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UN TÉMOIGNAGE INÉDIT DE MONCEF MARZOUKI : « Même dans le désert, il faut semer »

samedi 22 janvier 2011

L’auteure de l’interview, avait demandé en Mai 2010 au Dr Moncef MARZOUKI, exilé politique tunisien de longue date, " ce qui lui permettait de rester si positif alors que le tableau de la situation politique en Tunisie qu’il dressait apparaissait si sombre" ?.

(Propos recueillis par Naima Bouteldja, chercheure près l’Université d’Exeter en Grande Bretagne. Reproduits par François Gèze dans un article diffusé le 21 janvier par le site algérien "Forum des Democrates")

Moncef Marzouki, mai 2010.-

« J’ai deux techniques pour rester positif psychologiquement. La première, c’est que je me dis que le temps géologique n’est pas le temps des civilisations, que le temps des civilisations n’est pas celui des régimes politiques et que le temps des régimes n’est pas celui des hommes. Il faut l’accepter. Si je m’engage dans le projet de transformer la Tunisie, vieille de quinze siècles, je ne vais pas la transformer en vingt ans. Je dois donc accepter les échéances de long terme. Et à partir de là, je ne me décourage pas, parce que mon horizon, ce n’est pas les six prochains mois ou la prochaine élection présidentielle : c’est celui des cent prochaines années - que je ne verrai pas, c’est évident.

« Et l’autre technique vient du fait que je suis un homme du Sud. Je viens du désert et j’ai vu mon grand-père semer dans le désert. Je ne sais pas si vous savez ce que c’est que de semer dans le désert. C’est semer sur une terre aride et ensuite vous attendez. Et si la pluie tombe, vous faites la récolte. Je ne sais pas si vous avez déjà vu le désert après la pluie, c’est comme la Bretagne ! Un jour, vous marchez sur une terre complètement brûlée, ensuite il pleut à peine et ce qui s’en suit, vous vous demandez comment cela a pu se produire : vous avez des fleurs, de la verdure... Tout simplement parce que les graines étaient déjà là... Cette image m’a vraiment marqué quand j’étais enfant. Et, par conséquent, il faut semer ! Même dans le désert, il faut semer !

« Et c’est de cette façon que je vois mon travail. Je sème et s’il pleut demain, c’est bien, sinon au moins les graines sont là, car que va-t-il se passer si je ne sème pas ? Sur quoi la pluie va-t-elle tomber ? Qu’est-ce qui va pousser : des pierres ?

C’est l’attitude que j’adopte : semeur dans le désert... »

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