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VOYAGE AU CŒUR DE LA MONDIALISATION, AVEC ABDERRAHMANE HADJ-NACER

mardi 9 décembre 2014

publié par Saoudi Abdelaziz
blog algérieinfos
le 30 Novembre 2014

Dans la longue contribution parue en deux parties dans El Watan sous le titre "LA LENTE AGONIE DU DOLLAR, LES MONDIALISATIONS ET L’ ALGERIE". Abderrahmane Hadj-Nacer présente "les logiques en œuvre dans ce qui est couramment appelé« la mondialisation », de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait." .
Ancien gouverneur de la Banque centrale d’Algérie dans le gouvernement Hamrouche, il a ensuite collaboré, après l’éviction du groupe des réformateurs, dans plusieurs banques d’affaires européennes, maghrébines, et participe aux réflexions prospectives. On peut donc supposer qu’il sait de quoi il parle lorsqu’il analyse le paradigme financier de la géopolitique mondiale.

la conclusion consacrée à l’Algérie

400 milliards ou « la mondialisation des dupes »

La « force »en devises de l’Algérie généralement affichée est ces réserves légales d’environ 200 milliards de dollars dont il est publiquement fait état. Ces réserves sont pourtant en réalité le double, soit environ 400 milliards de dollars une fois comptabilisés les avoirs de l’ensemble des citoyens et des entreprises d’algériens.
Cela inclut les fruits du travail honnête et des malversations mais pas les accélérations de l’« Argent Brutal » observées récemment. Toutefois, et quelque en soit le montant, cet argent peut disparaitre, le plus légalement du monde, s’il n’est pas dépensé intelligemment.
En fait, appartient-il encore à l’Algérie lorsque, par exemple, une loi américaine stipule qu’en cas de crise, tous les avoirs disponibles aux Etats Unis doivent servir le peuple américain.
Les hommes des strapontins, les postulants oligarques d’origine algérienne peuvent certes entretenir cette double illusion d’être, pour services rendus, promus dans le micro-cercle intouchable de l’oligarchie mondiale et, pour le moins, de jouir à vie et de transmettre en héritage la part du butin qui leur revient sur leurs rapines, déloyautés et trahisons pour certains. Ils ne comprennent pas, malgré les précédents célèbres, du Shah d’Iran, Marcos, Ben Ali mais aussi les Khalifa, Berezovski et consorts qu’ils n’ont ni la patine généalogique, ni les strates d’accumulations, ni les codes pour accéder au Gotha, qu’ils sont des « parvenus » en mission porteurs d’une tare indélébile : leur argent sent trop fortement, trop fraichement l’illégitimité, l’illégalité. Les admettre à sa table serait pour l’oligarchie mondiale, pour les notabilités internationales qui tant ont œuvré à en effacer les traces, être renvoyés à ses propres origines, à l’origine de sa richesse et pouvoir sur les autres hommes.
Par tous les moyens de captation possibles, du recours à la Justice à l’utilisation de produits financiers sophistiqués, en passant par les crises et les saisies brutales, l’argent des élites illégitimes reviendra aux établissements et pays qui l’hébergent.
Il disparaitra, ne reviendra jamais aux nations et peuples spoliés ou peut être quelques miettes et beaucoup d’effet d’annonce, en réponse à de vrais pressions d’un peuple en révolte, comme ces broutilles rendues à la Tunisie ou à la Lybie ou encore à l’Egypte alors que les sommes détournées et en recel dans des banques étrangères se chiffrent à plusieurs centaines de Milliards .

