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CORRUPTION ET FUITES DE CAPITAUX

LETTRE OUVERTE DE HOCINE MALTI : L’ ÉVÈNEMENT MÉDIATIQUE DEVIENDRA-T-IL L’ ÉVÈNEMENT POLITIQUE ?

jeudi 21 février 2013

Une nouvelle fois Hocine Malti crée par sa lettre ouverte l’évènement médiatique sur un problème qui taraude l’opinion algérienne. Au plan émotionnel, l’impact est important car il répond à l’aspiration profonde de notre peuple à l’information et à la justice. Quand les instances officielles écrasent ce droit fondamental, les initiatives des "Robins des Bois" de l’Etat de droit et de justice vont droit au coeur des gens.

Comment cela se traduira-t-il au plan politique ? Y aura-t-il dépassement du simple défoulement collectif pour déboucher sur le renforcement des luttes pacifiques engagées par les bases sociales pour les transformations massivement souhaitées ? La conjoncture nationale et internationale, la rigueur implacable de la démonstration, explicite ou implicite, qui dépasse le cadre d’un simple pamphlet, laissent penser que l’initiative favorisera des développements politiques de nature autre que les seules permutations de personnes et de clans dans un paysage politique foncièrement inchangé.

Ce ne sera pas spontané, tout dépendra comme toujours du poids des luttes autonomes qui refusent à bon droit de se laisser enfermer dans les luttes de clans rivaux et complices au sein du pouvoir. Les mouvances qui se réclament de la gauche en particulier, portent en cela une responsabilité de vigilance dans leurs luttes sociales et politiques de plus en plus vigoureuses et les rassemblements unitaires visant à un vrai changement, une vraie renaissance des espoirs algériens.

À la veille d’une date qui évoque l’Acte solennel de dignité nationale et sociale des nationalisations du 24 février 1971, avec toutes les forces de gauche et les courants nationaux, civils ou militaires, qui tirent les leçons des graves errements du passé, "Socialgerie" rappelle les grands objectifs et l’esprit de lutte persévérante et autonome qu’en son temps "Saout ach Chaab", l’organe du PAGS clandestin préconisait :

QUEL « ISQAT AN-NIDHAM » SOUHAITE LE PEUPLE ?

MA DHA YOURID ECH-CHAAB ?

LA YOURID TABDIL L’HADJ MOUSSA BI MOUSSA L’HADJ

YOURID ISQAT ES-SERQA WAL HOGRA !

OURID IKOUN ACH-CHAAB HOUA RABB ELMEQLA !

YEBGHA UGDUD AD YEHKMEN S IMANIS !

NON AUX CLANS DE L’ARGENT ET DE l’ABUS DE POUVOIR !

OUI AU CAMP NATIONAL ET POPULAIRE DE LUTTE, POUR L’ÉTAT DE DROIT ET DE JUSTICE !

OUI À LA MOBILISATION UNITAIRE ET PACIFIQUE POUR RENDRE SA PLACE A LA CITOYENNETÉ POPULAIRE ET DÉFENDRE LA SOUVERAINETÉ NATIONALE


LA COUPOLE - chiricahua - le 21 févrfier 2013


ENTRE RÉALITÉ ET FANTASME - par Kharroubi Habib - Analyse - Le Quotidien d’Oran - le 20 février 2013 ;


LETTRE DE de HOCINE MALTI au GÉNÉRAL TEWFIK : "LA BRÊCHE EST OUVERTE" - le 20 février 2013 - blog algérieinfos-saoudi.com ;


LETTRE OUVERTE DE Hocine MALTI AU GENERAL Mohamed MEDIÉNE parue dans de très nombreux journaux en ligne ;


LES FUITE DES CAPITAUX DES PAYS DU NORD DE L’AFRIQUE “Capital Flight from North African Countries” - Political Economy Research Institute (PERI) - University of Massachusetts - Research report - octobre 2012 ;



LA COUPOLE
chiricahua
le 21 févrfier 2013

Hocine Malti récidive. Après sa lettre aux enquêteurs du DRS (Département du renseignement et de la sécurité), dénomination officielle de la SM (appellation qui présente l’avantage, soit dit en passant, d’occulter le mot « militaire » et donc d’opérer un pseudo-découplage avec l’armée), Hocine Malti, ancien vice-président de la Sonatrach, s’adresse directement à celui qu’il appelle « Rab Dzayer », le Dieu de l’Algérie, le général Mohamed "Tewfik" Médiène, le chef de la SM. 

