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RAISONNER DANS LE CADRE TRACÉ PAR LES QUESTIONS DE SES ADVERSAIRES, C’EST DÉJÀ PERDRE LA BATAILLE

mercredi 12 mars 2014

Article de Abdelatif Rebah
publié dans le journal électronique RAINA DZ
10 mars 2014

extraits …/…

.... La boussole des « droits de l’homme » de l’impérialisme perd le Nord dès qu’il s’agit de ses intérêts et il jette, avec fracas et sans subtilité aucune, le masque de l’universalité. La ligne de partage est assez nette donc, qui devrait, en principe, nous éviter de nous égarer en territoire ennemi. Pourtant cette arme demeure encore ô combien mésestimée voire ignorée. Comment peut-on faire nôtres les mots de l’ennemi qui lui appartiennent, qui plaident sa cause. Il se trouve qu’aujourd’hui, les repères frontaliers sont rudement mis à mal par la tempête de mondialisation du langage et des cerveaux qui balaye nos modestes contrées à partir des grands centres du Nord. Dans le nouveau lexique, c’est, nous assurent nos élites mondialisées ou avides de le devenir, une mondialisation à visée technique, « humanitaire » , « démocratique », de diffusion des richesses et du bien être à la planète entière, de bonne gouvernance ou de mise à niveau » des institutions et des Etats, etc., certes au prix fâcheux de leur effacement national mais c’est un phénomène universel fatal, consubstantiel à la mondialisation qui exige un espace affranchi de toutes entraves étatico-nationales, institutionnelles, politiques, sociales ou autres. Bref, que du bon et que du bénéfice auquel ne peuvent s’opposer que des dictateurs attachés à leurs privilèges et des dictatures maléfiques méprisant leurs peuples

Mais, ce brouillage de sens, aussi puissamment diffusé par les centres impérialistes, aurait-il eu la même efficacité si ses proies potentielles ne lui avaient prêté le flan consciemment et ou inconsciemment. Il ne peut déployer avec succès sa toute puissance que parce qu’il trouve des relais acquis et complaisants et un terrain offrant les brèches, socio-économiques notamment, propices. Un flou systématiquement diffusé par ces relais enveloppe le panneau de direction des mutations algériennes, masquant le sens véritable des changements en cours. Un voile idéologique épais est tissé sur la nature et les enjeux réels de cette « transition », tout comme sur les véritables leçons de son échec. Mais la question essentielle qui ne peut être éludée sans conséquences néfastes est : un Etat national qui cumule les vulnérabilités économiques, sociales, culturelles se délestant lui-même de ses leviers d’autonomie décisionnelle a-t-il les capacités de riposter à cette guerre de déstabilisation souterraine qui sous couvert de renverser « la dictature » prépare la liquidation de l’indépendance du pays et de ses conquêtes, pour nous ramener à la case départ. Trente années de démantèlement libéral et d’abandon de la stratégie de développement national autonome ont dangereusement pavé la route à cette terrifiante perspective.

Traitant des nouvelles dimensions de l’expansion impérialiste à la fin du XIXème siècle, l’historien français Jean Bouvier écrivait dans les années 1970 : « une idéologie extraordinairement identique sous des habillages de mots différents vient, dans les pays expansionnistes, accompagner, justifier, consolider, promouvoir ici « l’idée impériale », « la mission civilisatrice », ailleurs « la découverte scientifique du globe », ou bien « la supériorité du mode de vie », voire « le génie de la race ».Tout comme si les impérialismes copiaient les uns sur les autres. »
À lire ces lignes décrivant l’arsenal idéologique impérialiste du XIXème siècle, on est frappés par l’extraordinaire similitude avec les réalités du temps présent. Il est vrai, la panoplie des masques de l’impérialisme s’est, depuis, notoirement enrichie : mondialisation, globalisation droits de l’homme, démocratie, etc. Mais son idéologie reste toujours « extraordinairement identique ». Alors que la décolonisation a tendu, selon l’expression de Jacques Berque, à « une distribution mieux répartie de l’initiative historique sur la face de la Terre », on assiste depuis deux à trois décennies à un processus inverse, régressif ciblant la liquidation du principe sacro-saint de la souveraineté de l’Etat national que l’impérialisme mondial devait, il y a 25 ans encore, prendre en considération pour réaliser ses intérêts.

Son nouveau mythe du gagnant -gagnant évoque toujours immanquablement la supercherie du renard qui s’associe à l’hérisson. Tous deux plantèrent un champ d’oignons et quand vint le moment de la récolte, le renard dit au hérisson : nous allons partager. Tu prendras pour toi toute la partie des oignons qui se trouve au dessus du sol. Quant à moi je me contenterai de ce qu’il y a dessous.

Mais le but aujourd’hui est de reconfigurer aux dimensions de la stratégie du capital globalisé la carte politique mondiale dans son ensemble. La médiation de l’Etat national est un obstacle à réduire sinon à éliminer. L’impérialisme ne tolère plus l’autonomie politique des Etats périphériques dominés. Naturellement, il ne s’agit pas pour lui d’aménager des Etats économiquement viables. Il "raisonne" en termes de territoires à exploiter et de marchés à s’accaparer ; l’essentiel c’est d’avoir des relais efficaces et qui obéissent au doigt et à l’œil à la discipline du capital global. La viabilité relève précisément de la logique de valorisation du capital global. Les fonctions- clé nécessaires à la viabilité économique de l’ensemble sont au niveau de la commande centrale. L’Etat algérien doit être réduit au rôle de simple opérateur administratif de la mondialisation capitaliste, au service des donneurs d’ordres des multinationales et de leurs relais locaux.
Une telle évolution nous ramènerait, quant au fond, à cette époque impériale tristement anecdotique des« sleepings-Partner » quand Sir Winston Churchill remerciait quelques mois avant l’armistice de 1918 le président américain de ne pas avoir de vues sur le pétrole irakien – en échange de quoi Sir Winston Churchill l’assurait de ne pas en avoir non plus sur le pétrole saoudien. Une évolution où se profile la redoutable perspective d’un retour au statut de colonie ou de protectorat affublés d’un drapeau et d’institutions autochtones, revus et corrigés sur le mode ethno-tribal, comme nous l’a montré le tragique exemple de nos voisins Libyens.

Terrifiante perspective d’une Algérie renvoyée dans les tréfonds de l’anté-Novembre qui dit éloquemment combien est plus que jamais actuelle, la nécessité de la renaissance des idées d’un Etat national, souverain dans ses choix fondamentaux de développement national indépendant, fort par son caractère démocratique et riche de sa diversité culturelle.
Peut-on, cependant, envisager cette renaissance de l’idée nationale, cette réorientation stratégique d’envergure qui met le cap sur l’objectif de consolidation et de renforcement de l’indépendance nationale et de son contenu social, sans la reconquête de la capacité de pensée autonome, seule source de production d’idées créatrices et d’organisation forte et efficace ?

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