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LA COLÈRE DE LA JEUNESSE EN TUNISIE

vendredi 7 janvier 2011

LA COLÈRE DE LA JEUNESSE EN TUNISIE

La colère de la jeunesse a éclaté à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010. Le jeune Mohamed Bouazizi s’est suicidé par le feu. Il est décédé le 02/01/2011, d’autres jeunes chômeurs l’ont suivi, dans le même gouvernorat et à Gafsa. Le mouvement des jeunes chômeurs, s’est vite transformé en un mouvement social de contestation pacifique sans précédent, et dans tout le pays. Parce qu’il n’a pas été entendu dans le bassin minier de Gafsa et a été sauvagement réprimé, le mouvement des jeunes est radical aujourd’hui et ressenti profondément par toute la jeunesse et le peuple tunisien.

De Sidi Bouzid, à Kasserine et Gafsa en remontant vers la capitale politique (Tunis) les jeunes ont repris des mots d’ordre politique contre le despotisme, la corruption du pouvoir et le népotisme.

Plusieurs manifestations d’avocats à Kasserine, Jendouba et Tunis et dans d’autres villes ont soutenu le mouvement de la jeunesse. Les avocats ont dénoncé la répression de la police et la garde nationale sous la direction du général Boudrigua, ancien général d’armée, la répression a duré 12 jours au gouvernorat de Sidi Bouzid, deux morts sont annoncés par la presse à Menzel Bouzayene.

Le 27 décembre 2010, un rassemblement syndical central de soutien aux jeunes a eu lieu à la place Mohamed Ali devant le siège de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT). Les six syndicats qui ont appelé à cette manifestation, sont considérés comme les structures les plus avancées. Ils sont dirigés par des militants aguerris à l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) qui jouent aujourd’hui un rôle crucial pour la radicalisation du mouvement social, et renforcent le mouvement syndical. Ainsi comme toujours l’UGTT a soutenu le mouvement d’émancipation politique en Tunisie.

Mais encore une fois le pouvoir a refusé de dialoguer avec la jeunesse. Il a choisi la répression, comme il l’a déjà fait dans le bassin minier de Gafsa !! Le langage du pouvoir, relayé par une presse aux ordres, a rejeté son échec économique et politique sur « l’ennemi externe » et l’opposition non inféodée à la dictature « qui a trahi son pays ».

Notre parti « Tunisie Verte » :

  1. Confirme son soutien au mouvement de la jeunesse de Sidi Bouzid et dans tout le pays.
  2. Condamne le recours à la violence contre les jeunes manifestants et les avocats et demande la libération immédiate de tous les manifestants arrêtés.
  3. Considère que le pouvoir est dans l’obligation, selon ses responsabilités constitutionnelles et politiques, de promouvoir ces régions marginalisées.
  4. Demande l’ouverture d’une enquête sur la corruption et la traduction des responsables devant la justice.
  5. Exige la libéralisation de la presse, la démocratisation de la vie politique et la légalisation des partis qui en ont fait la demande conformément à la loi comme notre parti « Tunisie Verte » qui a été victime d’un hold-up politique de la part de la dictature.

Tunis le 5 Janvier 2011

Abdelkader Zitouni,
Coordinateur National du parti « Tunisie Verte »
Membre du Parti Vert Européen,
Membre de la fédération des verts africains,
Membre de "Global Greens".

e- mail : tunisie.verte@gmail.com
tel : 00.216.98.510.596
Fax : 00.216.71.750.907


SIDI BOUZID : UN CRI DE DÉTRESSE
auquel il faudra ouvrir toutes grandes nos oreilles

jeudi 6 janvier 2011
Hichem Skik

On ne s’arrêtera pas de si tôt de parler des événements de Sidi Bouzid : il faudra du temps pour en mesurer toute la portée et en tirer toutes les leçons. Ces événements revêtent, en effet, une gravité exceptionnelle, et toute tentative de les minimiser, de les réduire à des actes isolés, à des facteurs individuels, locaux etc. serait non seulement erronée, mais franchement indécente, en tout cas vouée à l’échec.