Le prétexte de l’interpellation est toujours la faramineuse corruption qui sévit à la Sonatrach et dont les magistrats italiens sont en train de dévider patiemment l’écheveau en s’attaquant au géant pétrolier national, l’ENI, ainsi qu’à ses filiales, dont la SAIPEM, particulièrement impliquée en Algérie. Mais le véritable objet de la missive est la caractérisation et la personnalisation du système mafieux qui s’est installé au cœur du pouvoir politique algérien depuis des décennies.

Si la lettre de H. Malti n’apporte aucune révélation fracassante concernant le scandale Sonatrach, elle présente un intérêt autrement plus important. C’est bien la première fois qu’un ancien haut cadre de l’État n’utilise pas le pronom personnel indifférencié "houma" (ils) pour désigner les responsables d’un état de choses. H. Malti accuse, en effet, nommément le chef de la SM et le président de la République d’avoir mis le pays en coupe réglée en le livrant à la voracité de leurs deux clans. Il apporte cependant deux précisions de taille :

  • 1) les deux clans sont conjoncturellement rivaux mais structurellement solidaires. Inutile donc d’essayer de les jouer l’un contre l’autre car leur intérêt commun prévaudra toujours en dernière instance. Et leur intérêt suprême commun est que le système perdure. Ils ne sont, en effet, pas stupides au point de scier la branche sur laquelle ils sont installés. D’où l’équilibre complexe qui règle leurs rapports.
  • 2) Le « point culminant de la Coupole », dit H. Malti, est le chef de la SM. (Rappelons que le terme "coupole" désigne l’état major suprême de la mafia.) Le chef de l’État est, en effet, dans une position subalterne par rapport à lui. Si le premier peut défaire le second, la réciproque est impossible tant que durera le syndicat du crime qu’est l’organisation des pouvoirs algériens. Le chef de la SM est donc bien "il capo di tutti capi", le boss des boss celui sans l’aval duquel aucune "famille" ne peut exister, ni, encore moins, s’adonner à la rapine.

Voilà donc qui est clair, net et courageusement assumé. Reste à mettre les choses en perspective historique pour comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là. Prenons le relais de H. Malti (que ce développement n’engage en aucune façon, évidemment) et rappelons à grands traits ce que fut la marche de la SM vers le pouvoir sans partage qui est le sien aujourd’hui.

Créé formellement en 1958 sous l’égide du Ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG), le service de renseignements et des liaisons devint, après l’indépendance, la SM. Dirigée par ’Abdallah Khalef -colonel Merbah- jusqu’en 1979, elle échut après deux intérims (Lakehal Ayat et Betchine) au colonel Médiène, en 1990. Comment expliquer une pareille -23 ans- longévité ?

Les années 90 marquèrent la montée en puissance d’un homme, Larbi Belkheir, qui allait jouer un rôle de premier rang. Or, Belkheir et Médiène ont longtemps fait partie du l’état major de Chadli Bendjedid au sein de la 2ème Région militaire (Oran). Le tandem -Belkheir au secrétariat général de la Présidence, Médiène à la tête de la SM- allait vite devenir le maître du pays. En effet, le train fou du FIS était lancé. Fort du pacte qu’il venait de passer avec Bendjedid et une partie de l’armée (pour l’essentiel des officiers supérieurs originaires de l’est du pays), le FIS voyait le pouvoir à portée de main. Mais Belkheir sonnait le rassemblement des anciens officiers du cadre français (hostiles par culture aux islamistes) et Médiène, de son côté, manipulait le FIS par le truchement de son adjoint Smaïn Lamari. Un conclave militaire démit Bendjedid et la terrible répression contre le FIS pouvait démarrer.

