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SOLIDAIRES AVEC LA JEUNESSE, LES TRAVAILLEURS ET LES CHOMEURS TUNISIENS EN MOUVEMENT

DEUX MAGHREBS, celui DES "AFFAIRES" ET celui des "SANS DROITS"

mardi 28 décembre 2010

"La dignité, c’est le travail et la liberté ! Nous voulons des solutions radicales et non des "calmants". Ainsi se sont exprimées la souffrance et l’indignation de couches très larges de la jeunesse et du peuple tunisiens.

Un nouveau pas vers des luttes sociales et démocratiques de plus en organisées et efficaces.
Des aspirations et une volonté légitimes ! Elles ne laisseront personne indifférent, en particulier d’un bout à l’autre du Maghreb Elles appellent aux solidarités conscientes, vigoureuses, unitaires et pacifiques des couches populaires et moyennes, des milieux patriotiques honnêtes dont les fruits des indépendances ont été confisqués, tant par les politiques néolibérales mondiales que par leurs relais locaux parasitaires et antidémocratiques. Au delà du Maghreb des affairistes corrompus et celui des victimes déshéritées, il y a un autre Maghreb fraternel à construire dans le quotidien et dans les perspectives : celui des efforts, des initiatives conscientes et solidaires, au plus près des intérêts citoyens et nationaux..

Pour qui veut situer les responsabilités des gouvernants, lire aussi ci-dessous l’article de Said MEKKI dans le Quotidien d’Orani

Manifestation à Tunis en solidarité avec les populations de Sidi Bouzid

mardi 28 décembre 2010, par La Rédaction

Une grande manifestation s’est déroulée lundi à Tunis, en signe de solidarité avec les populations de Sidi Bouzid, région du centre-ouest tunisien, en proie depuis 10 jours à des troubles sociaux sur fond de chômage et de précarité des conditions de vie, a constaté l’Associated Presse sur place.

A l’appel de plusieurs syndicats dont ceux de l’enseignement secondaire, de la santé, de la poste et des caisses de sécurité, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à la mi-journée place Mohamed Ali, devant le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, l’unique centrale syndicale du pays), cerné par un important dispositif de sécurité dont des unités anti-émeutes.

"Je suis venu manifester mon soutien à mes compatriotes de Sidi Bouzid qui se sont élevés contre la pauvreté et le chômage et qui n’ont plus rien à perdre, et leur dire qu’il y a des Tunisiens qui se soucient de leur sort", a déclaré Sahbi K., étudiant et chercheur.

Affichant également sa "solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid et ailleurs", Mme Haïfa J., employée du secteur de la santé, a attribué la cause des troubles à "un mécontentement populaire face à la situation politique, économique et sociale".

Brandissant des pancartes appelant au "développement équilibré entre les régions", à "la répartition équitable des richesses du pays" et à la libération des personnes arrêtées, les manifestants, dont de nombreux jeunes des deux sexes, scandaient des slogans hostiles au régime et dénonçaient "la flambée des prix".

"La dignité c’est le travail et la liberté", répétaient notamment jeunes et moins jeunes en entonnant l’hymne national.
"Nous nous rassemblons aujourd’hui pour nous solidariser avec les populations de Sidi Bouzid et saluer la mémoire des martyrs de la répression, qui ne réclamaient que leur droit au travail mais ont été confrontés aux balles et poussés au suicide", a lancé en direction des manifestants le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Sami Tahri.

Il faisait allusion aux deux jeunes, l’un âgé de 18 ans tué par balles à Menzel Bouzayane, à 60 km du chef-lieu Sidi Bouzid et l’autre âgé de 24 ans, électrocuté en escaladant un pylône à haute tension.
Un nouveau décès a été enregistré dimanche dans la localité de Guedra, à cinq km de Sidi Bouzid. La victime, Lotfi Guedri, 34 ans, chômeur, a été trouvé mort au fonds d’un puits. La thèse du suicide n’a pas pu être vérifiée.
Selon le syndicaliste Mongi Ghénimi, le désespéré en chômage depuis cinq ans, souffrait de troubles mentaux.

"Nous refusons les ’calmants’, nous voulons des solutions radicales. Nous disons non à la marginalisation, au chômage et à la corruption", a martelé M. Tahri, appelant à la "levée du blocus" sur Sidi Bouzid et les localités environnantes.

Le rassemblement de Tunis a donné lieu à des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés légers.
Dimanche et lundi, les manifestations se sont étendues à plusieurs régions du centre et du sud, notamment dans les villes de Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, à Kairouan, Sousse, dans les îles Kerkennah, à Sfax et Médenine.

(Mardi, 28 décembre 2010 - Avec les agences de presse)


2010 :

LE MAGHREB VIRTUEL DANS L’ANNÉE WIKILEAKS

par Said MEKKI

La Tunisie, le meilleur élève du Maghreb pour les institutions financières internationales termine l’année par une mauvaise note donnée par ses propres jeunes sous forme d’émeutes. Un retour au réel que les chiffres, si jolis, ont tendance à masquer. Cela donne une idée du bilan du Maghreb virtuel dans l’année Wikileaks.

En 2010, les performances économiques des cinq pays du Maghreb restent contrastées, la Libye et l’Algérie, forts de leurs exportations pétrolières, affichent des performances correctes mais - pour l’Algérie surtout - en deçà des objectifs de résorption du chômage.
La Tunisie et le Maroc, plus sensibles aux variations de l’économie globale, ont plutôt bien résistés à la crise alors que l’économie de la Mauritanie aux capacités très limitées semble engagée sur la voie du redressement.
Si on ne parle que des États, c’est que le Maghreb n’est qu’une virtualité à laquelle les sociétés ne sont pas encore en mesure de lui donner un contenu concret. Le Maghreb en 2010 est à peine une idée.