Lorsque l’on réfléchit sur ces thèmes cruciaux qui conditionnent non pas le flou de l’avenir mais notre futur très immédiat, on se rend compte que « notre ventre mou », c’est d’avoir une élite dirigeante consentante ou défaitiste, soumise aux desiderata des autres.
Cette soumission est-elle la résultante d’opérations délibérées d’états impérialistes et néocoloniaux classiques ; est-elle à mettre en rapport avec une sorte d’attraction qui, par oligarques nationaux interposés, fait miroiter la possibilité d’intégrer la gouvernance du nouvel ordre mondial en gestation ?
Rien n’est à exclure, et surtout pas le rôle d’une sorte de comportement magico-superstitieux qui consiste à croire en l’existence d’un plan d’action, d’une machinerie, d’un deus ex-machina qui nous sauvera, d’un « mektoub » qui nous vaincra, de quelque chose qui dans tous les cas nous dépasse et agit sur tout, qu’il s’agisse de guerre ou de changement politique ; alors qu’en réalité ce que l’on apprend aujourd’hui, c’est que, malgré l’autonomisation de l’Etat profond, aucun pouvoir n’est homogène, que les contradictions internes et conflits internationaux existent et, en conséquence, ouvrent aux pays comme le nôtre un espace même réduit de choix, une possibilité de jeu qui lui soit favorable.
Au lieu et place de cette soumission magico-superstitieuse infantile qu’on retrouve chez tous nos dirigeants, sur le mode optimiste du : « Ils ne vont pas nous laisser tomber », ou l’inverse.
Plus que les interventions étrangères qui ont bien sûr leurs impacts et effets, le grand drame de la gouvernance de notre pays, l’origine de ses effondrements et impasses est le formatage dans la soumission des élites dirigeantes.
Permettre à tous et chacun d’accéder aux richesses, importations et chantiers de ce pays, sous le seul critère des rétro-commissions, alimentent en plus des comptes en banque l’illusion d’un modus vivendi avec tous et chacun, français, américains, chinois… Dangereuse euphorie, surdité profonde qui ne voit ni n’entend à quel point tous et chacun se gaussent des largesses et de la malléabilité des dirigeants.
L’Algérie est tout à fait en mesure et a un sens suffisant de ses responsabilités pour proposer à son peuple et au monde un accommodement raisonnable qui tienne compte de l’ensemble des intérêts (...)