L’armée (représentée par les anciens officiers du cadre français), la SM et Larbi Belkheir, telle était la configuration de la troïka qui avait pouvoir de vie et de mort sur le pays. Le bain de sang dans lequel elle a plongé l’Algérie et au cours duquel elle s’est débarrassée de l’opposition islamiste mais également de celle de la gauche démocratique, lui a ouvert une longue plage de tranquillité qu’elle a mise à profit pour s’adonner à un pillage fabuleux. À une chose près : il lui fallait rétrocéder le pouvoir nominal -la vitrine- à une personnalité qu’elle pourrait contrôler. Et qui de plus contrôlable qu’une personne qui a un bœuf sur la langue ? Bouteflika qui fut choisi par Belkheir et Médiène (les anciens de l’AF n’en voulaient semble-t-il pas, si l’on se fie aux déclarations de leurs deux figures de proue, Nezzar et Lamari), en avait un, et bien gras : le détournement des fonds secrets des ambassades durant son interminable magistère aux Affaires étrangères.

Mais auparavant, il aura fallu se débarrasser du président Zéroual qui tentait encore de démettre le chef de la SM. Facile pour Médiène et ses sycophantes des médias ! Il faut dire que celui que celui que Zéroual envisageait de nommer à la place de Médiène n’était autre que Betchine ! Or ce dernier traînait derrière lui une substantielle batterie de casseroles qui teintaient à chaque affaire louche évoquée ; plus grave encore, Betchine était l’homme dont les sbires avaient violé des centaines d’adolescents et torturé des centaines de militants de gauche durant le complot d’octobre 1988 ! (Alors quand on entend des « universitaires » entonner des couplets à la gloire de Zéroual, soudard inculte et borné protégeant un autre soudard, Betchine, criminel celui-là, il y a de quoi douter de la santé mentale de certains).

La scène politique désertifiée comme jamais auparavant, le clan de l’Est effacé, Larbi Belkheir décédé, Lamari acculé à la démission, Nezzar empêtré dans les procédures judiciaires, ne reste, face à face, que la SM (une SM secouée par les désertions et les révélations de beaucoup des siens, ceux du moins qui ont été capables d’un sursaut moral) et le clan de Bouteflika, formé sur une base grossièrement régionaliste-tribale (Nedroma-Tlemcen-M’sirda, M’sirda oui, un douar des Traras qui fournit un nombre surréaliste de ministres), continuateur du clan d’Oujda et des pratiques du makhzen marocain.

Tout cela explique pourquoi une interpellation comme celle de Hocine Malti -inimaginable il y a à peine quelques mois- soit devenue possible : jamais auparavant, le pouvoir n’a été aussi isolé, ne reposant plus que sur la caste compradore de laquelle participent la haute hiérarchie militaire et l’appareil de la SM.

À quoi, en effet, se trouve réduite la vie politique en Algérie ? À une guéguerre entre deux clans mafieux -qui se tiennent par la barbichette-, pendant que le peuple, occupé à sa survie, leur tourne le dos avec mépris. Médiène lance-t-il ses limiers sur les traces de Chakib Khelil ? Bouteflika riposte en faisant mine de créer une commission d’enquête sur l’assassinat de Boudiaf. Bouteflika met-il en place un tandem formé de Khelil (la cassette doit être gérée par un fils du bled) et Zerhouni (futur ministre de la Défense qui aura à charge de déboulonner Médiène) ? La réponse de ce dernier est foudroyante : exeunt Khelil et Zerhouni. Et tout est à l’avenant. Mais le bon peuple de ce pays sait très bien que cette lutte-là ne se terminera pas par la disparition de l’un des deux adversaires car conformément à l’adage algérien, chacun mastiquera l’autre mais ne l’avalera pas.

Formé au KGB en 1961, Médiène est aujourd’hui très apprécié par les yankees et les Français : les premiers savent parfaitement que c’est lui qui a mis en place le dispositif narco-djihadiste d’AQMI au Sahel -qui ne les gêne pas outre mesure car il est tourné contre les Français-, lesquels Français ne tarissent paradoxalement pas d’éloges sur les services secrets algériens dont ils savent parfaitement de quoi ils sont capables (le souvenir des attentats du métro parisien de 1995 ne doit pas les quitter).