Les cinq pays qui constituent cet ensemble géoculturel, particulièrement homogène et plutôt complémentaire, ne parviennent toujours pas à résoudre leurs différences d’approche et à surmonter les obstacles de méfiance et du nationalisme étroit. La question du Sahara Occidental qui divise profondément l’Algérie et le Maroc n’explique pas totalement le blocage de l’Union du Maghreb Arabe. La zone de libre-échange annoncée prématurément par le secrétaire-général de l’UMA ne verra probablement pas le jour en 2011. Comment en effet instaurer un espace douanier unifié tant que les stratégies « nationales » l’emporteront sur une vision collective, profitable à tous ?
L’incapacité manifeste de dégager des plateformes de coopération a pour conséquence la densification des relations institutionnelles bilatérales sans effet probant sur la dynamisation des échanges.

Déficit de gouvernance

Le nombre de commissions mixtes entre pays de la raison pour impressionnant qu’il soit est davantage l’expression de l’incapacité manifeste à stimuler un réel cadre opératoire.
De fait, l’UMA prise en otage par les politiques et les bureaucraties en excluant les entrepreneurs du champ de la décision se condamne à la stagnation.

La réalité est cruelle : le commerce intermaghrébin ne représente que 3% du volume global des échanges internationaux de la région. L’impossible convergence des politiques économiques et l’inexistence d’un niveau minimal de coordination constatées en 2010 sont d’un mur en acier sur lequel viennent buter toutes les velléités de dépassement des obstacles. Au delà des chiffres les économies du Maghreb restent marquées par un déficit de gouvernance mis en relief par les télégrammes diplomatiques américains fuités par le site Wikileaks.

Au manque de « vision » qui caractérise les autorités algériennes viendrait s’ajouter la plaie de la corruption commune aux pays de la région. L’Algérie a entamé l’année 2010 par la décapitation judiciaire de l’ensemble de la direction de l’entreprise nationale d’hydrocarbures, Sonatrach, suivie en mai par l’éviction de l’inamovible ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, en poste depuis 1999. Le scandale Sonatrach est lié à la passation frauduleuse de contrats portant sur des centaines de millions de dollars.
L’entreprise nationale mise dans une actualité scandaleuse a de la peine à s’en remettre.

Au Maroc, on découvre via Wikileaks le droit de péage illégal imposé par le sommet de l’État marocain aux investisseurs immobiliers et les comportements prédateurs des familles « régnantes » en Tunisie. De quoi tempérer fortement l’image positive que ces deux pays ont su se forger et les rangs honorables qu’ils occupent dans les divers classements internationaux. Globalement, les performances économiques des différents pays restent en deçà des exigences de développement et de résorption du chômage, des jeunes en particulier.

Ces catégories de plus en plus larges sont pénalisées par la mauvaise redistribution et par la faiblesse de l’État de droit. Il s’agit de traits communs aux pays de la région. Les récentes émeutes à Sidi Bouzid dans le centre de la Tunisie illustrent bien, malgré les satisfécits et les classements « honorables », la commune réalité du chômage massif des jeunes.

A défaut d’exister en tant qu’entité politique et économique, le Maghreb des « affaires » et des chômeurs est, lui, bien réel.


Voir en ligne : http://www.aloufok.net/spip.php?art...



Entre autres liens accessibles sur le Web :


Journal Le Temps :

http://www.letemps.com.tn, cliquer ici ...


Communiqué du Mouvement Ettajdid sur les événements de Sidi Bouzid

Le mouvement Ettajdid suit avec une grande préoccupation l’évolution de la situation à Sidi Bouzid, où le jeune Mohamed Bouazizi a tenté de s’immoler par le feu, poussé par le désespoir auquel il a été réduit par la fermeture de tout horizon d’embauche devant lui et la manière dont il a été traité par les autorités locales et régionales. Les manifestations de protestation pacifique qui ont eu lieu après ce drame ont été réprimées par les forces de l’ordre et donné lieu à des dizaines d’arrestations parmi les jeunes de la région.

Le mouvement Ettajdid, qui exprime sa totale sympathie avec le jeune Mohamed Bouazizi et sa famille et lui souhaite prompt rétablissement, exige la levée immédiate du blocus imposé à la ville, la libération immédiate des personnes arrêtées, la levée du black- out médiatique, ainsi que l’ouverture d’une enquête rapide afin de déterminer l’origine de cette tragédie, et de prendre les mesures qui s’imposent contre les responsables. Il appelle les autorités régionales et nationales à engager le dialogue avec les représentants des citoyens parmi les acteurs politiques et syndicaux de la région et à se pencher sérieusement sur les problèmes du développement, dont l’accumulation pendant des décennies a engendré l’aggravation de la pauvreté et du chômage.

Le mouvement Ettajdid est convaincu qu’il est grand temps de tirer les leçons des différents événements survenus dans les régions déshéritées, de renoncer aux réflexes sécuritaires face aux expressions légitimes du mécontentement populaire et d’effacer les séquelles de ce traitement sécuritaire, y compris dans le Bassin minier. De même, le Mouvement Ettajdid appelle à reconsidérer l’ensemble des choix et des politiques suivies de manière à apporter aux problèmes du développement et de l’emploi les solutions adéquates et équitables dans toutes les régions du pays, sans exception ni discrimination.

Fait à Tunis, le 20 décembre 2010

communiqué mis en ligne sur le site de l’hebdomadaire Attariq-AlJadid, le 25 décembre 2010,
pour accéder à l’article en ligne, cliquer ici : ...


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