autres extraits

  • "Nous avons d’une part une monnaie mondiale dominante, le Dollar sans réalité économique puisque déconnecté de toute base matérielle ou de tout actif tangible, et des monnaies régionales à l’image de l’Euro et du Renminbi ancrés à l’économie réelle.
    La mondialisation serait elle le lieu de lutte ultime entre une monnaie qui joue sa survie, entre l’« axe du mal » que représentent le poids de l’endettement américain et la crise du dollar et d’autres monnaies qui visent à la remplacer collectivement, ou entre l’économie financiarisée spéculative et virtuelle et l’économie réelle (...)
  • Depuis 1971, l’état américain s’est octroyé l’exclusivité du privilège d’émettre sans contre partie du papier monnaie. Cela parce qu’il est la première puissance mondiale et qu’il ne s’agit pas d’une économie sous développée mais de l’Empire, du centre de l’Empire. Et il est même possible pour l’Empire d’envisager de ne jamais rembourser parce qu’il peut, pour ce faire, recourir à la guerre, ce que nous constatons aujourd’hui.
    Toutes ces guerres actuelles et tentatives d’en créer répondent à un besoin de survie. L’Amérique, pour garder son niveau de puissance, ne peut pas rembourser ses dettes et doit être en position de faire payer le reste du monde.
    Si l’on passe en revue les hypothèses de sortie de crise pour cette puissance, que constatons-nous ? Depuis une dizaine d’années, les USA ont essayé de faire fonctionner la planche à billets afin de générer l’inflation, c’est-à-dire une hausse des prix vertigineuse non seulement à l’intérieur des Etats Unis mais dans le monde entier. Du point de vue factuel, dans le contexte de la crise financière, l’erreur fondamentale des Etats Unis a été de pratiquer le« quantative easing », de fabriquer l’inflation alors que le niveau atteint par l’endettement rendait son absorption impossible (...)
  • À cet égard, la crise de 2008 dite des « sub-primes » est édifiante. Les citoyens américains les plus pauvres ont été mis en situation d’emprunter, par des manipulations des taux d’intérêt vers la baisse puis vers la hausse, les faisant ainsi passer de taux symboliques à 24% !
    Dans une telle situation, il existe deux façons de faire : soit faire payer la population, soit faire payer partiellement ceux qui ont prêté l’argent.
    Les États Unis ont choisi de faire payer non seulement les emprunteurs mais aussi le reste du Monde, pour sauver les banques.
    Lorsque vous choisissez de sauver les banques et non de sauver les citoyens, cela veut dire que vous optez en réalité pour un schéma politique ou une organisation sociale qui va influer sur tout le devenir du monde, dans l’immédiat.
    Vous optez en dernière analyse en faveur d’une concentration des fortunes aux mains d’une extrême minorité ; vous consentez à appauvrir de façon mécanique la majeure partie de la population par le chômage, la faillite et l’impôt. Cela signifie aussi que cette étape de la crise sert à précariser la population, à la rendre fragile afin de faire d’elle ce que l’on veut, ce dont on a besoin. Et cela est devenu tellement efficace que les Etats Unis utilisent des instruments de chantage non seulement à l’égard de leur population mais aussi du reste du monde (...)
  • Ainsi lorsque les Américains subventionnent l’exploitation du soit disant miracle que serait le gaz de schiste pour en baisser le prix, ce qu’ils font en réalité, à travers ce miroir aux alouettes, c’est affaiblir les producteurs directs d’hydrocarbures, vendre les intrants d’une technologie qui leur appartient, diminuer en somme la capacité de résistance de leurs rivaux, le temps nécessaire à la restructuration du monde.
    La vision oligarchique de la gestion du Monde a des adeptes dans tous les pays. L’apparition de l’ « Argent Brutal » dans notre pays correspond à ce rêve insensé de faire partie du Gotha. Par argent brutal, j’entends l’argent acquis hors système de régulation, par les « coups de force » contre les institutions, les lois et les impôts ; amnistié en même temps que les maquis etc. Sa logique est la destruction de l’Etat par l’accaparement directe des leviers de l’économie et du pouvoir politique (...)
  • Le commerce de la drogue est une constituante principale de la gestion du monde. Certains économistes affirment même qu’il n’est pas possible de financer des services secrets sans trouver de sources de financement parallèle, ce qui inclut la drogue mais aussi le commerce des armes comme la traite des êtres humains.
    Comment expliquer que des quantités colossales de ces produits traversent les frontières et les océans, si les trafiquants ne bénéficiaient pas de complicités auprès des organes de surveillance terrestres, aériens et maritimes (...).
  • Dans ce monde occulte ultralibéral, à la concurrence exacerbée, la lutte pour le leadership est sans fin et particulièrement meurtrière. Dans ce milieu aussi la terreur est le seul mode de gouvernance.
    Avec l’argent de la drogue, on achète d’abord les politiciens et les fonctionnaires et ensuite on recycle discrètement dans les banques. Eléphants blancs, surfacturations et recel généralisé dans les banques occidentales permettent de recycler en permanence et de fluidifier les marchés financiers.
    Il est possible de faire un parallèle avec l’Algérie où l’économie informelle représente 50% de l’économie globale. On a affaire à la même logique : on n’est plus dans la régularité, plus dans la loi mais hors la loi, à la porte du crime organisé… Et si l’on ajoute à cela ces actions qui ne peuvent être officialisées par leurs inscriptions dans des budgets de l’Etat, en principe soumis à la représentation populaire, aux regards publics, on aboutit alors à cette autre phase de la logique où services spéciaux se finançant par des fonds parallèles, vont enfanter des services parallèles et être enclins à créer leurs armées, le tout sans aucune reddition de comptes, ni aux institutions ni aux opinions (...).
  • Les services spéciaux, en se dédoublant, s’autonomisent et prennent en charge la gestion du monde. En se déconnectant de toute forme de contrôle, ils créent leur propre pouvoir d’intervention et de décision : « L’Etat profond » est, à l’échelle du monde, cette conjonction entre capacités de renseignement, capacités militaires et argent hors contrôle (...).
  • Nous voyons qu’à propos de l’Ukraine, les Etats Unis font pression sur l’Europe pour qu’elle se réarme, et, simultanément, nous observons l’Allemagne qui elle tient ferme sur l’interdit de dépasser le plafond de déficit budgétaire.
    Le réarmement massif européen est donc rendu impossible. Il s’agit, en somme, d’une résistance extraordinairement intelligente à l’Empire américain, organisée par l’Allemagne et non par la Russie ni par la Chine.
    On peut donc souligner que le plus grand opposant aux desseins des Etats Unis c’est l’Allemagne, qui a une vision multipolaire. Et c’est précisément ce qu’exprime la guerre des monnaies. (...)
  • Un évènement incroyable s’est déroulé récemment : l’Or Allemand stocké aux USA a disparu. Attention, est en question l’Allemagne, la troisième puissance mondiale : son or, physiquement, n’est plus où l’Allemagne l’a mis. A- t- il été gagé par les USA auprès de créanciers souverains comme s’il s’agissait de leurs biens, ou s’agit-il d’autre chose ? Cela pourrait effectivement signifier que les Etats Unis font pression, font du chantage sur l’Allemagne, lui intimant de se soumettre.
    Nous même, et pour que l’histoire ne l’oublie, nous avions en 1990/91 commencé à déplacer l’or de la Banque d’Algérie qui était stocké à Fort Knox, aux Etats Unis, au même endroit que l’Allemagne. À l’époque, les attaques furent féroces. Nous avons été accusés d’avoir détourné le stock d’or de l’Algérie, alors qu’il s’agissait de le déplacer pour diversifier les risques géographiques et politiques pour notre pays. Cette opération a été interrompue, et si le scandale fut grand, nous n’avons pu hélas sauver qu’une petite partie du stock d’or. Il ne s’agit pas d’en tirer gloriole mais de réitérer la conviction que la guerre a des formes dont on ne se doute jamais. Une Europe germanisée serait-elle plus proche du combat des BRICS qu’il n’y paraît ? (...)