C’est que la SM s’est inscrite dans le projet néoconservateur américain dit de « guerre contre le terrorisme » : Jeremy Keenan, professeur à London University, auteur de « The dark Sahara, America’s war on terror in Africa » n’affirme-t-il pas que Médiène se trouvait dans les bâtiments du Pentagone, le 11 septembre 2001, dans l’aile opposée à celle qui a subi l’impact d’un OVNI ? Keenan dit que Médiène a été sauvé deux fois, le 9/11, en échappant à l’attentat d’abord, ensuite en devenant l’une des clés de Washington dans sa stratégie de remodelage du grand Moyen Orient.

Le roi est nu. Nul ne pourra plus dire qu’il ne savait pas. Quant à ceux, pseudo-laïques et démocrates, qui se sont mis sous la protection de la SM, comment pourront-ils justifier leur attitude désormais ?

Sources : ...

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ENTRE RÉALITÉ ET FANTASME
par Kharroubi Habib
Analyse
Le Quotidien d’Oran
le 20 février 2013

Tout ne baigne pas dans l’huile entre le président, le haut commandement de l’armée et celui des services. Mais pas au point qu’il se produise un « clash » entre eux qui les ferait s’affronter ouvertement et irrévocablement. Ce qui unit ces trois acteurs clefs du pouvoir est plus fort que ce qui les divise et occasionne entre eux des tiraillements épisodiques dont les échos donnent lieu dans les salons politiques et dans certaines rédaction de journaux à des interprétations et des augures atterrants parce que relevant plus de l’espoir fantasmé de leurs auteurs que d’analyses bâties sur une réalité avérée.

C’est à l’aune de cette vérité qu’il faut accueillir les rumeurs et autres bruits qui nous sont distillés ces derniers temps sur la prétendue lutte qui se déroulerait au sommet du pouvoir avec pour enjeu l’élection présidentielle de 2014. Ce sont des fadaises du même genre que l’on nous a servies en 2004 et en 2009. On nous a également seriné à ces moments-là que Bouteflika a été lâché par l’armée et les services, qu’il n’avait aucune chance de rester à la présidence. L’on sait ce qu’il est advenu. Il en ira de même en 2014 à moins que Bouteflika ne soit irrémédiablement trahi par sa santé et contraint de renoncer à briguer un quatrième mandat.

Entre le trio détenteur du pouvoir réel l’entente est parfois sujette à tensions que provoquent des conflits d’autorité ou des divergences en rapport avec des questions d’intérêts claniques. Mais qui ne remettent pas fondamentalement en cause le pacte sur lequel repose l’alliance qui l’unit. Entre Bouteflika, le haut commandement de l’armée et celui des services, il y a une identité de vue et de conception sur l’essentiel des problèmes en débat dans le pays et fondamentalement sur celui de la pérennité du système politique dont des forces politiques et sociales revendiquent qu’il y soit mis fin. Elle nous paraît par conséquent puérile sinon complice la posture de certains acteurs politiques ou de prétendus faiseurs d’opinion qui tout en fustigeant la connivence et la communauté d’intérêts qui lient le trio, persistent à cultiver l’utopie qu’un clash puisse intervenir entre ses composantes. Et puis même si cela doit arriver, cela ne changera nullement le fond du problème. Un trio se reformera au sommet de l’Etat qui empêchera que le système en vigueur soit remis en cause.

La prochaine élection présidentielle ne pourra être déterminante que si entre-temps les Algériens parviennent à imposer des changements qui feront qu’ils pourront choisir librement celui à qui confier la mission de présider aux destinées du pays. Les « réformes » initiées prétendument dans ce sens et en parfaite entente par le trio détenteur du pouvoir ont visé elles à verrouiller encore plus la voie à cette possibilité. Aussi bien ceux qui persistent à fonder leur espoir de changement dans le pays dans un sens démocratique sur Bouteflika que ceux qui le reportent sur l’armée et les services, ils se trompent tous et se préparent d’amères désillusions. Qu’ils s’illusionnent cela les concerne seuls, mais qu’ils arrêtent d’enfumer avec leur fantasme les Algériens en leur distillant leurs augures et spéculations farfelus.

Kharroubi Habib
“Analyse”
Le Quotidien d’Oran
le 20 février 2013

Sources : ...