Même s’il s’était agi « seulement » d’un jeune homme à la fleur de l’âge qui tente de s’immoler par le feu-dans une civilisation qui condamne le suicide et ignore ce genre de pratique-cela serait infiniment grave, douloureux, intolérable. Mais ce qui interpelle autant, sinon plus, ce sont les raisons d’un tel acte. D’une part, le jeune Mohammed Bouazizi a été acculé, en raison du chômage, à vivoter en tant que marchand ambulant, proposant aux passants quelques menues marchandises, sans grande valeur : une situation en elle-même difficile à vivre, on peut aisément l’imaginer, surtout pour un jeune qui a fait, ainsi que sa famille, de grands sacrifices pour faire des études.

D’autre part, Mohammed a été victime de l’insouciance, voire de l’agressivité et de la brutalité d’une bureaucratie-elle-même probablement débordée et peu formée au respect du citoyen-pour laquelle le règlement administratif est plus important que la souffrance et la dignité d’un jeune homme en situation de grande précarité.

D’où le profond désespoir de ce jeune, qui s’est senti poussé à bout, au-delà de ce qu’il pouvait supporter. Cet acte, si désespéré, si désespérant, nous interpelle donc tous, et très violemment. Il interpelle-ou devrait interpeller- particulièrement une politique éducative, économique et sociale qui plonge un jeune Tunisien sur sept, et entre le quart et la moitié des diplômés, dans un chômage chronique, un tunnel sans fin, dont ne réussissent à voir le bout que quelques uns, souvent grâce à quelque connaissance suffisamment bien placée. Les autres vivotent, en marge de la vraie vie.

Cet acte interpelle tout autant le fonctionnement de notre administration et de nos institutions comme des organes techniques ou répressifs, où des « responsables » régentent, du fond de leurs bureaux-tours d’ivoire, la vie des gens, sans contrôle réel, sans formation civique leur inculquant leur devoir d’être au service du citoyen et non l’inverse. Il interpelle notre système économique, que d’aucuns considèrent simplement comme une source d’enrichissement personnel, aux dépens de l’intérêt public, des travailleurs et même des investisseurs, qui assistent, impuissants, à cette détérioration croissante du climat des affaires.

Ce sont certainement de tels facteurs qui expliquent l’ampleur prise par les émeutes de Sidi Bouzid et le vaste élan de solidarité qu’elles ont suscité dans tout le pays, avec là aussi, des formes parfois dramatiques, en particulier dans le cas du jeune tué par balles.

En fait, tous les Tunisiens- particulièrement les jeunes, mais aussi toutes les familles dans les régions non côtières- se sont sentis concernés et ont éprouvé à la fois une profonde compassion pour les jeunes victimes, une grande solidarité avec leurs revendications et un réel besoin de dire eux-mêmes leur ras-le-bol. Le cri de détresse de nos jeunes est assourdissant. Se boucher les oreilles pour ne pas l’entendre serait criminel.

Entendre ce cri, l’écouter sérieusement, cela signifie notamment, pour notre société et surtout pour les gouvernants, voir la réalité en face, reconnaître que la situation actuelle est insupportable et accepter de remettre en cause un système politique autiste- où tout doit partir d’en haut, où personne d’autre n’a droit à la parole, où il faut obéir aux ordres et aux règles édictées-, une politique éducationnelle qui se contente des aspects qualitatifs, une politique économique trop axée sur certaines zones, certaines catégories, et laissant à la traîne le reste du pays.

Encore une fois, ce qui s’est passé, ce qui se passe encore aujourd’hui et ce qui se passera, n’en doutons pas, demain, tout cela nécessite ni plus ni moins qu’une remise en question totale de l’ensemble d’un système qui est en train de mener notre pays à l’impasse.

