de bonne volonté. Ce n’est pas aux puissances étrangères, pas plus qu’à l’Union africaine, qu’il revient de décider au nom du peuple libyen qui doit être son dirigeant. »

La situation reste bloquée

Un peu plus tôt, on apprenait que les réformes politiques pourraient porter sur l’organisation d’élections libres, une révision de la Constitution et un referendum sur la question de savoir si Kadhafi doit rester ou s’en aller. Le 5 avril, Kadhafi faisait déjà savoir par son porte-parole qu’il acceptait tout ce processus, y compris le referendum sur sa position. Un porte-parole de l’OTAN a toutefois dit de ce plan : « Absolument rien n’indique que le plan de paix ait quelque poids. »


Le 7 avril, lors d’une audition au Sénat américain, le général Carter Ham, de l’AFRICOM (le commandement régional américain pour l’Afrique), qui a dirigé les bombardements en attendant que le commandement de la guerre soit transféré à l’OTAN début avril, a dressé un bilan provisoire de la guerre. Malgré tous les bombardements, la situation sur le terrain reste bloquée. Les troupes des rebelles ne prennent pas le dessus sur l’armée libyenne, supérieure en nombre et en équipements. En même temps, des doutes s’installent à propos des livraisons d’armes, vu la présence de groupe d’al-Qaïda dans les rangs des rebelles. Ham de conclure : « L’engagement de troupes terrestres est un plan possible en vue d’aider les rebelles libyens. »

Source : www.solidaire.org ...

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PRÉPARATION DU DÉBARQUEMENT DES TROUPES EN LIBYE par Manlio Dinucci*, le 11 avril 2011

Après avoir détruit l’armée de l’air libyenne, les Etats-Unis ont remis le commandement de la guerre de Libye à l’OTAN. Ainsi, le débarquement —s’il doit avoir lieu— incombera aux Alliés. Déjà embourbé en Afghanistan et en Irak, Washington entend partager le fardeau de sa troisième guerre en terre musulmane.


Carter Ham,
commandant de l’AfriCom

Depuis que l’OTAN, le 31 mars 2011, a pris le commandement de la guerre en Libye, rebaptisée « Opération protecteur unifié », sa force d’intervention conjointe, dont le quartier général est à Naples, a effectué plus de 1 500 raids aériens, c’est-à-dire plus de 150 par jour. Y participent — avec les chasseurs bombardiers anglais Typhoon, les français Mirage et Rafale, et d’autres avions — des aéronefs étasuniens passés de l’US Air Force à l’OTAN. Parmi ceux-ci les A-10 Thunderbolt et AC-130 Specter, dotés de canons qui tirent jusqu’à 6 000 projectiles à la minute, en majorité à l’uranium appauvri. Participe aussi à l’opération, avec le bombardier stratégique B-2 Spirit d’attaque nucléaire qui a frappé Tripoli avec des bombes non-nucléaires d’une tonne chacune, le sous-marin USS Florida de la classe Ohio : doté de 24 rampes de lancement pour missiles nucléaires Trident, il est maintenant armé de 154 missiles Tomahawk non-nucléaires (mais avec une tête à l’uranium appauvri) et transporte 100 commandos qui effectuent des incursions en mini-sub.

Tout cela pourtant ne suffit pas. Le contre-amiral britannique Russell Harding, commandant-adjoint de l’opération, a déclaré dans une conférence de presse à Naples que les bombardements aériens et navals ont réduit de 30 % la capacité militaire libyenne, rendant l’aviation inopérante, et réduisant fortement les défenses anti-aériennes. Mais il a ajouté que les forces gouvernementales ont recours à des « tactiques non conventionnelles », en se mêlant au trafic routier. Les accusant ainsi d’être eux-mêmes les responsables du fait que les avions OTAN ont touché des forces rebelles, en les prenant pour ennemies.

Dans une audition au Sénat, à Washington, le général Carter Ham, chef de l’AfriCom qui a conduit l’opération avant que le Pentagone ne la passe à l’OTAN, a confirmé que les USA ont mis à disposition de l’Alliance des avions de combat, comme les puissantes canonnières volantes AC-130 : mais malgré tout cela, la situation sur le terrain reste bloquée. Les attaques aériennes et navales de l’OTAN en soutien aux forces rebelles n’arrivent pas à permettre à celles-ci d’avoir le dessus sur les forces gouvernementales, car elles sont numériquement et militairement inférieures. En même temps, les préoccupations vont croissant quant à la fourniture d’armes aux rebelles, étant donnée la présence de groupes d’Al Qaeda dans leurs rangs. Le général Ham retient ainsi que « l’utilisation d’une force terrestre internationale constitue un plan possible pour soutenir les rebelles libyens » [1].

Mais, prévient le général Ham, les conditions ne sont pas idéales pour envoyer des troupes étasunienes sur le sol libyen : le président Obama a exclu à plusieurs reprises cette possibilité, et cet envoi susciterait des réactions dans le monde arabe. Il convient en outre de considérer que, si des forces étasuniennes étaient employées trop longtemps en Libye, cela aurait des effets négatifs à long terme pour d’autres missions. Nombre de ces troupes se préparent à partir en Afghanistan, ou en sont à peine revenues.

Le général Ham conclut donc : « Il est important que les USA donnent cette charge à l’OTAN ». Nous sommes donc avertis : sous peu l’appel aux armes pourrait arriver aussi aux troupes italiennes. Fassent nos à nous, ceux qui soutiennent la guerre, que les troupes italiennes débarquent à Tripoli le 5 octobre : elles pourront ainsi célébrer le centenaire de l’entreprise coloniale italienne en Libye.

*Manlio Dinucci
Géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : « Geograficamente. Per la Scuola media » (3 vol.), Zanichelli (2008) ; « Escalation. Anatomia della guerra infinita », DeriveApprodi (2005)
Traduction Marie-Ange Patrizio

Sources : http://www.voltairenet.org ...


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