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LETTRE DE de HOCINE MALTI au GÉNÉRAL TEWFIK :
"LA BRÊCHE EST OUVERTE"
le 20 février 2013
blog algérieinfos-saoudi.com ;

Parmi les chroniqueurs de la place d’Alger, le premier à réagir à la lettre de Hocine Malti est, à ma connaissance, Chawki Amari d’El Watan. Il donnera le ton lorsqu’il s’exclame : “Enfin il se passé quelque chose”. Notant que l’ancien vice-président de Sonatrach « dit ce que tout le monde sait tout bas », il écrit : « Il y a dans cet acte une profonde révolution symbolique ».

Salim Rabia partage cette appréciation dans Maghreb Emergent, le 19 février : « L’interpellation publique de ce haut gradé de l’armée est une première en Algérie ». Il évoque la placidité des Algériens. « Certains s’empresseront, like usual, de s’étonner de ce « peuple qui ne bouge pas et ne s’indigne pas ». Mais qui peut lui reprocher d’avoir appris, à ses dépens, à ne pas croire aux évidences. C’est une sorte de sagesse qu’il a acquise à coup de votes détournés et de routes barrées réprimées : les lettres sont envoyées, elles arrivent parfois mais le message ne passe pas forcément. C’est un peu comme ces chiffres surprenants du chômage où l’évidence n’a rien… d’évident ! On cherche ce qu’il y a derrière ! Forcément, puisqu’au plan institutionnel, tout est affaire de décor… on cherche l’envers du décor ! Les Algériens n’attendent pas qu’un dirigeant leur dise : « Je vous ai compris ». C’est eux qui disent, de mille et une manières, en désertant les JT et les urnes : « Nous vous avons compris ! ».

Maamar Farah, le plus anciens des chroniqueurs, directeur du Soir d’Algérie de surcroît, a consommé cinq ou six présidents de la République. C’est quequ’un à qui on ne la fait pas. Il n’est pas impressionné par l’initiative de publication de son concurrent. « Non, je ne cherche pas à disqualifier l’acte courageux de nos confrères d’El Watan. Je dis simplement qu’il n’y aura rien après cette lettre. Rien. Le silence. Le néant. Le vide absolu. Ça ne dérange personne, ça n’inquiète personne... ».

Laissons le dernier mot à Kamal Daoud. Il est revenu deux fois sur le sujet et ce matin il écrit : « La brèche étant ouverte, on va sûrement assister à un déluge de lettres ouvertes sur tout ce qui traîne depuis 1999. Corruption, vols, détournements, retards de paiement des chantiers, cupidité des walis ou de leurs fils et filles, contrats extérieurs, douanes, foncier, agréments… etc. Une avalanche sur tout ce qui a été mal fait depuis trois mandats. Un printemps algérien mais avec des lettres. Les lettres ouvertes se multipliant quand les voies sont fermées, comme on le sait. Une bonne chose ? Oui, pour apprendre à écrire et bien formuler. Ou dénoncer car personne ne connaît l’adresse de la commission nationale de lutte contre la corruption et les Algériens savent qu’elle n’a pas de grades ou de divisions ».

Synthèse blog, 20 février 2013

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Affaire "Sonatrach 2"

LETTRE OUVERTE
DE HOCINE MALTI
AU GÉNÉRAL MOHAMED MEDIÉNE

Le Matin
le 17 février 2013

Hocine Malti, consultant pétrolier, ancien vice-président de Sonatrach, conseiller du SG de l’OPEAP et auteur de "Histoire secrète du pétrole algérien", paru chez la Découverte, s’adresse dans cette lettre qu’il nous a transmis au patron du Département renseignement et sécurité (DRS).

... extraits ...

... Cette fois-ci, ce n’est pas à vos collaborateurs enquêteurs que je m’adresse, mais à vous, patron depuis septembre 1990 du tout puissant DRS (Département du renseignement et de la sécurité), ...

... Nous venons d’apprendre que, le 10 février 2013, le parquet d’Alger a décidé de lancer une nouvelle enquête sur les affaires de corruption au sein de l’entreprise nationale des hydrocarbures, un dossier qu’il a intitulé "Sonatrach 2". Afin de donner l’impression qu’ils étaient à l’écoute de l’opinion publique et ne pas reconnaître qu’ils se sont en réalité trouvés à la traîne de leurs collègues italiens, les magistrats algériens ont indiqué dans leur communiqué officiel qu’ils avaient déclenché cette enquête suite aux informations rapportées par la presse nationale. Laquelle n’a fait que reprendre, comme vous le savez, les décisions du parquet de Milan telles que diffusées par les médias italiens. ...