Personne ne peut prétendre posséder, à lui tout seul, la réponse aux questions lancinantes que se posent notre société et notre jeunesse. Personne n’a de recette miracle pour résoudre tous les problèmes : toutes les Tunisiennes, tous les Tunisiens, dans la diversité de leurs origines et de leurs opinions, ont le droit- le DEVOIR !- de se pencher sur la situation de notre pays afin de contribuer à le sortir de la grave crise dans laquelle il s’enfonce chaque jour davantage.

Pour lire l’article en ligne, cliquer sur le lien :
http://attariq.org/spip.php?article1077&lang=fr


LE RÉVEIL TUNISIEN

par Jean-Pierre Séréni
le 6 janvier 2011

Cinq mille personnes ont assisté aux funérailles, le 5 janvier, du jeune tunisien qui s’était immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid. L’effervescence persiste en Tunisie, notamment dans le centre-ouest (nous reviendrons sur cette situation dans notre édition de février). A l’appel du conseil de l’ordre, les avocats ont fait grève le 6 janvier pour protester contre les mauvais traitements dont ils sont l’objet de la part de la police. Ce mécontentement traduit les nombreux échecs du régime et met en lumière les défis auxquels il est confronté.

Le malaise social qui s’exprime ouvertement en Tunisie est indissociable de la crise économique. 2009 a marqué une rupture profonde : la croissance a réduit ses ambitions de moitié, les exportations industrielles ont fortement reculé, les touristes européens sont restés chez eux, les investisseurs étrangers également. La mauvaise récolte de 2010 n’a rien arrangé. Résultat, l’emploi a souffert : la croissance n’absorbe plus, bon an mal an, que la moitié d’une classe d’âge, contre près des deux tiers avant la crise.

Réélu il y a un an à l’issue d’un pseudo-scrutin présidentiel sans risque ni enjeu, le président Zine el-Abidine Ben Ali - au pouvoir depuis 1987 - doit faire face à quatre défis majeurs. Une dégradation rapide de la situation priverait à terme le régime de son principal produit d’appel vis-à-vis de l’étranger : la stabilité politique et sociale.

LA POLITIQUE. L’exécutif écrase le régime, le président étouffe le modeste jeu des institutions pourtant prévu par la Constitution, le Parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement, et la justice est aux ordres. Les quelques mesures prises en 2010 l’ont été pour la galerie comme, par exemple, les 20 % de sièges réservés à l’opposition, quel que soit son score, dans les conseils municipaux. L’ouverture s’impose d’urgence. Elle pourrait commencer au Parlement et au sein du parti. Les députés, même mal élus, plus au contact de la population et de la province que les hommes du président, doivent retrouver une influence dans la détermination des politiques publiques, avant que se tiennent rapidement des élections plus « propres » et sans exclusive.
Cela passe aussi par une réforme du parti dominant, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), héritier du Néo-Destour du père de l’indépendance Habib Bourguiba.
Actuellement, le président de la République, qui est aussi président du parti, en nomme tous les responsables, du bureau politique aux secrétaires généraux, fédéraux ou de sections. Le rétablissement de l’élection comme mode de désignation de ses dirigeants lui redonnerait vie et offrirait un premier débouché au mécontentement.

L’INFORMATION. Internet, Facebook et les télévisions satellitaires arabes ont mis à mal le contrôle de l’information en place depuis une vingtaine d’années. Le blocage médiatique n’a servi à rien, sinon à exaspérer l’opinion. Le ministre de l’information - que l’on pourrait plutôt définir comme ministre de la propagande - M. Oussama Romdhani, à la tête du secteur depuis 1996, l’a payé de son poste (...)

Pour lire la suite de cet article inédit de Jean-Pierre Séréni, cliquer sur le lien :
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-01-06-Tunisie

mis en ligne le 6 janvier 2010
LE MONDE DIPLOMATIQUE
La valise diplomatique


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