Texte intégral :


LA LENTE AGONIE DU DOLLAR, LES MONDIALISATIONS ET L’ALGÉRIE
Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, voici le long article de Abderrahmane Hadj Nacer, ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, le 29 novembre 2014, sur El-Watan. Le contenu de l’article est tonnant pour un auteur comme lui qui nous avait habitué à l’expression de points de vue moins radicaux. Mais l’analyse ne manque, selon moi, ni de justesse théorique, ni de pertinence politique. Quelques accents de "complotite" (comme diraient certains) ne devraient pas gêner une lecture intelligente du texte.
Bonne lecture ! Repris et diffusé par Omar Lardjane, adressé par un lecteur à socialgerie le 30 novembre 2014.

Pour lire le texte, cliquer sur le lien (…)


sources

Partie 1

La lente agonie du dollar, les mondialisations et l’Algérie (partie1)

Ce texte est la reprise écrite de thèmes abordés le 6 septembre 2014, à l’occasion de l’Université d’été du RAJ. Il s’agissait de sélectionner des chiffres et faits significatifs permettant de caractériser les logiques en œuvre dans ce qui est couramment appelé « la mondialisation », de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait. Ainsi, l’observation attentive de l’évolution relative des monnaies est pleine d’enseignements.

Pour lire la suite, cliquer sur le lien (…)

http://www.elwatan.com/contributions/la-lente-agonie-du-dollar-les-mondialisations-et-l-algerie-partie1-29-11-2014-279534_120.php

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Partie 2

La lente agonie du dollar, les mondialisations et l’Algérie (partie2)

Pour lire le texte, cliquer sur le lien (…)

http://www.elwatan.com/contributions/la-lente-agonie-du-dollar-les-mondialisations-et-l-algerie-partie2-29-11-2014-279575_120.php

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