... Est-ce que les magistrats en charge de l’affaire pourront lancer toutes les investigations nécessaires, les approfondir aussi loin que l’exige la connaissance de la vérité, procéder aux perquisitions adéquates, faire défiler devant les enquêteurs puis à la barre toute personne impliquée de près ou de loin dans ce dossier ? En un mot, pourront-ils agir uniquement en fonction de ce que leur dicte leur conscience, ou devront-ils solliciter à chaque étape de la procédure un nouveau feu vert de votre part ?
Allons-nous voir ainsi se relayer dans le bureau du juge d’instruction pour être auditionnés, avant d’être éventuellement inculpés, puis – qui sait – peut-être même condamnés, MM. Chakib Khelil, Farid Bedjaoui, Mohamed Bedjaoui, Réda Hemche, Pierre Falcone, Samyr Ouraïed et tutti quanti ? Comme vous le savez, certaines parmi ces personnes ont agi en qualité d’intermédiaires au profit de commanditaires invisibles aux yeux du commun des mortels, mais que vous ... connaissez parfaitement.
Alors est-ce trop rêver qu’imaginer que certains de vos collègues généraux ou généraux-majors, certains ministres, certains hommes d’affaires véreux, certaines personnes qui évoluent dans la coupole dont vous êtes le point culminant ainsi que certains membres d’une certaine fratrie seront également déférés devant la justice ?

Verra-t-on aussi les corrupteurs italiens, chinois, français ou canadiens – la liste est loin d’être exhaustive – être entendus par le juge d’instruction en charge de l’affaire ou répondre de leurs actes dans le cadre de commissions rogatoires ? Ou alors, est-ce que, comme d’habitude, seul le « menu fretin » fera l’objet de la nouvelle procédure ?
Les Italiens, eux, n’ont pas hésité : c’est à un énorme déballage qu’ils viennent de procéder ; ce qu’ils ont découvert et révélé n’est d’ailleurs que la partie visible de l’iceberg. Ils se sont aussi attaqués aux plus hauts responsables de l’ENI, qui sont dans leur pays de puissantes personnalités politiques,... Alors, allez-vous faire comme les Italiens ? Ou faudra-t-il que l’on reste à l’écoute des nouvelles en provenance du parquet de Milan pour connaître la triste réalité de notre pays, pour découvrir comment certaines personnes que vous connaissez parfaitement, des personnes que vous avez souvent côtoyées lors de votre longue carrière professionnelle, se sont gavées de millions de dollars et d’euros piochés dans la rente pétrolière du pays ? Et ce avec votre accord tacite, si ce n’est avec votre bénédiction. Savez-vous quels sont les trois termes qu’utilisent les milieux d’affaires et financiers à travers le monde pour qualifier l’Algérie ? Corruption, incompétence et banditisme.

Corruption , bien sûr, puisque l’Algérie est en 150e position sur 174 pays au classement de “Transparency International”. Corruption, bien sûr, qui s’est généralisée depuis une bonne trentaine d’années. Et, depuis 1999 tout particulièrement, vous avez, avec la complicité d’Abdelaziz Bouteflika, votre président – je dis votre président car c’est vous et vos collègues généraux qui l’avez choisi et imposé au peuple algérien – fait de l’Algérie un pays de Cocagne pour une certaine caste dont vous avez couvert les agissements, si ce n’est poussée à l’action. Vous deux n’avez cessé, depuis 1999, de vous disputer le pouvoir ; lui essayant d’être autre chose qu’un « trois quarts de président » et vous lui fixant des lignes rouges à ne pas dépasser, le tout avec des conséquences souvent sanglantes pour le peuple.
Vous avez fait de la gestion des affaires du pays un terrain de jeu privé dans lequel seuls peuvent intervenir le couple infernal que vous constituez et vos deux clans. Le destin du pays a été et continue d’être pour vous deux une partie d’échecs au cours de laquelle vous essayez, chacun de son côté, d’avancer vos pions, de marquer des points contre l’autre, sans qu’aucun des deux ne réussisse d’ailleurs à mettre l’autre échec et mat.

Ce que vous recherchez au travers de cette lutte feutrée, invisible pour l’œil non averti mais néanmoins féroce, c’est bien entendu affirmer votre suprématie, mais aussi et surtout faire main basse sur les richesses du pays : un objectif que, malgré les bisbilles entre vous, vous partagez dans une indéfectible solidarité.
Dans chacun des deux clans, vos affidés respectifs, mettant à profit la garantie d’impunité que vous leur assurez, se sont remplis les poches, ont garni au maximum leurs comptes en banque dans les paradis fiscaux – mais pas uniquement, acquis des résidences somptueuses, dans les quartiers parisiens les plus chics notamment, des haciendas en Amérique latine, des palais à Abu Dhabi ou Dubaï, offert à leurs progénitures des voitures de luxe du dernier modèle qu’elles ont exhibées avec indécence dans les rues d’Alger pendant que d’autres ramassaient dans les décharges publiques de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants. Nombre de vos supporters ont également couvert leurs maîtresses de bijoux, les ont habillées chez les grands couturiers et leur ont fait profiter de billets d’avion de première classe qu’ils n’ont même pas payés : ce sont des VIP, on leur offre ce genre de babioles !

D’où tiennent-ils tout cet argent ? D’abord des commissions perçues de la part des firmes étrangères qui ont su trouver dans vos soutiens respectifs le bon filon leur garantissant des contrats mirobolants en Algérie.
Mais aussi des opérations d’import-import que l’on a vu fleurir ces vingt dernières années, des monopoles d’importation que certains – vous les connaissez parfaitement – se sont auto-attribués, des montages frauduleux de crédits bancaires bidon devenus une spécialité algérienne, des "arrangements" douaniers pour de fausses importations ou exportations… Et j’en passe, tant est large l’éventail d’opérations frauduleuses apparues dans les années 1980 et généralisées depuis 1999, et tant a été fertile l’imagination des membres de vos deux clans pour se créer des niches desquelles ils pouvaient extraire le maximum de profits.
Abdelaziz Bouteflika et vous-même saviez tout cela, mais vous avez laissé faire. Selon votre logique, vous déteniez ainsi des dossiers compromettants sur le clan adverse, des dossiers que vous dévoileriez le jour où il sera nécessaire de mettre ceux d’en face dans l’embarras : l’affaire BRC, par exemple, qui a éclaté en 2006 et dans laquelle des millions de dollars ont été détournés par certaines de vos connaissances, mais aussi par des corrupteurs américains, en est l’exemple type.
Pour votre grand bonheur, la rente pétrolière a été boostée par les prix élevés du pétrole ces vingt dernières années et a donc permis le déroulement sans anicroche de tous ces micmacs. Quant à Abdelaziz Bouteflika et vous-même, cette rente vous a permis d’acheter des consciences, des soutiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, de financer des parties et des partis étrangers et donc de renforcer et pérenniser votre pouvoir,...

Incompétence est l’autre terme utilisé par les milieux d’affaires étrangers pour caractériser l’Algérie. Ils savent bien entendu que tous les Algériens – Dieu soit loué – ne sont pas incompétents, tandis que l’énorme majorité de ceux avec lesquels ils traitent le sont.
Comment expliquer une telle bizarrerie ? Ces cadres algériens qu’ils rencontrent, avec lesquels ils discutent affaires, ont été choisis et placés aux postes de responsabilité qu’ils occupent par vous deux. Or, le critère fondamental que vous retenez pour le choix, c’est d’abord et avant tout l’obéissance au chef du clan, pas la compétence.
Dans votre microcosme, seuls les yes men peuvent réussir. Il n’est qu’à voir pour s’en convaincre l’obséquiosité et la servilité dont font preuve certaines personnes de votre entourage. Ces béni-oui-oui oui vous aideront d’ailleurs dans la marginalisation des compétents, car ceux-ci pourraient leur faire de l’ombre.

On dit enfin banditisme – quel terme horrible – quand on parle de l’Algérie dans les cercles des investisseurs potentiels. Banditisme, bien sûr, puisqu’avant même de se rendre à Alger, les hommes d’affaires étrangers auront été approchés et conditionnés par les missi dominici du parrain algérien "en charge du dossier", qui leur signifieront les termes du "contrat". Pas celui concernant le projet lui-même, mais celui relatif au montant de la dime, de la commission à verser, le compte auquel se fera le versement, etc. Et Dieu sait s’ils sont voraces ces parrains algériens qui exigent des pourcentages nettement supérieurs aux « moyennes communément admises en la matière ». Cette commission, sera incluse dans le montant global de l’affaire, sans être pour autant déduite du profit de la firme bénéficiaire du contrat ; elle ne la dérange donc pas particulièrement. Mais cette avidité au gain, cette voracité amènent ces milieux à parler de banditisme. Pauvre Algérie, qu’a-t-on fait de toi !

Alors vous, êtes-vous disposé aujourd’hui à effacer ces tâches infamantes qui salissent l’image du pays ? Les dieux peuvent tout faire. Vous en avez-vous-même donné la preuve en d’innombrables occasions.
Saurez-vous pour une fois mettre le holà à ce genre de comportement ?
Serez-vous plus perspicace, plus efficace que les Italiens qui annoncent 200 millions d’euros de pots-de-vin ?
Sur une série de contrats d’un montant global de 11 milliards, les 200 millions de commissions annoncés représentent moins de 2%. Un seul commentaire : ridicule !

Hocine Malti

Sources : Le Matin

l’article relookée par El-Watan avait été repris sur le blog algerieinfos le 17 février 2013 - Lettre ouverte au général de corps d’armée Mohamed "Tewfik" Médiène, Rab Dzayer - Rattrapez-vous, laissez-faire la justice !

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Les scandales actuels ne font que confirmer ce que nous révèlent les études...

LES FUITE DES CAPITAUX DES PAYS DU NORD DE L’AFRIQUE
“Capital Flight from North African Countries” _
Political Economy Research Institute (PERI)
University of Massachusetts

Research report - octobre 2012

Extraits concernant l’Algérie.

Il existe des variations considérables dans les tendances selon les époques de la fuite des capitaux à travers les quatre pays d’Afrique du Nord. Dans tous ces pays, cependant, il est clair que la fuite de capitaux n’est pas un phénomène nouveau.
Les séries chronologiques de la fuite des capitaux par pays sont fournis dans le tableau annexe A.2.

Algérie

La fuite des capitaux de l’Algérie ont atteint 267 milliards de dollars (en dollars de 2010), la plus grande des quatre pays par habitant, ainsi qu’en valeur absolue.
Cette fuite a suivi une tendance générale à la hausse au fil du temps (voir figure 1).

En moyenne, le pays a perdu 6,8 milliards de dollars par an pendant la période de 1971 à 2009.
Ce montant est équivalent à 8,5 pour cent du PIB et 25,1 pour cent de la formation de capital brut annuel.

Il y a eu une forte augmentation des fuites de capitaux depuis 1999, une période qui a également vu augmenter les prix du pétrole de 14 $ le baril de 1998 à 79 $ par baril en 2010.
Le coefficient de corrélation entre la fuite des capitaux et du pétrole est de 0,66 pour la période 1971-2009 dans son ensemble, et de 0,76 pour la période 1999-2009.

Produits pétroliers pétrole, du gaz et associés représentent 97 pour cent des exportations totales de marchandises de l’Algérie, et le secteur est susceptible d’être une source importante de la fuite des capitaux.

Nos estimations indiquent que la sous-facturation à l’exportation représente à elle seule près de 40 pour cent de la fuite des capitaux en Algérie.

La forte corrélation entre les prix du pétrole et la fuite des capitaux suggère que les revenus pétroliers qui entraient au pays (plutôt que d’être retenus à l’étranger par le biais de la sous-facturation) étaient également une source de fuite des capitaux.

Capital flight : fuite de capitaux
Oil price : prix du pétrole

Noter ce que les auteurs relèvent et qui est très frappant sur cette courbe : la très grande corrélation entre les prix du pétrole (en bleu) et la fuite des capitaux (en rouge). Elle atteint 12 milliards de dollars en 2010 !!

pour accéder au rapport complet (anglais) cliquer sur le lien ...

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